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Accueil du site > Tribune Libre > Voyage dans le cerveau latin de César

Voyage dans le cerveau latin de César

Un scanner du cerveau de César ne nous apprendrait rien sur sa façon de penser. Sa physionomie fixée dans le marbre ou dans la pierre, guère plus. En revanche, c’est bien en étudiant la façon dont il organise et exprime sa pensée dans ses écrits qu’on peut s’approcher un peu mieux du personnage hors du commun qu’il fut. Dans ce premier siècle d’avant J.C. où la langue latine n’est pas encore fixée, Cicéron et lui apparaissent, tout en étant différents, comme des modèles à suivre de la juste pensée et de la bonne expression. Le premier, avec sa richesse, le second avec sa rigueur.

Il n’y a aucun doute ; il existe un fossé d’incompréhension entre le cerveau latin de César et le nôtre. Nous ne pensons pas de la même façon.
 
Premier exemple : la description des fortifications qu’il a réalisées dans la plaine des Laumes.
 
Nous, modernes, qu’attendons-nous de César ? Qu’il nous donne la description de son ouvrage, celui-ci étant achevé. Nous l’imaginons à l’image d’un sculpteur ou d’un peintre qui, après avoir réalisé son oeuvre, prend du recul pour pouvoir mieux l’admirer, et cela en se plaçant à un endroit choisi. Dans notre logique, il nous semble évident, lorsque César écrit son texte, que l’ouvrage est terminé et qu’il ne lui reste plus qu’à nous en donner la description, le mieux étant de nous donner cette description de la gauche vers la droite et du plus près au plus loin.
 
La logique du cerveau latin césarien n’est pas ainsi. Le récit se repositionne dans le temps et dans l’espace. Dans le temps en reprenant l’ordre chronologique des réalisations ; mais aussi dans l’espace ; je m’explique.
 
Dans les premiers jours qui suivent son arrivée à Alésia, César ne peut se trouver que dans un des grands camps de la plaine des Laumes. Quand il dit qu’il mène à bien un fossé de 6 mètres de large à 120 mètres de ses fortifications, il est bien évident, dans sa logique, que cela ne peut pas désigner le fameux agger qui ne sera construit qu’ensuite, mais les fortifications du grand camp dans lequel il se trouvait alors.
 
Quand il dit ensuite qu’il mène à bien deux fossés de 4m50 de large (dans cet espace protégé), quand il précise que l’un est extérieur et l’autre intérieur, le lecteur latin comprend immédiatement que l’extérieur est du côté du fossé de 6 mètres et l’intérieur, du côté de César. Aucune hésitation non plus quand le lecteur "voit" (en lisant) le fameux agger s’élever en arrière. Et puisque c’est César qui fait ces réalisations, cela signifie qu’il n’est plus dans ses grands camps de la plaine mais sur place.
 
Puis vient l’intermède où les Gaulois s’attaquent aux retranchements. Puisqu’il fait tirer de grands colonnes d’arbres dans le fossé de 6 mètres, cela signifie qu’il est venu sur le front des engagements. Changement de position, changement de point de vue !
 
De là, il dit qu’il revient sur ses pas (rursus) pour renforcer ses obstacles. Ces renforcements, ce sont donc, dans l’ordre, les fleurs de lis puis les aiguillons en allant vers l’agger.
 
Et voilà bien notre illogisme ! Comment César aurait-il fait pour semer ses aiguillons et ses fleurs de lis en partant de l’agger puisqu’il était alors, dans son récit, sur le fossé de 6 mètres ?
 
Deuxième exemple : la description du terrain.
 
Dans ce domaine, le fossé d’incompréhension est encore plus profond. C’est cette incompréhension qui nous fait accuser César d’imprécisions et d’erreurs bien que ses contemporains aient dit tout le contraire. Soyons sérieux ! Ce n’est pas sa faute si nous avons perdu jusqu’au souvenir de l’emplacement de nos anciennes capitales gauloises. Véritables points géodésiques de référence, c’est souvent à partir de ces positions que César indiquait ses distances. Quant au terrain, prisonniers que nous sommes de nos concepts et de notre géographie, nous avons tellement l’habitude de le voir vu du ciel ou sur carte que nous ne faisons pas l’effort qui nous permettrait de comprendre la vision que le cerveau latin en avait.
 
Une croupe de terrain, cela ressemble à quoi ? Mais bien sûr, à une croupe d’animal ! C’est une image qui nous vient de très loin et qui nous prouve que les Anciens se sont inspiré de formes vivantes pour désigner celles du terrain.
 
Le Gaffiot traduit le mot latin jugum par joug - ce qui sert à atteler des bêtes de trait - et il a raison. Mais quand on constate qu’il donne au mot dérivé jugulum le sens de gorge, on devine que jugum a pu désigner également l’échine d’un animal et pas seulement le joug. Enfin, par analogie, on arrive à la traduction de ligne de crête. Dans cette hypothèse, le dorsum jugi dont parle César dans sa description de Gergovie doit se traduire par "le dos de la ligne de crête", à l’image du dos d’un animal, ce que j’ai identifié sans aucune difficulté au plateau allongé de La Serre.
 
Dans ce contexte, traduire le mot collis par colline me semble tout à fait illogique étant donné que César disposait déjà du mot mons pour désigner une hauteur et qu’il lui suffisait d’ajouter un adjectif qualificatif pour distinguer un modeste mont d’une haute ou grande montagne. En revanche, c’est bien la pente du terrain qui comptait dans la manoeuvre militaire, favorable ou défavorable, et c’est bien par versant, comme le propose d’ailleurs le Gaffiot avec le mot synonyme coteau qu’il faut traduire le mot collis. Et voilà que nous retrouvons ici l’image de l’animal avec son échine - son épine dorsale - et ses flancs.
 
Nous sommes ici dans la pure logique du cerveau latin. On comprend comment César pouvait déployer ses lignes de bataille à mi-pente d’un versant - medio colle - et non au milieu d’une colline, ce qui ne veut rien dire. De même, l’on comprend qu’il ait pu "voir" le versant de La Roche-Blanche aux pieds du Crest malgré la rivière de l’Auzon qui, pourtant, les sépare.
 
Troisième exemple : Cernunnos.
 
De même que le cerveau latin se fait une représentation vivante et mystique de la terre et de ses formes, de même pour la nature.
 
Il me semble évident que les pieux de la palissade de l’agger d’Alésia ont été plantés en retrait du bord pour pouvoir résister aux Gaulois qui les tiraient vers eux avec leurs faux. Pour les empêcher de reprendre pied sur le méplat, il me semble tout aussi évident que le cerveau latin, dans sa logique, y ait rassemblé des buissons d’épines en vrac. Représenter les cervi dont parle César sous forme de branches fourchues plantées dans l’agger en direction de l’assaillant comme des ramures de cerfs est un summum d’absurdité. Il est vrai que c’est une déduction de la traduction que donne le Gaffiot mais ce n’est pas une raison pour s’en satisfaire.
 
L’internet offre au chercheur tout un nouveau champ d’investigation. Puisque la logique militaire nous conduit à épines et le mot latin à cerf, interrogeons l’internet à partir de ce double mot clé. L’internet nous répond : épine de cerf. C’est une plante qui pousse dans les Alpes mais, particularité étonnante, elle est le parfait décalque de l’épine noire si fréquente en Bourgogne. De fil en aiguille, nous découvrons que depuis le Moyen-âge, les modestes paysans de nos campagnes faisaient avec les fruits noirs de cet arbuste une boisson très populaire, légèrement alcoolisée, que nous ne pouvons qu’identifier à la cervoise gauloise (j’ai souligné la racine cerv). Et toujours de fil en aiguille, nous arrivons au chaudron de Gundestrup où nous découvrons le cerf mystique portant sur sa tête deux branches d’épines noires en guise de ramure. Ce qui signifie que le cerveau latin (?) a établi un lien mystique entre la ramure du cerf et l’épine noire. Et toujours de fil en aiguille, voici que le cerf devient un animal sacré. Et voici que la branche sacrée vient coiffer l’homme sage en posture de bouddha.http://fr.wikipedia.org/wiki/Cernunnos
 
Les croquis sont de l’auteur
 

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41 réactions à cet article    


  • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 10:20

    Quelques précisions.

    Quand j’écris : Et voilà bien notre illogisme ! Comment César aurait-il fait pour semer ses aiguillons et ses fleurs de lis en partant de l’agger puisqu’il était alors, dans son récit, sur le fossé de 6 mètres ?

    Je veux dire par là que l’erreur que l’on fait depuis Napoléon III est de tenter d’expliquer l’ordre des obstacles à partir de l’agger, les colonnes de la mort au plus près, les fleurs de lys ensuite et les aiguillons au plus loin alors que c’est l’ordre inverse que je donne en traduisant correctement le texte (ce qui est d’ailleurs beaucoup plus conforme à la logique militaire).

    Partant de là et les fouilles n’étant faites que par tronçons, c’est la plus grande confusion dans les interprétations des archéologues. Leur position actuelle est de dire que César bafouille, qu’il y a une grande diversité dans la réalisation des obstacles, incapables qu’ils sont d’interpréter correctement le croquis de fouilles de l’équipe allemande qui s’accorde pourtant tout à fait avec ma traduction. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/alesia-le-bafouillage-continue-57411



    • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 11:31

      @ Abgeschiedenheit
      @ Gilles Louïse

      Les lecteurs d’Agoravox ont pu se rendre compte depuis déjà un certain temps que je ne mélange pas les genres et que les polémiques politiques ou autres ne sont pas le domaine de mes prédilections même si je respecte les auteurs qui traitent de ces sujets.

      Oui, je regrette qu’on ait effacé les commentaires d’Ægidius REX sur le fil de mes précédents articles car c’était pour moi, de la part d’un excellent latiniste, un argument de poids pour que mes traductions soient prises en considération. Oui, j’ai déjà fait état de l’excellent article de cet auteur sur le « cerveau latin ». Comme je viens de le dire, je ne mélange pas tout mais si mes contradicteurs préfèrent fuir le débat et user d’amalgames hypocrites à défaut d’arguments, c’est leur choix. Comme l’a dit Gasty dans un autre fil : « Honte soit sur eux ! »


    • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 11:45

      @ Abgeschiedenheit

      Je crois avoir fait un malentendu. Vous n’êtes pas dans les contradicteurs que j’évoque. Vous avez tout à fait raison de rappeler l’article d’Ægidius REX sur le « cerveau latin ». C’est un excellent texte.


    • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 13:37

      Merci, je pense avoir été accepté, mais c’est un peu compliqué.


    • Jojo 8 décembre 2009 20:51

      Bonjour Monsieur Mourey,
      Si Asinus Rex était en mesure de vous apprendre quoi que ce soit, je pense que ça se saurait.

      Cordialement !


    • gael 8 décembre 2009 23:10

      J’ai lu l’article en question il y a quelques mois, que j’avais trouvé proprement passionnant.


      J’ignorais totalement que l’auteur sévissait sur AV !

    • Gazi BORAT 9 décembre 2009 10:27

      Quelle chance a-t-il cette Aegidius Rex de pouvoir être effacé..

      J’en ai fait la demande.. mais cela ne semble pas se produire.. et suis condamné à me promener en attendant mon effacement virtuel..

      gAZi bORAt


    • brieli67 9 décembre 2009 10:56

      @ Meister Gazi !!

      Ciao ciao bambino !
      sur d’autres ondes !
      Je comprends bien ta lassitude, je ne reviens que peu sur ces plate-bandes.

      Il m’est par ailleurs de plus en plus certain que nous avons passé le même réveillon plus que frisquet il y a 25 ans dans les faubourgs de Lyon.

      Hopla mach’s gut und bis bald !
      nix fer von ungoed/ sans rancune


    • Gazi BORAT 9 décembre 2009 11:19

      @ Meister Briely

      Ach.. Ces réveillons de la St Sylvestre : on y fait parfois d’étranges rencontres...

      J’ai lu ce matin un article dans la presse « papiers » de ce groupe qui incitait les gens à se désabonner des réseaux sociaux et forums divers.

      Sur le mode :

      « Accepter de rester quiconque plutôt que chercher à devenir quelqu’un.. »

      J’ai trouvé l’idée intéressante.. et me suis dit que deux ans, cela faisait beaucoup...

      En attendant la disparition : merci encore pour tous ces liens !

      Cordialement,

      gAZi bORAt


    • Gazi BORAT 9 décembre 2009 12:14

      @ Abgeschiedenheit

      Je pense de plus en plus qu’une discussion dans la « vraie vie » est plus intéressante et plus nuancée que sur un forum et que ce type de support amène malgré soi à une radicalisation qui n’est pas la sienne par ailleurs..

      Et l’on se retrouve à mener des « duels » et non à s’enrichir intellectuellement.

      Même chose vis à vis de la documentation que l’on peut trouver sur le net sur certains sujets : n’apparait souvent ce qui est racoleur ou extrème.. Rien ne vaut donc un bon livre..

      Cordialement,

      gAZi bORAt


    • Jojo 9 décembre 2009 12:31

      Bonjour Gazi Borat,
      Je pense qu’AV ne peut simplement pas se permettre de donner suite à votre demande, car beaucoup de sous-fils de haute facture (et pour cause), deviendraient illisibles de même que s’en ressentirait le qualitatif de l’historique du site.

      Alors sauf faute professionnelle d’un bleu, votre compte devrait rester ouvert et actif et c’est tant mieux en fait.

      Puisque telle est votre décision, prenez un peu de recul. Je note cependant que vous ne dites nulle part que vous allez renoncer à la toile… Je me plais donc à prendre le risque de penser que vous ne résisterez pas longtemps à jeter un coup d’œil sur AV de temps à autre, jusqu’au jour où vous lirez l’énormité de trop qui ne pourra en aucune manière, rester sans réponse…

      En attendant merci pour tout Monsieur.

      PS : Pardon à Monsieur Mourey pour l’aparté


    • brieli67 9 décembre 2009 13:47

      wouille wouille c’était bien une Saint Sylvestre....
      étrange ? l’idée m’avait pris de pisser dans la neige, m’a procuré une pneumonie carabinée
      et de découvrir des mercédès 4 X 4 qui turbinaient sur le parking.

      Les livres oui ! A condition d’avoir libre-accès aux stocks et des bibliothécaires compétents...
      A la BNF j’étais voisin de tablée de Patrick M. pendant une quinzaine de jours...

      Me suis éclipsé de ma gangue pro et sociale à 5o ans ;; je n’oeuvre et ne travaille guère moins... mais plus que ce que qui m’intéresse. Mécéne ( 100 euros par mois) et aide bénévole à des doctorants... ni vu ni connu !

      http://sciencestage.com/v/5413/bertold-brecht-gala-3/16-%282006%29.html
      un peu de BBpour la route.


    • ASINUS 8 décembre 2009 11:09

      bonjour mr Mourey ,je ne sais pour la traduction reste que votre version rend l affaire
      tactiquement et militairement plus lisible « je parle pour moi » rien qu« a mi- pente »
      pour s accrocher c est un concept qui le temps n a pas usé


      Asinus


      • Triodus Triodus 8 décembre 2009 11:50

        @ L’Auteur,

        Merci pour le bol d’air frais sur Avox ! La culture et l’histoire ne font pas recette ces temps..

        Cordialement,
        T.


        • Deneb Deneb 9 décembre 2009 07:15

          Triodus : La culture est la nourriture de l’esprit. L’Histoire est écrite par les vainqueurs. L’Histoire n’est qu’une toute petite partie de la culture, et loin d’être la plus pertinente, car toujours tendancieuse et propagandiste. J’en sais quelque chose, dans ma Yougoslavie natale on n’apprenait pas du tout la même histoire que ce que l’on apprend aujourd’hui en France. Lorsqu’on met en avant le debat sur l’identité nationale, l’Histoire que l’on raconte est un recueil soigneusement choisi des anecdotes passées qui demontrent par A+B que la France a toujours eu raison. Va prouver le contraire ...


        • jibe jibe 8 décembre 2009 13:41

          Pas besoin de triturer le latin (et le cerveau) pour comprendre que les Romains appréhendaient le paysage du point de vue d’un piéton. César a en outre rédigé ses « Commentaires » à partir de notes et de croquis des lieux faits par les secrétaires qui le suivaient partout. Quant au iugum, c’est effectivement le sens de « croupe » qu’il faut lui donner, donc deux collines arrondies, reliées par une inflexion de terrain. Le Gaffiot est une bonne référence mais il manque souvent de sens pratique, comme tous les dictionnaires.


          • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 14:00

            @ jibe

            Désolé ! Le Gaffiot ne donne pas au mot jugum le sens de croupe.

            Vous m’accusez de « triturer » le latin. Vous rejoignez en cela le professeur Samosatensis qui m’accusait de tordre encore une fois le latin de César en imaginant qu’une colline (collis) est en fait un versant et que dans la description de César, seul compte le mot Mons, décision arbitraire et injustifiée http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-une-grave-erreur-de-65442...

            Et pourtant, le Gaffiot propose bien le sens de coteau au mot collis. Un coteau, c’est quoi sinon un versant ?

            Quant à prétendre que César avait besoin des notes de secrétaires pour rédiger ses Commentaires, où diable êtes-vous allé chercher cela ?



          • jibe jibe 8 décembre 2009 14:22

            Tous les historiens savent que César avait un secrétariat nombreux et très organisé, qui suivait la campagne de l’armée, dirigé par Hirtius, assisté d’autres spécialistes. 


            César dictait des notes quotidiennes, en même temps que son courrier et des comptes-rendus destinés au Sénat. Il n’a « rédigé » les « Commentaires » finaux qu’à la fin de la Guerre des Gaules à partir du matériel (écrits et dessins) recueilli par ses secrétaires. Il n’a même pas terminé le 7ème livre, car il a dû partir précipitamment pour Rome affronter Pompée et la guerre civile. 

            C’est Hirtius qui a rédigé le 8ème livre à partir des notes de César, et dans le même style.

            César rédige avec un vocabulaire sans recherche, un style de gendarme mais très précis où il n’y a rfen besoin d’ajouter. Si besoin est, il n’hésite jamais à préciser le sens de ces mots simples avec locutions et adjectifs. Vous devriez prendre comme principe qu’à partir du moment où il vous faut vous éloigner du sens le plus simple des mots qu’il a choisis pour « coller » à un site, vous n’êtes pas sur la bonne piste et que César est un excellent descripteur.

            • gael 8 décembre 2009 22:18

              Pour rebondir sur le « style de gendarme » : je crois simplement que la langue latine autorise une concision impossible à reproduire en français. Aucune des traductions des Commentarii que j’ai eues en main n’y parvient ; il semble qu’il faille toujours broder pour coller au sens de son texte tout en gardant un certain niveau de langue.


              César, c’est toute la puissance et la concision du latin, dans un style efficace et haletant.

            • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 22:22

              @ gael

              Exactement.


            • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 17:15

              @ jibe

              Je ne comprend pas bien ce que vous voulez dire. Il faudrait nous préciser vos sources. Le seul secrétaire de César que j’ai trouvé est Tibérius Entreméfrancorus, cité dans « Les lauriers de César » de MM. Goscinny et Uderzo. Quant à Suétone, si vous vous fiez à la traduction courante qui dit que Philémon était son esclave et son secrétaire, je crains que vous n’extrapoliez un peu vite. Suétone dit seulement que Philémon n’était qu’un esclave/scribe (a manu servus). Cicéron, lui aussi, avait un esclave qui lui servait de scribe et personne n’aurait osé prétendre à cette époque que c’est le scribe qui lui rassemblait les notes à partir desquels il aurait rédigé ses plaidoiries. Toutefois, je ne nie pas le fait que des esclaves soient devenus par la suite de véritables secrétaires, voire des conseillers influents auprès des empereurs romains..

              Vous dites que César dictait des notes quotidiennes et que ce n’est qu’après la bataille d’Alésia qu’il a rédigé ses Commentaires à partir de ces notes. Là aussi, vous n’avez aucune preuve. Pour moi, les Commentaires sont, purement et simplement, la compilation des rapports qu’il envoyait au Sénat à des moments choisis.

              Quant à Hirtius Pansa, où voyez-vous qu’il ait rédigé le VIII ème livre à partir des notes de César ? Hirtius Pansa a tout simplement rédigé la dernière phase de la guerre des Gaules que César , occupé par d’autres soucis, n’a pas eu le temps ou négligé de mettre par écrit, à moins qu’il ait estimé qu’envoyer des rapports au Sénat ne se justifiait plus.

              Style de gendarme ? Vous y allez un peu fort.


              • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 18:02

                Voila ce que Plutarque dit au sujet des scribes, secrétaires si vous voulez, qui accompagnaient César :

                il avait toujours à côté de lui un secrétaire pour écrire sous sa dictée en voyageant...

                Dans la guerre des Gaules, il s’accoutuma à dicter des lettres étant à cheval, et à occuper deux secrétaires à la fois, ou même un plus grand nombre, suivant Oppius. Il fut, dit-on, le premier qui introduisit dans Rome l’usage de communiquer par lettres avec ses amis, lorsque les affaires pressées ne lui permettaient pas de s’aboucher avec eux, ou que le grand nombre de ses occupations et l’étendue de la ville ne lui en laissaient pas le temps...

                Rien de plus que des scribes qui écrivaient sous la dictée.


              • gael 8 décembre 2009 23:01

                Plutarque n’était pas contemporain de César. Il n’est pas douteux que ce dernier était d’une formidable intelligence, et un maître d’une grande exigence qui devait donner bien du fil à retordre à ses secrétaires, mais le témoignage de Plutarque n’étant pas de première main, son exactitude quant aux détails peut raisonnablement être mise en doute.


                J’ajouterais que le terme de « notes » ne signifie pas forcément qu’il les ait écrit lui-mêmes : elles peuvent tout à fait avoir été dictées.



              • italiasempre 8 décembre 2009 20:49

                N’oublions pas le caractère saisonnier de la guerre dans l’Antiquité, il est assez probable que les Commentarii aient été écrit lors des quartiers d’hiver à partir des notes rédigées pendant le conflit. Et c’est indubitablement César qui écrit. 

                Style de gendarme ? Sûrement pas, style d’une grande qualité, sans fioritures, aujourd’hui encore on en mesure toute la subtilité.

                • italiasempre 8 décembre 2009 21:17

                  Bonsoir Mr Mourey,

                  si je dis que César fit creuser un premier fossé pour se protéger d’une attaque surprise, fit construire une circonvallation, éleva un agger sur lequel fut dressé une palissade -vallum-, que des branches d’arbres - ou des buissons épineux- furent disposés entre l’agger et la palissade pour rendre impossible toute tentative d’escalade, mis un véritable tapis de piéges devant ce « rempart » avec des cippes et des lis et fit ensuite construire une contrevallation, du point de vue militaire je dis une absurdité ou pas ?


                • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 22:00

                  @ italiasempre

                  Je ne me permettrais pas de dire que vous énoncez une stupidité bien que je ne comprenne pas comment vous pouvez mettre des branches d’arbres ou des épines entre l’agger et la palissade. Je vous ferais seulement remarquer que les mots de circonvallation et de contrevallation ne se trouvent pas dans le texte. César dit seulement qu’en arrivant à Alésia, il décida de « circumvallare » la place. Pour le reste, il me semble que vous suivez mon explication. Vous avez tout à fait raison d’ajouter que César fit réaliser des fortifications semblables orientées contre l’ennemi extérieur.


                • italiasempre 8 décembre 2009 22:29

                   smiley Evidemment on ne risque pas de trouver circonvallation et de contrevallation dans le texte puisque ces mots datent du XIX siècle, enfin...c’était sans doute de l’humour.






                • italiasempre 8 décembre 2009 22:34

                  Et vous avez raison, il ne faut pas dire entre l’agger et la palissade mais à la jonction de l’agger etc.


                • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 21:38

                  @ italiasempre

                  Je n’ai pas l’impression que le texte de la guerre des Gaules ait été rédigé dans les quartiers d’hiver. Le récit donne l’impression d’avoir été écrit un peu comme un journal de marche, je ne dis pas au jour le jour mais à des intervalles de temps relativement rapprochés. Je pense même que César s’imposait un travail régulier d’écriture, ce qui lui permettait de réfléchir assez longuement sur chaque passage, de le remanier, de le rendre toujours plus clair tout en étant concis. Il n’y a pas de mystère ; le génie est fait d’un pour cent d’inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration.[Thomas Edison]

                  Et puis, pendant les quartiers d’hiver, croyez-vous que César avait le temps d’écrire, occupé qu’il était de jouir de l’étonnant climat tempéré de Mont-Saint-Vincent/Bibracte, en compagnie des belles Gauloises de la Bourgogne du Sud ?


                  • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 22:17

                    Correction : à jouir


                  • italiasempre 8 décembre 2009 22:39

                    Et bien je crois que les belles Gauloises devaient l’attendre longtemps vu que César rentrait à Rome pendant les quartiers d’hiver, et là pas de distractions, c’était boulot-boulot, l’heure était grave...


                  • moebius 8 décembre 2009 21:57

                    quel est le rapport avec l’utilsation de l’épinette, de l’aubépine et de tout buissons épineux comme ouvrage défensif militaire ou autre, courant a une époque qui ne connait pas encore l’usage du barbelé et cette histoire de cerf sacré, de cervoise, de chaudron de gundestrup qui de fil en barbelé abouti à cet homme en posture de bouddha ????


                    • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 22:11

                      @ moebius

                      Le rapport est le mot « cervus » et le fil, c’est la forme de la branche de l’épine noire comme vous la voyez représentée dans le chaudron de Gundestrup. Quant à la boisson, c’est la racine cer du mot cervoise.


                    • moebius 8 décembre 2009 22:00

                       la couronne d’épines du christ entretient t’elle un rapport avec ces fossées, les barbelées des camps, ou cet autre instrument de musique ?


                      • Emile Mourey Emile Mourey 8 décembre 2009 22:13

                        @ moebius

                        Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.


                      • moebius 8 décembre 2009 22:23

                        le cerveau de César est plein d’épines, les épines il vaut mieux les avoir a l’extérieur qu’a l’intérieur ça fait moins mal ? ...par exemple


                        • moebius 8 décembre 2009 22:25

                          et barbelé a un rapport avec barbe et barbe avec le capitaine Haddock ???on joue avec des mots


                          • samosatensis 30 décembre 2009 01:54

                            Que le lecteur tombant par hasard sur cette page sache que M. Mourey qui se pique d’expliquer César de A à Z ignore, et volontairement, tout de la méthode historique et des régles de la traduction.

                            Il n’hésite pas à falsifier le texte latin pour le faire coller à des hypothèses personnelles qui place l’atlantide en Limagne et les église romanes à l’époque des gaulois, que le lecteur l’interroge donc sur le sens qu’il donne dans césar, contre toutes les évidences, à coagmento.

                            Pour le reste cet article montre son ignorance de l’archéologie (les gros volumes des fouilles récentes d’alésia) et de ce qu’est réellement écrire un livre dans l’antiquité. Quand à son jeu du coq à l’âne de l’épine au bouddha, il n’éclaire pas vraiment ce que pourrait être le cerveau latin (ma


                            • samosatensis 30 décembre 2009 01:55

                              (suite ici suite à erreur de manip)
                              le cerveau latin (mais qui prendra au sérieux de telles bilevesées ?) mais éclaire bien la grande confusion du cerveau de l’auteur.

                              Les lecteurs d’agoravox ont droit à un peu plus de respect et de travail non ?

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