Vladimir Poutine & Joseph Staline : Ressemblances & Dissemblances
Depuis que la lutte contre DAECH devient la priorité des Occidentaux, des analystes expriment de plus en plus souvent l’idée qu’une alliance avec Vladimir Poutine serait souhaitable exactement comme l’alliance des Occidentaux avec Joseph Staline avait été conclue et avait été décisive pour défaire l’Allemagne nazie.
Dans cette comparaison, les Occidentaux seraient les démocraties qui n’ont rien à se reprocher, Poutine serait le dirigeant d’un pays autoritaire, voire d’une dictature comme l’Union soviétique de Staline mais il serait incontournable et l’État islamique, l’Allemagne nazie qu’il faut coûte que coûte éradiquer.
Soyons clair, il s’agit surtout d’un effet de manche destiné à duper l’opinion publique et à masquer toutes les inepties qui ont été débitées depuis une vingtaine d’années par les responsables politiques et les médias occidentaux. En leur for intérieur, les Occidentaux souhaitent que l’État islamique et ses « frères jumeaux » en décousent avec la Russie dans une guerre totale dans laquelle ils s’affaibliraient mutuellement.
À sa naissance, l’Allemagne nazie fut acceptée et ne gênait pas les démocraties occidentales parce qu’elle ne gênait pas le capitalisme de l’époque. Elle était un rempart contre le communisme comme l’Occident s’est très bien accommodé aujourd’hui des mouvements armés islamistes quand ils servaient leurs intérêts. Avant 1939, le « lebensraum » de l’Allemagne vers l’est devait immanquablement la mener à une confrontation avec l’Union soviétique au grand bénéfice des puissances occidentales. Elle ne fut désignée ennemie prioritaire que quand elle eut envahi la France, la Belgique et les Pays-Bas et surtout quand elle s’en prit à l’Angleterre avec ses raids aériens sur les aérodromes et ensuite sur les villes anglaises. Elle mettait aussi la suprématie commerciale anglo-saxonne en péril dans l’Atlantique Nord quand ses U-boote décimaient la flotte commerciale britannique malgré le déploiement de la Royal Navy.
Mais peut-on comparer Vladimir Poutine et Joseph Staline ? Il faut dans ce cas aussi comparer les situations géopolitiques de l’Union soviétique de 1941 et de la Russie de 2015.
Leur physique et leur profil.
À part leur taille identique de 1,68 m, Il n’y a pas beaucoup de ressemblance physique entre Staline et Poutine, un homme de Saint-Pétersbourg, la ville russe qui ressemble le plus aux villes occidentales. Construite par des architectes italiens pour Pierre le Grand, elle est une fenêtre sur l’Europe.
Staline, un Caucasien bien typé, fils d’un cordonnier et d’une couturière, était originaire de la petite ville de Gori en Géorgie, tout au sud de l’empire russe, et historiquement plutôt en confrontation avec le sultanat ottoman.
Autant Poutine veut donner de lui une image positive loin des clichés qu’on attribue généralement aux Russes, autant Staline en était l’exact contraire.
Poutine ne fume pas, ne boit pas d’alcool, ou alors très peu, et pratique plusieurs disciplines sportives au point qu’on lui trouve parfois des allures de macho.
Staline était fumeur de pipe, ne dédaignait les repas et les soirées bien arrosés [1] et on ne lui connait pas d’habitudes sportives excepté le gorodki [2] qui est plus un jeu traditionnel russe qu’un sport.
Ils risquèrent tous les deux de mal tourner dans leur jeunesse. Poutine était un petit caïd de son quartier et Staline, qu’on appelait Koba, commit des braquages pour financer le jeune parti communiste encore clandestin à l’époque.
Leurs vies privées sont tenues secrètes loin des scandales et de la presse « people ». La vie sentimentale de Staline a cependant été beaucoup plus dramatique avec la mort de sa première épouse après un an de mariage et le suicide de sa deuxième épouse. Il avait aussi une vie sexuelle beaucoup plus dissolue que Poutine.
Leurs profils sont nettement différents et il est difficile de trouver des points communs.
Études et communication.
Poutine est un juriste diplômé qui a consciencieusement terminé ses études avant de se lancer dans une carrière au KGB. Depuis son arrivée au pouvoir, il a fait preuve d’un bon sens de la communication avec les Russes. La session annuelle des questions-réponses à la population est la preuve de sa maîtrise de tous les sujets de politiques intérieure et extérieure. [3]
Staline était un autodidacte qui a bénéficié du désordre qui suivit la révolution de 1917 pour rapidement gravir les marches qui l’amenèrent au pouvoir. Il était cependant un authentique intellectuel. Au collège, il excellait en mathématiques, en russe et en grec. Il pouvait par exemple lire Platon dans le texte. Il avait aussi une remarquable culture littéraire. Il écrivait notamment lui-même ses discours d’une traite.
Ici, on peut remarquer des ressemblances entre les deux personnages. Ils ont tous les deux le sens de la communication avec leur population. Moins ou pas du tout avec les Occidentaux.
Caractère et patriotisme.
On leur reconnait à tous les deux un caractère bien trempé. Leur détermination à réussir leur ambition pour leur pays est évidente. Poutine est un pur patriote qui a rendu la fierté de leur pays aux Russes. On ne peut pas dire que Staline, qui n’était pas russe de souche, était un patriote de même niveau. Il était plutôt attaché aux valeurs idéologiques du communisme mais en 1941, quand le danger de la défaite se fit sentir, c’est bien au patriotisme russe qu’il fit appel. On se rappelle de son discours radiodiffusé du 3 juillet [4] quand il galvanisa tout le pays. Il ne prononça pas une seule fois le mot « communisme » mais le mot « patrie » revint plusieurs fois. C’est lui qui a appelé la Deuxième Guerre mondiale « La grande Guerre patriotique ».
Poutine a le soutien de l’église orthodoxe russe. Staline l’a cherché dès le déclenchement de la guerre. C’était évidemment une église bien moins influente qu’aujourd’hui.
On ne connait pas d’exemple de corruption à Staline. Il semble bien ne jamais avoir cherché un quelconque enrichissement personnel.
Il y a beaucoup d’accusations contre Poutine mais pas un fait indiscutablement établi. Si on s’intéresse de près à ces accusations, on peut se rendre compte que les sources sont quasiment toujours l’opposition russe pro-occidentale relayée par les médias qui, reconnaissons-le, parlent presque toujours au conditionnel. Cela lance des rumeurs qui deviennent des vérités de « café du Commerce ». Les gens qui l’ont côtoyé avant son arrivée au pouvoir, que ce soient des Russes ou d’autres, reconnaissent sa parfaite probité. Frédéric Pons, dans son livre sur Poutine, va dans le même sens. Ceci dit et contrairement à Staline, Poutine a un goût prononcé pour le luxe mais ce n’est pas le seul chef d’État dans ce cas.
Parcours politique.
Ici, il faut remarquer qu’ils arrivèrent tous les deux au pouvoir à 48 ans. Pour Staline, ce fut pour 29 ans. Poutine pourrait rester 24 ans à la tête de la Russie mais rien ne lui interdit de prolonger en redevant ensuite Premier ministre par exemple. Ce sont des périodes relativement longues en comparaison avec les dirigeants occidentaux.
Staline a écarté tous les compagnons des premières heures de la révolution en les éliminant physiquement. Il y avait certainement dans son entourage des ennemis potentiels voire des nostalgique de la période tsariste mais la plupart n’avait pour seul tort que de lui faire de l’ombre si bien qu’à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale, il était entouré d’une nouvelle génération de dirigeants, de chefs militaires et de commissaires du peuple qui, tant les uns que les autres, lui étaient tous aussi fidèles. Il était à ce moment le maître absolu du pays.
Poutine rencontre aussi des problèmes avec les anciennes générations de représentants politiques russes, celle de l’époque communiste et celle issue de la période Eltsine. Cela n’est pas perçu chez nous ou ce n’est pas mis à la connaissance du public mais il y a dans les hautes sphères politiques et économiques une opposition qui pourrait être à l’origine d’un renversement du pouvoir. Poutine le sait : c’est ce qu’il appelle la cinquième colonne. [5] Pour le moment, le soutien populaire est trop fort pour envisager un renversement de la direction russe de type « Maïdan » mais qui sait ce qui pourrait se passer en cas de dégradation de la situation économique [6] ou militaire dans des pays où la Russie s’est engagée. Tôt ou tard, s’il veut réaliser ses ambitions pour la Russie, il devra les écarter du pouvoir. Il lui manque encore une assise parlementaire déterminée le suivre dans cette voie. Les anciens apparatchiks et les carriéristes-affairistes issus de la nouvelle génération dominent encore cette assemblée ainsi que les gouvernorats régionaux (oblasts). La corruption généralisée en Russie oblige actuellement Poutine à constamment faire des compromis en politique intérieure.
Les temps et les mœurs ont changé. Poutine ne peut se permettre d’utiliser les méthodes expéditives de Staline. Son crédit auprès des Russes serait sérieusement écorné s’il les employait. Les meurtres d’hommes politiques comme Boris Nemtsov ou de journalistes comme Anna Politkovskaïa par exemple ne sont certainement pas commandités par la présidence. Il faut plutôt chercher du côté des mafias et de la mouvance caucasienne.
Poutine n’a donc pas les coudées aussi franches que Staline les avait et on ne sait pas s’il les aura un jour. Cela reste une incertitude quant à la réussite à la fois de son destin et de son dessein politique pour la Russie.
Popularité.
Nous avons une idée biaisée de la popularité qu’avait Staline en Union soviétique. Nous nous focalisons sur les années trente, des années difficiles avec les grandes déportations et des souffrances comme la famine qui a sévi dans le sud du pays. Nous oublions de regarder les années entre trente-neuf et quarante et un quand Staline avait évité la guerre avec Hitler et que l’industrie du pays tournait à plein régime et ensuite, à partir de 1945, quand auréolé de sa victoire sur le nazisme, il portait plus que jamais le titre de « petit père des peuples ». Un sondage récent [7], réalisé par un institut indépendant, classe Staline parmi les dirigeants russes les plus populaires du XXe siècle. Cela rend les médias occidentaux perplexes, ils ne sont pas habitués à se placer à un autre point de vue que le leur.
Il n’y a pas de tentative de réhabilitation de Staline dans les médias russes. Quand on parle de lui, on évoque aussi bien son côté sombre que ses grandes réussites : scolarisation générale, industrialisation du pays, développement culturel et bien sûr, la victoire de 1945. Jamais on ne le compare à Hitler comme on a de plus en plus souvent tendance à le faire chez-nous.
Je pense qu’une partie de cette popularité actuelle a aussi été transmise aux plus jeunes par les générations précédentes, celles qui ont connu l’euphorie de la victoire et l’ordre et la sécurité qui régnaient dans le pays durant la seconde moitié de la présence de Staline à la tête de l’Union soviétique.
Poutine jouit d’une énorme popularité dans son pays. C’est sans égal en Occident. Il a la confiance de plus de 80 % des Russes malgré les difficultés auxquelles ils sont actuellement confrontés. Encore une fois, dans leur désespoir, les médias occidentaux y trouvent des explications farfelues.
Les médias russes seraient aux mains du pouvoir, disent-ils, alors qu’ils ne le sont pas plus que chez nous et qu’il y a une liberté totale sur la toile [8], un média extrêmement populaire auprès des jeunes. Voice of America, BBC, RFI et Deutsche Welle en langue russe sont accessibles pratiquement partout. De plus, lors de débats politiques dans les médias mainstrean russes, des représentants occidentaux et même de l’Otan sont fréquemment présents sur les plateaux pour expliquer le point de vue occidental. L’inverse n’est jamais le cas chez nous où on exclut ceux qui représentent l’opinion largement majoritaire en Russie.
Chez nous, on a tendance à comparer Poutine à un tsar. Est-ce parce des images le montre traversant les salles du Kremlin marchant sur un tapis rouge et entouré d’une haie d’honneur ?
Est-ce par méconnaissance du fonctionnement politique de la Russie ? Est-ce gratuitement pour dévaloriser Poutine auprès de l’opinion publique européenne ? C’est sans doute tout cela à la fois. En tout cas, ce n’est pas ainsi que les Russes voient leur président… excepté les moins de 5 % qui sont inconditionnels de la vision occidentale de leur pays.
Il est difficile de comparer la popularité de l’un et de l’autre. Aujourd’hui, Poutine est certainement l’homme politique russe le plus populaire de tous les temps mais il n’y avait pas de sondages indépendants pour mesurer la popularité de Staline en 1945.
Contexte géopolitique.
C’est certainement ici que la ressemblance est la plus flagrante. Les deux périodes, celle de Staline en 1939 et celle de Poutine en 2015, présentent des similitudes très intéressantes à étudier.
Nous retrouvons dans les deux cas une Allemagne expansionniste qui veut dominer l’Europe, la dimension militaire en moins pour le moment. La Pologne et les pays Baltes renouent avec leur hostilité antirusse séculaire. Certains think tanks polonais ressuscitent même leur rêve d’atteindre la mer Noire. Le grand capitalisme américain désire plus que jamais faire main basse sur les richesses naturelles de la Russie et cherche sa dislocation. Les États-Unis n’arrivent pas à sortir de la crise comme avant 1941. Les puissances européennes ont cherché à exclure la Russie de toute négociation sur le continent et cela bien avant la crise ukrainienne exactement comme la France, l’Angleterre et la Pologne avaient refusé toute alliance avec l’Union soviétique malgré les sollicitations de Staline.
Staline et Poutine ont très vite perçu le danger que tout cela représente pour leur pays. La faiblesse militaire de leur pays était une invitation à l’agression. La réponse fut identique dans les deux cas. Ils mirent un programme de réarmement sur pied.
Staline en construisant de nouvelles usines d’armement dans l’Oural, hors de portée des ennemis de l’Union soviétique.
Usine de blindés dans l'Oural durant la guerre 1941/1945.
Poutine a été l’initiateur de la mise à niveau technologique des armements russes, dont beaucoup surpassent maintenant leurs équivalents occidentaux, ainsi que de la réorganisation en profondeur de l’armée russe.
Je n’aime pas le dicton « Mêmes causes, mêmes effets » mais je ne peux m’empêcher de me dire que des causes similaires peuvent entraîner des effets similaires.
Il est cependant à remarquer que le puissant arsenal balistique nucléaire russe rend toute agression directe impossible sauf à réduire la planète en un tas de cendres radioactives. Le développement de ce qu’on appelle le bouclier antimissiles autour de la Russie vise à réduire, voire à annihiler l’effet d’une riposte russe à une première frappe étasunienne. Je suis personnellement sceptique quant à son efficacité, du moins à court et à moyen terme, mais je constate avec consternation que les docteurs « Stangelove » ont encore de beaux jours devant eux en Amérique.
Mise au point de principe.
Ne prenons pas cet essai ni comme une réhabilitation de Staline ni comme une apologie de Poutine. J’essaie de placer les événements dans leur contexte historique ou contemporain sans émotion inutile.
Vu avec notre regard actuel, Staline peut certainement être classé comme un des pires criminels du XXe siècle mais notre myopie nous interdit de voir au-delà …
Qui se souvient que le secrétaire d’État à la Guerre, Winston Churchill, pourtant vénéré en Europe, préconisa l’usage de gaz pour mater des « tribus barbares » et que le lieutenant-colonel Arthur Harris les utilisa contre les Kurdes et les Arabes en 1919 ? ( 9) Pourtant, on ne retient de lui que l’image du vainqueur de la Deuxième Guerre mondiale !
Qui sait qu’en 1919, les avions britanniques ont lancé les terribles « engin M » contenant un gaz extrêmement toxique sur des villages russes proches de la mer Blanche qui étaient tenus par les bolcheviks.
Les Européens continuèrent à utiliser des gaz de combat dans leurs colonies jusqu’en 1935 : la Grande Bretagne en Palestine, l’Espagne et la France en 1925 pendant la guerre du Rif, l’Italie en 1934-1935 contre la Libye et contre l’Éthiopie et même la Russie (pas encore Union soviétique qui n’est née que le 30 décembre 1922) utilisa des gaz de combat lors de la révolte basmatchie.
Rappelons que le Protocole de Genève a interdit l’usage de ces gaz depuis 1925.
Qui a lu l’excellent article sur le sujet de Camus [10] sur AgoraVox ?
Qui se souvient du comportement des empires coloniaux européens entre les deux guerres et de la façon dont ils (mal)traitaient les « indigènes ». (11)
Et que dire du statut de la femme en Europe à l’époque ?
N’est-on pas passé un peu vite à côté des bombardements meurtriers d’Hiroshima, de Nagasaki, de Tokyo, de Dresde ou de Hambourg en les faisant passer par le compte « pertes et profits » de la guerre sans vouloir voir que c’était sans aucune utilité militaire ?
Pourtant, on parle toujours des démocraties occidentales qui s’opposaient à Hitler et à l’Empire japonais.
En France, on pourrait même soulever l’utilité des bombardements alliés sur les centres ville de Saint-Nazaire, de Royan et surtout du Havre. [12]
Vue du centre du Havre après les bombardement du 5 septembre 1944.
Cela ne nous empêche pas d’organiser des cérémonies en honneur de nos libérateurs.
Les exemples pourraient se multiplier mais ce ne serait pas utile.
Tout cela pour en venir au fait que dans ces années-là, on n’avait pas la même considération qu’aujourd’hui pour la vie humaine, pour les droits de l’homme et pour la liberté des peuples. Les intérêts nationaux primaient sur les droits individuels et cela, pas seulement en Union soviétique.
On peut et on doit certainement juger Staline mais il y a alors beaucoup d’autres dossiers à ouvrir.
Poutine, malgré ses erreurs et ses faiblesses, n’est pas à comparer à Staline comme les pays occidentaux de l’époque ne sont qu’une caricature de la démocratie telle qu’on la définit de nos jours.
Conclusion.
Les risques de confrontation directe avec la Russie sont sous-estimés chez nous. Soixante-dix ans de paix relative en Europe nous ont fait perdre conscience des affres de la guerre et de son cortège de désolation.
Comme en 1939, il y a actuellement un danger principal qui nous guette. Ce n’est pas la Russie qui est certes un rival géopolitique mais elle se comporte de manière rationnelle et prévisible. Ce n’est ni la Syrie ni la République islamiste d’Iran qui ne nous ont jamais menacés.
On peut nommer ce péril même s’il n’a pas de visage. C’est la face hideuse de l’islam, celle qui porte les noms de DAECH, de Jabhat al-Nosra, d’Al-Qaida et autres Boko Haram, des groupes qui se réclament de l’islam mais ne sont composés que de bandits malfaisants.
À force de soutenir ces mouvements terroristes pour qu’ils se confrontent à nos rivaux géopolitiques (Chine, Russie, Syrie…) nous refusons de voir que ces mouvements sont nos vrais ennemis et qu’ils ont la volonté de détruire toutes nos valeurs essentielles, ce qu’ils appellent la décadence occidentale. Il s’agit de la laïcité, du statut de la femme, de la place des minorités sexuelles dans la société ou de primauté de la loi sur leurs textes sacrés.
Toutes les religions, du christianisme à l’islam, sont respectables et doivent être tolérées mais nous devons nous défendre contre des mouvements terroristes qui veulent notre destruction et la meilleure façon de le faire est de s’entendre même avec ceux avec qui on n’est pas d’accord.
Poutine, Bachar al-Assad et les mollahs iraniens peuvent nous aider. Pourquoi les considérer comme des ennemis. Les services secrets syriens ont même aidé la France à déjouer un ou plusieurs attentats terroristes sur son territoire.
Quand il s’est agi de s’allier à Staline contre l’Allemagne de Hitler, Winston Churchill qui était pourtant un virulent anticommuniste, a fait cette citation remarquable.
« Si Hitler avait envahi l’enfer, je me serais débrouillé pour avoir un mot gentil pour le diable. »
Un ministre des Affaires étrangères européen que je ne citerai pas a dit que Jabhat al-Nosra (Al Qaïda) fait du bon boulot en Syrie. Contre qui Al Qaïda peut-il faire du bon boulot ?
Il a aussi dit que nous devons faire attention à nos actes et qu’on ne peut renoncer à soutenir ceux qui luttent contre Bachar al-Assad parce que cela reviendrait à le renforcer.
Quel manque de clairvoyance ! Est-il envisageable que les Occidentaux cautionnent une prise du pouvoir par les combattants islamistes en Syrie ? Il me semble que non, les massacres qui s’en suivraient seraient abominables. Les Occidentaux ont leurs propres hommes liges destinés à remplacer Bachar al-Assad. Contre qui croyez-vous que les groupes armés islamistes vont se retourner quand ils seront frustrés de ne pas récolter les fruits de leur victoire militaire ? Le 9/11, cela devait faire réfléchir, non ?
C’est aux Syriens d’élire leur chef d’État une fois la sécurité revenue. La paix ne viendra que quand nos ennemis communs seront hors d’état de nuire.
Poutine, Bachar al-Assad et la République islamique d’Iran sont nos alliés objectifs comme Staline était l’allié objectif des Occidentaux contre l’Allemagne nazie.
[1] Staline portait des toasts à la santé de tous les hôtes présents ce qui faisait parfois une trentaine de rasades de vodka. Il prenait un malin plaisir à voir tous ses hôtes complètement ivres alors que lui, il restait le dernier debout. Il semble que Winston Churchill faisait jeu égal avec Staline. http://geopolis.francetvinfo.fr/12-aout-1942-staline-et-churchill-faisaient-la-fete-au-kremlin-16813
[2] http://www.jeuxpicards.org/gorodki/gorodki.html
[4] Discours de Staline du 3 juillet 1941. http://www.comite-valmy.org/spip.php?article371
[5] http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=117
[6] 2015 sera une année difficile en Russie. La croissance devrait redevenir positive à partir de la mi-2016. Le pari de Barack Obama de détruire l’économie russe semble avoir échoué. https://francais.rt.com/international/2830-leconomie-russe-moins-touchee-que-pr%C3%A9vu
[7] http://www.lecourrierderussie.com/2013/05/revue-22-05-brejnev-au-top/
[8] La liberté totale sur Internet en Russie a permis à des opposants pro-occidentaux de se faire connaître auprès des internautes russes. Alexeï Navalny est l'exemple le plus connu. Il y a depuis peu quelques règles d'enregistrement pour les blogueurs qui ont plus de 3000 visites quotidiennes sur leur site.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexe%C3%AF_Navalny
[10] http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/guerres-chimiques-pages-d-histoire-140994
[11] Le roi de Belgique Léopold II acquit le Congo lors de la conférence de Berlin en 1885. Il profita d'une courte période de confusion du gouvernement britannique. Ceux-ci regrettèrent très vite cette concession et il s'ensuivit une campagne de presse anti-Léopold II. Les accusations de barbarie fusèrent de toute part et il est bien difficile de démêler le vrai du faux. Aucun gouvernement belge n'a diligenté une enquête sur ce qui s'est réellement passé à cette période et c'est bien regrettable. Cela permet de publier des enquêtes qui reprennent intégralement les accusations britanniques de l'époque. http://next.liberation.fr/livres/1998/10/15/le-pays-des-mains-coupees-par-un-journaliste-americain-le-recit-de-l-exploitation-sanglante-du-congo_250792
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