Terroristes ou malades mentaux ?
La violence des fondamentalistes islamiques reposerait-elle sur un problème de santé publique et mentale ? « On n'attaque pas deux personnes à coups de couteau sans cheminement pathologique. (...) Daesh table sur ces malades. Le djihadisme est un phénomène autant pathologique qu'idéologique » (Bernard Godard ancien des RG). Le fondamentalisme religieux est aussi une question de société : islam de France - islam des cités - islam des prisons, etc. La religion serait-elle la grande pervertisseuse à l'origine d'une aliénation (troubles intellectuels permanents ou passagers) de l'homme faisant de lui un dévot qui cesse de s'appartenir ?
Le 13 mai 2013, Nadir Louchène fait irruption dans la gendarmerie, à Roussillon (Isère) et porte trois coups de couteau à un gendarme en criant d'Allahu akbar. Le 20 décembre 2014, un jeune Burundais arrivé en France en 2004 pénètre dans le commissariat de Joué-lès-Tour (Indre-et-Loire) et au cri d'Allahu akbar, blesse le planton au visage à l'aide d'une arme blanche puis deux autres policiers avant d'être abattu. Le 21 décembre, Nesser Edin, un homme de quarante ans assis derrière son volant et vêtu d'une djellaba fonce à plusieurs reprises sur des passants dans le centre-ville de Dijon. Interpellé, il déclare aux policiers avoir visionné un documentaire sur le conflit tchétchène avant rodéo et il tient pour responsable l'État français la mort d'enfants palestiniens. L'agresseur avait fait 157 passages en unité psychiatrique depuis 2001...
Un homme de confession musulmane décapite son employeur et en suspend la tête sur un grillage aux côtés de drapeaux islamiques, c'est un malade mental, un autre poignarde un policier et égorge sa femme à leur domicile à Magnanville, c'est un acte de terrorisme, encore un autre poignarde une jeune femme à Rennes pour : « faire un sacrifice pour le ramadan », c'est un malade mental. Le distinguo est d'autant plus maladroit qu'un homme du gouvernement a déclaré : « on s'en prend à un représentant de l'État », petite phrase qui sous-entendrait l'existence d'une différence entre les policiers et les citoyens, les hommes politiques et leurs électeurs, les maires et leurs administrés, qui contribue à venir brouiller les cartes et à corrompre l'unité nationale mise à mal après les affiches hostiles à la police. Le rattachement à l'État islamique ne correspond en rien au but latent ou caché qui reste personnel et signe un aveu d'échec individuel. L'allégeance à Daesh n'est qu'un habillage pour accroître la portée du geste en lui conférant une aura doublée d'un côté angoissant et venir ainsi amplifier pour quelques temps, l'autolyse.
Dans la nuit du 26 au 27 mars 2002, Richard Durn abat huit élus et en blesse 19 autres lors d'une séance du conseil municipal, à Nanterre (Hauts-de-Seine). Le tueur, un Français d'origine slovène titulaire d'une maîtrise de sciences politiques et d'une licence d'histoire était demandeur d'emploi. Ce militant écologiste et de la Ligue des droits de l'homme, ancien militant du PS, avait effectué des missions humanitaires au Kosovo et en Bosnie. Dans une lettre adressée à une amie, il avait écrit : « … puisque j'étais devenu un mort-vivant par ma seule volonté, je décidais d'en finir en tuant une mini élite locale qui était le symbole et qui étaient les leaders et décideurs dans une ville que j'ai toujours exécrée. (...) Je vais devenir un serial killer, un forcené qui tue. Pourquoi ? Parce que le frustré que je suis ne veut pas mourir seul, alors que j'ai eu une vie de merde, je veux me sentir une fois puissant et libre. » Il se défenestra lors de sa garde à vue dans les locaux de la brigade criminelle de la Préfecture de police.
Selon une enquête épidémiologique sur la santé mentale (2006) : 35 % à 42 % des détenus sont considérés comme manifestement ou gravement malades et 80 % des hommes : « présentent au moins un trouble psychiatrique, la grande majorité cumulant plusieurs troubles. La proportion des personnes atteintes de troubles mentaux les plus graves - schizophrénie ou autres formes de psychose - pour lesquelles la peine n'a guère de sens, pourrait être estimée à 10 % de la population pénale. »
Environ 2 % de la population mondiale serait atteinte de schizophrénie, une maladie mentale frappant surtout les adolescents et les jeunes adultes. La maladie, dont les causes ne sont pas clairement élucidées, combinerait des facteurs génétiques, cérébraux et environnementaux. « Les premiers symptômes de la schizophrénie (...) peuvent survenir brutalement suite à une bouffée délirante aiguë. Ce bref moment de délire est une forme typique d'entrée dans la maladie. Les troubles de la schizophrénie peuvent survenir progressivement, sur quelques semaines voire une année. (...) Cela se manifeste dans la vie courante par une baisse du rendement intellectuel, des échecs aux examens, l'isolement de la vie familiale, la rupture avec les amis. Il prend des décisions incompréhensibles, comme l'arrêt d'un emploi ; il est pris d'engouement pour des idéologies étranges, des courants de pensées marginaux : le satanisme, les courants religieux mystiques, les sectes, l'occultisme. Il a parfois un regard fixe, peut s'automutiler. » (www.e-santé.fr).
La paranoïa provoque chez ceux qui en sont atteints des délires pouvant déboucher sur des comportements dangereux pour eux-mêmes ou pour autrui. « Un paranoïaque se caractérise par un "moi" fragilisé et nourrit des fantasmes sur un objet extérieur, qu'il considère comme dangereux pour lui-même. Il a l'impression qu'on lui en veut, qu'on le trompe, qu'on a l'intention de lui nuire ou de le manipuler. Des angoisses qui peuvent aller jusqu'au délire. (...) L'introspection lui est impossible et il est totalement illusoire de pouvoir lui faire entendre raison s'il est dans son délire. Il faut être conscient qu'un paranoïaque peut devenir dangereux. (...) Cette psychose est souvent par ailleurs accompagnée d'un sentiment de toute puissance : il y a l'origine de la paranoïa une faille narcissique. Le sujet se pense au centre de son univers et a tendance à penser que tout tourne autour de lui. À tel point d'ailleurs que bon nombre de paranoïaques convoitent des postes à responsabilités ou tentent d'enrôler des personnes plus faibles dans leur délire. Le paranoïaque peut, s'il a du pouvoir, ériger un système qui lui permettra de prendre le contrôle sur les autres de façon à leur imposer ses vues. » (Pascal Neveu pour l'Express.fr)
Les résultats d'une analyse de 35 études scientifiques publiées dans la revue Lancet en Juillet 2007 : « ont montré que la consommation de cannabis augmenterait de 40 % les risques de développer une maladie mentale et de troubles psychologiques proportionnels à la quantité de cannabis consommée : le risque de souffrir de schizophrénie, d'hallucinations ou de toute autre psychose augmenterait de 50 à 200 % chez les très gros fumeurs de cannabis. » Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, la France compterait 3,9 millions de consommateurs dont 1,2 million de réguliers. Un Français âgé de 15-16 ans sur dix avoue avoir déjà pris au moins une drogue illicite, hors cannabis,( amphétamines, cocaïne, ecstasy ou LSD) et « plus d'un adolescent français sur 5 a fumé un joint au collège. (...) Consommer du cannabis dès l'adolescence entraîne des retentissements neurologiques jusqu'à l'âge adulte : Problèmes de mémoire et de motivation, troubles de l'attention, difficultés à contenir ses pulsions, agressivité, diminution des performances cognitives et psychomotrices. (...) D'autre part, le cannabis entraîne une aggravation des troubles psychiques comme l'anxiété et les bouffées délirantes. » Étude publiée en 2006 dans Neurology.
L'enquête épidémiologique menée par Mmes Marie Choquet et Sylvie Ledoux souligne que parmi les individus violents, 16 % ont consommé au moins dix fois une drogue illicite contre 5 % pour les « non-violents ». L'enquête de M. Sébastian Roché confirme également que la consommation de cannabis ou d'alcool est associée à la délinquance, et ce, quel que soit le milieu social.
« Les effets directs de l'usage de drogue amènent les toxicomanes vers des terrains propices à la délinquance, mais ce ne sont pas les seuls. (...) Prendre de la drogue, c'est consommer un produit illicite souvent difficile à se procurer. Rechercher ce produit interdit par la loi amène logiquement les toxicomanes à fréquenter des milieux marginaux où la loi ne prévaut pas. (...) Il ne faut pas non plus oublier les propriétés psychopharmacologiques des drogues qui agissent sur le cerveau et peuvent amener à une désinhibition, facteur clé dans de nombreux actes criminels. » Pour Gilles Ivaldi : « la relation entre l'usage de substances psychotropes et la délinquance est loin d'être univoque, d'une part, parce qu'il est difficile de distinguer la cause et l'effet ; d'autre part et surtout, parce qu'ils sont reliés par un système de covariables sociologiques, psychologiques et démographiques sous-jacentes. »
Les combattants de Daesh et les autres sont « bourrés » d'amphétamines. La Syrie est devenue le premier pays producteur de Fénétylline chlorhydrate et le trafic de cette dernière participe au financement du conflit tout en contribuant à l'alacrité des troupes. Sous amphétamines, le combattant peut tenir sans dormir et sans manger pendant plusieurs jours, et en cas de blessure ne pas ressentir la douleur. L'homme est dans un état second qui lui permet de commettre les pires atrocités d'un air goguenard, ce qui n'est pas sans rappeler la secte des Haschichins (fumeurs de haschich) qui sévissait au XIIe siècle.
La justice est rendue au nom de la société, comment la famille d'une victime peut-elle accepter un verdict jugé clément à l'encontre d'un multirécidiviste ? Comment dissocier entre le niveau émotionnel et rationnel deux univers si différents ? Peut-on compenser la perte d'une vie, faire son deuil, et réhabiliter un odieux criminel ? Entre le Code pénal et le DMS il faut choisir. Le développement des sciences humaines qui s'occupent des comportements normaux et pathologiques s'est très tôt intéressé à une approche psychosociologique criminelle. Au cours du XIX siècle, on pris conscience sous l'égide de Pinel, que le « fou » était un malade mais qu'il restait avant tout un homme qu'il fallait soigner. Cela allait être la base de l'article 64 du CP promulgué en 1810 « il n'y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l'action ou lorsqu'il a été contraint par une force à laquelle il n'a pas pu résister. » (article repris par le code pénal actuel : art 122-1).
Publié pour la première fois en 1952, avec une liste d'une centaine de pathologies de maladies mentales, le DSM-V en recense maintenant près de trois-cents... Laissons le mot de la fin à Claude Miéville, médecin-chef du secteur psychiatrique d'un hôpital Vaudois : « Il existe un consensus tacite qui soulage la justice ainsi cautionnée ou déculpabilisée par la psychiatrie, tranquillise l'opinion publique qui imagine que l'appréciation des causes d'un crime se fait de façon scientifique et non subjective et flatte le narcissisme des psychiatres à qui l'on confère le pouvoir. Il est vrai que si les tribunaux se sentent forts face à la déviance, jugeant d'une faute définie objectivement par la loi, ils se révèlent démunis face à la maladie mentale lorsque le délit lui est lié. Les experts-psychiatres auxquels ils font appel leur donnent l'illusion permanente d'une explication "scientifique" du crime. »
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