Le hasard a voulu que vendredi et samedi derniers, je regarde deux documentaires quasiment sur le sujet : « Hitler et Staline » le vendredi et « Staline, le tyran rouge » le samedi. Édifiant !
Bien sûr, la plupart des éléments de ces documentaire sont connus des amateurs d’histoire dont je suis, mais j'ai trouvé toutefois la confirmation de ce que je pensais déjà c'est-à-dire que les deux étaient complètement siphonnés ; en revanche, le rapprochement des deux me fait penser que dans ce concours mondial de la dinguerie, le classement final est malaisé quoique Staline semble le favori !
J'ai appris de ces deux savants documentaires quelques petites choses que je me permets de vous livrer ici car elles ne sont pas très connues.
La première est la taille exacte de Staline ; il était plus petit que Napoléon et donc, de ce simple fait, plus méchant car les petits sont volontiers méchants : 1,60 m sous la toise, ce qui le poussait à porter des semelles compensées (comme qui vous savez !) et même, pour ses discours sur la Place Rouge, sous ses pieds, à un petit tabouret, non pour accroître sa taille bien entendu (le supposer conduisait directement au goulag quand on avait pas préalablement été fusillé), mais pour offrir au peuple moscovite un meilleur spectacle du « petit père des peuples » dont je ne savais pas qu'il fut effectivement petit.
Par chance, Staline avait réussi à se dégoter un bourreau favori encore plus petit que lui encore, Niklai Lejov, le « nabot sanguinaire » qui culminait à 1,54 m et dont il utilisa les services sadiques pour faire assassiner des centaines de milliers de Russes avant de le faire fusiller à son tour ! Il avait la charge essentielle de trouver au hasard les victimes pour atteindre les quotas d’exécutions fixés, au pifomètre, par Staline lui-même pour chaque région et dont on nous a montré un formulaire rempli ! Les dictateurs sont volontiers des « individus de petite taille » (on nomme ainsi les nains dans le parler gnangnan que j'évoquais hier), sans doute pour se venger de ce qu‘ils jugent être une injustice de la nature à leur endroit : j'aurais volontiers suggéré à De Gaulle d’ajouter cet élément de persuasion dans son fameux discours, où il affirmait qu'on ne commençait par une carrière de dictateur à 76 ans … et, surtout pas quand on mesurait près de deux mètres !
On prétend qu’en dépit de leur pacte et de leurs accords secrets, Hitler et Staline ne se sont jamais rencontrés ; une des raisons est que Staline était terrorisé à l'idée de prendre l'avion. Toutefois j'ai appris, dans le second documentaire qu'ils s'étaient peut-être croisés à Vienne où ils avaient séjourné dans l’obscurité de leurs débuts. Lénine y avait en effet envoyé Staline pour je ne sais quelle basse besogne et Hitler, Autrichien lui-même, y résidait alors pour y pratiquer ses activités d'aquarelliste spécialisé dans les cartes postales avant de passer aux choses sérieuses. C'est la seule occasion ou les deux hommes auraient pu se rencontrer sans le savoir évidemment !
Les éléments communs entre les deux personnages sont toutefois nombreux et, en particulier leur commune paranoïa ; elle les conduisait à prendre toutes sortes de précautions pour prévenir les attentats. Hitler se focalisait surtout sur les empoisonnements et faisait analyser, non seulement sa nourriture (une femme étant désignée pour la tester) mais également son dentifrice et même ses brosses à dents. Staline en faisait en gros de même, mais, en outre, au Kremlin, il avait fait raccourcir les rideaux pour qu'on puisse voir immédiatement les chaussures d'un assassin potentiel qui se serait réfugié derrière.
Un autre élément commun tient à leurs rapports avec les femmes et, au-delà, la famille. L'un et l'autre semblent avoir été, en fait, assez rigoureusement monogames, trop occupés par ailleurs sans doute à exterminer leurs semblables.
Hitler entretient une liaison très longue et très discrète ave Eva Braun, de 23 ans sa cadette ; il ne l’épousera que le 29 avril 1945, la veille de leur suicide commun ; Eva elle-même avait déjà fait, au cours de leur longue liaison, deux tentatives de suicide, ce qui avait conduit Hitler à se rapprocher d’elle.
Staline lui, s'était marié deux fois, et avait eu trois (ou quatre ?) enfants, deux garçons et une fille. Il eut avec tous, femmes et enfants, des rapports des plus curieux. Il se brouilla avec son fils aîné, Iakov, né de son premier mariage. Iakov étant prisonnier des Allemands, après Stalingrad, Staline refusa de l'échanger contre le maréchal Von Paulus et Iakov mourut en captivité en 1943. C'est là une des rares actions de Staline qui puissent être portées à son crédit, même si les raisons de ce choix n’étaient peut-être pas très bonnes ! Staline se brouilla même avec sa fille, sa chère Svetlana, avec laquelle il avait pourtant entretenu longtemps des rapports passionnés ; la fille adorait le père autant que le père semblait adorer sa fille. « Chez les Staline », les rapports familiaux furent toujours des plus tendus, la seconde femme de Staline finit même par se suicider après une très violente dispute ; son suicide demeura caché durant un demi-siècle, sa mort ayant été attribuée à une maladie foudroyante. Quant à sa fille, Staline se brouilla avec Svetlana lorsqu'elle commença à s'intéresser d'un peu trop près aux garçons, il s’employa alors à la séparer de tous ceux qu’elle approchait, même pour le mariage, ce qui donne à penser que le rapport de Staline à sa fille n’était peut-être pas si clair qu'on pourrait le croire.
Chacun sait que les deux hommes étaient antisémites, mais pour le coup, la palme revient sans conteste à Hitler ! Lors d’une des négociations du pacte germano-soviétique, Hitler confia une mission de confiance très spécifique et très secrète à l’un des photographes de la délégation allemande. Il devait photographier, autant de fois et avec toute la précision possible, les lobes des oreilles de Staline. En effet, dans un best-seller de l’antisémitisme d’alors, les Juifs (c’est même la « septième tare » dans le relevé exhaustif des tares avec illustration à l’appui ) ont le lobe de l’oreille collé et non libre !
Pour laisser en suspens les lobes des oreilles de Staline, ce que je trouve étrange dans le long film sur Staline, « Le tyran rouge », est que l'on n’y ait pas évoqué la question d’Israël ce qui me semble ahurissant ! Il est vrai que son rôle dans la création de cet Etat, en 1947, demeure une sorte de tabou historique pour toute la gauche française, toujours tramatis » par le pacte germano-soviétique !
Il est pourtant incontestable que, sans intervention majeure de Staline, à la fois diplomatique et militaire, Israël n’aurait jamais été créé par l’ONU et, une fois créé, aurait été immédiatement écrasé, dès l’été 1948, par les armées arabes sans le soutien militaire soviétique via l'aide décisive de la Tchécoslovaquie qui, sur ordre de Staline, équipa de pied en cap la future armée israélienne. Faut-il ajouter que l’URSS fut le premier Etat du monde à reconnaître Israël !
Reste un point qui n'est pas très éclairci bien sûr car il tient au nombre de victimes de l’un et de l’autre. Il semble toutefois que le record soit nettement et sans conteste détenu par Staline même si l'on met en dehors de ce concours des pertes militaires, la seule bataille de Stalingrad causant deux millions de morts.
Certes Hitler présente, en sa faveur si je puis dire, les 6 millions de morts juifs de la Shoah mais c'est à peu près le nombre d'Ukrainiens que Staline fit mourir, dans les années 30, en affamant volontairement la population de ce « grenier de l’Europe ». Les périodes d'extermination stalinienne ayant été beaucoup plus longues et nombreuses, on peut admettre que la palme dans ce domaine revient incontestablement à celui qu’on appela si joliment « le petit père des peuples » !