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Une « déflation en Occident nécessaire » nonobstant les souhaits des économistes et prix Nobel

(11ème partie)

 

 Aujourd’hui, en Europe, tout le monde crie haro sur la « déflation ». Cette crainte est-elle justifiée ? Evidemment une déflation est toujours négative. Elle est synonyme de baisse des prix, baisse de l’activité économique, les ménages consomment moins, les entreprises produisent moins à cause de la faible demande ce qui engendre une surproduction qui, à son tour, provoque une réduction d’effectifs voire même des fermetures d’usines, et souvent impose une diminution des salaires. Mais qu’en est-il réellement de la déflation ?

 

  1. La prise de position des économistes et des prix Nobel sur les politiques d’austérité en Europe

 Dans un article (1), professeur de finance à la Sorbonne, met en garde « Le risque qui existe de voir à la fois la zone euro et les États-Unis plonger dans la déflation. Les politiques laxistes des Banques centrales peinent à combattre cette tendance, alimentant seulement la hausse des actifs financiers ».

 Depuis le début de 2012, l'inflation européenne glisse lentement mais surement en direction du territoire négatif : nous nous dirigeons vers la déflation, caractérisée par une inflation négative accompagnée d'une croissance négative. Ce terme de déflation fait peur, à juste titre. 

 En effet, en cas d'inflation négative, le poids des dettes et des intérêts des dettes, privées ou publiques, ne sont pas grignotées chaque année par le taux d'inflation positive mais au contraire augmentent ! Le fardeau de la dette dans des pays ou le poids de la dette public ou privée se situe entre 200 et 300% devient alors lourd, très lourd à porter.

L'économie déroule alors sa mécanique à l'envers : le poids de la dette s'alourdit, les recettes fiscales baissent, les salaires décroissent sous le poids de l'inflation négative et d'une croissance négative et une spirale d'insolvabilité de l'Etat et des entreprises se met alors en place. […]

 Les politiques actuelles de relance par l'achat d'actifs dans les marchés financiers par les Banques Centrales seront alors inopérantes car le choc sera trop fort, la déflation sera difficile à contenir par les solutions habituelles. A moins que la FED cesse d'acheter de la dette de l'Etat américain et prennent des mesures encore plus osées comme acheter des actions américaines !

Cela paraît fou mais on ne voit pas comment les politiques publiques néolibérales classiques pourront sortir les pays occidentaux de la prochaine crise (à moins de changer totalement de modèle économique et de s'inspirer par exemple d'un modèle plus keynésien avec le « new deal » de Roosevelt dans les années 30). » 

  Beaucoup d’Européens ne croient pas à l’Europe, et encore moins à l’euro. Des économistes connus ne cessent de conseiller de sortir de la monnaie unique. Un européiste de gauche, Bernard Maris, professeur des universités à l’Institut d’études européennes de l’université Paris-VIII, membre du conseil général de la Banque de France, a changé d’avis. Alors qu’il était pour la monnaie unique depuis 25 ans, il est aujourd’hui d’avis pour la sortie de l’euro. Dans un article (2), on y lit : Sortir de l'euro permettrait de retarder la conquête de notre marché du travail par la Chine. […] Si l'on garde l'euro, le seul moyen de ne pas crever face à la politique menée par l'Allemagne est de mener une politique de contre-offensive en vendant nos produits faits par nos petites mains, travaillant plus dur et plus longtemps pour des salaires plus faibles. A cette seule condition, on peut espérer tenir sur le radeau. Combien de temps ? Un demi-siècle environ. Après, toute la technologie sera passée aux Indiens et aux Chinois, qui deviendront nos employeurs. »

 Dans un autre article (3) : « Face au naufrage de l’Union européenne, deux grands adversaires de l’euro débattent d’une possible sortie de crise et en appellent à la souveraineté populaire contre le pouvoir des banques ».

 « L’Allemagne impose à toute la zone euro son propre modèle de politique économique, tel quel. D’où la banque centrale européenne, l’orthodoxie budgétaire, l’obsession de l’inflation, et plus généralement un modèle inédit de soumission des politiques économiques nationales à des règles constitutionnelles… renforcées par la surveillance constante des marchés financiers ! »

 Et combien d’économistes en Europe et aux États-Unis, y compris des prix Nobel disent la même chose. Dans un article (4), Joseph Stiglitz, professeur à l’Université de Columbia, prix Nobel en 2001, critique la politique déflationniste européenne. « L'euro n'est pas une fin en soi. Il était supposé être l'instrument d'une Europe plus prospère, avec des niveaux de vie plus élevés. En ce qui concerne la zone euro dans sa totalité, les revenus se situent aujourd'hui à 20 % en dessous de qu'ils auraient dû être si la tendance de la croissance prédominant lors des années précédant l'euro avait perduré. Il a été demandé aux Européens de consentir davantage de sacrifices – baisse des salaires, baisse des avantages, affaiblissement des systèmes de protection sociale –, tout cela au nom du sauvetage de l'euro. La dévaluation interne – réduisant les salaires et les prix nationaux – n'est pas un substitut à la flexibilité du taux de change. En effet, il existe une inquiétude croissante sur la déflation qui augmente l'effet de levier et le poids des niveaux de la dette qui sont déjà trop élevés. L'extrême austérité que de nombreux pays européens ont adoptée après la crise a presque été un coup de grâce. Une récession à double creux et la flambée du chômage représentent des coûts terribles à payer pour des soldes de comptes courants légèrement améliorés – qui vont mieux dans la plupart des cas, plus parce que les importations ont diminué que parce que les exportations ont augmenté.

 L'euro peut être sauvé, mais il faudra plus que des beaux discours affirmant un engagement envers l'Europe. Si l'Allemagne et d'autres pays ne sont pas prêts à faire ce qu'il faut – s'il n'y a pas assez de solidarité pour que les politiques fonctionnent – alors il se pourrait que l'on doive abandonner l'euro pour sauvegarder le projet européen. »

 D’autres prix Nobel en viennent à la même conclusion. Paul Krugman, prix Nobel en économie en 2008, lui aussi est contre les politiques d’austérité.

 

  1. Les arguments des économistes et prix Nobel pour des politiques anti-austéritaires sont-ils convaincants ?

  Après cette longue présentation des partisans anti-plans d’austérité et anti-euro, il est nécessaire de se faire une idée du sens des monnaies dominantes dans le monde dont les deux premières sont le dollar et l’euro qui pèse respectivement pour environ 63% et 24%, soit près 87% dans le monde. Viennent ensuite la livre sterling et le yen qui pèsent environ pour 7% dans le monde. Enfin le yuan chinois pèse pour environ 1,2% dans le système monétaire international. Le reste du monde pour moins de 5%. C’est dire l’importance des monnaies américaine et de la zone euro.

 Mais cette prédominance du dollar et de l’euro a malheureusement pour les États-Unis et l’Europe un talon d’Achille. En d’autres termes, il n’y a pas que des avantages mais aussi des inconvénients et de graves inconvénients qui ne peuvent en aucun cas se résoudre par des politiques contracycliques comme le préconisent beaucoup d’économistes y compris les prix Nobel, Joseph Stiglitz ou Paul Krugman ou les économistes Emmanuel Todd, Jacques Sapir... Il faut même dire que si ces contradicteurs étaient à la place de Mario Draghi ou de Janet Yellen, respectivement gouverneur de la Banque centrale européenne et gouverneure de la Réserve fédérale américaine, auraient probablement procédé à la même politique monétaire. Aussi « rien ne vient de rien, toute politique a une cause », surtout que les enjeux qui se jouent aujourd’hui engagent l’avenir de l’Europe et des États-Unis.

 Donc rien ne dit que les économistes et les prix Nobel en économie ont raison, surtout qu’ils n’opposent pas une argumentation solide susceptible de pousser les autorités monétaires américaines et européennes à agir dans le sens de leurs recommandations.

 Il est important de clarifier les freins, ou plutôt les forces internes voire souterraines qui ne sont pas visibles et qui ne sont pas prises par les éminents prix Nobel Stiglitz, Krugman et le géographe français Emmanuel Todd. Si on arrive à comprendre ces freins, il serait plus facile de comprendre la crise, et éventuellement trouver les compromis pour rapprocher les positions des grandes puissances. « Ne dit-on pas qu’un problème compris est à moitié résolu. » Or, aujourd’hui le problème de la croissance ne se pose seulement à la zone euro, ni à l’Amérique, à la Chine, mais à l’humanité entière. Il y a donc une nécessité de comprendre les freins qui ont commencé à stopper la croissance économique de plusieurs régions du monde.

 Préconiser des politiques anti-austéritaires simplement parce qu’elles dopent la croissance est très insuffisant, eu égard aux enjeux qui divisent le monde. Elles n’expliqueraient pas pourquoi les Banquiers centraux occidentaux sont réticents et prudents sur la donne monétaire.

 On reproche à la Banque centrale européenne de ne pas avoir fait suffisamment dans les LTRO ou dans les Quantitative easing et que la Réserve fédérale américaine a trop fait au point que le taux de chômage est tombé aujourd’hui en 2015 à 5,5%. La situation des États-Unis et de l’Europe même si elle est ressemblante reste néanmoins différente sur le plan monétaire. Ne serait-ce que sur « le statut du dollar par rapport à l’euro sur le plan mondial ».

 On ne peut oublier que la Réserve fédérale a commencé à réduire son QE3 qu’elle a fait passer de 85 milliards de dollars à 75 milliards de dollars en décembre 2013. Et en décélérant depuis, à raison de 10 milliards de dollars par mois, le QE3 a pris fin en octobre 2014. Aujourd’hui, elle est en train d’attendre le moment propice pour commencer à relever le taux d’intérêt directeur. Tous les marchés dans le monde (américains, européens, asiatiques…) sont tenus en haleine et craignent une hausse du taux américain. Et la Fed elle-même a des craintes sur la décision à prendre, et temporise parce qu’elle sait les conséquences qui risque de survenir sur le plan mondial qui ne sont pas nécessairement bonne pour l’économie américaine et encore moins pour l’économe mondiale. Et la Banque centrale européenne qui a commencé depuis le 22 janvier sa politique monétaire d’assouplissement quantitatif non conventionnel. Même dans ce « Quantitative easing européen, la BCE crée-t-elle réellement des liquidités monétaires ». Et si la création des 60 milliards d’euros par mois, dans le cadre du QE de 1100 milliards d’euros annoncé le 22 janvier 2015, et aujourd’hui en application, n’est qu’apparente ? Alors qu’en réalité, la BCE ne fait que transférer des liquidités en excédents d’un pôle à un autre pôle. Ce qui nous fait dire que le QE européen n’est pas similaire au QE américain, il y ressemble certes mais le processus des injections monétaires est différent. Y compris d’ailleurs au Japon, ce qui conforte la déflation. Et nous aurons à le démontrer.

 

  1. Une « déflation nécessaire en Occident » nonobstant les souhaits des économistes et prix Nobel

 Aussi avant d’arriver au problème de la déflation, il et nécessaire de parler d’abord de l’économie en général. Dans toute économie, comme je l’avais écrit dans une de mes contributions, les échanges de richesses entre nations conditionnent, d’une manière générale, leur croissance économique. Plus il y a des échanges, plus les richesses augmentent par un effet d’entraînement des intérêts des uns et des autres qui aspirent à une croissance économique, à un mieux-vivre sur le plan emploi, logement, aisance financière, etc. Il n’y a donc croissance que si les pays, en échangeant, y trouvent un intérêt mutuel. Un optimum est réalisé s’il est à la fois favorable et complémentaire pour tous.

 Prenons, par exemple, « l’Europe et confondons-la pour les besoins de la démonstration avec tout l’Occident  ». Si l’Europe, qui détient la seule monnaie de réserve et de compte internationale, dans le système économique entre nations, importe le strict nécessaire de matières premières pour sa production interne des autres pays du monde, et n’exporte aussi de biens et services que le strict nécessaire pour financer ses importations, il résulte que « les réserves de monnaies détenues par les pays du reste du monde via leurs exportations ne servent qu’à financer leurs importations avec l’Europe ou entre les pays du reste du monde avec la monnaie européenne ». Dans ces échanges avec l’Europe, ces pays n’ont pas de réserves de changes internationales disponibles ou très peu puisque toutes sont utilisées ou vont l’être pour financer leurs produits importés.

 D’autre part, vu la raréfaction des crédits que l’Europe octroie au compte-goutte à ces pays, il reste que ces pays du reste du monde ont des difficultés pour échanger entre eux. Donc ils seront amenés à compenser ce gap de monnaies européennes par le troc, évidemment au prix des matières premières et des produits finis qui se pratiquent sur les marchés internationaux.

  Des « réserves de changes très limitées » rend une situation très préjudiciable tant pour l’Europe que pour les pays du reste du monde. Les soldes commerciales tant de l’Europe (que de l’Occident qu’elle représente) que du reste du monde sont «  donc équilibrés à nuls voire négatifs ». Dans cette étroite marge dans le rapport importation-exportation, l’émission parcimonieuse des liquidités monétaires par l’Europe a un impact négatif considérable sur l’économie internationale. « Une paupérisation constante et en extension à l’ensemble des pays du reste du monde qui ne disposent pas de monnaies internationales, et un étouffement de l’économie occidentale ». Faiblesse dans la création d’emplois, dans les investissements et les débouchés pour l’industrie européenne comme pour les matières premières et énergie des pays du reste du monde qui ne trouveraient pas emplois à cause de l’insuffisance de la monnaie. Les transactions sont limitées et ce fait, une faiblesse de création de richesses. 

 Evidemment, dans la réalité, il n’y a pas l’Europe seulement mais un Occident avec les États-Unis au centre du système, l’Europe (zone euro), le Royaume-Uni, le Japon, et le reste du monde qui lui est tracté par ces grands pays développés. Et cette traction, il faut le dire, est aussi payante pour l’Occident. Evidemment, il y a un degré de complexité dans le système économique mondial, mais en réalité, il ne l’est qu’en apparence.

 L’humanité est un grand corps humain où tous les organes, c’est-à-dire toutes les économies-monde, sont liés d’une manière ou une autre et interagissent entre eux. Et c’est cela qu’il faut comprendre. Comme il en va pour toutes les politiques monétaires des Banques centrales du monde. Toutes interagissent entre elles. Et pour parler « du phénomène de la déflation qui est apparu aujourd’hui », qui est la conséquence même des politiques monétaires menées aujourd’hui par les grandes puissances – et la Chine y joue un rôle central bien plus grand que les États-Unis – il demeure que la « déflation est nécessaire » nonobstant les souhaits des prix Nobel. Aussi étrange soit-elle, une « déflation » en cours aujourd’hui est aussi « nécessaire » que ne l’a été une « inflation » tout aussi « nécessaire » dans les années 1970.

 D’autre part, et c’est cela qui est incroyable, il faut encore le redire et que nous aurons à le démontrer. Ce ne sont pas les POLITIQUES MONETAIRES AMERICAINES ET EUROPEENNES QUI ORIENTENT AUJOURD’HUI LA MARCHE DU MONDE MAIS BIEN LA POLITIQUE MONETAIRE DE LA BANQUE DE CHINE.

 Et qu’au final, l’Allemagne qui a une grande influence sur la politique monétaire de l’Institution européenne de Frankfort ne fait que se conformer à la conjoncture économique mondiale. En d’autres termes, les Banquiers centraux du monde ne font que répondre au besoin des conjonctures historiques. Et cette conjoncture historique, qu’on l’accepte ou non, a pour « moteur principal, la Chine qui est en train d’influencer les politiques monétaires occidentales ». Ce qui explique une « tendance déflationniste simultanée aux États-Unis, en Europe et au Japon ».

 Pour terminer cette partie de l’analyse, « une inflation ou une déflation relèvent de conjonctures historiques et s’érigent comme réponse, ou solution à une situation donnée de l’économie mondiale, que les économies du monde ont générée dans une étape de leur histoire ». Par conséquent, il faut replacer dans leur contexte historique si l’on veut comprendre des phénomènes économiques et monétaires « non voulus mais non moins nécessaires ».

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.

www.sens-du-monde.com

 

Note :

1. « L’Europe et les États-Unis vont finir par entrer en déflation », par Philippe Murer, 06/11/2013. http://www.latribune.fr

2. « L’autre politique économique, ou comment échapper aux Chinois », par Bernard Maris, 29/092014. http://www.comite-valmy.org

3. « Les intellectuels vont devoir parler au peuple », la revue hebdomadaire Marianne, débat entre Frédéric Lordon et Emmanuel Todd, 26 juillet 2013. www.marianne.net

4. « Stiglitz : Une autre politique pour l’euro », par Joseph E. Stiglitz, 6 juin 2014, http://www.mediapart.fr

5. « L’« attaque baissière du baril de pétrole 2014-2015 », une stratégie de haute voltige des États-Unis dans une volonté de revanche sur l’Histoire ? » (10ème partie), par Medjdoub Hamed, 26/03/2015. www.sens-du-monde.com, www.agoravox.fr

6. « Le dollar US et les « Forces historiques inattendues ». Irruption et nécessité du pétrole, un catalyseur anti-crise  », (9ème partie), par Medjdoub Hamed, le 21 mars 2015. www.sens-du-monde.com, www.lequotidien-oran.com, www.agoravox.fr

7. « L’or, un enjeu mondial. Pourquoi l’Algérie, pour sa sécurité, doit augmenter ses réserves d’or ? » (8ème partie), par Medjdoub Hamed, le 14 mars 2015. www.sens-du-monde.com, www.lequotidien-oran.com, www.agoravox.fr


Moyenne des avis sur cet article :  4.33/5   (6 votes)




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11 réactions à cet article    


  • Laulau Laulau 30 mars 2015 18:20

    Un article qui se distingue par la confusion de ses arguments.
    Vous m’avez l’air autant économiste qu’ Emmanuel Todd est « géographe »


    • Hamed 30 mars 2015 22:07

      @Laulau

      Merci pour le compliment


    • lsga lsga 30 mars 2015 18:45

      un excellent article, qui rappelle que les politiques contre-cycliques sont dépourvues de sens dans le cadre d’une économie mondialisé, et que la Chine détermine la valeur de l’Euro, bien plus que la Grèce.

       
      Par contre, croire que la déflation va permettre de relancer les profits, la croissance : c’est peine perdue
       
      Je tiens au passage à rappeler à l’auteur que la plupart de ces analyses (l’impossibilité du contre-cyclique, la fin de l’efficacité des politiques d’inflation, etc.), avec la prévision assez détaillée de la crise de 2008, avaient déjà été largement réalisées par Ernest Mandel dès les années 70. À la même époque, les tenants de l’école de Chicago croyaient qu’en dérégulant la finance ont pourrait relancer les profits (et eux aussi, savaient que la crise façon 2008 en découlerait : mais ils s’en foutaient : ils s’en sont mis plein les poches.)
       
      Quand les économistes libéraux auront compris que le plus grand économiste libéral c’est Marx, ils progresseront. 
       
      Mais déjà, commencez par lire Schumpeter plutôt que l’école de Chicago, et acceptez que les prochaines révolutions de la structure économique (robotiques, greentechs) seront strictement destructrices d’emplois.


      L’abolition du travail, prophétisée par le jeune Marx : vivement !

      • Rétif 31 mars 2015 02:01

        Inflation et déflation ne sont quand même pas des phénomènes météorologiques !
        Elles sont dues d’abord à des stratégies de politique économique.(ou de politique tout court,avec les résonnances logiques qui en découlent !
        Dans le contexte international,il peut arriver que des influences extérieures d’autres pays jouent un rôle
        d’influence qu’on peut prendre pour des phénomènes quasi-météo du genre imprévisibles.Mais c’est toujours de la politique.


        • Hamed 31 mars 2015 10:14

          @Rétif

          Hélas, OUI ! Vous avez taper dans le mille. C’est exactement des phénomènes météorologiques mais à l’échelle humaine. C’est exact ce que vous dîtes. Sauf que l’on n’a pas beaucoup de météorologues de l’économie des nations qui puissent faire des prévisions assez justes sur le mouvement des fronts de masses d’air chaudes et froides évoluant sans cesse autour de la planète, et bien sûr donner des avis de tempêtes, d’orages, etc.

          Précisément, dans le contexte international, les "influences extérieures d’autres pays, comme vous dîtes, jouent pratiquement la même chose qu’une masse d’air chaude, en l’occurrence l’Asie et surtout la Chine avec ses 1,2 milliards de chinois, qu’une autre masse d’air froide, en l’occurrence l’Europe et les États-Unis, viennent à son contact refroidir cette formidable énergie interne. Et vous devinez la suite.
          Et ce qu’on peut prendre pour des phénomènes quasi-météo, ce sont ces frictions de masses humaines mouvantes cherchant chacune à avoir chacune le dessus sur l’autre. L’humanité ressemble à cette météorologie des masses d’air. Et cette météorologie est dans un certain sens prévisible pour un court terme (de l’ordre d’environ d’une dizaine années voire deux un peu comme l’a exprimé Bernard Marris, professeur des universités à l’institut d’études européennes de l’université de Paris-III, membre du conseil général de la Banque de France, qui lui a parlé d’un demi-siècle.

          Et comme vous dîtes c’est toujours de la politique, sauf que c’est à l’échelle planétaire.
          Encore une fois c’est très juste le rapprochement que vous avez fait entre les phénomènes météorologiques sur le mouvement des masses d’air et les phénomènes macro-économiques.

          Merci


        • Daniel Roux Daniel Roux 31 mars 2015 10:57

          Il n’y a rien de mystérieux dans ce phénomène. Il est directement causé par les interventions des banques centrales pour provoquer une relance ou un ralentissement de l’économie.

          Les mots inflation et déflation, correspondent à la quantité de monnaie en circulation et surtout à la vitesse de cette circulation.

          Pour relancer, le crédit est rendu moins cher, les ménages et les entreprises s’endettent, les uns pour consommer, les autres pour investir. La monnaie circule plus vite, c’est l’inflation.

          Pour ralentir, le crédit est rendu plus cher, les ménages et les entreprises remboursent leurs dettes, la consommation et l’investissement ralentie. La monnaie circule moins vite, c’est la déflation.

          Le mondialisation sauvage a changer la donne. En 20 ans, le monde économique a muté. Les délocalisations massives ont provoqué un chômage de masse dans les pays développés, ruinant les systèmes sociaux et la classe moyenne, renvoyant le prolétariat à la misère.

          Pour cacher cette réalité au peuple, les hommes au pouvoir ont nié les méfaits de la mondialisation et ses conséquences. Ils ont refusé les cycles économiques inflation / déflation ; endettement / remboursement. Pour financer leurs relances à contre temps, ils ont donné le pouvoir aux banquiers spéculateurs et abandonné tout contrôle sur la finance.

          C’était comme confié une usine de confiseries à des enfants ou des explosifs à des pyromanes :

          TOUT A EXPLOSE.


          • Hamed 31 mars 2015 20:37

            @Daniel Roux

            Votre raisonnement dans le principe est juste. Mais comment il évolué le processus, ce n’est pas du tout comme vous le dîtes. En effet, la mondialisation que vous décrivez comme sauvage n’est pas tombé du ciel. Tout d’abord, elle n’est pas sauvage, disons simplement qu’elle est naturelle. Et naturelle est un peu comme vous vous existez et pourquoi vous existez.

            Et vous le dîtes vous-même, vous le confirmez et ce n’est pas moi qui le dite « Le monde économique a muté en 20 ans.Et c’est bien qu’il a muté parce qu’il y a eu entre temps u e croissance pour tous, évidemment non comme l’espérait les Européens ou les Américains ou les Japonais. Mais c’est ainsi.

            Et si le monde économique n’avait pas muté, cela aurait été pire pour l’Occident, nous reviendrons aux années 1930 parce que le monde occidental serait saturé de produits finis. Et aujourd’hui malgré 7,5 milliards d’êtres humains sur Terre, les débouchés pour l’industrie mondiale deviennent de plus en plus étroit puisque d’autres milliards humains se retrouvent sous la houlette de l’Occident à produire.

            Et l’Occident ce n’est pas seulement l’Europe et les États-Unis qui au départ n’ont certainement pas voulu délocalisé, mais un Japon les ayant devancé les a obligé à le suivre.
            Donc comme vous le dîtes encore, Daniel, » Les délocalisations massives ont provoqué un chômage de masse dans les pays développés, ruinant les systèmes sociaux et la classe moyenne, renvoyant le prolétariat à la misère.« 

            Mais que faire ? Que les hommes au pouvoir ont nié les méfaits et ses conséquences, vous avez tout à fait raison. Il fallait que les économistes, les citoyens se levassent comme les temps passés pour refuser les cycles économiques, l’inflation, et la déflation d’aujourd’hui. Quant à l’endettement et au remboursement, il ne faut pas trop vous inquiéter, car si c’était le cas, ce pouvoir qui se cherche en Occident et n’arrive pas à trouver la solution, et si réellement l’endettement s’avérait un danger, il aurait depuis longtemps arrêter de s’endetter.

            C’est un peu comme disait Jacques Rueff, en transposant »un endettement sans pleurs". Demain la Frans et l’Allemagne aurait une dette de 200% n’aurait rien à changer pourvu que cette dette soit contractuellement libellé en euro et non en d’autres monnaies, et peu importe qui la détient. Les pays européens ou étrangers.

             Un dernier mot, cela ne va pas exploser. Il y aura certainement des solutions, des compromis, tout les puissances mondiales en auront besoin quand cela sera difficile pour tous.

            Je ne sais si j’ai répondu à votre approche. Je l’espère toutefois.


          • Hamed 31 mars 2015 20:48

            @Daniel Roux

             je corrige ma réponse, il y a beaucoup de fautes d’orthographe. Bien que l’essentiel est dans fond et non dans la forme. Mais quand même.

            Votre raisonnement dans le principe est juste. Mais comment il a évolué le processus, ce n’est pas du tout comme vous le dîtes. En effet, la mondialisation que vous décrivez comme sauvage n’est pas tombée du ciel. Tout d’abord, elle n’est pas sauvage, disons simplement qu’elle est naturelle. Et naturelle est un peu comme vous, vous existez et pourquoi vous existez.

            Et vous le dîtes vous-même, vous le confirmez et ce n’est pas moi qui le dit " Le monde économique a muté en 20 ans.Et c’est bien qu’il a muté parce qu’il y a eu entre temps une croissance pour tous, évidemment non comme l’espéraient les Européens ou les Américains ou les Japonais. Mais c’est ainsi.

            Et si le monde économique n’avait pas muté, cela aurait été pire pour l’Occident, nous reviendrons aux années 1930 parce que le monde occidental serait saturé de produits finis. Et aujourd’hui malgré 7,5 milliards d’êtres humains sur Terre, les débouchés pour l’industrie mondiale deviennent de plus en plus étroits puisque d’autres milliards humains se retrouvent sous la houlette de l’Occident à produire.

            Et l’Occident ce n’est pas seulement l’Europe et les États-Unis qui au départ n’ont certainement pas voulu délocalisé, mais un Japon les ayant devancés les a obligé à le suivre.
            Donc comme vous le dîtes encore, Daniel, " Les délocalisations massives ont provoqué un chômage de masse dans les pays développés, ruinant les systèmes sociaux et la classe moyenne, renvoyant le prolétariat à la misère."

            Mais que faire ? Que les hommes au pouvoir ont nié les méfaits et ses conséquences, vous avez tout à fait raison. Il fallait que les économistes, les citoyens se levassent comme dans les temps passés pour refuser les cycles économiques, l’inflation, et la déflation d’aujourd’hui. Quant à l’endettement et au remboursement, il ne faut pas trop vous inquiéter, car si c’était le cas, ce pouvoir qui se cherche en Occident et n’arrive pas à trouver la solution, et si réellement l’endettement s’avérait un danger, il aurait depuis longtemps arrêté de s’endetter.

            C’est un peu comme disait Jacques Rueff, en transposant "un endettement sans pleurs". Demain la France et l’Allemagne auraient une dette de 200%, une telle situation n’aurait rien changé pourvu que cette dette soit contractuellement libellée en euro et non en d’autres monnaies, et peu importe qui la détient, les pays européens ou étrangers.

             Un dernier mot, cela ne va pas exploser. Il y aura certainement des solutions, des compromis, toutes les puissances mondiales en auront besoin quand cela sera difficile pour tous.

            Je ne sais si j’ai répondu à votre approche. Je l’espère toutefois.


          • Daniel Roux Daniel Roux 1er avril 2015 11:07

            @Hamed

            En tout cas, vous avez tenté de le faire et je vous en remercie.

            La mondialisation sauvage a été organisée, elle n’est pas tombée du ciel. La première étape a été la normalisation des relations USA/CHINE sous l’égide intéressée de Kissinger.

            Dans l’article suivant, je montre quelques étapes au niveau de la France. Il n’y a rien de naturel là-dedans, ni de mystérieux.

            http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-veritable-enjeu-politique-de-83855

            Quand j’écris « TOUT A EXPLOSE » , je veux dire que « tout a déjà explosé » avec 200 000 milliards de $ de dettes mondiales. On ne sait pas encore si c’est le Japon, les US, l’UE, la Chine ou le Brésil qui va faire défaut, mais ce n’est qu’une question de temps.


          • Daniel Roux Daniel Roux 1er avril 2015 11:11

            @ Hamed

            Concernant les éventuelles fautes d’orthographe et de grammaire, je n’en suis pas avare moi-même dans mes commentaires. Que celui qui n’a jamais pêché nous jette la première pierre.

            L’important d’un commentaire réside principalement dans le fond et la qualité de l’argumentation plus que dans la forme, tant que c’est compréhensible smiley


          • Hamed 1er avril 2015 13:12

            @Daniel Roux

            Bonjour Daniel,

             

            J’ai lu votre article « Le véritable enjeu politique de 2012 ». J’y vois une véritable prise de conscience et je suppose qu’elle est l’apanage de tout intellectuel économistes ou non qui s’intéresse ou plutôt cherche à comprendre les difficultés que vivent les Européens, et les Français en particulier, sur le plan économique et social.

             

            Je reprends quelques points de votre analyse de 2012. « Ceux qui sont pour la mondialisation, l’Union Européenne, le remplacement du modèle Français par un modèle type américain sont reconnaissables dans leur façon plus ou moins adroites d’éviter tout débat sur le sujet de la mondialisation, du libre échange et de la dérégulation financière. Ce sont eux qui occupent tous les médias avec les petites phrases, les leurres en tout genre, les faux débats sur le pouvoir d’achat, la fiscalité, le chômage qu’ils ont tous en commun de ne jamais traiter au fond. Tout est fait pour vous persuader qu’eux seuls sont sérieux, qu’eux seuls peuvent résoudre les problèmes, qu’eux seuls méritent vos suffrages et que les autres, tous les autres, sont des rigolos, extrémistes, révolutionnaires, ignorants, incompétents et tutti quanti.

            […]

            La France a une position stratégique dans les centres de décisions mondiaux dans la mesure où elle est une nation influente dans l’Union Européenne, première économie du monde. C’est parce que le modèle français représente une alternative séduisante à celui des anglo-saxons que la classe dominante anglo-saxonne tente de le détruire depuis tant d’années, de le marginaliser et de le dénigrer avec la complicité d’alliés intéressés et de collaborateurs félons. Les électeurs français détiennent les clés de leur avenir. Leur responsabilité est engagée vis-à-vis de leurs enfants.

            De votre choix de 2012 dépend la réussite ou l’échec du processus de marchandisation générale des activités humaines. Ne votez plus pour vos ennemis.
             »

             

            Evidemment votre analyse se tient. Et on peut croire que vous avez raison dans toute la ligne. Cela cependant paraît qu’en apparence. Et je regrette de vous contredire. Vous mettez tout sur les politiques la responsabilité sur le phénomène de la mondialisation, mais vous omettez le plus important, le mouvement de l’Histoire. La différence entre ce que vous dîtes et l’Histoire est celle-ci. Pourtant, la France, un tout petit pays de quelques 500 000 km2 sur la planète a rayonné sur peut-être un quart voire un tiers de l’humanité. Et le Royaume-Uni tout autant voire plus. Evidemment, il y a des forces historiques qui ont joué, qui ont commandé serait plus juste, dans tous les domaines de l’évolution de l’humanité. Et si comme vous dîtes « La France a une position stratégique dans les centres de décisions mondiaux dans la mesure où elle est une nation influente dans l’Union Européenne, première économie du monde. », c’est que l’Histoire du monde an a décidé, en a voulu ainsi, je veux dire par les forces de l’Histoire.

             

            Aujourd’hui, le monde a changé et ne se raisonne pas comme vous le faîtes « en des politiques qui sont pour la mondialisation et d’autres qui sont contre ». Ce phénomène mondialisant dépasse les États. C’est un peu comme si vous disiez « en des politiques qui sont pour la décolonisation et ceux qui sont contre  ». De la même façon, les Chinois qui diront « Les Occidentaux profitent de leur puissance monétaire alors que nous qui produisons plus qu’eux, et nos monnaies sont toujours dépendantes de leurs monnaies, par conséquent nous devons les rattrapper aussi dans ce domaine et les dépasser ». Et probablement beaucoup de Chinois doivent le penser.

             

             Non Daniel ! Le raisonnement sur l’évolution économique tant pour une nation, un groupe de nations ou pour l’humanité entière ne se raisonne par des politiques pour ou contre, mais s’analyse en prenant ces réalités nouvelles comme nécessaires, et entrant comme des séquences de l’histoire. Et surtout voir où celles-ci mènent les peuples.

             

             Et ne pas voir seulement la France, ou l’Allemagne, ou la Chine, etc., mais les voir ensemble à la fois séparément et collectivement sur ce qui peut en ressortir à court, moyen et long terme. Et c’est cela le plus intéressant. Moi aussi, à un certain moment de mes analyses, je voyais, par exemple, l’Allemagne comme un pays qui non seulement prenait les emplois des autres pays de la zone euro mais ne faisait rien pour aider. Bien plus, elle enfonçait les autres pays de la zone surtout ceux du Sud, dans la désolation, le chômage et la mal-vie.

             

             Mais, à force de réflexion, je ne pouvais me suffire de cette gratuité et égoïsme de l’Allemagne. Et je me suis rendu compte que l’Allemagne n’échappe pas aux problèmes sensibles auxquels fait face l’humanité. Et que sa politique est dictée précisément par d’autres forces qui sont toujours là et divisent le monde. Et l’Allemagne elle-même sait qu’il y a des nuages qui pèsent sur l’Europe et pas seulement l’Europe.

             

            Enfin pour revenir « Ne votez plus pour vos ennemis ». Regardez seulement ce qui s’est passé il y a quelques jours. La gauche en France a perdu, la droite a gagné. Et pourtant ce qui changera, c’est certainement le pouvoir en France qui doit prendre acte du vote-sanction des Français. Et ce n’est pas avec des réformettes que la France pourra s’en sortir, et renouer avec la croissance. Il faut que les politiques disent la vérité aux Français comme vous le dîtes vous-même dans un certain sens. Plus d’égalité de chance entre les Français, et la crise n’est pas seulement pour le peuple, mais pour tout le monde.

             

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