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Accueil du site > Tribune Libre > Une affiche de la Fondation Abbé-Pierre : un modèle de leurre (...)

Une affiche de la Fondation Abbé-Pierre : un modèle de leurre d’appel humanitaire

Non, ce n’est pas un tableau à la David Teniers représentant un « cabinet d’amateur », bien que ça ressemble à un cabinet ! Ce n’est pas davantage la toile d’un peintre surréaliste ! Seule est surréaliste cette plongée insolite dans l’univers des mal-logés qu’impose la Fondation Abbé Pierre par une affiche de son actuelle campagne publicitaire. « 12 m2 pour une affiche, c’est normal, mais pour une famille ? » demande le slogan. Le leurre d’appel humanitaire employé ici est un modèle du genre pour atteindre les deux objectifs qu’on assigne à pareil leurre : capter l’attention et stimuler la pulsion d’adhésion et de don.

Une perspective qui désoriente

Avant de l’être par ce leurre, l’attention est toutefois d’abord captée par une perspective paradoxale de l’affiche qui désoriente : on prend, en effet, pour plafond, murs et plancher des parois qui n’en sont pas. Objets et personnages paraissent planer en apesanteur jusqu’à ce qu’on comprenne son erreur : on s’est trompé de perspective et on a pris pour une surface un volume : l’angle de prise de vue est une plongée à la verticale sur l’intérieur d’une famille.

La stimulation du réflexe de voyeurisme

Le réflexe inné d’attirance jusqu’à la fascination du voyeurisme est aussitôt stimulé : est exhibé, en effet, le malheur d’un couple vivant à l’étroit sordidement avec ses trois enfants dans une pièce minuscule. L’espace occupé par les lits aurait pu suffire comme unité de mesure approximative. Mais non ! C’est trop imprécis. L’affiche entend fournir au lecteur, par une image brutale dans sa simplicité, un instrument de mesure grandeur nature de ce cagibi où s’entasse cette famille : ses propres dimensions, 4 mètres sur 3, sont précisément celles de la base du volume de la pièce, soit 12 m2, dit le slogan.

Cette vue aérienne d’ensemble permet d’observer ce qui en résulte. On jauge d’un coup d’œil ce que peut être une vie de famille dans un espace aussi restreint : le mobilier se réduit à la literie et quelques étagères pour gagner en hauteur ce qu’on a pas en superficie. Le reste des maigres biens, faute de place, se limite au strict nécessaire pour la survie. La métonymie est parlante : la conséquence de ce qu’on voit est que couple et enfants sont contraints, dans cet enfermement, à une promiscuité de tous les instants sans jamais pouvoir se soustraire au regard de l’autre.

Enfin, selon un effet qui lui est propre, l’angle de plongée écrase les personnages au propre comme au figuré : en tassant exagérément leur apparence, il donne à imaginer la chape de plomb qui peut peser sur leur existence sous une lumière électrique blafarde qui éteint toute couleur.

La stimulation de la pulsion de don en trois étapes

Cette exhibition du malheur d’autrui par le leurre d’appel humanitaire ne stimule évidemment le voyeurisme que pour tenter de déclencher simultanément la pulsion d’adhésion et de don. Et, bien que l’opération soit instantanée ou peu s’en faut, il importe, pour la compréhension, de distinguer trois étapes successives.

1- La première étape est le déclenchement du réflexe socioculturel conditionné de compassion et d’assistance à personne en danger et, le cas échéant, de son corollaire, le réflexe de condamnation des responsables de cette situation. Mais cette stimulation est soumise à deux conditions que réunit le procédé de la distribution manichéenne des rôles :

- les deux camps du Bien et du Mal en présence doivent être clairement perçus ;

- face à leurs bourreaux, les victimes, avec leurs sauveteurs, doivent au surplus apparaître comme innocentes des maux qui leur sont infligés.
Ici, le camp du Bien réunit clairement les victimes que sont ces parents et leurs enfants, contraints de vivre dans des conditions indignes, et leur défenseur, la fondation Abbé Pierre dont le renom n’est plus à faire. Le camp du Mal, quoique mal cerné, rassemble en priorité les responsables de la politique du logement, et en tout premier lieu les gouvernants. Peuvent du reste les rejoindre déjà tous ceux qui restent indifférents à cette misère. Le lecteur n’en ferait-il pas partie ?

2- La deuxième étape est justement la stimulation consécutive d’un réflexe socioculturel conditionné de culpabilisation. Confronté au néant que représente le malheur, le récepteur est mis en demeure d’estimer le peu qu’il possède, en biens ou en santé, comme un excès, et même un excès illégitime. Même le locataire d’un studio où il vit seul dans 35 m2 peut le ressentir devant cette affiche. On s’emploie, en effet, à calquer sur les relations sociales le modèle des vases communicants : le néant dont souffre l’un, apparaît comme la conséquence mécanique de l’excès dont jouit l’autre, fût-il modeste. Il en découle un soupçon de responsabilité confuse auquel s’ajoute le réflexe inné de frustration stimulé par l’impossibilité d’intervenir directement faute d’informations précises et de moyens.

Trois procédés permettent justement d’exacerber ces réflexes de culpabilité et de frustration, liés à une désorientation organisée et à un sentiment d’impuissance personnelle face au malheur d’autrui.
1- Le premier est la mise hors-contexte, qui prive, ici par exemple, de toutes informations précises sur l’identité des personnes et des lieux que nécessiterait l’intervention sollicitée. C’est la particularité du symbole des mal-logés qui est ici présenté.
2- Le deuxième est la métonymie qui fixe le regard sur les effets seuls, c’est-à-dire le malheur et ses manifestations, et non sur la ou les cause(s) de ce malheur : on voit bien ici ce couple dans ses 12 m2 ; mais rien n’est dit qui expliquerait qu’il en soit là avec trois enfants dont un bébé.
3- Le troisième procédé est l’amalgame entre la solution individuelle et la solution collective face à un problème collectif. Le leurre d’appel humanitaire entretient l’illusion selon laquelle un problème collectif comme une crise du logement peut relever de solutions individuelles peu coûteuses et non d’une politique gouvernementale réfléchie et volontariste nécessitant des investissements considérables.

3- À la troisième étape, le sentiment de culpabilité, associé au réflexe de frustration, crée un inconfort précisément guetté par l’émetteur qui s’empresse de proposer au récepteur son intercession pour l’en soulager. L’affiche feint de poser une question : « 12 m2 pour une affiche, c’est normal, mais pour une famille ?  » En fait, si indécente est la disproportion entre les termes de l’image assimilant l’affiche à la famille, que la question porte en elle-même sa réponse.

La Fondation Abbé-Pierre, qui survit à la disparition de son fondateur devenu une icône de la charité, offre donc ses services en présentant son site internet : « Agissons : www.fondation-abbé-pierre.fr  ». Il suffit simplement au récepteur d’adhérer à l’analyse et à la solution présentées et de consentir le don sollicité. L’impression de participer par cette médiation, somme toute facile, au soulagement du malheur d’autrui, soulage d’abord de sa mauvaise conscience le récepteur qui éprouve, en retour, un sentiment de « bonne conscience ».


Or, cela fait 54 ans que l’abbé Pierre a lancé son fameux appel en faveur des sans-abri. Sa fondation pour le logement des défavorisés date déjà de 20 ans. N’est-ce pas décourageant de devoir à nouveau en 2008 assister à pareille campagne humanitaire ? Le comble est que l’ Abbé Pierre, selon des sondages répétés, aurait été la personnalité la plus appréciée des Français ! Qu’est-ce que ça aurait été s’il ne l’avait pas été ? La preuve n’est-elle pas apportée que de tels problèmes de logement ne relèvent pas de la charité individuelle mais d’une politique collective de justice ? Ne touche-t-on pas en conséquence aux limites tragiques du leurre d’appel humanitaire ?

Paul Villach


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25 réactions à cet article    


  • Philippe D Philippe D 10 décembre 2008 12:22

    Vous faites une critique tous azimuts.
    D’une part la critique de l’image, de sa fabrication, de sa construction.
    D’autre part une critique de la Fondation Abbé Pierre, et à travers elle une critique de la société, de l’appel à l’aide humanitaire, du voyeurisme et du sentiment de culpabilité qu’il engendre.

    Je souhaite m’en tenir à la seule critique de l’image qui pose à mes yeux le problème suivant :
    A-t-on ou non le droit de mettre en scène la misère ? Peut-on dépenser du temps et de l’argent pour recréer de toutes pièces une misère, existant bien trop fréquemment au naturel, mais moins "esthétique", moins bien cadrée, moins lisible.
    Poser la question c’est presque déjà y répondre.
    Pour moi un artiste (ici le photographe qui compose le tableau, cadre, éclaire) a ce droit d’interprétation.
    Je trouve cette ’’image’’ forte, bien construite, dérangeante (c’est un des buts recherchés)
    Le seul espace vital de cette famille non encombré d’objets est occupé par le message.
    L’angle de prise de vue et sa perspective obligent le spectateur à y prêter une grande attention pour pouvoir la lire et la décrypter.
    Le spectateur se trouve en position dominante, il écrase presque du regard cette scène.
    Cette photo ne verse d’ailleurs pas dans un misérabilisme exacerbé mais semble être un simple constat, froid et lucide. assez détaché. A chaque spectateur d’en tirer sa conclusion.
    C’est une ’’belle illustration’’ du message à faire passer, et c’est peut-être ce qui est le plus dérangeant.


    • Paul Villach Paul Villach 10 décembre 2008 12:39

      @ Philippe D

      Je souscris évidemment entièrement à vos judicieuses observations. Paul Villach


    • foufouille foufouille 10 décembre 2008 13:49

      ils doivent avoir besoin de fric pour payer les salaires des directeurs
      ils recrutent uniquement par cabinet
      par contre, le benevolat est autorise

      emmaus habitat est un des plus gros OPH d’ile de france, et chez eux c’est aussi mal entretenu qu’ailleurs


      • foufouille foufouille 10 décembre 2008 14:14

        http://www.coordinationsud.org/spip.php?article10981

        un super stage d’emmaus international
        bac+5, 398.10€/mois ............


      • Battement d’elle 10 décembre 2008 20:43

        @ Foufouille

        Bravo..... excellent votre lien : il résume exactement ce qu’est en réalité cette fondation :

        une machine à faire du "fric" ...... mais pas pour les pauvres ! 


      • foufouille foufouille 10 décembre 2008 21:20

        pour info le directeur emmaus demarre a 2000
        le compagon, c’est 200 maxi


      • maxim maxim 10 décembre 2008 14:27

        si jamais ils mangent du cassoulet ,et qu’ils n’ouvrent pas la fenêtre ,ils meurent tous asphyxiés !


        • maxim maxim 10 décembre 2008 15:21

          là ,j’ai posté sur le ton de la plaisanterie ...

          mais en ce qui concerne ne logement ,rien qu’à Fontainebleau ,il y a plus d’une centaine d’appartements vides dans un ensemble locatif de la Faisanderie ,ex bâtiments de l’Otan ,et des Armées et de la fonction publique .

          des casernes désaffectées ,alors que les bâtiments extérieurs sont encore en bon état ,que l’on pourrait transformer aisément en appartements ......

          à Paris ,il y a des logements inoccupés !

          et certainement un peu partout en France !

          si !....c’est décourageant en 2008 de lancer encore une campagne humanitaire ,mais là au sujet du logement ,il est surtout question de vouloir politique ,et qu’on ne vienne pas nous dire que c’est de la faute ,de ceux ci ou de ceux là ,c’est une faute collective ,aussi bien de droite que de gauche !

          ce n’est pas une question de pouvoir ,on peut toujours ,mais de vouloir ! et là j’espère bien qu’on va faire sortir les politiques de leur torpeur ! 

          personnellement ,je fais des dons à Emmaus ,je me rends souvent à l’antenne de Sud Seine et Marne ,pour acheter ,et je suis content de voir que beaucoup de blessés par la vie y ont un toit ,et le couvert ! et de la dignité !

          cette affiche est un choc nécessaire ,elle montre la réalité tout crue ,nombre de gens vivent comme ça en 2008 !

          beaucoup vont devenir comme ça en 2009 ,peut être vous ? peut être moi ?qui sait comment les choses vont finir ?

          cette photo dérange ?tant mieux !


          • foufouille foufouille 10 décembre 2008 15:58

            tu devrais regarder les blogs d’emmaus
            certains comme bordeaux qui sont beneficiaire envoie 40% a l’etranger
            une fois que tu rentre a emmaus c’est dur d’en sortir


          • Decrolier 10 décembre 2008 15:46

            Un leure.......
            Cet article me fait vomir par son inhumanité...
            Je me tate pour tenter de comprendre le but de cet article.

            Quel est la proposition donnée par cet article...
            Son résultat.....rechercher.... Une démotivation de la solidarité humaine...... ?

            Doit-on laisser ces familles crever dans la misère sous le prétexte que c’ est l’ affaire de l’ état ?
            La solidarité humaine essaye de palier aux carences d’ un système pourri, que l’ on s’obstine à trouver parfait.
            Perfection totalement inexistante au vu des innombrables misères qu’ elle génère...

            Au lieu de chercher les vrais causes, les origines de ces innaceptables états de fait.
            Nous avons ici une analyse poussant aux démotivations de la solidarité humaine, jouant sur les clichés éculés des conditionements visuels qui n’ apportent rien à personne.

            Je souhaite à cette personne de se retouver tributaire dans une semblable situation.
            Déjà qu’ a Paris un travailleur est dans l’ incapacité de se loger décement avec le salaire que lui donne son travail......

            Que dire si le travail n’ est permet plus d’assurer la subsistance du travailleur.
            N’ y a t il pas là un mal que nous refusons de voir.....
            Cet ultra capitalisme ne nous fait il pas revenir en arrière....
            A l’ époque du siècle dernier ou le cocher dormait avec les chevaux dans les écuries en compagnie de la petite domesticité.......

            C’ est ce passé excécré, que ce super capitalisme veut nous proposer comme avenir.

            Je crache mon mépris sur de tels aveuglements, sur une telle insensibilité, sur une telle ignorance des mécanismes qui génèrent les misères actuelles et les font prospérer.

            Voyez le clip vidéo de Paul Grinon sur l’ Argent dette.
            Ce sont des faits que tout citoyen responsable devrait impérativement connaitre avant de discourir.

            Voici le lien : A VOIR IMPERATIVEMENT.....

            http://vimeo.com/1711304

            Après posez-vous la question : Cette misère n’ est elle pas voulue et programmée ?
            Peut-ètre pas par nos élus.., mais surement avec leur complicité active....
            A moins qu’ils ne soient atteints de crétinisme, ou avariés par les corruptions....

            Ces situations ne relèvent plus des discours philosophiques du café du commerce......
            Celà serait une injure aux souffrances qui ne font que croitre autour de nous.
            Les précarités engendrées par ces dérives inniques financières (voulues, calculées et programmées), ne mettent personne à l’ abri de ces misères.



            • Paul Villach Paul Villach 10 décembre 2008 16:13

              @ Decrolier

              Je crois que vous vous méprenez ! Vous confondez appel humanitaire et leurre d’appel humanitaire.

              Cet article ne nie nullement la situation de détresse que connaissent nombre de personnes.
              La question est seulement de savoir si la solution relève de l’humanitaire ou d’une politique sociale.
              La charité n’a jamais rien réglé, elle a même le don d’entretenir les problèmes. Paul Villach


            • JONAS Virgule 10 décembre 2008 22:42

              @ L’Auteur :

              Votre leçon d’humanisme est trop étroite pour être raisonnable !

              Vous êtes vous-même un homme en cage, pour ne pas avoir pris conscience de votre condition de prédateur. Car tout homme en ce monde est un prédateur.

              Alors vos bonnes intentions apparentes, sont des pavés supplémentaires dans les avenues de perditions que sont celles de l’Enfer, car on n’en voit pas les bords.

              De la plupart des actes de générosités que nous faisons, nous en tirons des bénéfices, qu’ils soient la satisfaction du Moi, de notoriétés, moraux et mêmes financiers.

              L’acte gratuit est accompli dans le secret de son cœur et ne se publie pas !

              Il est souvent anonyme, c’est celui qui se jette à l’eau pour sauver un tiers qu’il ne connaît pas ! C’est celui des Pompiers qui risquent leurs vies plusieurs fois par an, des policiers victimes de certains, qui méprisent la vie d’autrui et qui en écrasent 2 ou 3, en forçant un de leurs barrages.

              Ces fonctionnaires, ne sont pas payés en fonction des risques qu’ils prennent. Vous me direz ils ont la vocation, mais personne n’a de vocation pour mourir.

              Combien peuvent prétendre mériter d’être sauvé dans cette société ? C’est la première question qu’ils devraient se poser et que vous devriez vous poser éventuellement.

              D’autant plus, qu’ils ont pour une majorité les devises : " On a qu’une seule vie, il faut en profiter ", " On n’y peut rien "…etc.

              Je n’ai de leçon à donner à personne, j’en reçois encore pour ma part tous les jours et je ne saurais m’en plaindre. Elles me permettent, je l’espère, de m’élever au-dessus de ce monde avant de le quitter.

              Respectueusement à vous.

               

               

               

               

               


            • Francis, agnotologue JL 10 décembre 2008 17:10

              ""Cela fait 54 ans que l’abbé Pierre a lancé son fameux appel en faveur des sans-abri. Sa fondation pour le logement des défavorisés date déjà de 20 ans. N’est-ce pas décourageant de devoir à nouveau en 2008 assister à pareille campagne humanitaire ? La preuve n’est-elle pas apportée que de tels problèmes de logement ne relèvent pas de la charité individuelle mais d’une politique collective de justice ? Ne touche-t-on pas en conséquence aux limites tragiques du leurre d’appel humanitaire ?""

              Coluche n’avait-il pas dit quelque chose comme ça ? "Si dans 10 ans les restos du cœur existent toujours, c’est que nous aurons échoué" ?

              Sans parler du Téléthon ! lire cet article  : "La grande escroquerie du Téléthon, Le professeur Testart dénonce une "mystification"


              • Francis, agnotologue JL 10 décembre 2008 17:27

                "Cela fait 54 ans que l’abbé Pierre a lancé son fameux appel en faveur des sans-abri. Sa fondation pour le logement des défavorisés date déjà de 20 ans….La preuve n’est-elle pas apportée que de tels problèmes de logement ne relèvent pas de la charité individuelle mais d’une politique collective de justice ?""

                Coluche n’avait-il pas dit quelque chose comme : "Si dans 10 ans les restos du cœur sont encore là c’est que nous aurons échoué" ?

                Sur le Téléthon, il faut lire cet article  signé du Professeur Testard


                • Pierre de Vienne Pierre Gangloff 10 décembre 2008 18:17

                  Il me semble que vous avez omis une possible interprétation de cette image, celle qui consisterait à nous mettre dans la peau d’un observateur froid et clinique, d’un scientifique observant la vie de petits mammifères dans l’espace restreint de leur cage. La vue en contre plongée, le point de vue abstrait du plafond de verre, la sensation de l’aquarium et la prise de conscience que de la taille physique de cette cage dépend le bien être de ses occupants. Ce qui devrait être le refuge idéal ( le foyer ) est ici un enfer quotidien. Image troublante, qui retourne comme un gant trop étroit l’image du foyer salvateur.


                  • Paul Villach Paul Villach 10 décembre 2008 18:30

                    @ Pierre Gangloff

                    Vous avez raison. Votre remarque est intéressante. 
                    De même ai-je laissé aussi de côté les visages des personnages regardant en l’air leurs observateurs. C’est l’habituelle image mise en abyme pour, dans une relation interpersonnelle simulée, interpeler des yeux le lecteur dont on attend la pulsion d’adhésion et de don. Paul Villach


                  • Francis, agnotologue JL 11 décembre 2008 09:31

                    Il est intéressant de mettre en parallèle cette remarque avec les projets de dépistage précoce de la violence dès le plus jeune âge.

                    De fait, un jeune enfant confiné dans un tel espace est forcément contraint, dès son plus jeune âge. Le résultat est tout ce qu’on veut sauf l’épanouissement social. On voudrait remplir les prisons qu’on ne s’y prendrait pas autrement.


                  • Algunet 10 décembre 2008 20:11

                     C’est une bonne pub, bien décortiquée par l’auteur de l’article...
                    Mais comme toutes ces pubs jouant sur la culpabilisation, par principe, je n’achète pas... Celle-ci sera-t’elle vendeuse ? 


                    • Cher Paul Villach,
                      Je crains que nombre de vos commentateurs ignorent que vous êtes un éminent spécialiste des médias et que vos centaines d’articles sur nombre de campagnes publicitaires ou évènements médiatiques avec support photographique ou autre...vous ont permis d’élaborer tout un corps de doctrine. Je ne peux donc, si le sujet les intéresse vraiment, s’agissant de l’étude des mécanismes, que les engager à lire votre ouvrage de base : « Les médias, la manipulation des esprits, leurres et illusions » (2006), une application de "Le Code de l’information" à l’image.
                      Quant à votre sujet du jour ...je l’ai trouvé excellent, sans compter que vous avez pris "in fine" une position bien claire que je partage sans restriction.
                      Ceux qui ne liront pas votre livre peuvent au moins et très facilement accéder à vos articles sur AV et retrouver ne serait-ce que sur 2008 une belle série de sujets qui les aideront probablement à mieux comprendre vos approches ...qui détonnent dans notre monde où quelques gogos ne réagissent qu’au premier degré.


                      • JONAS Virgule 10 décembre 2008 22:45

                        @ L’Auteur :

                        Votre leçon d’humanisme est trop étroite pour être raisonnable !

                        Vous êtes vous-même un homme en cage, pour ne pas avoir pris conscience de votre condition de prédateur. Car tout homme en ce monde est un prédateur.

                        Alors vos bonnes intentions apparentes, sont des pavés supplémentaires dans les avenues de perditions que sont celles de l’Enfer, car on n’en voit pas les bords.

                        De la plupart des actes de générosités que nous faisons, nous en tirons des bénéfices, qu’ils soient la satisfaction du Moi, de notoriétés, moraux et mêmes financiers.

                        L’acte gratuit est accompli dans le secret de son cœur et ne se publie pas !

                        Il est souvent anonyme, c’est celui qui se jette à l’eau pour sauver un tiers qu’il ne connaît pas ! C’est celui des Pompiers qui risquent leurs vies plusieurs fois par an, des policiers victimes de certains, qui méprisent la vie d’autrui et qui en écrasent 2 ou 3, en forçant un de leurs barrages.

                        Ces fonctionnaires, ne sont pas payés en fonction des risques qu’ils prennent. Vous me direz ils ont la vocation, mais personne n’a de vocation pour mourir.

                        Combien peuvent prétendre mériter d’être sauvé dans cette société ? C’est la première question qu’ils devraient se poser et que vous devriez vous poser éventuellement.

                        D’autant plus, qu’ils ont pour une majorité les devises : " On a qu’une seule vie, il faut en profiter ", " On n’y peut rien "…etc.

                        Je n’ai de leçon à donner à personne, j’en reçois encore pour ma part tous les jours et je ne saurais m’en plaindre. Elles me permettent, je l’espère, de m’élever au-dessus de ce monde avant de le quitter.

                        Respectueusement à vous.

                         

                         

                         

                         

                         


                        • marignan155 10 décembre 2008 23:16

                          En complément :

                          Sur l’image, essayez donc de repérer une porte pour SORTIR

                          Votre analyse dépasse ce que j’avais lu dans les années 1960 dans "La grammaire de l’image" (plus moyen de retrouver l’auteur) et de ce que Adrien Frutiger ("Des signes et des hommes" devenu "L’homme et ses signes" a écrit.

                          La police sans sérif est froide, les caractères trop étirés en hauteur mettent mal à l’aise (en passant : ce ne sont pas des M carrés mais des m carrés, ô "créatif", mais une minuscule dans le texte aurait cassé le cri, puisque de nos jours, culture internet oblige, les majuscules sont perçues comme des cris).

                          La conclusion est "AGISSONS.", avec un point final, elle aurait pu être "AGISSONS !", avec un point d’exclamation plus incitatif, c’est terne.


                          Sur la conclusion, les individus, grâce à la mobilité géographique, sont de moins en moins solidaires localement, il faut la journée des voisins pour réunir une fois par an un voisinage, seules les catastrophes font encore se manifester la solidarité, la misère quotidienne est du quotidien, on s’habitue, on délègue aux associations (avec des subventions qui autorisent ensuite l’Etat à transformer le fonctionnement, exemple : un accueil pour routards, quelques nuits maxi, une quinzaine de places, une nouvelle loi sort, presque toutes les places sont occupées plus d’un mois et les routards n’ont plus de places), aux institutions, à l’Etat. 


                          Et les promesses ? Plus de sans-logis dans deux ans, la maison à 15€ par jour (de mémoire) à trop de kilomètres de tout (transport, commerce, école, culture) après la maison Borloo (combien de réalisées par rapport aux annonces). Sans compter, ce que je vois trop souvent, des abus de propriétaires face à des locataires qui ne connaissent pas leurs droits et se laissent intimider (j’étais propriétaire d’un appartement en région parisienne et j’ai eu sur 5 locataires un seul défaillant, je connais aussi cet aspect).

                          Ma conclusion : moins d’annonces, moins de promesses, plus de travail sur le terrain, PLUS DE CONTINUITE.


                          • jimixx 11 décembre 2008 06:02

                            trop drole !! 

                            mais pas tant que ca en fait ^^

                            a l heure ou le systeme (conseiller par nos chers banquiers) pour devenir proprietaire est d’acheter un bien

                            immobilier et de le louer (une fortune) ensuite pour financer l achat de sa propre maison, je trouve marrant

                            qu on mette sur sur le dos de l etat seul, le probleme du logement alors que le comportement de rapace

                            ( plutot de charognard) generaliser d une grande partie des francais en est la principal cause.

                            l inflation des prix des loyers, des terrains etc provient du seul fait qu une partie de la population

                            possede/cumule un ou plusieurs logements quand d’ autres n en n auront jamais du seul fait de la

                            cherter et de la rareter de ces meme logements !!


                            • pseudo 11 décembre 2008 08:36

                              Il existe en France des villages et des châteaux qui se meurent, pourquoi ne pas les rénover et faire de ses villages un centre d’hébergement et d’emploi pour les sans domiciles fixes. Les états unis se sont construits avec les indésirables et les pauvres d’Europe.


                              • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 11 décembre 2008 11:29

                                J’ai cherché en vain l’explication du fait que vous qualifiez cette image de leurre. Vous dites que rien ne dit pourquoi ces gens se retrouvent dans cette situation. Et alors ? Est-ce le sujet ? Sous-entendez-vous que c’est peut-être de leur faute, qu’ils doivent ne s’en prendre qu’à eux-mêmes et qu’il est donc légitime de les laisser dans leur 12 m2 ? Sincèrement, je trouve votre article malsain.


                                • Paul Villach Paul Villach 11 décembre 2008 12:18

                                  @ Olivier Bonnet

                                  Votre réaction semble témoigner de l’extrême difficuté qu’il y a à parler d’un leurre qui fait fureur, le leurre d’appel humanitaire.

                                  1- On se heurte à la confusion entre leurre d’appel humanitaire et l’appel humanitaire, qu’aiment à entretenir les tenants du leurre pour reprocher abusivement au critique du leurre d’avoir une pierre à la place du coeur, cependant qu’ils portent "le leur" en bandoulière.

                                  2- Le leurre se reconnaît à nombre de procédés que j’ai analysés, et en particulier à la mise hors-contexte :

                                  - il ne s’agit pas de nier l’existence du mal-logement comme vous le soupçonnez.

                                  - Mais pour déclencher la pulsion de don et d’adhésion, l’auteur du leurre se contente de livrer un symbole, par nature hors-contexte.

                                  - Le but est de canaliser l’élan compassionnel vers l’auteur qui se présente comme un intercesseur.

                                  3- Ce qui est malsain, selon moi, contrairement à ce que vous pensez, c’est ce recours massif au leurre d’appel humanitaire, avec les dérives qu’on a connues (le scandale de l’ARC, ça vous dit quelque chose ?) et surtout la diversion qu’il implique : nombre des sujets promus par le leurre d’appel humanitaire relèvent de l’action collective que seul un projet politique peut rendre efficace.

                                  On ne prise jamais autant la charité que lorsque la justice est méprisée. C’est cela que, moi, je trouve malsain. "Il faut être juste avant d’être généreux, comme on a des chemises avant d’avoir des dentelles, ", dit Chamfort (18ème siècle !)
                                  Mais vous avez le droit d’être le chantre du leurre d’appel humanitaire et moi de le critiquer. Paul Villach

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