Violences des élèves, amoralisme des députés : faut-il restaurer l’Education morale à l’école ?
Un enfant tabasse une institutrice. Un adolescent gifle un professeur. Un parent porte plainte contre un prof qui a giflé un élève qui l’avait insulté. La télé aux heures de grande écoute diffuse des scènes de violence, comme ce lycéen finlandais abattant ses camarades en pleine classe :
N’est-il pas temps de restaurer l’éducation morale dans les classes primaires et secondaires ?
Je ne peux pas ne pas citer Platon qui en quelques mots nous alerte, il y a
600 ans, sur le danger d’une éducation parentale et professorale qui laisse à désirer, et qui prépare le bazar et l’anarchie : voici sa maxime qui devrait faire réfléchir les pères de famille et les enseignants de tous poils, tous devant assurer et assumer une mission d’éducation (ou pas seulement d’instruction, ou d’élevage et de sevrage) :
"Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie », Platon (400 ans avant J.-C.).
2- ESSAYONS DE COMPRENDRE POURQUOI LA SOCIETE DONNE DES MAUVAIS EXEMPLES AUX ELEVES FRANÇAIS !
A. D’abord, nous sommes dans une société et un système politique qui favorisent les valeurs du prestige, de la gloire et de l’individualisme : ce qui est important, c’est l’argent, la réussite, la possession des biens matériels, avoir un bon job, posséder une belle maison, etc., si bien que le culte de sa majesté FRIC et du "TOUT POUR MA POMME" a été relayé par le président et ses proches, ses amis les riches et les gens puissants.
B. D’autre part, il n’y a plus de MORALE ni de RESPECT ni d’honnêteté à la tête de l’Etat et chez les parlementaires ("parle-menteurs" ?). Quand un chef d’Etat traite de "racaille" quelques jeunes désœuvrés, quand il dit publiquement à un citoyen "casse-toi, sale con", il n’est pas dans le respect : comment peut-il avoir le toupet de vouloir restaurer la morale à l’école alors que lui se place au-dessus des valeurs éthiques traditionnelles ?
Quand le Parlement fera-t-il le ménage en envoyant en dehors des Assemblées les députés et les sénateurs qui ont plusieurs fois été condamnés par des tribunaux et dont la mauvaise réputation salit l’intégrité de toute la chambre ?
C. L’Ecole n’enseigne plus la morale depuis les années 60/70 : ce qui correspond au début de la période post-moderne : de nombreux philosophes, pédagogues et sociologues effectuent ce triste constat que l’économie et la politique ont insufflé dans le fonctionnement des institutions une absence de règles, de contrats, de valeurs : chacun ne parle plus que de SES DROITS sans jamais faire référence à SES DEVOIRS : cherchez l’erreur, et essayez donc de comprendre cette « reculade éthique » sans faire de démagogie ni sans cultiver les regrets des Trente Glorieuses.
D. L’Eglise et la Famille n’enseignent plus les valeurs morales aux enfants, les professeurs ne parlent plus des religions en histoire, les parents s’avouent complètement dépassés par la violence juvénile de leur progéniture dans une société où « l’homme est un loup pour l’homme » en référence à la célèbre phrase du philosophe Hobbes. On a nettement l’impression que les « valeurs traditionnelles » ont déserté les lieux de vie et d’éducation.
3. QUELLES SOLUTIONS POURRAIENT-ELLES ETRE REFLECHIES ET DEBATTUES ?
A. Une restauration des leçons de morale à l’école semble une idée simple qui agrée surtout les personnes d’« un certain âge », alors que nombre de détracteurs parleraient d’un « retour social en arrière » avec la morale de grand-papa, les années 68 auraient définitivement enterré toutes les formes d’autorité, et la « mort du père » est maintenant consommée et dépassée. Pourtant plusieurs forums sur internet ont vu témoigner nombre de jeunes parents favorables à un « retour de la morale à l’école »…
B. Ne faut-il pas sévir face à la violence des élèves contre leurs enseignants ? Ne faut-il pas chaque jour programmer une leçon d’éducation morale, ou un débat philosophique sur un fait ou une situation qui s’est produit soit dans la classe soit dans la cour, soit dont on parle sur internet ou sur le journal, afin de faire réfléchir les enfants et d’apporter une VOIX et un EXEMPLE de ce qu’il faut faire, et de plus CONDAMNER ce qu’il ne faut pas faire, EXPLIQUER pourquoi des attitudes sont dangereuses et nuisibles, et RENCONTRER les parents tous ensemble pour en parler (moment d’éducation parentale et populaire sur la discipline, l’autorité, le respect, etc.) entre INSTITUTEURS et PARENTS ? De même ne faut-il pas rédiger en classe UNE CHARTE DE CONDUITE imposée à tous, petits et grands, qui préciserait ce qui est interdit ? De plus, ne faut-il pas faire payer tous les frais aux parents pour les responsabiliser ? Enfin, ne faut-il pas punir sévèrement l’enfant violent, de façon à ce que cette punition lui serve de Leçon ?
C. Une modélisation de la vie publique et du comportement des élus ne semble pas se concrétiser pour demain, car les députés et sénateurs nous donnent quotidiennement le triste spectacle d’être poursuivis devant les Tribunaux pour détournements de fonds, création d’emplois fictifs, abus de biens sociaux, ou tout autre privilège salarial ou avantage en nature qui choquent nombre de contemporains, chatouilleux qu’ils sont sur « une équité minimale » ! Le logement luxueux de l’ancien responsable du Sénat, par exemple, n’a pas fini de faire couler de l’encre, ni les poursuites judicaires contre notre ancien président… Quant au spectacle que donnent les députés avec un absentéisme à l’Assemblée qui frise l’indécence, ne faut-il pas aussi moraliser la présence des représentants républicains des citoyens : que penser du fait que le débat sur le RSA n’a rassemblé la semaine dernière que... 27 députés sur… 577 ! Pourquoi ne pas envisager des sanctions et pourquoi ne pas imaginer une charte de bonne conduite à signer par chaque député, et une suppression des indemnités en cas d’absence régulière ?
D. Avez-vous des idées et des solutions pour faire avancer UN PEU ce problème ? Je suis sûr qu’il y a des internautes qui ne manquent pas d’imagination et de sagesse, et qui sauront nous aider pour proposer à nos élus des moyens de juguler la délinquance juvénile, moraliser la société et l’économie, réapprendre aux enfants à vivre ensemble (à ce sujet, l’Ecole maternelle française effectue un travail régulier, solide et sérieux entre 2 ans et 5 ans, et pour l’avoir suivie vingt ans je peux témoigner que c’est une des meilleures du monde, à conserver intacte, sans lui enlever ses missions ou la réduire à une garderie !)
Je vous remercie de vos réactions, de vos propositions. Lugguy, ancien instituteur, ancien formateur d’adultes, chercheur universitaire en éducation morale, et… poète et peintre amateur !
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