Vous avez tout à fait raison. La vie dans les DOM est à tous points de vue, et contrairement à l’image idylique que s’en font les métropolitains, beaucoup plus difficile que dans le reste du térritoire (prix très élevés, salaires plus bas, chomage important, et magouilles en tout genre de la part de certains elus locaux). L’existence d’une taxe à l’intérieur même du territoire français et totalement inadmissible, mais que voulez-vous les très honnètes élus locaux font tout pour la conserver au détriment des consommateurs. J’ajoute que les produits locaux, même sans cette taxe, sont malgré tout beaucoup plus cher que les produits d’importation ! Que reste-t-il au consommateur « domien » ? le droit de se faire plumer, hélas. « Mais vous avez le soleil et la mer alors ne vous plaignez pas » me suis-je déjà vu répondre. Loin des yeux, loin du coeur...
Merci à vous pour votre soutien . Le difficulté du sujet est qu’il y a une sorte de meli-melo entre les points de vue de mes « adversaires ». Et il me semble qu’au fond il ne sont pas si conciliable que ça : d’un coté il y a ceux qui jugent que Rindy Sam a donné une bonne leçon à un art contemporain ininteressant et se rejouisse de la destruction de ce qu’ils pense être une escroquerie, de l’autre ceux qui estiment que le geste de Rindy est un happening d’art contemporain et a donc une valeur artistique. Et à mon avis, malgré leur accord de façade, ces deux positions sont en fait totalement contradictoires.
@Walden
Je partage assez largement ce que vous dites sur le monde de l’art et la façon dont les lois de l’économie se sont greffées dessus. Malheureusement plus rien n’échappe à la « marchandisation » universelle, pas même les hommes... Je pense que j’arrive à comprendre votre point de vue sur cette affaire. Quelques escrocs produiraient des oeuvres faciles et chères qui bénéficieraient d’une « bulle » ou d’un effet de mode exagérant considérablement leurs valeurs. A quel moment peut-on parler d’escroquerie ou d’arnaque quand le vendeur et l’acheteur sont tous les deux satisfaits ? Sûrement quand le seul prix d’une oeuvre est considéré comme le garant de sa qualité artistique et sur ce point je vous rejoins. Je ne connais pas suffisamment bien les hautes sphères du monde artistique pour savoir si certains charlatans finissent par être finalement reconnu à leur « juste » valeur mais d’après ce que certains professionnels m’ont dit, c’est le cas. Même s’il y a une bulle, volontairement provoquée, à un moment donnée autour d’un « artiste » de ce type, les véritables critiques d’art, et le temps, permettraient découvrir le pot aux roses au bout de quelques dizaines d’années. J’ignore si c’est vrai, mais cela laisse espérer que tout ne serait pas totalement pourri par la loi de l’argent. Personnellement, je ne connais pas suffisamment Cy Twombly pour juger de son intégrité. Les données objectives dont je dispose c’est qu’il a une place dans les grands musées publics et que la toile abîmée date, il me semble, de 1974. Donc je suppose que si c’était un charlatan il aurait sans doute déjà été oublié. J’aurais donc tendance à lui accorder le bénéfice du doute, et c’est pour ça que je le défends.
Quant aux millions d’euros réclamés par la galerie à Rindy Sam, qui n’est apparemment pas très argentée, c’est ridiculement disproportionné, un euro symbolique assorti à la limite d’une petite peine d’intérêt général (mais pas dans un musée ! ) serait amplement suffisant. D’autant plus que ses intentions n’étaient pas mauvaises au départ. Et puis je pense qu’elle ne recommencera plus.
« est-il bien acceptable que des oeuvres classiques et historiques puissent demeurer privées ? N’est-ce pas une forme de hold-up culturel par le pouvoir de l’argent, en un sens largement aussi grave que la destruction de statues, qu’un particulier richissime, ou une entreprise, puisse s’accaparer des oeuvres de portée universelle pour, à leur bon vouloir, les exposer ou bien les receler comme les 40 voleurs dans des caves à trésors ? »
Hélas, je regrette autant que vous cet état de fait. Il arrive que les possesseurs d’oeuvres les aient acheté à bas prix à l’artiste au moment ou personne n’en voulait. Elles ont au moins eut le mérite de lui permettre de manger ce qui n’est pas toujours évident quand on est dans ce métier. Après une fois que c’est devenu des classiques, que faire ? Peut-on leur prendre de force ce qu’ils ont acquis somme toute honnêtement ? Je ne sais pas si vous avez visité l’exposition consacré la galerie Vollard au musée d’Orsay, mais on pouvait saisir toute l’ambiguïté du commerce artistique. Pour résumer, Amboise Vollard était un marchand de tableaux manifestement passionné d’art, il a permis à des artistes en difficulté de vivre en leur achetant des oeuvres en leur faisant des commandes ou en leur versant des rentes, mais il revendait ces même tableaux en faisant plusieurs fois la culbute par rapport au prix qu’il les avaient acheté. Certains de ces artistes le voyaient comme un mécènes, d’autres comme un escroc qui ne payait pas leurs oeuvres à leur juste valeur. Difficile de trancher...
L’acheteur peut aussi prendre un risque en payant très cher une oeuvre qui ne vaudra plus rien d’ici quelques année et qui finira dans les brocantes. Franchement j’ai du mal à me positionner à ce sujet. Il y a des collectionneurs qui enferment leurs tableaux dans des coffres dans un but de spéculation, effectivement, mais il y a aussi de vrai passionnés qui permettent encore une fois de faire vivre les artistes qui ne se nourrissent pas, malheureusement, que d’amour de l’art et d’eau fraîche. Au sujet des réquisitions, il paraîtrait aussi que la politique de l’état en la matière n’est pas toujours très loyale ou honnête et qu’il aurait des pratiques assez douteuses pour s’approprier les chef d’oeuvres lors de successions. La fin est peut-être louable (donner accès à l’oeuvre au public) mais la fin justifie-t-elle toujours les moyens ?
Une autre solution possible serait l’achat par l’état des oeuvres d’artistes contemporains, ça existe déjà (les FRAC ou les commandes) mais il y a parfois des protestations quant aux sommes dépensées et le risque que les oeuvres soient façonnées pour correspondre au goût de ces FRAC. La question c’est aussi qui décide de ce qui est de l’art « noble » ou ce qui n’en est pas ? Dans quelle mesure la fracture totale existant avec le public (c’est lui qui paye dans le cas des FRAC...) n’est elle pas préjudiciable sur le long terme ?
Sinon on pourrait demander à l’état de verser une « rente » aux artistes à condition qu’ils donnent leurs oeuvres à l’état... Mais là encore se pose la question, sur quels critères doit on se baser pour sélectionner les heureux élus ?
« Or, que je sache, le baiser de Rindy Sam ne souille pas davantage l’oeuvre que pourrait le faire son propriétaire s’il lui prenait la lubie de faire un geste similaire, ou bien d’y mettre le feu. Mais dans la situation actuelle, inéquitable, personne ne serait en droit de demander, au nom de l’art, réparation à cet heureux possesseur, même s’il s’agissait d’une oeuvre inestimable, dont les foules seraient à jamais privées. »
En france, nous avons des lois relativement protectrices par rapport aux artistes et à leurs droits sur les oeuvres. Je ne suis pas experte en droit mais il existe un droit inaliénable, que l’on ne peut acheter, qui est le droit moral : « L’auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son oeuvre. », selon l’article L 121-1 al. 2 du CPI, le droit moral est perpétuel, imprescriptible et inaliénable (CF wikipédia). Donc il est illégal, en France, de détruire ou d’altérer une oeuvre que l’on a pas créé, même si on la possède.
Ouf ! Désolée pour ce gros pavé, mais ce sujet m’intéresse particulièrement et il est agréable de discuter avec vous.
PS : L’avatar est un petit gribouillis de mon cru. C’est pas très du grand art mais bon , contente, que vous l’aimiez !
@Walden
Merci pour votre réponse très développée. Il y a plusieurs choses très intéressantes dans ce que vous soulevez sur lesquelles je souhaiterais revenir. Lorsque je vous lis, je ne comprends pas que vous défendiez un point de vue aussi différent du mien car il me semble que nos conceptions sont en fait assez proches.
Je crois, dites moi si je me trompe, que vous défendez une position subjectiviste revendiquée. Quant à moi, j’essaye de me placer sur un plan peut-être plus général. J’aurais tendance, subjectivement à être d’accord avec vous (une toile vierge exposée, c’est un peu du foutage de gueule). Cependant j’estime que mes propres goûts ne doivent pas être érigés en critère universel de jugement artistique, et donc j’estime que, même les oeuvres que je n’aime pas ont le droit d’exister, et je défendrais ce droit, pour plusieurs raisons :
- La première et la plus évidente, c’est que je ne suis pas seule au monde, et que certaines personne peuvent apprécier ce travail, donc je ne vois pas de quel droit je me permettrais de les priver de ce plaisir, même s’il est différent du mien.
- La deuxième c’est que mes propre goûts changent, évoluent, et qu’un jour, parce que j’aurais lu tel ou tel livre, parce que j’aurais vu tel ou tel oeuvre, j’apprécierai peut-être ce monochrome. Lorsque j’étais plus jeune par exemple, je détestais le cubisme parce que je trouvais ça moche, mais lorsque j’ai compris le cheminement intellectuel qui y a avait mené, je n’ai pu m’empêcher d’admirer la beauté et l’ingéniosité de l’idée.
J’ai compris aussi qu’il y a plusieurs façon d’aimer une oeuvre d’art : l’une d’elle est instinctive, émotive, subjective et immédiate, à la première seconde on est époustouflé, cette façon d’apprécier une oeuvre est commune à tous les êtres humains. L’autre est plus lente et plus intellectuelle, elle demande une certaine connaissance et de la maturation, la meilleure comparaison que je puisse faire est celle d’un oenologue qui apprécierait les saveurs les plus subtiles d’un vin. On comprend à quoi l’oeuvre fait écho dans l’histoire de l’art et quelles problématiques elle tente de résoudre. C’est le plaisir de l’émotion ou le plaisir intellectuel, et il est fréquent que les deux cohabitent dans une même oeuvre. Aucun n’est supérieur à l’autre d’ailleurs.
Lorsque vous dites « elle apporte, quel qu’il soit, un sens à ce qui en était dépourvu, puis, je l’espère, une vie esthétique », je trouve que vous allez un peu vite en besogne. Qui vous dit que le tableau de Cy Twombly n’en avait pas ? Moi je vois mille sens possible à une toile vierge, et j’aimerais savoir ce que lui même en dit et comment il justifie son oeuvre. Je vous donne un exemple de la signification possible d’une toile blanche (que j’invente, hein, je ne connais pas le discours de Twombly, d’autant que sa toile fait partie d’un ensemble) : Permettez moi de vous citer : « L’art ne pourra jamais atteindre à la perfection de la nature car il est par essence artifice. Il prétend fixer le Beau dans une forme donnée et illusoire, alors que la pure harmonie de la nature réside en son évolution permanente. Or la peinture la plus réussie, la plus magnifique photo où la représentation filmée d’un coucher de soleil ne procurera jamais une émotion aussi vraie que la perception du phénomène lui-même. » Une toile vierge peut très bien signifer ce que vous venez de dire : l’incapacité de l’art à faire mieux que la nature, l’artiste, s’avouant vaincu, décide alors de livrer une toile vierge montrant son incapacité à dépasser la beauté du monde réel. Ce serait une jolie idée, non ?
Sinon, je voudrais revenir sur un point de détail sur lequel je ne suis pas d’accord : « Il n’en va pas de même de »l’oeuvre« d’un contemporain, surtout si elle demeure encore dans le ressort du privé. » De nombreux chef d’oeuvres classiques appartiennent encore à des collections privées. En outre une bonne partie des oeuvres des musées publics sont des legs de collections privées et nous avons des chances de voir un jour l’oeuvre de Cy Twomly au centre Pompidou qui en possède d’ailleurs une toile. De plus il existe de nombreux musées privés, créés par des collectionneurs désireux de faire partager au public leurs collection (le musée Jacquemart-André à Paris par exemple). Enfin, il ne faut pas décourager les collectionneurs privés a réaliser des expositions publiques comme ce fut le cas pour le tableau de Cy Twombly. Ce baiser va instaurer la méfiance des collectionneurs et j’ai peur qu’à cause de cet incident, certaines toiles ne sortent plus jamais du domicile de leur propriétaire qui auront peur qu’elle soient détériorés. Quel dommage, pour nous tous, qu’à cause d’un geste irréfléchi, de nombreuses oeuvres deviennent désormais inaccessibles au regard du commun des mortels.
Bonjour Walden, et bienvenu :)
J’avais décidé de ne plus réagir sur ce thread, car j’ai été insulté par l’auteur de l’article qui n’accepte aucune contradiction. Je réponds car vous vous adressez à moi et que vous le faites de façon courtoise. Pour répondre à votre question, je ne suis pas galliériste et je n’ai pas les moyens d’acheter des tableaux, même si, disons, je m’intéresse de très près au monde artistique, pas uniquement celui des musées ou des expos, et pas uniquement en tant que spectateur. En outre, même si j’en avais les moyens je n’achèterais jamais des oeuvre dans le style de Cy Twombly. Je résonne sûrement en petite bourgeoise en affirmant qu’entre artistes, comme dans toute profession, il y a un minimum de déontologie à avoir. Se faire connaître en se greffant de façon maladroite sur le succès (mérité ou pas) d’un autre artiste, sans son accord, en abîmant son travail, et en déformant son propos, c’est une pratique de sangsue. Bon ça, c’est un point de vue moral, en dehors de toute considération artistique, et je sais que beaucoup ne le partagent pas. Inversons donc les sujets : Qu’aurait-on dit si Cy Twombly, artiste reconnu, estimant que les toiles de Rindy Sam étaient des croutes, avaient recouvert un de ses tableau de peinture blanche ? Et surtout, que se serait-il passé si le tableau détérioré avait été un tableau classique ? Parce que jusqu’ici personne n’a répondu à cette question. Donc, avant d’avancer plus en profondeur, j’aimerais que vous me répondiez sur point : La Joconde, l’original, maculée de façon irrémédiable par un baiser rouge, c’est de l’art ou pas ? Vous êtes pour ou contre ?
Concernant la qualité intrinsèque de l’oeuvre : Pour vous le monochrome de Cy Twombly n’est pas de l’art et le baiser de Rindy Ram, en est. Je vous pose donc une autre question : sur quoi se base votre jugement ?
Très bel article, qui pose de bonnes questions et tente aussi d’y apporter des réponses, malgré la difficulté. Ce sujet de la frontière (artificielle ou pas ?) entre l’humain et l’animal m’intrigue beaucoup et remet en question une grande part de notre éducation. Je me souviens encore de mes cours de philosophie de terminal où le seul sujet que l’on ne pouvait contester était la spécificité de la conscience humaine. Il faudra désormais gérer une frontière beaucoup plus floue, ce qui nous amène nécessairement à nous interroger sur la notion d’humanité. D’un coté nous pouvons nous sentir relativement bouleversés par ces révélations, et d’autant plus, je suppose, s’il l’on est croyant, mais d’un autre cela nous permet aussi de nous sentir beaucoup moins seuls. Reste à réfléchir sur la portée éthique de telles découverte : ne devons-nous pas repenser notre rapport au monde animal et remettre en question notre supposée domination sur celui-ci ?
Mouarf ! C’est tout ce que vous avez à répondre ? Bonjour l’argumentation ! J’ai essayé d’être correcte avec vous mais je crois que j’ai bien saisi à qui j’ai à faire et je ne m’étonnerai plus de voir vos articles « moinsés » comme ce fut la cas auparavant. Vous publiez un article en refusant toute contradiction, maintenant je comprends bien pourquoi vous vous situez du coté des vandales et des destructeurs d’oeuvres d’art. Argumentation = 0 Vous êtes de ces gens pour qui toute subversion imbécile est artistique ! Mon dieu ce point de vue est dépassé depuis des lustres, la subversion auveugle, le nihilisme, l’anarchisme, c’est fait et archi-fait, c’est d’une banalité affligeante au 21e siècle ! Et c’est moi que vous traitez de petite bourgeoise ! Ne me faites pas rire ! Vous avez un siècle de retard... Je vous laisse à vos élucubration vaseuses et ne prendrais désormais plus la peine de vous répondre, avec certaines personnes complètement bouchées et trop bouffies d’orgueil la discussion est impossible.
Désolée mais je ne vois vraiment pas à quel moment vous déconstruisez mon raisonnement. Vous ne répondez pas aux questions que je vous pose et votre opinion me semble entièrement basée sur la subjectivité. J’ai entendu cette jeune femme tenter de se justifier devant les cameras et il n’y a rien d’artistique dans sa démarche, juste une grande candeur et/ou un égo surdimensionné. Apparement elle peint, qu’elle détruise donc ses propres oeuvres, pas celles des autres ! Mais bon c’est sûre qu’avec ce coup de pub, elle a des chances de vendre ses toiles très cher maintenant, n’était-ce pas cela son but ? Et que dirait-elle si on lui faisait la même chose ?
Demian, il me semble que dans votre message vous admettez implicitement que son acte est un acte de vandalisme. Je sais bien que les oeuvres de Versailles font tous les jours l’objet d’actes de vandalisme, mais moi je ne ne les approuve pas ! On ne devrait pas laisser des abrutis detruire impunément notre patrimoine commun par des actions lâches et égoïstes. Moi, ça m’attriste de ne voir la joconde que sous une vitre blindée, mais tant que ce genre d’individus se permettront tout et n’importe quoi, la confiance ne pourra jamais règner dans les musées. Personnellement je suis pour imposer des amendes aux vandales, malheureusement, faute de personnels et de moyens, rares sont ceux qui se font attraper. Il ne faut pas considérer cette dame comme un bouc émissaire et la faire payer pour tous les autres, certes, mais j’espère que cet incident pourra au moins faire réfléchir les aspirants-vandales. Mais bon, apparement c’est peine perdu.
J’ai une question : cautionnez-vous tous les vandales ou juste le cas particulier de Rindy Sam ?
Je réagis à votre deuxième commentaire.
Comme je l’ai dit je pense que ce qu’a fait cette dame est un erreur et qu’une peine symbolique serait adaptée. Bien sûre que non je ne veux pas lui faire payer deux millions d’euros ! Le problème c’est que s’il n’y a pas de peine, elle va faire des émules et n’importe quelle visiteur lambda va trouver amusant ou « artistique » de "mettre sa marque. Qui de coller un chewing-gum sur des statue romaines, qui de griffoner son prenom ou de charmants petits coeurs sur des tableaux de la renaissance italienne, qui d’uriner sur un Delacroix... Si cela arrive, vous trouverez ça « artistique » aussi ?
Je vous cite : « Un artiste a tous les droits, et je vous merde. »
« Tous » ça veux bien dire « tous » pour vous ou ai-je besoin d’un dictionnaire spécial pour décoder vos message ? A moins que toute la subtilité et les nuances de votre commentaire ne se trouve dans le « je vous merde » final ?
Vous vous contredisez et refusez d’admettre que vous êtes de parti-prix : vous ne donnez pas les mêmes « droits » à Cy twombly et à Rindy Sam.
Désolée Demian mais je ne vois pas pourquoi vous vous montrez insultant, nous ne sommes pas d’accord mais je pense que nous pouvons parler de façon civilisée non ? Il m’a semblé avoir toujours été correcte avec vous je ne vois pas pourquoi vous ne le seriez pas avec moi. Fin de la parenthèse.
Très bien, un artiste a tout les droits :
Hypothèse : je suis une artiste, demain je vais décider de faire bruler le Louvre, qu’en pensez-vous ? Après demain, je décide de tuer des gens parceque je trouve ça « beau », qu’en pensez-vous ?
Tiens et pendant qu’on y est pourquoi ne pas dire que Ben Laden est un artiste ? Si l’art justifie tout, tous les criminels pourront se justifier en se prétendant « artiste ». D’ailleurs qui n’a pas une fibre artistique ? Dans ce cas tout le monde est artiste donc tout le monde peut faire ce qu’il veut.
En outre que faites vous du « droit » de Cy twombly ? Un artiste a tous les droits, dans ce cas Cy Twombly, qui est un artiste a aussi le « droit » de conserver son oeuvre et son propos intacte. Je ne vois pas pourquoi ça marcherait dans un sens et pas dans un autre.
J’ai déjà vu quelques travaux de Twombly mais pas la toile en question. Avec les monochromes il faut se méfier car il y a parfois beaucoup plus de travail qu’on ne peut le croire au premier abord. Si ce monochrome est peint il peut y avoir des effets de matières, des creux des crevasse etc. qui seraient difficilement reproductibles. Si c’est juste une toile sans peinture, il est tout de même possible qu’elle ai subit des traitements spécifiques, des patines, ou que la toile soit filée de façon particulière. En outre j’ai cru comprendre que ces toiles ont une treintaine d’années et il y a déjà la patine du temps qui différenciera la copie de l’original, surtout dans un ensemble. Mais à la limite c’est pas ça le problème. Je suis surprise de constater un tel manque d’ouverture sur ce forum. Vous m’aimez ce que fait cet artiste, soit, c’est votre droit, mais c’est pas parceque l’on n’aime pas que l’on doit approuver la destruction volontaire d’une oeuvre ! Les nazis ont fermé l’école du Bauhaus, ont brulé des toiles d’avant-garde (Otto Dix par exemple) sous prétexte qu’ils ne les comprenaient pas et estimaient donc qu’elles étaient « dégénérées ». Les constructivistes russes ont été privé de musée par Staline qui leur préfèrait un « réalisme socialiste » compréhensible par tous. Et que dire des boudhas détruits par les talibans ? J’ai l’impression que lorsque l’on ne comprend pas, on s’ennerve et on a envie de détruire parceque l’existence même de l’oeuvre est génante, insupportable car remettant en cause notre propre intelligence. C’est facile de dire « c’est de la merde ! » mais avez vous au moins fait l’effort d’essayer de comprendre son travail ?
Je ne dit pas que l’acte de cette dame est au même niveau d’horreur que les degradations précitées parceque je crois qu’elle a fait ça sans réfléchir. Mais c’est très important qu’il y ait au moins une punition symbolique. Sinon c’est la porte ouverte à tout, et un jour ce genre de dégradation « artistique » amateur touchera aussi un artiste que vous aimez.
Que l’on aime ou pas Cy Twombly, je trouve bizarre que l’on puisse trouver amusant la destruction d’un oeuvre d’art quelle qu’elle soit. Pour moi, ce genre de réaction est encore plus choquant que le geste égoïste de Rindy Sam.
@ Brif : Si vous recopier le texte d’un livre ecrit par Victor Hugo, que vous l’imprimer et que que vous le relier vous-même, au point que le resultat soit identique à l’édition que vous possédez, celà vous vous met-il au même niveau que l’auteur ? Ce n’est pas parceque c’est facile à copier que ça ne vaut rien. Dans ce cas un artiste comme Camille Corot, dont le style est facilement imitable, serait un gros nul.
@ Internaute : Punaise, je pensais pas qu’un jour on me prendrait à défendre l’art contemporain que je n’apprécie que très moyennement et Cy trombly encore moins. Bon alors, il fut un temps où je pensais comme vous, que les artistes contemporains étaient tous des escrocs et que c’était du foutage de gueule. Seulement voilà, l’art c’est un langage. Chez les ecrivains certains utilisent des mots complexes et de longues phrases et d’autres se contentent de quelques mots uniques ou de ponctuations choisies pour leur simplicité ou leur résonnance. Une toile blanche ça peut « résonner » autant qu’un tableau très fouillé, ça peut avoir un sens aussi. Le « vide » des peintures chinoises est aussi beau, si ce n’est plus, que le plein. Il y a des artistes que je détestais avant de découvrir que leur démarche s’incrivait dans une histoire plus grande générale ou personnelle qu’il fallait connaître pour comprendre leur travail et l’apprécier. La beauté peut être la beauté physique d’une oeuvre, le plaisir qu’elle apporte à l’oeil du spectateur, mais elle peut aussi être la beauté d’une idée. Il y a des livres qu’on ne comprend pas immédiatement à la première lecture, qui peuvent demander une analyse, une recherche avant de dévoiler leur grandeur, je pense que c’est la même chose avec certaines oeuvres d’art (pas seulement contemporaines d’ailleurs !).
Personnellement, je suis pour une plus grande proximité avec le public, et je pense que l’art ne devrait pas uniquement s’adresser aux experts, aux critiques et aux collectionneurs, je regrette la « coupure » actuelle. Moi aussi je préfère le figuratif à l’abstrait, Klimt à Cy twombly, mais c’est juste mon goût, mon point de vue, et j’estime que d’autres visions peuvent et doivent aussi pouvoir exister.
Nobody knows : Le problème c’est aussi que ce tableau fait partie intégrante d’une série de plusieurs toiles. En outre si on se contente de résumer un tableau aux matériaux qui le compose, je peux aussi te rétorquer que les tableaux de Rembrandt c’est juste de la toile et de la peinture... et que si un de ses tableaux est abîmé, c’est pas grave, un copiste un peu habile pourra en refaire un tout pareil.
Bonjour Demian,
J’ai lu votre article et le précédent que vous aviez publié sur la même affaire. Je trouve votre point de vue intéressant, cependant je ne partage pas votre position. Il me semble que vous prêtez à cette dame des intentions qui n’étaient sans doute pas les siennes. En outre, en dehors de toute considération artistique, cette destruction volontaire de l’oeuvre d’autrui me semble vraiment limite d’un point de vue tout simplement moral. Certes, un type comme Duchamp avait posé une moustache sur la Joconde mais il ne l’a pas fait sur l’original, en l’abîmant de façon irrémédiable. Je crois que la moindre des choses, entre artistes, c’est d’accorder un minimum de respect au travail de ses confrères (ce qui n’empêche pas la critique bien entendu). De tous les artistes que tu cites je ne pense pas qu’aucun ai volontairement détruit l’oeuvre d’un autre. Les artistes ayant détruit leurs propres oeuvres, pour divers raison, sont en revanche légion. Ceux qui détruisent les oeuvre des autres ce sont plutôt les régimes autoritaires fascisant, car c’est un moyen de dire « je n’aime pas ce que tu dis donc je te fais taire ». L’oeuvre de Cy Twombly avait sûrement un propos, un signification et d’un geste autoritaire et irréparable, cette dame lui impose un autre message, là c’est donc « j’aime ce que tu fais mais je fais le choix de te faire dire autre chose ». C’est un baiser mais je le trouve très violent !
En outre, si l’on tient vraiment à considérer ce qu’elle a fait comme un geste artistique, embrasser quelque chose avec un rouge à lèvre est le procédé le plus basique que ferait n’importe quelle lycéenne... Pour moi ce geste a autant de valeur que les touristes qui se photographient devant la Victoire de Samothrace. Cela part de la volonté, relevée d’un pointe de jalousie ou d’envie, de prendre part à l’oeuvre d’un autre et de s’associer ainsi à moindre frais à son succès. Bref je ne trouve rien de « grand » à ce geste. A la limite je trouve même ça un peu triste. Un autre point que je voudrais aborder c’est la différence de traitement ent entre l’art contemporain et l’art classique. Honnètement je n’apprécie pas du tout le travail de Cy Twombly mais je respecte ce qu’il fait. Cependant, j’ai l’impression que beaucoup de gens sont heureux de cette destruction , comme si on avait donné une « bonne leçon » à cet « art dégénéré » que serait l’art contemporain, et je suis sûre que ce sont les même qui se désolent devant la destruction du « Pont d’argenteuil »de Monet. Cependant , le travail de Monet et des impressionnistes, aujourd’hui au goût de tous était aussi considéré comme du sous-art à son époque parcequ’il n’était pas compris. Je suis sûre que si c’était la Joconde ou la Venus que Botticelli qui avaient ainsi été ainsi détériorées, personne ne s’en serait réjouit et tout le monde aurait hurlé au scandale... Pourquoi, lorsqu’il s’agit d’art contemporain, se contente-t-on de petits sourires moqueurs et ironiques, comme si un justicier avaient enfin fait ce que tous approuvent en silence ?
@Demian west
Merci pour votre réponse. Si j’ai bien compris votre point de vue, je crois qu’il est à la base très différent du mien. De mon coté, même si j’apprécie Platon pour d’autres facettes de sa philosophie, je n’ai jamais adhéré à son « monde des idées ». Je ne crois pas en une beauté unique, idéale. Je préfère la beauté de la diversité dans notre monde imparfait. Pour moi les idées naissent du monde réel et non l’inverse. Et un objet peut faire sens en lui même, sans avoir besoin de discours accompagnateur. En revanche, je trouve intéressant qu’un artiste puisse expliquer sa démarche, comme vous le mentionnez, pour proposer, enrichir, mais ce qui me déplaît c’est que l’artiste veuille absolument imposer tyranniquement un sens unique à l’oeuvre, alors que pour moi sa richesse réside aussi dans les multiples interprétations qui peuvent en être faites. C’est sans doute très contestable comme point de vue, mais j’estime qu’une fois livrée au public, l’oeuvre n’appartient plus totalement à l’artiste. Puisque nous parlons de la Joconde, ce qui fait son intérêt c’est aussi les multiples façons dont le spectateur lambda peut interpréter l’expression de son visage. Ce qui est bien sûre très différent de la démarche de l’historien qui lui tentera à juste titre de comprendre les véritables intentions de l’auteur.
Merci pour cet article demian. Si je puis me permettre de m’incruster dans la conversation... j’aimerais revenir sur la notion d’idée et de concept dans l’art que tu as abordé dans ta réponse. Il se trouve que c’est un sujet qui m’intrigue et sur lequel je n’arrive à me forger un opinion définitive.
Voilà, j’ai connu pas mal d’artistes, j’ai visité beaucoup d’expo et je me demande si l’art n’est pas en train de se perdre lui même. Je m’explique : plus ça va, plus le discours autour de l’oeuvre prend de l’importance dans l’art contemporain à tel point que l’on se demande si finalement le discours n’est pas la véritable oeuvre d’art. Cela pose pour moi plusieurs problèmes : tout d’abord, si le discours est la véritable oeuvre, a-t-on encore besoin de l’oeuvre-objet, celle qui est exposée ? Le discours seul ne suffirait-il pas ? Et si l’on prolonge encore : si le but est uniquement de communiquer une idée, l’art visuel est-il le médium le plus adapté ? Un essai philosophique ne serait-il pas le support idéal ?
Ensuite, l’oeuvre est-elle entièrement explicable et analysable, n’est-ce pas finalement tuer sa véritable essence de la convertir en mots ? Ce qui fait la particularité des arts visuels, n’est-ce pas justement que c’est une façon de communiquer différente de celle des mots ? N’est-ce pas étouffer toute la singularité de l’art de le réduire au discours parlé (ou écrit). La spécificité de l’art,pour moi, c’est que c’est justement un langage différent, polysémique, qui, en contact direct avec le spectateur, utilise l’ineffable, l’immédiat, le subjectif. Est-il raisonnable de poser un intermédiaire pour « traduire » cela en langage commun, imposer un sens unique et brider l’interprétation personnelle du spectateur : est-ce qu’on ne perd pas à cet instant toute ce qui fait l’originalité de l’art visuel ?
En outre, il me semble que la particularité de l’art tient aussi en ce qu’il est à mi-chemin entre la pensée et la matière, une oeuvre d’art n’est elle pas une pensée, une intention, transformée en matière ? L’interaction perpétuel entre le fond et la forme, chacun transformant l’autre. Or, toute cette part matérielle n’est -elle pas en train d’être délaissée, oubliée, alors qu’elle fait sens elle aussi, mais pas forcément un sens pouvant se réduire à des mots ?
Vu que tu m’as l’air de bien t’y connaître en art, j’aurais avoir ton avis ou tes explications là-dessus.
Merci beaucoup pour ces explications détaillées. Je crois que comprends mieux : l’expressionnisme abstrait aurait peu à peu dévié de son but originel pour devenir un art plus conceptuel, Jakson Pollock aurait continuer à suivre la théorie de base (expressionnisme, art gestuel), contrairement aux autres qui ont progressivement privilégié la réflexion.
Je n’ai pas souvent l’occasion de discuter avec des spécialistes de l’histoire de l’art et c’est avec grand plaisir que je vous lis. J’espère que vos prochains articles recevront un meilleur accueil.
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