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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Ce que les médias font à la langue (française)

Ce que les médias font à la langue (française)

 

Les évolutions de la langue sont, depuis 50 ans disons, contraintes par la parole publique qui est émise dans les médias de masse : radio, télévision, puis web. A Alain Rey.

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C’est une condition « nouvelle » qui n'est jamais prise en compte quand on s'intéresse aux mouvements de la langue ; je mets le mot nouvelle entre parenthèses parce que cette nouveauté date du siècle dernier, mais comme personne n'en parle, mes lecteurs vont la penser nouvelle au sens d’inédite, alors qu’elle est nouvelle parce qu’ignorée, bien qu’ancienne : Les médias de masse (radio, télé, Web, par ordre d'apparition) commandent la langue, son emploi, son évolution avec une force supérieure à toute autre (il faudrait voir peut-être avec la banlieue qui semble très créative et puissante en matière de création langagière). Si la langue appartient toujours à tout le monde, la capacité de chacun pour créer de la langue est très diminuée par des modes de diffusion dont la puissance est incomparable avec un individu ou un groupe.

La vitesse d’évolution en est considérablement changée aussi. Michel Serres faisait remarquer que, depuis quatre siècles, entre chaque édition du dictionnaire de l’Académie française, le gradient entre les mots qui tombent et les nouveaux s’élève à 4 000 mots et qu’entre l’avant-dernier et le dernier dictionnaire, le gradient est de 37 000 mots. Les choses changent, les métiers changent… et la vitesse de circulation des mots passe par nos techniques proches de la toute-puissance : tout le monde peut recevoir un message tout de suite, venant de partout.

Dans ce contexte, deux évolutions me paraissent dommageables :

1/ Les voyelles fermées et ouvertes. Il s’agit du « o », surtout : Il y a ou il y avait donc deux « o », un fermé et un « o » ouvert qui tend à se substituer aux « o » fermés. L’orthographe ne permet pas de les distinguer. « Au », « eau » et « ô » sont fermés, c’est la seule règle (quelques exceptions, Paul, par exemple). Le « o » est fermé ou ouvert, sans que rien ne l’indique : un drone se prononce comme trône, en principe. Il est difficile de faire ressentir par écrit ces deux « o » qui n’obéissent pas à des lois très précises, surtout si vous êtes déjà entré dans la suppression du « o » fermé. Automne, aurore, contiennent les deux « o », si cela peut aider à sentir la différence. Un tuto, (FLE, Français Langue Étrangère) :

La force des médias qui ouvrent les « o » est telle que certaines personnes ne l’entendent pas, ou ne l’entendent plus. Elles l’entendent assez pour le faire et se conformer à l’usage du jour, ce qu’on appelle la mode. Elles ne l’entendent pas assez pour exercer un contrôle ou une réparation. En général, elles ne voient pas de dommage. Je dirai plus loin le dommage. Le même problème se pose sur les deux « eu » : heure, fleur… « eu » ouvert et heureux deux « eu » fermés. Jeune (ouvert) et vieux (fermé) (ça tombe bien cela correspond aux clichés), et aussi, pour le « a » : ma tâche est d’enlever cette tache.

La question est analogique à la diversité biologique. Le français a trente-six sons. S’il perd trois sons fermés, il lui en reste trente-trois. S’il n’y a plus que des « o » et des « eu » ouverts, ces deux sons vont continuer de glisser et vont devenir des « e ». Il restera trente et un sons. C’est perdre des outils. Nous devrions aimer nos outils, les protéger, les garder, les nettoyer, les faire fonctionner, les enrichir… en prendre soin. Pour tous ceux qui pensent que c’est peu de choses, on peut leur dire que ça ne peut pas faire de mal d’avoir 36 sons plutôt que 31.

2/ L'Anglais dans le français : on entend "click and collect" sur France Inter. La chose est nouvelle, ou en tout cas son usage est fortement augmenté, liée au confinement. Le français ne se construit pas beaucoup par ces appositions de mots. C'est un premier problème. Cela revient à un mot composé. On peut remarquer que ce mot composé en français donne "clique-collecte". L'anglais n'apporte rien. C'est vraiment comme si l’anglais était mieux, par principe. En français, on peut dire : « commande en ligne » qui suggère actuellement la livraison à domicile, ou vente à emporter, qui suggère la commande in situ, commande en ligne à emporter... On peut inventer.

 

Une langue qui ne sait pas créer des mots nouveaux pour des choses nouvelles va vers sa mort, par substitution, par recouvrements successifs. Elle va se faire envahir, se faire étouffer, noyée par d'autres langues qui ont ces mots nouveaux pour ces choses nouvelles, par l'anglais, en ce qui nous concerne... Certains, les jeunes surtout, mettent des mots anglais à la place des mots français : « il fait partie de la team ; il a la belle life ». C’est juste incroyable de se laisser dominer ainsi avec passion et fierté. Je ne parle pas de la difficulté à apprendre à lire et à écrire puisque de nouvelles écritures entrent ainsi dans le français comme « ea » qui se prononce « i », alors que le son « i » était écrit d’une seule façon ! De plus, notre langue perd des vocables.

 

Je ne comprends pas que France Inter n'aie pas dans sa pratique et dans son cahier des charges un souci de conserver la langue, non que la conservation soit un idéal, mais qu'une radio de service publique pourrait modérer certaines évolutions appauvrissantes, et que ce serait selon moi un des intérêts de l'État pour avoir des radios. Il me semble que l'Éducation nationale, la radio, la télé nationales... la SNCF (qui donne des smiles aux voyageurs)… devraient prendre en charge la création et la diffusion de créations linguistiques françaises et ne devraient pas propager les emprunts.

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39 réactions à cet article    


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 2 novembre 2020 12:54

    Il faut quand même liker France Inter parce que, là au moins, la life est rigolote.


    • YvesD. 3 novembre 2020 09:43

      @Pierre Régnier

      La life est fun, s’il vous plait !


    • binary 2 novembre 2020 13:40

      Ce qui est remarquable, c est qu’au paradis de l impôt sur tout, personne n a pensé créer un impôt « respect de la langue ». Un petit million pour chaque barbarisme présent dans les documents à destination du publics, comme les médias, les publicités, et bien sûr les messages des services publics. Payable directement par pompage sur le compte en banque de la source.


      • Pierre Régnier Pierre Régnier 2 novembre 2020 13:59

        @binary

        N’exagérons pas. Ce nouvel impôt rapporterait beaucoup plus que le nécessaire pour éponger la dette !





            • babelouest babelouest 2 novembre 2020 16:42

              Il est certain que par défaut de prononciation mélanger la cotte de mailles et la Côte du Mail peut tromper quand on est à vélo... ou prétendre que le pois se caille alors qu’on parle de poissecaille ne fait pas le même effet dans l’assiette.

              Il y a aussi des différences de prononciation pour la moelle : j’entends de plus en plus souvent parler de mo-elle, alors que par ici il s’agit de de moâlle. J’ai aussi entendu des personnes de la région parisienne parler de pââille, alors qu’avec un « a » très ouvert ici on dit paille. Ici aussi, alors qu’il s’agit toujours d’eau, on va parler d’évailles (pour les inondations normales et périodiques, de l’égail (la rosée) et de l’êve (l’eau) que l’on verse dans l’évier. Allo, allo, quand la cruche s’en va à l’eau, le téléphone pleure ! Tous ces sons : l’été et le geai, en voilà déjà quatre. Imaginez la simplification : le petit poucet était seul près de la meule.....


              • zoreol il faudrait 2 novembre 2020 17:25

                personnellement, je suis particulièrement agaçé par deux erreurs de prononciation :

                la gageure se prononce « gajûre », substantif dérivé du verbe « gager », et arguer se prononce « argüer » (comme « tuer » et non pas « ar g er » avec le « g » de gare, et se conjugue comme « tuer » ; arguer, c’est avancer un argument pour démontrer quelque chose, le « u » doit donc être entendu.

                Dans d’autres cas, on peut discuter, doit-on dire « ajinda » ou « ajanda » pour un agenda ? Pour moi « ajinda » est préférable comme dérivé du gérondif latin du verbe « ago, actum », agir. Par contre, tout le monde dit « mantor » pour « mentor », mot qui vient du nom grec μέντωρ, précepteur de Télémaque, fils de Ulysse, un collègue prof de français me disait que, au final, c’est l’usage qui fait loi. 


                • Fergus Fergus 2 novembre 2020 17:43

                  Bonjour, il faudrait

                  « au final, c’est l’usage qui fait loi »

                  En effet ! Et c’est ainsi que la langue évolue depuis des siècles, la faute de prononciation d’hier  mais cela vaut également pour la faute d’orthographe à l’écrit  étant appelée à devenir la prononciation officielle demain.

                  Certes, l’on peut avoir les oreilles agacées en entendant certains mots prononcés d’une manière peu académique, mais peut-être est-ce une réaction d’arrière-garde. Sans doute même... 


                • Orélien Péréol Orélien Péréol 2 novembre 2020 18:17

                  @il faudrait
                  Je ne parle pas de mots rares, je parle de prononciations fréquentes. Je dis deux choses :
                  l’usage est contraint de nos jours par une oligarchie médiatique (je ne mets aucun jugement dans le mot oligarchie, je constate que ceux qui ont la parole publique influencent fortement tout le monde, depuis que les médias existent et se multiplient, depuis peu donc)
                  Les modifications de l’usage percolées par le personnel de ces médias détruisent des sons, diminuent la capacité de variation, ce qui n’est pas favorable ni à la puissance de la langue, ni à sa beauté, ni à sa capacité d’invention.
                  On a créé des mots composés « gestes-barrière », « cas-contact »... On devrait le faire pour tout. Voyez l’invention des noms de médicaments dont le nombre augmente énormément et nos CDI, CDD, DVD, TGV, SUV, SMS... (ces deux derniers acronymes étant fondés sur des mots anglais. Pour ma part et pour le dernier, je dis texto)

                  Certes, c’est l’usage qui fait loi. Cet usage est largement capté par des modes de diffusion du langage extrêmement puissant, et d’autre part, comme certains coups de pieds, des sons se perdent.


                • Orélien Péréol Orélien Péréol 2 novembre 2020 18:34

                  @Fergus
                  Nulle part, je n’ai parlé de faute de prononciation (nulle part je n’ai parlé de faute).
                  J’avais écrit sur Ali Rebeihi :

                  « D’abord, Ali Rebeihi défend la conservation de la langue écrite, mais pas la prononciation. Il a tendance à ouvrir les « o » et les « eu », ce qui produit à un certain moment de l’émission un effet comique involontaire. (...) » :

                  Il avait sorti cette phrase abominable « je vais me faire un petit jeune » (« eu » ouvert) et « je vais me faire un petit jeûne » (« eu » fermé) pour valider la nécessité de l’accent circonflexe. Sauf que comme il ouvre les « eu » il a prononcé deux fois la même chose et a différencié les deux significations en spécifiant oralement l’écriture.


                  Je viens de relire mon article, et j’y dis la même chose (« o » fermé)

                  http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nul-en-orthographe-euh-189592



                • Orélien Péréol Orélien Péréol 2 novembre 2020 18:37

                  @Fergus
                  Je parle de pertes. Je ne suis pas contre l’évolution.


                • Fergus Fergus 2 novembre 2020 19:44

                  Bonsoir, Orélien Péréol

                  Il va de soi que je ne réagissais pas à votre excellent article dont j’ai apprécié la lecture, mais au commentaire d’Il faudrait.

                  Une petite remarque cependant : vous parlez de CDI, CDD, DVD, TGV, SUV, SMS comme étant des « acronymes ». Or, seul SUV en est un car prononçable comme un mot, au même titre que Gafam ou Ircam. Les autres sont des sigles.

                  Bien à vous.


                • Orélien Péréol Orélien Péréol 2 novembre 2020 21:05

                  @Fergus
                  Bonsoir Fergus, excusez mon inattention quant à votre remarque.
                  Sur acronyme, je ne pratique pas la même définition de ce mot. Un acronyme pour moi est un sigle qui représente une chose, une idée, une catégorie de choses... et prend la place d’un mot. Un sigle est univoque (SNCF, ENA, EHESS) et désigne fréquemment, de ce fait une entreprise, une administration...
                  Je suis allé voir que les dictionnaires voyaient les acronymes comme vous.
                  Mais, c’est l’usage qui prévaut. Il y a un conflit d’usages. Nous règlerons cela au pré.
                  Bien à vous


                • babelouest babelouest 3 novembre 2020 08:02

                  @Fergus pour SUV ( que je déteste ces voitures :) je le prononce toujours S.U.V.

                  (pour ’spèce d’univers vorace), je n’aime pas les voitures hautes en-dehors de la légendaire LAND ROVER d’autrefois, qui était tout simplement un outil de travail.


                • Fergus Fergus 3 novembre 2020 09:08

                  Bonjour, Orélien Péréol

                  « Nous règlerons cela au pré »
                   smiley


                • Fergus Fergus 3 novembre 2020 09:13

                  Bonjour, babelouest

                  Je déteste également les S.U.V.  que je prononce comme vous —, moins pour ce qu’ils sont dans la mesure où ils remplissent parfois leurs fonctions, notamment dans les versions 4x4, que lorsqu’ils sont utilisés par des gens qui n’en ont pas l’usage dédié.

                  « la légendaire LAND ROVER d’autrefois, qui était tout simplement un outil de travail »
                  Tout comme, en plus rustique et nettement moins cher, le 4x4 Lada qui fut durant des années très utilisé dans les terroirs montagneux.


                • Pierre Régnier Pierre Régnier 3 novembre 2020 09:34

                  @Fergus et @Orélien Péréol

                  Je pense qu’il faut fermement refuser que ce soit l’usage qui fasse la loi.

                  On voit bien actuellement que, dans certains domaines, cet usage conduit à une véritable crétinisation ou, pire encore, à une criminalité d’un type nouveau.


                • Aristide Aristide 3 novembre 2020 10:42

                  @Pierre Régnier

                  refuser que ce soit l’usage qui fasse la loi

                  Si vous voulez dire que le seul usage n’est pas la loi, je vous suis entièrement. Par contre il me semble assez incontestable que c’est l’usage qui fait qu’un mot reste dans la langue et en devient donc la « loi ».


                • Pierre Régnier Pierre Régnier 3 novembre 2020 14:42

                  @Aristide

                  Oui mais c’est très grave.

                  Aujourd’hui, après une génération de laxisme et d’arrivisme chez les responsables de ce qui reste de radios et télés publiques - qui ne sont plus de service public - ce sont les intérêts privés qui font l’usage qui devient la “loi“.

                  C’est de plus en plus souvent le cas, aussi, dans l’Éducation Nationale, qui elle-même n’est plus vraiment considérée comme un service public.


                • Français du futur Français du futur 3 novembre 2020 03:23

                  You are a bit late... We are an euro-american english speaking country now...

                  McDonald is our food and Hollywood our hobby...


                  • Aristide Aristide 3 novembre 2020 09:02

                    Sur votre premier point, cette question de la prononciation est à mon sens assez secondaire tellement elle est intimement liée à l’origine géographique du locuteur.

                    On pourrait disserter sur les « accents » qui font tout de même le charme de notre langue, est-ce qu’il existe vraiment une prononciation unique ? Nos amis québécois, les marseillais, savoyards, occitans et autres savent combien est moqué leur prononciation, au point même que pour « faire sérieux » il faut abandonner cette particularité. Je me souviens de cette histoire de « roses » de Francis Cabrel. Cet originaire des environs d’Agen le prononçait à la mode locale, il racontait comment il a passé des heures en studio pour corriger sa prononciation des « millions de roooses ». 

                    Sur votre second point, l’anglais dans le français, les emprunts ne se font pas que dans un sens, je ne suis pas sûr que notre langue ne soit pas plus contaminante que l’anglais. L’utilisation de l’anglais dans le langage courant est lié aux médias, publicités, films,artistes, techniques ... Qui peut nier la domination de l’anglais dans ce domaine. C’est à mon sens l’écume du phénomène, les mots passent avec les modes qui les soutiennent, restent seuls ceux qui portent vraiment un sens. Un exemple, en informatique le software et le hardware était les seuls mots utilisés dans les années 70. Depuis le logiciel et le matériel a su les remplacer, plus personne n’utilise ces mots anglais.

                    Alors oui, si on se contente de la photo de notre époque, on peut craindre quelques désagréments pour le futur de notre langue. Mais à y voir de plus près, il me semble que c’est tout de même un signal qu’il faut saisir. La langue est le reflet de notre capacité à agir dans le présent, si par exemple l’informatique, les médias, ... regorgent de mots directement ou indirectement anglais, il nous appartient de réagir et de ne pas rester bloqué sur ce passé glorieux où le français était la langue de communication internationale. 


                    • Fergus Fergus 3 novembre 2020 09:18

                      Bonjour, Aristide

                      Je partage très largement le contenu de votre commentaire, tant sur les prononciations que sur les interpénétrations de mots étrangers dans les langues.
                      D’accord également avec votre conclusion.


                    • Aristide Aristide 3 novembre 2020 10:32

                      @Fergus

                      Comme moi, vous devez apprécier ce seul jugement qui n’a manqué d’apparaître sous la forme d’une étoile.

                      Surement une personne qui manque de capacité d’expression pour expliciter sa réaction à notre message. Le povre .... avec un O ouvert ou fermé je ne sais pas. 


                    • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 novembre 2020 11:22

                      @Aristide
                      On ne confond pas les accents régionaux avec une évolution de la langue et l’ouverture des « o » telle qu’elle se pratique actuellement ne doit rien aux accents méridionaux qui ouvrent les « o » depuis longtemps.
                      Avant d’écrire, on parle et la prononciation est plus importante que l’orthographe pour la vie en bonne santé d’une langue.
                      C’est ce que j’ai reproché à Ali Rebeihi : d’avoir fait plusieurs émissions sur l’orthographe, de défendre l’accent circonflexe à l’écrit et de ne pas savoir qu’on le prononce et forcément de ne pas savoir comment on le prononce. La question que je pose étant : « comment se fait-il que les Français ont autant d’amour (d’attachement) pour l’orthographe et si peu pour tant d’autres aspects de la langue. Le summum de cette incohérence étant atteint par ce qui s’appelle »l’écriture inclusive" 
                      https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-e-qui-ferait-voir-les-femmes-197820#commentaires


                    • YvesD. 3 novembre 2020 09:52

                      J’aime toujours les articles sur la langue française. Effectivement elle peut se trouver parfois  souvent  malmenée... On peut aussi la trouver trop envahie par l’anglais alors qu’en réalité, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Environ 60% des mots anglais ont pour origine le  certes vieux  français.

                      Ce qui me dérange le plus ce n’est donc pas l’invasion du franglais car on peut le traduire. Le click and collect peut facilement devenir le « clique et collecte ». Nos amis canadiens sont très bons pour remplacer le franglais par du français (magasinage pour shopping, perçage pour piercing, service au volant pour drive in, divulgacher pour spoiler, etc.), même s’ils continuent parfois à utiliser couramment de l’anglais en français (ex. le clutch pour parler de l’embrayage)...

                      Ce qui me dérange le plus, ce sont les fautes de syntaxe, car celles-ci déstructurent la langue et donc déstructurent pour moi en tous cas, la pensée. Comme le disait le groupe rock « no one is innocent » (groupe français soit dit au passage) dans une de ses chansons : la pensée est en berne quand le discours reste flou. Nous avons eu en France un spécialiste très connu des fautes syntaxiques, l’inénarrable N. Sarkozy...

                      Merci pour votre papier donc !


                      • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 novembre 2020 10:32

                        @YvesD.
                        Je ne dis pas comment je trouve la langue française, si je la trouve malmenée ou non.
                        Je dis que son évolution (comme sûrement l’évolution de la plupart des langues du monde) a changé de moteur, que le moteur est dans un petit nombre de personnes qui nous parlent beaucoup, que ce petit nombre n’a pas conscience de ce rôle qu’il a pris dans nos vies, que sur le service public, ils pourraient avoir conscience de ce rôle, on peut le leur demander, en tout cas...

                        Après, le style indirect a disparu, les conjugaisons ont quasiment disparues, on parle au présent de l’indicatif... Il y a bien d’autres pertes.

                        Quant à l’anglais dans le français, je ne me soucie pas d’envahissement, je parle de la valeur qu’on ne donne plus à la langue française. Je parle de cette perte là. Mettre un mot anglais à la place exacte d’un mot français parait prestigieux, c’est mieux, en tout cas.

                        Je parle de pertes, en fait. Du contenu qui fuit, la langue française est une ressource qui fuit. Je ne fais pas que déplorer, je dis aussi que, vu le rôle des médias dans ces pertes, il est possible que les mêmes médias engagent des réparations, au moins la cessation de ces pertes.


                      • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 novembre 2020 10:38

                        @YvesD.
                        En fait, pour préciser, parce que j’ai l’esprit d’escalier... Je ne me soucie pas d’une pureté de la langue, je ne dis pas que le bon français existait avant et qu’il faut le conserver, je vois des évolutions qui diminuent fortement la puissance narrative, analytique, poétique et vernaculaire de la langue française. Je vois aussi comment y remédier. Il faut que je veille à m’exprimer très bien, afin de ne pas être rangé avec les pleureuses.


                      • jef88 jef88 3 novembre 2020 12:16

                        RIGOLADE .....

                        L’évolution des prononciations n’est pas nouvelle !

                        Vers 1880 l’académie Stanislas, de Nancy a relevé environ 180 variantes de patois lorrain ...

                        Ce qui changeait entre les variantes ce n’était pas les mots mais leur prononciation ...

                        EXEMPLE :

                        Des femmes qui bavardaient (souvent près de la fontaine) faisaient, suivant a vallée vosgienne, le couaroil, le couarail ou le couaroge ......

                        Et ce n’est qu’un tout petit exemple ! ! ! !


                        • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 novembre 2020 18:21

                          @jef88
                          Depuis 1880, nous avons des unificateurs puissants : l’école, le service militaire pendant longtemps, les vacances, les médias... Il faut vérifier finement les comparaisons, on dit souvent : « comparaison n’est pas raison ».
                          Ensuite et surtout, je parle d’une tendance asymptotique, généralisée, que j’entends depuis quelques années. Rien à voir ni avec le phrasé de chacun, ni avec les accents régionaux.


                        • jef88 jef88 3 novembre 2020 18:51

                          @Orélien Péréol
                          Je voulais, simplement , décrire la situation AVANT l’école obligatoire .......


                        • Samson Samson 3 novembre 2020 17:24

                          « L’anglais n’apporte rien. C’est vraiment comme si l’anglais était mieux, par principe »

                          Il s’agit d’ailleurs moins d’anglais que de « globish ».

                          A l’heure du triomphe de la nouvelle aristocratie mondialiste et hors son rôle d’interface de communication entre locuteurs multilingues, son recours permet par sa substitution aux vocabulaires français et autres d’opérer les glissements conceptuels auxquels il ouvre et par là mieux encore promouvoir l’idéologie et les dogmes de rigueur en Pensée Unique néo-libérale.

                          Rien de très étonnant donc à ce que dans leur fort méritoire complaisance au Prince - nos médiacrates affichent leur pleine adhésion aux slogans de la « novlangue » du système et participent très activement par leur diffusion à la « standardisation » idéologique, conceptuelle et intellectuelle de notre modernité.

                          Et En Marche vers Nulle Part, rien que de très normal à ce que les gouvernants de la République se soient transmués en managers de la start-up « France » où évacuant au passage toute notion de profession et de compétence les jobs se sont désormais substitués au travail et à l’emploi, l’apartheid à la ségrégation et les clusters aux foyers épidémiques, ... quand pour mieux « simplifier » le langage, toute critique d’Israël ou du sionisme de sa politique se voit maintenant très officiellement réduite à « anti-sémitisme », des lois toujours plus liberticides organisent la chasse aux fake news et que forts tant de l’insistance de nos élus que du monopole de leurs algorithmes - les nouveaux maîtres du monde censurent maintenant toujours plus efficacement leurs réseaux sociaux et autres moteurs de recherche de toute velléité de dissidence au consensus globaliste.

                          Big Brother is watching you ! Cool !!! smiley smiley smiley

                          En vous présentant mes respectueuses salutations ! smiley


                          • Orélien Péréol Orélien Péréol 5 novembre 2020 10:43

                            Sur le petit Quotidien, il y a eu toute une moquerie de ministres qui s’efforçait de dire commande-retrait au lieu du syntagme anglais. Ça leur vient moins bien que l’anglais, on sent l’effort, du coup, on entend moins bien aussi et cet effort fait rire, est moqué.


                            • Orélien Péréol Orélien Péréol 5 novembre 2020 14:56

                              Je lis sur le site du journal « Le Monde » :Elections américaines 2020 en direct : l’OSCE accuse Donald Trump « d’abus de pouvoir flagrant »

                              Il faudrait dire « l’abus flagrant de pouvoir » ? C’est l’abus qui est flagrant.

                              Les médias nous mettent dans l’oreille et dans l’oeil des liaisons syntagmatique de ce type « abus de pouvoir ». « Abus de pouvoir » devient un seul mot, comme « pomme de terre » par conséquent, nous n’avons plus la gymnastique de l’esprit qui nous permettrait de bien voir qu’il y a dans « abus de pouvoir » un abus et un pouvoir. Et que par conséquent on peut reprocher à Trump son abus, mais pas son pouvoir.


                              • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 5 novembre 2020 20:41

                                Léa Salamé à France-Inter  : « Devant un beau poème, ça vous fait quoi ? »

                                 

                                Un journaliste bien né : « Etes-vous touché par les poèmes de Rosemar ? »


                                • Orélien Péréol Orélien Péréol 5 novembre 2020 21:22

                                  @Daniel PIGNARD Léa Salamé est particulièrement inadaptée à son métier, et elle est difficile à entendre.


                                • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 décembre 2020 13:35

                                  Je viens de voir passer sur mon mur FB : Déguelasse

                                  Peu importe de savoir ce qui est dégueulasse. Je fais l’hypothèse que la personne qui écrit cela le prononce ainsi. Un « eu » ouvert à la place du « eu » fermé et plus loin, un « e » à la place du « eu » ouvert.

                                  La perte de sonorité dans la langue française est en marche et c’est une richesse qui fuit, ou s’évapore... de façon volontaire et qui va considérablement diminuer la qualité de cette langue, qualité de description, d’analyse, d’abstraction, de poésie, et aussi de communication quotidienne.


                                  • Orélien Péréol Orélien Péréol 27 décembre 2020 21:08

                                    Je viens de voir passer sur mon FB : ce que ça intéresse (au lieu de « ceux que cela intéresse »).

                                    Il faudra faire aussi bien avec moins (privation volontaire).

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