Taxation des disques durs, vers l’ère du « Tous délinquants »
La commission d’Albis a recommandé l’instauration d’une taxe sur les disques durs externes pour reverser des droits aux sociétés détentrices de droits d’auteur. Cette taxe s’applique déjà aux CD-R, une extension sur tous les supports de stockage est à craindre. Tentative d’analyse des dangers d’un tel projet.
Voilà une idée qui traîne depuis pas mal de temps dans les tiroirs du gouvernement et qui devrait bientôt nous tomber dessus : la taxation des disques durs externes.
Cette taxation qui existe déjà sur les CD-R vise à rémunérer les ayants droit.
Le principe défendu par ceux-ci est simple, quand une personne achète un disque dur, c’est pour stocker des fichiers piratés, donc elle doit nous payer une taxe lors de l’achat du support de stockage.
Les industriels sont eux plutôt mitigés car l’impact sur le prix des disques risquerait d’être très important.
La commission d’Albis qui s’occupe de ce dossier est plutôt favorable aux arguments des ayants droit. Elle réfléchit d’ailleurs à une taxation des produits en mémoire flash, clé USB et apparemment l’objectif ultime semble être la taxation de tous les supports, même les disques durs internes.
Une telle taxe est porteuse d’idées assez effrayantes pour la communauté internaute.
1) Nous sommes donc tous fraudeurs
L’esprit est de faire payer toute les personnes achetant des supports de stockage. La taxe se base sur l’idée que nous devons payer un droit à la copie privée.
L’esprit est tout autre, tout acheteur de support de stockage est considéré comme un téléchargeur de fichiers illégaux.
La taxe ne fera pas de différences entre les personnes stockant des fichiers légaux, des logiciels libres, des photos numériques, un vidéaste amateur. Non, pour l’Etat, tout acheteur de support de stockage est désormais un fraudeur aux ayants droit, il doit leur payer une taxe.
2) Une taxe sans contrepartie
Partisan de la licence globale, soyez heureux, vous allez payer une taxe pour les ayants droit comme vous le demandez. Seul problème, vous n’aurez toujours pas le droit de télécharger légalement.
C’est selon moi le côté ubuesque de la loi. On va nous faire payer des droits d’auteur, on aurait donc à ce titre droit de les exploiter, que nenni, on paye une taxe pour majors, mais on ne peut toujours pas télécharger leurs albums.
3) Une évolution inquiétante des droits des internautes
Après la loi DAVDSI, l’idée d’obliger les fournisseurs d’accès à sauvegarder les données de leurs clients, la législation française en matière de liberté sur Internet devient de plus en plus inquiétante.
Il ne s’agit pas cependant d’encourager le piratage, seulement d’assurer des distinctions salutaires, tous les internautes ne sont pas des délinquants en puissance.
Surtout, l’internaute semble apparaître comme la seule source de problèmes ; ainsi, la baisse de fréquentation des cinémas, c’est les internautes, la baisse des ventes de CD idem (20 euros le CD, c’est un prix très raisonnable)...
L’internaute deviendrait-il le nouveau bouc émissaire idéal ? Il est vrai qu’il est très alléchant de nous faire porter un tel chapeau (oui, si vous lisez cela, vous êtes internautes).
- Pour la majorité, nous donnons des pseudonymes.
- il est facile de dire que notre
comportement est irresponsable quand on parle à des gens qui ne connaissent pas
le fonctionnement d’internet.
- La communauté sur internet reste essentiellement clanique.
La législation de l’internet apparaît donc en pleine dérive, ainsi, le
Conseil d’Etat vient d’annuler les objections de la CNIL sur la mise en place
des fichiers chez les fournisseurs d’accès.
Selon Amnesty International, internet est le nouveau front de la liberté d’expression, restons vigilants pour que cela le reste.
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