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Accueil du site > Tribune Libre > Une élection Russel

Une élection Russel

Ils cherchent à marquer le coup en organisant un éclat de grande ampleur.
Les mouvement des Indignés a renouvelé le principe de la manifestation populaire, qui était décrépi et n'arrivait à obtenir une signification à peine symbolique que si des millions de gens se tenaient debout dans la rue. Mais pas pour longtemps cas on s'habitue à tout.

Les élections rituelles prévues pour 2012 en France et aux USA sont l'occasion de faire valoir l'opinion populaire, mais pas en allant s'adonner aux coutumes traditionnelles, qui consistent à couper des arbres, en faire du papier, inscrire un nom et demander à des gars innocents de les compter.
Bien qu'on m'explique que frauder est impossible tant les mesures sont strictes, je n'y crois pas une seconde, car personne ne peut vérifier ce qui se passe. Et de toutes manières, l'élection binomiale ne répond à aucune question que se posent les gens, ça reste un rite insensé, une comédie de démocratie qui n'arrive à rien d'autre qu'épuiser le désir de justice.

A la limite j'aurais bien essayé de convaincre un gars comme Nicolas Hulot de revenir sur sa parole (de se retirer de la course) à condition de se présenter comme candidat Blanc, c'est à dire porteur du programme qui aura été confectionné par les gens eux-mêmes, au moyen d'un simple forum sur internet.
Mais bon il y a mieux à faire.

Après quelques réflexions j'ai pu établir que la démocratie ne pouvait opérer qu'en terme de contraintes nouvelles posées à ceux dont le job consiste à trouver des solutions, mais pas à trouver des solutions eux-mêmes, car le brouhaha empêche de travailler sérieusement. Et en second lieu, au moment de passer à l'action, les solutions trouvées doivent à nouveau être considérées comme désirables collectivement, sans quoi, retour à la case qui consiste à énumérer les contraintes.

La voix populaire doit ainsi se situer en amont et en aval de la recherche de solution, en premier en exprimant une volonté, et une fois que la recherche de solutions est faite, en l'approuvant ou non. Il doit y avoir un aller-retour constant entre la voix populaire et les chercheurs de solutions, de façon à faire progresser leur travail, et en même temps instruire les électeurs.

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Si à l'occasion du coup de force qui tient à être monté dans le camp des indignés, leur ai-je proposé, on organisait une élection informatique ?
L'argument est que ce serait comme le Tribunal Russel, dont la fonction est de se défaire des influences négatives sur la justice, pour faire une élection Russel, du nom du grand philosophe Bertrand Russel, que même les extra-terrestres chérissent et honorent (à ce que j'en sais !) pour sa capacité à concilier la jutice et la science.

La question est celle de la méthodologie. Internet permet de faire ces allers et retours entre l'analyse et le cadre de ces analyses, de sorte qu'on aboutisse rapidement aux bonnes questions, celles qui englobent tous les problèmes.

Organiser une élection Russel par internet est non seulement très facile mais ça permet d'aller beaucoup plus loin en terme de complexité et d'intelligence.

Alors, deux apartés :
1 - Le terme de la complexité permet de faire un vote hautement plus sophistiqué et précis, d'une part on pose collectivement les problèmes et ensuite on les résout collectivement, en détectant les dénominateurs communs et les leviers sur lesquels il est plus utile d'agir.
2 - Le terme de l'intelligence est défini par le fait que la solution proposée est celle qui répond favorablement au plus grand nombre de problèmes exposés. Cela, en informatique, c'est clair à définir, on coche des cases.

Cela enclenche un deuxième aparté à propos de l'intransigeance des lois, qui peut être considéré comme une contrainte exagérée et inutile, puisqu'il serait plus malin qu'elles soient adaptatives, en fonction de leurs raisons et non pour les lois quelles sont. Je veux dire : comment une telle question peut-être être soulevée, si ce n'est scientifiquement ? Je sais, car je l'étudie, que cette question est cruciale, mais pour le prouver il faut... cocher des cases, où on demande, face à tel et tel problème, cette solution agirait-elle positivement ?

En réalité cela nous conduit même à envisager que dans des phases plus matures de l'élection électronique, ça pourrait devenir l'occasion d'un véritable travail démocratique, un laboratoire d'étude et de confection de solutions.

Pour l'instant nous avons simplement tracé les grandes lignes de ce scrutin électronique. La question est de savoir ce qui est le plus intelligent de faire, et ayant ceci à l'esprit, des centaines d'idées apparaissent soudainement mais au moins une est rejetée catégoriquement, c'est celle qui consiste à voter pour une personne.

Ce pour quoi il faut voter ce sont des solutions, qui ensuite seront mises en application.
Pour faire cela il apparaît que l'élection devrait se faire en deux temps :

- D'abord il s'agit d'énumérer ce qu'on veut voir disparaître, les injustices, les mochetés, les horreurs diverses et variées qui sont autant de problèmes auxquels s'attaquer. Ce sont autant de contraintes dont la priorité peut être dite par le nombre de fois où elle est votée. Au moment de les désigner, la question de la faisabilité ne se pose pas.

- A partir de là on a des exposants qui proposent des solutions, sur lesquelles ils ont déjà travaillé (depuis de nombreuses années), et le job consiste à cocher des cases, pour déterminer les solutions qui répondent au plus grand nombre de problèmes exposés.

On retrouve l'idée de « premier tour » et « second tour » sauf que ce ne sont pas du tout les mêmes, le premier tour consiste à énumérer les problèmes, et le second à choisir les solutions.

Ce qui peut être intéressant c'est que les scrutins n'aient pas à suivre de calendrier, ils peuvent être chroniques, et d'autre part que la mise en oeuvre des solutions n'est pas limitée dans le temps, sauf si un autre scrutin le décide.

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J'ai essayé de déterminer, surveillé par son fantôme, à quoi pourrait ressembler une élection Russel.
J'aurais été tenté de faire un coup « one shot », une élection en une seule fois, et de dire que les problèmes, on les connaît déjà, mais la méthodologie qui consiste à cocher les cases pour déterminer quelle solution répond aux plus grand nombre de problèmes (ainsi clairement énumérés) est si séduisante en terme d'intelligence, que ça contraint à adopter cette méthode.

Ce qu'il faut juste savoir c'est que les banquiers de ce monde ont été pris la main dans le sac à profiter d'un système injuste, et que la réaction d'un voleur prit sur le vif ne consiste pas à se rendre à la police en tendant les poignets, elle consiste plutôt à assassiner celui qu'ils cherchait à dépouiller dans l'espoir de ne pas être prit. C'est à cela qu'on est confrontés aujourd'hui.

Organiser un tel scrutin, local ou mondial, est non seulement facile à faire, mais même si ça reste une sorte d'opération « coup de poing » qu'exprime l'indignation des peuples de voir le monde saccagé par d'ignobles mafieux-qui-ne-voient-pas-où-est-le-problème, il ne faut pas sous-estimer la puissance phénoménale que peut dégager une telle légitimité.

http://philum.info/61567


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5 réactions à cet article    


  • joelim joelim 31 décembre 2011 13:22

    Il y a je pense une solution au problème du scrutin numérique où la falsification est quasi-impossible à empêcher. Mais ce ne seraient pas des votes ponctuels mais des préférences sur des sujets divers et sur la durée.

    Cette solution consiste pour chacun à pouvoir vérifier la véracité des préférences qu’il a faites, en interrogeant la base de données.

    Comme l’organisme qui gère cette base de données pourrait tricher en lui montrant des données différentes de celles de la base (exemple : t’as dit que tu votais Obama mais on a stocké que tu votais Bush), celle-ci doit être dupliquée et gérée par des groupes d’intérêt (au sens large, et éthiques) différents. Ainsi cette falsification ne peut guère avoir lieu, puisque le votant peut vérifier (avec un logiciel libre donc sans code caché) que ses préférences sont bien prises en compte. Si ce n’est pas le cas le gestionnaire est naturellement résilié.

    • 8119 31 décembre 2011 14:43

      En effet c’est une très judicieuse remarque, si le vote n’est pas anonyme (et les données et logiciels publics), ça évite énormément de fraude. L’intelligence est mère de sûreté, en informatique comme en politique !


    • joelim joelim 31 décembre 2011 15:29

      Cela pourrait être anonyme (cryptage solide à la https), selon le type de questions et même le bon vouloir de chacun.

      Ce qui importe est que chacun pourrait vérifier que son avis est bien pris en compte, sans risque de fraude. Et l’intérêt serait de mesurer assez finement les variations. 

      On se demande pourquoi rien n’est mis en place. Mais c’est vrai qu’on s’apercevrait alors que les opinions majoritaires sont en porte-à-faux avec les actes de nos représentants : occupation de l’Afghanistan, entrée dans l’OTAN, défiscalisation des plus riches, culpabilisation des plus pauvres, démantèlement des services publics, etc, etc. 

      C’est pourquoi le Système est favorable aux sondages, qui sont si aisés à biaiser et à travestir, ainsi qu’à taire quand ils ne lui plaisent pas. smiley 

    • 8119 31 décembre 2011 15:48

      Disons que c’est le principe de l’entraide qui fait le web ; l’anonymat du vote n’a aucun intérêt, à part celui d’empêcher de vérifier si son vote a été compté...
      J’avais aussi pensé, puisque Julian Assange de Wikileaks était un indigné, qu’il pouvait mettre sa technologie d’anonymisation sécurisée au service de ce type de scrutin électronique.

      Mais ce n’est pas le fond du problème, il s’agit surtout de permettre d’énumérer les objectifs qui veulent être atteints, indépendamment des moyens ou de la faisabilité, et ensuite d’y raccorder les projets qui sont capables d’atteindre ces objectifs, de façon à faire apparaître les solutions les plus efficaces.

      Beaucoup de gens font ce travail, il s’agit donc de les exposer, et de les confronter à un scrutin. Il est question de voter pour des idées, de les proposer, d’y travailler, et de leur conférer une légitimité de sorte qu’elles ne soient plus possibles à ignorer.

      Avec internet il se produit l’effet révolutionnaire selon lequel le travail collaboratif est d’une bien plus grande qualité et légitimité que ce dont serait capable le meilleur politicien du monde, pour peu qu’il existe.


    • Arafel Arafel 31 décembre 2011 18:36

      Qui vous prouve qu’il n’y a pas de trafics au niveau des élections en France ?
      Juste parce qu’un ministre vient à la télé vous annoncer les résultats, il faudrait le croire ?

      Ha oui, c’est vrai que j’oubliais que la France c’est le pays des droits de l’homme, et que tout est nikel .... smiley

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