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Accueil du site > Tribune Libre > Vanité de l’écriture

Vanité de l’écriture

Début mai : anniversaire de la parution de mon premier article sur ce site. C'était la deuxième fois que j'étais lue par des inconnus.

J'écris depuis très longtemps mais écrire a toujours été l'accompagnement de ma pensée ou de mon évolution personnelle. J'ai toujours eu en horreur le travail scolaire, l'exposé au tableau, même transporté à celui de journaliste, et j'ai peu de goût pour la rédaction d'un roman sur un thème à la mode.

Pour une raison suffisamment futile pour que je l'aie oubliée, je suis retournée il y a quelques jours sur mes premiers articles ; Mélenchon, mes anonymes, chiens et autre balade hivernale au supermarché. Je ne renie pas le contenu de ces textes, je suis tombée même sur quelques phrases qui m'ont paru avoir été écrites sous inspiration ; néanmoins ce petit quart d'heure perdu m'a laissé un goût amer. J'ai ressenti avec une violence douloureuse l'inanité de mon écriture. La « vanité » du titre est prise au sens propre : ce qui est vain. Sinon je n'en possède aucune.

À moins d'être un génie, la pensée en direct ou les descriptions ne laissent aucune trace.

Il y a, malgré un travail réel de l'écriture, le sentiment d'un résultat fugace, à peine le plaisir d'une glace à la vanille, vite oubliée ou le pincement de désarroi devant ces mots volages, envolés dans le vent d'un trop plein.

La quantité de livres lus ont laissé, pour quelques-uns d'entre eux, les fondements de ce que je suis devenue, par l'autorisation qui m'était donnée mais aussi et surtout par le poids de l'histoire ou de pensées qui nourrissaient ma réflexion et ma présence au monde. Pour d'autres, romans, des images qui apparaissent parfois, floues et intraduisibles comme un souvenir olfactif, légères et insaisissables, sur l'écran de ma mémoire.

Mais combien de mots perdus à jamais ? Combien de distorsions ? Combien d'oubli parce qu'ils ne furent que distraction ?

Le modèle raccourci que propose l'article fut pour moi un exercice que j'ai adoré faire. Jusqu'ici, j'avais pris le temps de pauses, de digressions, de dissections ou de zooms sur un détail, rien ne pressait ; comme on bâtit un mur de pierres sèches sans penser le finir, j'écrivais. Et puis, par inadvertance, sans volonté aucune, c'était la fin. Comme on dérive en barque et qu'on échoue. J'échouais et une fois l'objet sorti de moi, il devenait autre, presque étranger et je passais à autre chose.

Cette rupture existe aussi pour l'écriture d'un article, dès que j'ai cliqué sur « envoi », je ne le regarde plus, bien trop peur d'y voir des perles, des foutaises, des redites ou tout bêtement des fautes ! Et si j'y reviens plus tard, je me demande comment j'ai bien pu écrire tout ça. C'est passé, c'est fini. S'il en est ainsi pour l'auteur, on se doute qu'une lecture rapide s'oublie à l'instant !

La contrainte de la taille et la certitude d'être lue par des inconnus, rend l'acte différent. Pourtant reste que le moment d'écriture arrête le temps et oblitère toute considération extérieure.

Ce sentiment d'inanité devant le résultat de ce temps passé à écrire, n'est pas une déception- il n'y a, a priori, aucune ambition ni désir de poster pour la postérité- mais une découverte, une prise de conscience. Tant que les choses restent dans notre mental, on peut les déclarer sues mais une fois tombées dans la conscience, elles sont ressenties et intégrées définitivement. C'est vrai pour toute prise de conscience ( j'avais d'ailleurs écrit sur ce sujet car, heureusement, ce n'est pas le première prise de conscience qui m' échoit !)

Est-ce pour autant la fin de l'écriture ?

J'en doute car même si l'effet est de l'ordre de la glace à la fraise ( pour changer), c'est la fabrication de celle-ci qui est prenante ; on ne peut guère imaginer un fabriquant de glaces décider d'arrêter son art parce qu'une glace se mange en une minute et s'oublie aussi vite ! D'un autre côté on peut s'en passer, enfin, ça dépend qui !

Un découragement si on abuse ? L'acceptation d'une boulimie, comme un symptôme de maladie ? Une addiction comme une drogue ? Une mauvaise habitude dont on ne peut se défaire, ou un détachement, au contraire ?

Certains font des photographies, d'autres des tableaux : c'est la même intensité, aussi minime soit-elle, que donne la créativité à la vie. Pour la musique, c'est différent : la musique reste car c'est à la réentendre que le plaisir s'accroît. Elle pénètre toutes nos sphères, nous console et nous berce.

Si le but est manqué du plaisir ou de faire réflexion, d'ouvrir une porte, poser ne serait-ce qu'un jalon, une luciole sur notre route, alors, les mots se perdent dans la surabondance et ne font qu'obscurcir : « Les démocraties bourgeoises ont montré qu'elles toléraient les libertés individuelles dans la mesure où elles se limitaient et se détruisaient réciproquement » nous disait déjà Raoul Vaneigem il y a quarante ans ! La liberté d'expression n'existe que parce qu'elle se fond, que parce qu'aucun bruit ne surgit du vacarme. La publicité, ses ficelles et ses avatars, n'est qu'un « métavacarme » ; assourdi, on n'entend plus rien ; aveuglé, on ne voit plus rien. Se mêler au vacarme c'est prêter le flan à la récupération ; s'extirper du vacarme c'est se vouer à la solitude. Embarquée malgré moi, me pliant sans douleur mais sans joie aux implicites constitutifs de notre société, il se peut que je me rebiffe. Ce qui me fait comprendre qu'on peut écrire et être lu et néanmoins, un jour ou l'autre, ….. se donner la mort. Ce n'est pas mon intention, mais je le comprends.

Plus jeune, et pendant longtemps, les suicides de Pavese, Heminway, Virginia Woolf, Romain Gary m'étaient une énigme car l'écriture était pour moi l'ancrage, plus fort que tout, une mission pour eux, et pour moi un destin. Parce qu'au fond du désespoir, si l'énergie reste, vient l'écriture ; elle demande une grande dépense d'énergie, un don de soi, et quand tout se ferme, elle reste l'ouverture. Ainsi, ils ont ressenti l'inanité de l'écriture, ils en avaient le talent, en obtinrent la notoriété. Disjonction.

Écrire des romans est peut-être un dédoublement de la personnalité ; pour moi l'écriture a toujours provoqué des ruptures. Jardin secret, confidentialité, en ressentant ce schisme, je refusais d'être lue. À donner tant de soi, la célébrité se transforme en un viol. Car l'écriture est l'art de tous et n'a de relief que le hasard ; il y a les bons artisans qui façonnent la matière, l'humilité d'un Pierre Magnant ou d'un Bernard Clavel nous le prouve. Mais l'artisanat n'est plus ce qu'il était et l'art artisanal est devenu mercantile : nous n'avons plus de Conrad ni d' Alejo Carpentier, plus de monuments non plus.

Restent Erri de Luca et Le Clezio, Coetze et Kundera. Des dissidents publicitaires. Et d'autres que je ne connais pas et ceux que je n'énumérerai pas : un exemple vaut mieux qu'une compilation incomplète.

L'écriture donc comme une nécessité : soupape aux souffrances, échappées de son idéal.

Nous sommes dieu quand nous écrivons, même le plus obscur des inconnus. Mais la matière que nous façonnons est le bien de tous. Et peuvent s'y loger toutes les parts de nous-mêmes.

Écrivez, écrivons, en dépit des modes ! Écrivez non pas pour vous faire valoir sous prétexte qu'un jour quelqu'un a dit : continue, tu as du talent ; mais canalisez vos délires, exacerbez vos démons pour au bout, faire la part des choses. Car si tous les « ego » sont autorisés à s'exhiber, ils ne sont guère subversifs car aujourd'hui, pipicacmerdebitecon n'est plus une provocation, il n'y a plus là matière à s'offusquer. La provocation n'est plus dans l'excès mais dans la retenue.

Le but de l'art, le but de la pensée, est la simplicité, subversive par essence. Car dans la complication, la complexification, les esprits se perdent à coups sûrs , et quand les esprits se perdent, le pouvoir est vainqueur. On n'en voit du reste que l'écume : l'overdose de « nouvelles », des informations qui comblent un vide, et qui ne disent rien.

Écrire est dans la totale dépendance de lire. La lecture ouvre des portes, rencontres qui excitent notre imaginaire, éveillent des souvenirs, réveillent des sentiments, ravivent des idées étouffées qui jusqu'ici n'avaient pas trouvé terreau où se développer. Attirés par cet appel d'air, on s'engouffre et la joie est si grande, la stimulation si pressante qu'il nous faut marcher, pour les digérer.

Le succès, la réussite de ce que l'on a entrepris et qui nous satisfait, n'est pas toujours au rendez-vous ; que l'on vise trop haut ou que l'on synthétise avec trop d'ascétisme, il se peut que pour soi, le résultat soit décevant.

Écrire peut aussi bloquer un vécu, à l'instar d'une photographie trop regardée qui concentre le souvenir d'un être, ou d'un lieu, disparu. Mais dans l'expression qui reste figée d'un moment de vie, elle permet d'en partir. De tourner une page. Alors, l'écriture est thérapeutique.

Mais on peut se complaire, en ce cas, pas de guérison : le talent au service de sa maladie mentale. Le public ne déteste pas cette configuration. Ils sont foule ceux qui ont théorisé leurs excès, on dit d'eux qu'ils sont philosophes et qu'ils ont apporté au monde ses vérités. Je ne crache pas sur Nietzsche et j'aime Kafka mais je trouve mes aliments chez Arendt, Huxley, Chomsky...plus volontiers. La « folie » des génies est visionnaire ; ils possèdent une sensibilité vibrante qui sait. C'est a posteriori qu'on les apprécie.

On dit des écrits qu'ils restent ; c'est vrai qu'on peut y revenir et, comme on feuillette un album de photographies, en relisant ses cahiers, ses journaux, ses articles, on se retrouve et l'on discerne parfois le chemin parcouru mais souvent, l'indéniable constance de « soi » à travers les âges. Alors on sourit ; ou on s'alarme. On pense à sa postérité, ses héritiers, et l'on mesure la démesure d'un travail de lecture qu'ils pourraient se sentir obligés d'accomplir ! Qu'on me préserve de laisser un tel héritage et qu'on m'octroie le courage d'un tri sans complaisance. Ce « on » en moi qui pour l'heure n'est pas vraiment à jour !

En attendant, dans l'embouteillage général aux portes des éditeurs, face à la concurrence loyale sur le Net, dans la surabondance de tout, la sagesse serait de se retirer. Après tout, il y a des moments pour vivre, et des moments pour écrire, l'écriture n'est pas la vie, elle se nourrit d'elle !


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36 réactions à cet article    


  • jack mandon jack mandon 7 mai 2013 08:16

    Bien sur petite soeur,

    Tu aimes écrire et tu écris bien.

    Il y a, malgré un travail réel de l’écriture, le sentiment d’un résultat fugace,
    à peine le plaisir d’une glace à la vanille, vite oubliée ou le pincement de désarroi
    devant ces mots volages, envolés dans le vent d’un trop plein.

    Pour nous même, car nous avons tous besoin d’une manière
    ou d’une autre de nous raconter.

    Au risque de me répéter, parler de soi est un plaisir, mais parler de l’autre
    devient aussi un plaisir quand on comprend que l’autre est le prolongement
    de nous même, l’alter ego, l’autre moi, le moi social, celui que l’on aime etc...

    C’est une manière d’aimer aussi, et l’on a tous le besoin d’aimer
    et d’être aimé. Tu fais l’éloge du livre, tu es sans doute assez auditive.
    Je te reçois bien mais suis particulièrement visuel.
    Je suis sensible à la perspective, vis en montagne, aime la couleur,
    passionné de peinture, l’image, la mise en scène, le cinéma.
    Bizarrement c’est un effort de lire, pour le travail surtout.
    C’est à dire que nous n’entendons et ne regardons pas
    de la même manière, la différence.


    • alinea Alinea 7 mai 2013 10:36

      Salut grand frère,
      Quand on parle d’un autre, on parle de ce qui nous a touché, en enthousiasme ou en rébellion ; j’ai peur qu’on ait du mal à sortir de soi malgré une grande capacité d’empathie.Dire ce que l’on pense d’un événement , c’est aussi parler de soi ; en général on se livre plus quand ça nous échappe !
      Tu a écrit l’autre jour que tu étais visuel ; oui moi je suis auditive, au point d’avoir mauvaise vue et d’avoir été musicienne ; et c’est que cette différente perspective peut apporter parfois des incompréhensions ; pas des malentendus, des incompréhensions. Il est là le charme de la différence ! Faire du cinéma a toujours été pour moi une énigme ; je suis très admirative de tout ce qui peut être dit, par un plan, un mouvement de caméra : ça me laisse sans voix !
      À bientôt


    • Piere CHALORY Piere Chalory 7 mai 2013 08:18

      Bonjour Alinéa,


      Votre texte est touchant, car parler de vanité de l’écriture souligne votre modestie. Effectivement, n’importe qui ou presque sait taper des mots sur un clavier, puis des phrases, qui additionnées forment un ’’tout’’ ; un contenu que l’on souhaiterait personnel, mais qui ne l’est pas souvent. J’ai l’impression qu’en écrivant on cherche toujours à paraître intelligent. Par conviction, convention ?

      Vous dites,

      ’Le but de l’art, le but de la pensée, est la simplicité, subversive par essence. Car dans la complication, la complexification, les esprits se perdent à coups sûrs , et quand les esprits se perdent, le pouvoir est vainqueur’’ 

      Et comment. Et surtout le pouvoir sur nous mêmes, qui décide du reste. Mais vous dites aussi, ’’s’extraire du vacarme vous enferme dans la solitude’’. Certes, mais la solitude, bien que difficile à supporter pour beaucoup est la condition obligatoire d’une prise de conscience réellement personnelle, débarrassée de toute influence. 

      Lorsque Beethoven, complètement sourd, écrivit la 5ème, la 9ème symphonie ou le Concerto pour piano numéro 5, Mozart son Requiem, ou John Lennon Imagine, croyez vous qu’ils écoutaient la foule ?

      • alinea Alinea 7 mai 2013 10:46

        Bonjour Pierre,
        Écrire aide à penser, c’est sûr, est-ce pour paraitre intelligent ? Honnêtement je ne sais pas, je crois qu’écrire est avant tout un rapport à soi-même ; être clair me paraît être le but : on va vers l’autre. Ètre confus ou abscons, c’est plutôt chercher à amener les autres à soi...créer une élite.
        Quant à la solitude, oui, ça dépend d’où l’on part ; ma solitude de l’écriture a été rompue ici, pas dans l’acte d’écrire, mais dans son effet. J’y trouve du plaisir, plus, de la joie ! C’est toujours épatant d’être compris parce que ce n’est pas une évidence ! Et le va-et-vient avec les commentaires en est une preuve, ou la preuve du contraire ; cela aide à approfondir !


        • Bien « dit » Alinéa, mais faisons abstraction des citations des grande plumes dont certaines - du moins parmi la petite poignée que nous avons lues...ou même entendues (Brassens, Ferré, Brel et tant d’autres) - n’ont été que l’une des clés qui ont ouvert ce que nous portions en nous.
        • C’est à dire le plaisir, le besoin fou et le don aussi de pouvoir s’exprimer par des mots, des phrases jetées puis ciselées, à coups de virgules et de points, dans une architecture souvent musicale. Des textes que nous aimons relire quelquefois à haute voix pour mieux vérifier ou se gargariser du rythme de la mélopée. Notre voix du dedans qui, sans le vouloir cherche à rencontrer ailleurs celui ou celle qui se retrouvera dans ce langage de la confidence. Afin de ne plus connaitre la solitude. A pouvoir échanger.
        • Peu importe alors d’évoquer les références prestigieuses. En les enviant. Vos mots, votre musique sont ceux d’Alinéa et uniquement ceux de la « sexagénaire » qui ici, ou bien ailleurs, sur la toile ou même dans des conversations, a son public, ses fans. Et quand bien même si elle ne deviendra jamais romancière, elle a eu et aura pendant longtemps, une âme qui sait chanter et charmer.
        • Amitiés.

      • jack mandon jack mandon 7 mai 2013 09:31

        A vous deux l’auteur et le commentateur,

        C’est un plaisir de rencontrer de temps en temps la chance du partage.
        Tout est justement et délicatement dit.

        Même sur Agoravox, comme disait Ernest Hemingway
        « Le soleil se lève aussi »


        • alinea Alinea 7 mai 2013 10:27


          C’est un cadeau Hardlaw Butlaw ; je vous offre donc ma réflexion sur l’écriture ; arriver à «  je » quand on écrit est l’issue d’un long travail sur soi-même ; vous constaterez que peu le font, ils énoncent des vérités, plutôt. Prenez donc mon « je » pour ce qu’il est, une expression personnelle.

          Écrire n’est pas un acte spontané, parler écriture, réfléchir c’est comme parler peinture quand on est peintre ou musique quand on est musicien, c’est un acte normal.

          Quant au roman sur un thème à la mode : je suis incapable de faire ce qui ne m’intéresse pas ! J’ai beau dire « je », je parle quand même de la vanité de l’écriture ! Mais sur des sujets très démodés, j’en ai écrit trois.

          Quant au succès, il me semble avoir dit ce que j’en pense.

          Merci de ce long commentaire


        • alinea Alinea 7 mai 2013 14:01

          Je n’ai pas lu tous vos articles sur ce lien ; j’en avais lu ici même ; contrairement à vous, j’aime bien ce que vous écrivez ; certes vous êtes rigide comme la loi, mais vous l’assumez et si je ne suis pas d’accord sur tout, je vous accorde la cohérence, une sacré qualité.
          Merci


        • Jason Jason 7 mai 2013 09:56

          Bonjour Alinea,

          Je vous lis avec autant de plaisir, bon anniversaire.

          Pourqoui écrit-on ? Viellle question qui appelle mille réponses. Une, entre autres, est celle de Montaigne, et elle me laisse toujours pensif. Comme il était mal venu pour un gentilhomme de son époque de se livrer à ce genre d’exercice, il disait que l"ériture était une manière de maîtriser les idées qui lui couraient sans cesse dans la tête. Arrêter cette galopade effrénée dans son grenier.

          Alors pourquoi pas ? C’est aussi le plaisir de dire, aux autres, quels qu’ils soient. Que serions-nous sans la parole ?

          Alors, bonne écriture.

          Cordialement


          • alinea Alinea 7 mai 2013 10:49

            Jason : « arrêter la galopade dans son grenier » ! C’est exactement ça ; quoi ? On veut mettre ses troupes en rang ? Un désir d’ordre, de repères. En tout cas, la réflexion des uns alimente la réflexion des autres, sinon, pourquoi lirions-nous ? On écrit comme on peint, comme on chante, c’est plus fort que soi...boulimie, drogue... ?


          • Piere CHALORY Piere Chalory 7 mai 2013 10:58

            l"ériture était une manière de maîtriser les idées qui lui couraient sans cesse dans la tête. Arrêter cette galopade effrénée dans son grenier.


            C’est bien vrai, on pourrait aussi ajouter que verbaliser ses pensées et les écrire permet de remettre en place ses idées, de faire un tri dans ce p---ain de grenier qui court tout seul.

          • Fergus Fergus 8 mai 2013 10:01

            Bonjour à tous et bon anniversaire à Alinea.

            Je me retrouve totalement dans le propos de Montaigne. Pour moi, l’écriture c’est avant tout cela. Cela et une manière de photographier avec les mots des instants du passé ou des sentiments du présent. Peintre amateur, je crois fondamentalement que l’écriture relève de la même démarche consistant à fixer ses idées, sa vision, sur un support. Et peu importe d’être lu ou vu...

            Cordialement.


          • alinea Alinea 8 mai 2013 13:07

            Merci Fergus ; je voudrais juste dire une petite chose : être lu ou regardé dans ses oeuvres, n’est pas forcément un narcissisme : nous évoluons grâce au regard des autres, sinon on tourne en rond ; ainsi, si nous avons la chance d’avoir plus grand que soi comme regard ou écoute, et quand je dis plus grand, je ne parle pas d’une autorité reconnue, mais, à l’instant, un avis, une réflexion, un ressenti exprimé qui nous hisse ; c’est bien. Le but de la vie peut être de grandir, de se confronter pour comprendre mieux et dans nos ouvrages, trouver la critique qui nous fera évoluer. Celle-ci vient souvent d’une « innocence », de quelqu’un qui, spontanément voit ce que vous ne voyez pas, pris par vos schémas ou votre action. Le désir, souvent irrationnel, de faire un spectacle quand vous êtes musicien, de monter sur scène « montrer » ce que vous avez fait, n’est pas forcément récompensé par les applaudissements ; mais en tous les cas, ce regard vous aide.
            Je vois la vie comme ça ; je vis ma vie comme ça et je ne gage pas que ce soit la bonne manière mais j’ai idée qu’elle est partagée par un certain nombre de gens !


          • Fergus Fergus 8 mai 2013 13:55

            @ Alinea.

            Je ne pensais pas au narcissisme, encore qu’il puisse être un moteur chez certains auteurs. Cela dit, je n’ai rien contre être vu (pour mes toiles) ou être lu (pour mes écrits) bien que ce ne soit pas ma motivation principale. Mais être vu ou être lu présente des avantages : comme vous l’avez souligné, découvrir par exemple dans le regard des autres la face cachée d’un tableau, d’un livre ou d’un article ; et puis tout simplement échanger sur le fond ou sur la forme, avec à la clé des pistes d’inspiration nouvelle ou d’évolution des techniques.

            Bonne fin de journée. 


          • Phi ka Sō Nathael Dunevy 7 mai 2013 12:13

            Décidément, votre pensée me surprend, me suspend, à vos mots.
            Penser pour panser, alors votre écriture n’a rien de vaine,
            et quelle veine de vous lire.


            • alinea Alinea 7 mai 2013 12:38

              Bonjour Nathael ; merci ! vous, vous faites des galipettes avec les mots qui sont fort plaisantes !


            • Phi ka Sō Nathael Dunevy 7 mai 2013 13:13

              Au delà des galipettes, des pirouettes, les mots renferment, et rendent fermes, bien des mystères et des vérités.
              Des vers hérités des grandes plumes, des vers venu de l’au-delà,
              de la lune parfois, des vers acquis par de longues heures et nuits de travail,
              de toute une vie, mais des vers à qui ?
              A vous, à moi, à tous, car les mots, enfin les votre et les miens, tout du moins,
              sont tous issus et tissés depuis le dictionnaire de l’humanité, car de toute évidence,
              là semble être notre seul et vrai propos :

              Penser les mots, pour panser les maux de l’humanité.


            • Kookaburra Kookaburra 7 mai 2013 12:13

              Oui Alinea, plus qu’un simple plaisir, écrire est un besoin, le besoin de clarifier ses propres pensées, de les développer et, finalement, de les communiquer. En les communiquant on les met à l’épreuve de la critique, parfois cruelle, mais toujours profitable pour l’auteur. C’est aussi le besoin créatif, aussi modeste soit il. André Masson aborde le même thème dans «  Le plaisir de peindre  ». Effectivement, de plus en plus d’amateurs se mettent à la peinture, pas toujours avec grand succès, mais qu’importe !, c’est l’activité créative qui compte. Moi aussi, en plus de la peinture, j’aime écrire. J’aime les langues, mais écrire en Français n’est pas facile, c’est même prétentieux de ma part. Sans la gentillesse d’une amie voisine qui accepte de corriger mes articles, je ne pouvais pas les proposer. Il y a toujours des fautes ! Ca m’agace ! Mais s’exprimer est un besoin universel, s’exprimer en peinture, en littérature ou simplement verbalement. Vouloir créer quelque chose est peut-être aussi universel ? Merci de votre beau texte !


              • alinea Alinea 7 mai 2013 12:36

                Kookaburra : oui la créativité est universelle, elle est l’apanage de l’homme, on crée sa vie si on n’est pas esclave ; aujourd’hui il y a beaucoup de mal fait à la créativité ; celle-ci prend aussi des allures de m’as-tu-vu !
                Quant à vos articles, je n’ai jamais remarqué qu’ils étaient si mal écrits ou plein de fautes !! Si je ne l’ai pas remarqué, c’est que ça ne doit pas être trop voyant !
                Merci Kookaburra


              • jack mandon jack mandon 7 mai 2013 14:59

                Bonjour Alinea,

                Encore moi pour te dire que ces derniers temps je me suis passionné pour un cas
                Simone Weil. Tu aimes l’écriture, elle aussi était une passionnée des lettres.
                Philosophe engagée, elle traversa le ciel du XXe siècle, comme une nouvelle comète,
                c’est à dire d’une manière fugace et tout à fait spectaculaire.
                Pourquoi ce personnage m’intéresse-t-il ?
                En méditant sur sa vie et ses écrits, j’ai adhéré
                à l’idée qu’elle avait percé tous les plans de l’âme, à tel point que sa famille
                ethnique pourtant entrainée à tous les méandres de l’esprit se trouva
                également dépourvue devant l’universalité de son esprit.
                Elle embrasse l’univers des humains en dépassant d’un seul élan
                de son amour, Socrate et l’antiquité païenne, Moïse et le pentateuque,
                Jésus et les évangiles, Nietzsche et Zarathoustra le prophète moderne,
                et enfin Marx et le matérialisme, son auteur de chevet.
                Tout cela avec une générosité de coeur, une intuition pénétrante,
                un courage surhumain...jusqu’à la mort, « mourir d’aimer »
                On la nommait « la vierge rouge »...elle fut au fond inclassable.
                Elle m’attendrit dans son questionnement et ses folles entreprises.
                Une intellectuelle mystique, c’est plutôt singulier. Un discours de vérité
                enraciné dans une vaste culture aux influences majeures et contradictoires.
                Elle n’adhéra officiellement à aucun système en les contenant tous
                A ce niveau de sagesse on reconnait tout et son contraire,
                on gène alors une foule de gens qui évoluent dans le contexte binaire.
                Au fait pourquoi je te parle de Simone Weil ? selon toi ?

                A bientôt


                • alinea Alinea 7 mai 2013 16:32

                  Mais Jack : j’ai lu ton texte ; pour des raisons pas encore éclaircies, je n’ai rien eu envie d’en dire. Et n’avais pas l’humeur, à cause du texte justement, de faire un coucou mondain !!


                • Brontau 7 mai 2013 18:47

                   Bonjour Alinea. La provocation n’est plus dans l’excès mais dans la retenue dites- vous. C’est profondément vrai, mais depuis toujours ! La litote est l’arme absolue de l’écriture ! Vas, je ne te hais point. Quoi de plus violent, absolu, définitif ? Quand au je, quand il est assez intime et exigeant, il n’a rien d’égocentrique, bien au contraire ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Quand je vous lis, je suis parfois obligé de me sentir femme, ou de sortir de mes certitudes, et même si ce n’est que pour un instant je vous en remercie. Pour les fragments, les parcelles, les pépites de votre humanité que vous nous offrez, merci. 


                    • A Alinéa et à vous tous, je n’ai pas résisté, justement ici, de vous inviter à lire un texte écrit tout récemment par une personne âgée de 84 ans, ma sœur aînée, qui a quitté l’école,voilà très longtemps, à l’âge de 14 ans, qui a eu un vie débridée, souvent semée de malheurs et qui n’a cessé depuis des années de jeter sur du papier sans autre souci que se parler à elle même, par la plume uniquement et sans ratures, des phrases dont certaines sont d’une étonnante beauté car faites d’une simplicité naïve mais combien attendrissante.
                    • Le texte suivant est l’un de ceux-ci, une succession de mots que j’ai pris un plaisir fou à mettre sous la forme d’un poème sans rien y ajouter d’autre.
                    •  Les feuilles d’automne sont tombées
                    •  Nue et flamboyante est la forêt
                    •  Sous mon pas léger
                    •  Habillé de velours
                    •  Le tapis devenu roux craque
                    •  L’arbre règne sur toutes les chimères
                    •  Il se dresse et franchit toutes les frontières
                    •  Au milieu de nous il pousse à l’intérieur
                    •  Il grandit respire puis arrive l’heure
                    •  Sous le ciel de l’été indien
                    •    Il ressemble au mien au tien
                    •    La mémoire de l’homme sombre dans l’oubli
                    •    Il ne sait plus que l’arbre et les oiseaux sont ses amis.

                    • alinea Alinea 7 mai 2013 20:31

                      Henri : l’écriture appartient à tout le monde ; elle est belle quand elle est vraie. Dans « un p’tit dernier pour la route », je donne des extraits de textes écrits par des gens qui n’écrivent pas ; et c’est beau comme la poésie de votre soeur ; les mots y reprennent toute leur saveur.
                      Merci


                    • soi même 8 mai 2013 02:21

                      Bravo pour votre lucidité, c’est un bon début, dommage que vous éprouvez le besoin de la jeté en pâture, néanmoins ce n’est pas inutile pour certain de le lire, ne céder pas pour autant, à faire des confections publiques sous prétexte d’écriture, car à part ceux qui se lécherons les babines de délectation, d’autre se reconnaîtrons et vous dirons pas toujours merci, pour d’autres ils deviendrons vos détracteurs acharnés.
                      Car dire une vérité même sous une forme métaphorique, peux en réalité en comprennent le service qui est rendue et en tire les conséquences pour eux mêmes.
                      Dire la vérité, vous serez haïes par les handicapés du cœur, avoir conscience c’est bien, la livrée aux premiers venus, c’est à vos risques et périls.

                      Si je comprend votre démarche et si elle est sincère, vous allez vers une catharsis, vous allez forcement trouver tous où tard, vos compagnons de route sur ce chemin difficile qu’est la connaissance de soi.


                      • alinea Alinea 8 mai 2013 15:07

                        soi-même : si vous étiez mon aîné à tous points de vue, votre satisfécit me donnerait courage et contentement ! Mais qui me dit que vous n’êtes pas un petit freluquet que je pourrais déstabiliser d’une pichenette ? smiley
                        Je suis toujours haïe par les handicapés du coeur ! Et si ce n’est pas faux que je donne des bâtons pour me faire battre, c’est parce que je ne crains plus ces coups-là ! Pour se trouver, il faut bien toujours mettre le doigt là où ça fait mal, dire ce qui ne peut être entendu, sortir du fond des tiroirs d’une conscience maltraitée, tous les petits fils qui , au bout du compte feront pelote !
                        Merci pour votre lecture


                      • soi même 9 mai 2013 09:57

                        Un service n’est jamais à sens unique, il s’adresse aussi à soi même. Si je reconnais la véracité de vos propos, ce n’est pas pour cela que je vous encourage à faire ce service à ceux qui vous demande rien !
                        Car ce n’est plus un service, c’est du moralisme où au fond on se caresse le poil .


                      • alinea Alinea 9 mai 2013 10:14

                        L’ambiguïté des mots ! je n’ai pas écrit ce texte « pour » les autres ! Vous disiez « c’est un bon début » à propos de « cette lucidité » ! C’est tout ce que je voulais dire !
                        Je ne suis pas « morale », j’essaie d’éclaircir ! Et sur ce chemin, les mots des autres sont des éclairages !
                        Je vous remercie soi-même


                      • soi même 9 mai 2013 20:55

                        Vos propos respire la vanité, elle est belle cette fausse modestie !
                        Rassure toi veille peaux je suis passé par ce chemin avant toi !
                        A part erreur de ma par, je pense être guérir !


                      • alinea Alinea 9 mai 2013 21:26

                        Ah bon ! les donneurs de leçons, ceux qui s’adressent aux autres en disant « c’est bien mon petit » ! en général n’ont pas un traitement aussi neutre que celui que j’ai employé à votre égard ; mais il ne s’agit pas de moi, mais bien d’une attitude. Votre volte face est curieuse, et permettez-moi de vous traiter en égal ! Si, ce faisant, je vous parais vaniteuse, c’est que le problème ne vient pas de moi !


                      • soi même 11 mai 2013 02:42

                        Et bien pour la modestie ce n’est pas gagné !

                         


                      • FritzTheCat FritzTheCat 9 mai 2013 09:57

                        Joli texte, bravo.


                        • victoria victoria 20 juin 2013 19:29

                          Si le lecteur a du plaisir à vous lire, c’est que votre écriture n’est pas si vaine.


                          • alinea Alinea 20 juin 2013 21:47

                            Ah Victoria, quel plaisir, et sur un si vieil article ! Vous avez raison... j’ai toujours la prétention enfantine, pour ne pas dire infantile, qu’on peut changer les choses !! Ce soir je flippe que mon article sur la censure ait été censuré ! comme je le suggère, notez-bien dans le titre !
                            Votre écriture à vous n’est pas vaine en tout cas ! Merci pour celui sur la Turquie, et vos commentaires.


                          • Yohan Yohan 20 juin 2013 21:54

                            Joliment écrit. 


                            • alinea Alinea 20 juin 2013 22:14

                              Y-a-t-il une explication à ces deux messagers, si tardifs, en ce soir morose et qui, oui, me donnent l’envie de raconter mes âneries, encore et encore ?
                              C’est une relation, écrire et c’est vrai que les retours, comme dans toutes relations les échanges, sont nécessaires. Merci

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