Une machine à pain, un choix judicieux pour vous ?
De plus en plus de ménages s’en sont équipés. Et d’autres se tâtent. Voici les avantages et les limites. Et mon expérience pour réussir votre pain à la machine automatique.
Mon histoire
Il faut savoir que j’étais actif dans le domaine de la boulangerie-pâtisserie-biscuiterie pendant quarante années . Intrigué par l’apparition des machines à pain, Il y a plus de dix ans déjà, j’en achetai une pour usage domestique. Avant même que j’ai pu essayer l’appareil mon épouse me dit : « Encore un truc chinois qui ne marchera pas et qui ira au grenier. » Et pour cette fois-ci, elle n’eut pas raison.
Je vais passer sur divers tâtonnements qui me permirent d’arriver à de bons résultats. La cause des insuccès de beaucoup de ménagères, qui vont du reste effectivement mettre leur machine au rencart.
Gain de temps
Il est indéniable. Il me faut 5 minutes chrono pour mesurer les ingrédients et les placer dans la machine. (Il vous faut plus de temps pour passer à la boulangerie). A ceci il faut ajouter 5 autres minutes pour surveiller le début du pétrissage (de 10 minutes) afin d’ajouter le cas échéant un peu de farine ou d’eau. Notez de suite qu’il doit se produire au bout de trois minutes une boule qui n’adhère plus aux parois. Si elle adhère : ajouter un peu de farine. Si la pâte au contraire est trop dure : un peu d’eau.
Ensuite la machine livre son pain au bout de 3 heures sans plus aucune
surveillance. Si vous voulez le faire à la main vous en aurez pour des heures de présence à proximité : surveillance des levées succesives, mise au four, surveillance puis sortie du four. – au moins une demie-journée. Je vous conseille néanmoins de montrer tout le processus du « fait à la main » à vos enfants et petits-enfants. Cela leur apprendra que l’homme peut se libérer de l’esclavage du machinisme, si besoin.
La matière première
Le pain, vous le savez c’est : de la farine, de l’eau, du sel et de la levure.
Regardons-y de plus près. (Mais pas de trop près car il y aurait matière à une encyclopédie !)
Le choix de la farine est essentiel
Car on vend en supermarché des farines souvent impropres à la panification. Question de prix, mais pas toujours.
Type et qualité, sont indiqués, en principe, sur les paquets.
- Type 45 : moins de 0,50 de cendres ; son taux d’extraction est de 70% pour les pâtisseries. La farine est plus pure et blanche, mais ne convient pas pour le pain.
- Type 55 : moins de 0,50 à 0,60 ; son taux d’extraction est de 75 % pour le pain courant.
- Type 65 : moins de 0,62 à 0,75 ; son taux d’extraction est de 80 % pour du pain bis.
- Type 80 : moins de 0,75 à 0,90 ; son taux d’extraction est de 82 %
-Type 110 : moins de 1 à 1,20 ; son taux d’extraction est de 85 % le pain complet.
- Type 150 : plus de 1.40 ; son taux d’extraction est de 90 % pain au son.
Le pourcentage de protéines d’une farine panifiable devrait être de l’ordre de 12 % et non pas 8 % comme celui d’une farine de marque nationale, chère à l’achat, et nulle pour le pain. Il y a aussi des « mix » tout près à l’emploi. Je vous les déconseille. Chers et donnant un produit de qualité gustative très médiocre ou nulle. J’ai remarqué qu’un pain produit à partir d’un mix (mélange tout près) devient amer en bouche après insalivation, (vive la chimie) alors qu’un pain honnête au contraire devient sucré. (merci la Nature) . Alors je me suis mis à la recherche de petits moulins. (Les grosses meuneries ne vendent pas aux particuliers.) . Les conditionnements partent du kilo, à 10 ou 25 kilos pour les ménages. Sur ce lien vous trouverez pour toute la France de bonnes adresses :http://www.mpmf.fr/web/jvwafvku_00.01.03.01.0000_carte_1.html
Moins de problème pour l’eau
Celle du robinet fera l’affaire. Vous pouvez la faire couler la veille afin que le chlore s’évapore. Maintenant si vous avez la chance d’avoir une source ou un bon puits dans votre cour, ce sera meilleur. De même si vous avez de toute façon un bol filtrant, voire un système d’osmose inverse – solution coûteuse.
Le sel ?
Prenez du sel de mer gris – ce n’est pas cela qui jouera sur le prix du pain, sur votre santé : si. . Je dis du sel naturel : évitez celui qui est sur-iodé avec rajout de fluor.
La levure boulangère
Il y a bien sûr moyen de se faire un levain naturel, ce qui prend beaucoup de temps, de persévérance. Cela peut être le must ou ....un fiasco et une sacrée corvée ! Mais le pain sera plus digeste. A essayer quand vous aurez assez de maîtrise.
http://www.cfaitmaison.com/levain/faire-pain.html
Reste le choix entre les petits cubes de levure boulangère fraîche ou les sachets de la même levure déshydratée. Je préfère cette dernière solution pour faire un seul pain car un sachet convient juste pour cela, alors qu’il faut diviser le cube en 2, puis le garder au frais – mais pas trop longtemps.
Attention : ne pas confondre avec de la levure chimique pour pâtisserie. Tout à fait impropre pour le pain.
Le mode opératoire
Je mets 370g d’eau tiède à chaude (selon la saison) dans le bol de la machine.
J’y fais fondre une cuillerée à café rase de sel marin.
Pour ma part j’ai remplacé la moitié du sel (Chlorure de sodium) par du Nigari (Chlorure de magnésium) acheté en magasin diététique. Parce que le blé n’en contient plus assez et que toute la population est pratiquement en manque, d’où fatigues chroniques, crampes ..... http://fr.wikipedia.org/wiki/Nigari
J’y ajoute le contenu d’un sachet de levure sèche de 8 grammes (prévu pour 500 g de farine). On peut ajouter une cuillerée à café rase de miel qui va nourrir la levure. (puisque je mets 600g) On remue un peu le bol pour réhydrater la levure et faire fondre le miel.
Enfin ajouter 600 grammes de farine de blé .( Plus tard vous pourrez même faire des mélanges de farines contenant du gluten : complète de blé, de seigle, d’épeautre.)
Je mets sur le programme de base, option très doré, et le cycle va durer trois heures.
« Monsieur plus » peut ajouter en cours de pétrissage une cuillerée à soupe d’huile d’olive ou 10 grammes de beurre, ce qui va embaumer délicieusement en fin de cuisson. Parfois j’ajoute des cerneaux de noix en automne, ou des graines de tournesol, de lin, de sésame, de pavot ou autres, pour à chaque fois de nouvelles saveurs et d’autres plaisirs du palais. Un ami m’a dit : ton pain est si bon qu’il pourrait servir de repas à lui tout seul.
Votre machine servira aussi pour pétrir et faire pointer des pâtes à pizzas, des brioches, kougelhopf, pétrir des gâteaux sucrés ou salés de toutes sortes. Le façonnage et la cuisson seront alors faits dans les formes qu’il faut et cuits dans un four traditionnel au gaz ou à l’électricité. Il n’y aurait pas assez de place ici pour donner toutes les possibilités d’utilisation de cette merveilleuse petite et peu coûteuse machine.
Combien ça coûte ?
Les relevés de prix donnent des fourchettes très vastes.
Pour la farine : de 0,52 (pas bonne) à 1,8O euro / Kg (farine bio)
La mienne, T 55 provenant d’un petit moulin, me coûte 0,8 euro au kg, en sac de 10 kg.
Idem pour les prix du pain. De 0,65 la baguette de 250 g (de l’industriel) à 1 euro la boule de 400 g sur un marché (excellente et pas chère). En moyenne : de 0,75 à 1 euro la baguette.
http://www.economiematin.com/articles/voir/1627
Machine à pain
http://www.leguide.com/machines_a_pain.htm
De 40 euros chez Aldi ponctuellement, à plus de 150 euros.
Calcul : 5ans à 2,5 emploi par semaine (600) pour un appareil payé 60 euros :
60,00:600= 0,10 euro par pain d’amortissement.
levure sèche : de 25 à 50 euros du kg en petit sachet,
10 euros du kg en sachet de 500 g chez votre meunier
Ce que me coûte mon pain d’un peu plus de 900 Grammes :
farine : 0,6OO x 0,8 = 0,48 euros
levure : 0,08 euros (quand vous maîtriserez la technique du levain cela sera gratuit)
amortissement : 0,10 euro (basé sur 5 ans, mais la machine pourra durer le double de temps)
forfait divers (électricité, sel, miel, huile) 0,10
Total : 0,76 euros pour 0,9OO kg soit au kilo : 0,82 euro au lieu de 3 Euros du kilo en moyenne pour le prix de la baguette de 250 grammes .
Notre consommation : environ 2 pains par semaine soit 1,52 euros et pour l’année : env. 80 euros
au lieu de une baguette par jour à 0,75 euro : 270 euros par an. Certainement encore plus d’économies car on fait aussi de la brioche, du pain d’épices, des gâteaux. (Ma machine s’est amortie en 2 mois à peine)
Économie : 190 euros par an rien que sur le pain, (et bien plus que le double en incluant nos brioches du week-end) et toujours du bon pain frais quand il en faut !
Dernières astuces : Ne jetez pas le guignon de pain qui vous reste. Légèrement grillé il pourra être réduit en chapelure, pour paner une côtelette, du poisson, ou garnir le fond d’une tarte aux fruits dont elle absorbera l’excédent de jus. Vous pouvez aussi le mettre à tremper pendant 12 à 24 heures dans de l’eau. Cette eau vous servira pour faire un prochain pain qui n’en sera que plus beau et meilleur. De plus le pain trempé pressé pourra servir de liant pour des galettes végétales.
Dernier conseil : si vraiment vous avez près de chez vous un bon boulanger qui travaille encore à l’ancienne, ne le quittez pas. Il a du mérite : gardez-lui votre confiance et votre clientèle. Par contre si votre baguette vient d’un « point chaud » : baguette surgelée puis décongelée, puis cuite sur place, et parfois mal, alors plongez dans l’aventure de la machine à pain surtout si vous êtes plusieurs au foyer.
J’espère que dans l’économie de subsistance dans laquelle nous entrons hélas à grande vitesse, ce choix pourra vous être d’une bonne utilité.
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