#LGBT : les socialistes contre l’égalité
Hier, ce n'est pas la Manif pour Tous qui aurait dû manifester dans la rue, mais les électeurs de François Hollande, notamment ceux qui tiennent à l'égalité entre couples hétérosexuels et homosexuels. Explication.
Puisque la lutte contre la délinquance est en berne, (mais surtout "parce que le précédent gouvernement a mal fait son boulot"(1)), et comme l'actuelle équipe au pouvoir a transformé la promesse d'inversion de la courbe du chômage en simple "volonté de s'engager sur la voie de la stabilisation", revenons sur les fameux sujets de société, ceux que le PS agite de temps à autre pour distinguer les bons (la gauche, les républicains) des super gros méchants de droite, ces sales fascistes.
En effet, d'où vient tout ce débat sur le mariage pour tous qui agite tant depuis 2 ans ?
Dans la vision classique des choses (vision "rétrograde", diront certains), l'altérité sexuelle est la base de la constitution de la famille : un homme et une femme font des enfants, dans le cadre du mariage ou de plus en plus hors mariage.
Or, il se trouve que la réalité actuelle est plus diverse. Des couples homosexuels, dont les choix privés, qu'ils soient génétiques ou culturels sont de leur ressort strictement personnels et que personne n'a à juger, ont également des enfants. Comment ? Pourquoi ?
- Soit parce qu'un des partenaires anciennement hétérosexuel et parent dans son précédent couple a amené son enfant dans un couple homosexuel
- Soit parce que l'une des partenaires hétérosexuelles a rencontré un géniteur, d'un soir ou pas, de diverses façons (après tout, le phénomène des "mères célibataires" est-il rare ?)
- Soit par adoption initiée par un des deux partenaires, puisque de part la loi ou de par la tradition, dans la plupart des pays, n'adoptent que des couples, ou des célibataires hétérosexuels.
Hollande, poussé par les militants gays, est arrivé avec un projet simple : assurer l'égalité de droits entre adultes consentants voulant se marier civilement tout en sortant de l'hypocrisie qui consiste à laisser adopter des enfants par des adultes célibataires mais pas par des adultes gays.
Nous sommes à présent en Février 2014. La loi no 2013-404 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe dite "Taubira" est adoptée. Les couples gays peuvent se marier et adopter.
La loi n'a pas encore modifié la biologie : deux homosexuels ne peuvent avoir d'enfants ensemble. Mais la science permet de pallier cet inconvénient. Deux hommes doivent adopter (trouver une génitrice), ou deux femmes doivent trouver un géniteur (un papa au sens classique du terme). C'est la gestation pour autrui, et la procréation médicalement assistée. Ces deux techniques ne sont d'ailleurs pas liées à la communauté gay. Elles existent, en France pour la PMA, pour les couples qui rencontrent des problèmes de fertilité, ou à l'étranger pour la GPA, pour les couples hétérosexuels dont la femme ne veut pas ou ne peut pas porter un enfant pendant 9 mois.
C'est pourquoi l'égalité entre couples gays et couples hétéros passe par l'ouverture de la PMA et de la GPA, et c'est une demande des associations militantes. Par exemple : Homosexualité Et Socialisme (HES) propose de dépénaliser la gestation pour autrui (3).
Mais la GPA est un point de discussion entre les différentes composantes de la gauche (4). Pourquoi ? Parce que la gauche se défini aussi comme étant "anti capitaliste" et ne veut donc pas voir, pour une partie d'entre elle, de "marchandisation du corps des femmes".
C'est pourquoi le gouvernement a fait évoluer le statut du mariage mais pas celui des accès médicalisés à l'enfant.
Autrement dit, le gouvernement, qui a porté le projet de loi du mariage pour tous, ne veut pas aller au bout de la logique de l'égalité, celle que Pierre Bergé ou Elisabeth Badinter (5) ont décrit.
Il n'y a pas de projet de loi sur la table qui propose d'introduire la PMA ouverte aux couples gays et la GPA dans le droit français. La Manif Pour Tous d'hier a donc manifesté contre une virtualité, certes possible (de nombreux élus veulent changer cela) mais pour le moment non avérée.
En revanche, le gouvernement, par le biais de Valls, Bertinotti ou Belkacem, a dit et répété que la quête d'égalité s’arrêtait la, pour le moment.
Autrement dit : ce sont les électeurs de François Hollande, notamment ceux qui tiennent à l'égalité entre couples hétérosexuels et homosexuels qui auraient du manifester, hier, dans les rues de Paris.
Sur le même sujet :
Le Parisien Libéral Gestation pour autrui (GPA) : ils font rire, ces socialistes ..., un post du 30 Janvier 2013
(3) HES France 20 propositions pour l’égalité réelle
(4) Le Nouvel Obs Mariage homo : l'accès à la procréation médicalement assistée divise 13 septembre 2012
(5) Elle Elisabeth Badinter : Je suis pour une GPA éthique
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