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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Pourquoi n’avons-nous pas de politique de développement (...)

Pourquoi n’avons-nous pas de politique de développement ?

A la surface de notre planète, et au sein des populations, nous disposons de toutes les ressources pour rendre la vie digne, voire agréable, à l’ensemble de l’humanité. Pourquoi, dès lors, n’observons-nous dans les faits aucune amélioration significative des conditions de vie de l’immense majorité des humains ? Le capitalisme libéral et la mondialisation sont vus comme des objectifs à atteindre, d’où découleraient, d’une manière immanente, le développement. Mais quel développement ? Sur quelle base, et pour quels objectifs ? L’économie est un moyen au service d’une fin. En faire une fin en soi est aberrant, car cela nous ôte jusqu’à la possibilité de penser une politique en dehors des contraintes économiques, sans parler de la mettre en œuvre. L’établissement d’objectifs réalistes de développement, et la volonté de les atteindre, sont les préalables nécessaires et suffisants pour enfin retrouver une action politique, comprise comme la recherche des voies menant à leur réalisation, y compris à travers le redéfinition des règles économiques, si nécessaire.

1 Un programme politique consensuel
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) utilise depuis plusieurs années un "indice de développement humain", qui ne s’arrête pas aux seules considérations économiques et financières (le PIB), mais fait aussi appel à des notions de bien-être et de qualité de vie (essentiellement l’espérance de vie et le niveau moyen d’instruction). Cela nous donne une indication sur ce qu’il faudrait comprendre par "développement" ; c’est sans doute plus un accroissement de la qualité intrinsèque de la vie qu’une augmentation continuelle de la masse de biens consommés, même si l’équipement des familles est aussi une source de développement (notamment à travers la libération de temps auparavant dévolu au travail domestique, et désormais utilisable pour le loisir et/ou la culture, la formation, etc.).

Sur la base ainsi définie de ce que pourrait être un "développement humain" (comprendre "centré sur l’épanouissement humain"), imaginons un programme politique qui proposerait de donner à toute l’humanité, en trente ans, un accès sans condition à l’eau potable, à la nourriture saine et abondante, aux soins de santé, à l’éducation et à la justice. Les peuples de la Terre disposent aujourd’hui, c’est prouvé par de nombreuses études et rapports, notamment au sein des instances onusiennes, des ressources matérielles, des technologies et de la main-d’œuvre qualifiée pour y parvenir. Un tel programme soulèverait l’enthousiasme, ou du moins susciterait l’adhésion sans condition de tout honnête homme. Alors, pourquoi ce programme n’est-il pas plus souvent mis en avant, soutenu par nos politiques, y compris dans le domaine dit "du développement" ? Pourquoi personne n’a-t-il encore tenu un tel discours devant les assemblées nationales ni à l’ONU, proposant d’atteindre ces cinq objectifs, ou bien même un seul d’entre eux ? Qu’est-ce qui nous empêche, nous les humains, de mettre en œuvre une vraie politique de développement ?

2 La question de la monnaie
La réponse, je la vois déjà dans vos yeux : qui va payer ? Comment financer un tel programme ? En effet, c’est toujours ce qui est répondu quand un humain lance ce type de proposition : il manque de l’argent. Ce qui nous amène (ou, tout au moins, devrait nous amener, parce que, visiblement, ce n’est pas souvent le cas...) à nous poser la question de la monnaie. C’est quoi la monnaie, comment est-elle fabriquée, par qui, et surtout pour qui ?

Autrefois, la monnaie, c’était une matière rare, donc précieuse, qui représentait symboliquement une certaine richesse matérielle, contre laquelle il était possible de l’échanger. Le fait que la monnaie était elle-même matérielle impliquait que sa quantité soit limitée à... ce qu’il était possible d’en obtenir ! L’or est disponible jusqu’à une certaine masse, et puis au-delà, plus rien. En cas de demande de monnaie supérieure à la quantité disponible, il devenait impossible de satisfaire tout le monde, d’où compétition pour la monnaie, et donc obligation de choisir entre les projets financés.

Au jour d’aujourd’hui, si la monnaie reste (ou devrait rester) la contre-valeur symbolique d’une richesse réelle, elle est devenue essentiellement électronique, évanescente, et surtout totalement découplée de toute référence matérielle (depuis 1971, et la décision de R. Nixon, alors président des Etats-Unis d’Amérique, d’abandonner la convertibilité dollar-or). La fabriquer ne coûte donc rien, au regard des sommes qui peuvent être fabriquées. Quelques électrons bougent dans une mémoire d’ordinateur, et hop ! voilà créé 1 milliard d’euros ! La création monétaire est donc littéralement gratuite ! Pourquoi en ce cas la monnaie est-elle si rare qu’elle ne permette pas la réalisation des objectifs de développement exposés au point 1 ? Qui fait la monnaie ?

Beaucoup de personnes, y compris les banquiers bien souvent, croient encore que la monnaie est créée par les banques centrales (telle la BCE). C’est faux. Bien des personnes encore, et là aussi beaucoup de banquiers, croient que c’est l’épargne déposée qui crée le crédit nécessaire à l’investissement. C’est encore faux (1). En effet, la vérité nue, c’est que ce sont les banques privées qui créent la monnaie ex nihilo, pour satisfaire la demande de crédit. Et c’est l’argent des crédits qui finit par revenir dans les banques pour créer les dépôts ! Aujourd’hui, 95% de la monnaie en circulation (masse monétaire M3) est de la monnaie de crédit (dite scripturale, "d’écriture") créée ex nihilo par le système bancaire privé, tandis que seulement 5% sont de la monnaie fiduciaire (les pièces et billets des banques centrales) (2).

A ce point, sachant donc comment est créée la monnaie, sachant qu’elle est gratuite à produire, et qu’elle pourrait donc largement être assez abondante pour financer une politique de développement, il convient de se demander pourquoi n’est-elle pas créée pour le développement ? Ce qui revient à se demander finalement : pour qui est-elle créée ? La réponse saute aux yeux ; les banques privées sont des entreprises, donc elles sont, dans le système capitaliste, soumises à une obligation de rentabilité financière, donc elles ne créeront la monnaie que pour les projets qu’elles jugeront rentables. Soit dit en passant, l’appréciation du potentiel de rentabilité est tout sauf objectif, ce qui permet au système tout entier de générer des crises comme celle des subprimes, actuellement en cours (3).

Conclusion partielle sur le point 2  : dans le système économique et financier actuel, nous ne disposerons jamais en abondance de la monnaie nécessaire aux objectifs non rentables d’une politique de développement.

3 Les sirènes du capitalisme libéral
Certains (et ils sont nombreux de par le monde) argueront que le capitalisme libéral sauvera le monde, et que le "miracle occidental", qui a fait passer l’Occident du statut de terre arriérée il y a 500 ans à celui de locomotive du monde, se répétera pour le reste de la planète, à condition de reproduire le schéma capitaliste qui s’y développe depuis la fin de la Renaissance. Outre de faire ainsi stupidement d’un moyen économique une fin politique, c’est, à mon sens, oublier un peu vite que le "miracle" occidental s’est appuyé sur l’exploitation, jusqu’à la ruine, du reste de la planète. C’est oublier les fortunes en monnaies métalliques amassées sur le dos des Amérindiens par les conquistadores, c’est oublier le développement commercial et technique permis par l’esclavage, qui a représenté pendant 300 ans la principale force mécanique exploitée par l’Occident. C’est oublier un peu vite la colonisation, les guerres entre nations européennes, l’exploitation du travail des enfants partout autour du monde, depuis deux siècles. C’est oublier deux guerres mondiales, la prostitution de masse, les narco-trafics et le pillage systématique des ressources matérielles et humaines de la planète.

C’est cela, le vrai visage du "miracle occidental". Le capitalisme est un système qui ne permet pas, par nature, le développement simultané de toute la population mondiale, puisqu’il exige l’exploitation des uns au bénéfice des autres. Il y aura toujours, globalement, des gagnants, et des perdants. Les gagnants peuvent trouver les moyens de se développer (cas de l’Europe depuis la Renaissance), tandis que les perdants sont contraints de se serrer la ceinture. Il se trouve que l’Europe est en ce moment même en train d’expérimenter ce qui arrive quand on passe dans le mauvais camp : baisse du pouvoir d’achat, remise en cause des acquis du développement, telles la santé, les retraites, l’éducation. En ayant trouvé sur leur chemin plus forts qu’eux au jeu du "développement" capitaliste, les Européens sont en passe de devoir se serrer la ceinture à leur tour...

Conclusion partielle sur le point 3 : il est illusoire d’attendre du seul capitalisme, même (et surtout ! dirais-je) s’il est "libéral", la réalisation des objectifs proposés au point 1.

4 Le choix qui se pose à nous
Il ne nous reste donc que deux solutions pour développer la planète conformément à l’esprit des cinq objectifs du point 1 :

A) Espérer (vainement, nous venons de le voir) un succès futur du capitalisme libéral, et continuer à nous donner bonne conscience en poursuivant, au compte-gouttes, les "politiques" actuelles de développement et d’aide internationale (en raclant ici et là quelque fond de tiroir oublié par les géants de la finance, ou plus généreusement donnés par quelques citoyens qui le peuvent encore). Le déroulement ultime d’une logique économique ne peut tenir lieu en elle-même de politique de développement. Elle ne sera jamais qu’un outil, un moyen destiné à faciliter l’accès à certains objectifs du développement, elle n’est pas une fin. C’est pourquoi l’extension totalitaire du libéralisme économique, actuellement en cours, ne mènera pas l’humanité à connaître un sort meilleur.

B) Nous donner réellement les moyens de notre développement. Le développement humain sera une affaire politique, c’est-à-dire une affaire de volonté, exprimée par l’ensemble de la population mondiale, à partir de laquelle seront définis des objectifs réalisables. Dès lors, il deviendra possible de définir une politique, c’est-à-dire une série de mesures et de moyens à mettre en œuvre pour les atteindre. Pour y parvenir, nous n’échapperons pas à la création d’un nouveau système économique et financier, lequel permettra enfin l’allocation massive des ressources matérielles, technologiques et humaines nécessaires à la réalisation des objectifs du développement.

______________________________

(1) En 1971, la Banque de France éditait un opuscule dénommé La Monnaie et la Politique monétaire dans lequel elle précisait : "Les particuliers, même paraît-il certains banquiers, ont du mal à comprendre que les banques aient le pouvoir de créer de la monnaie ! Pour eux, une banque est un endroit où ils déposent de l’argent en compte et c’est ce dépôt qui permettrait à la banque de consentir un crédit à un autre client. Les dépôts permettraient les crédits. Or, cette vue n’est pas conforme à la réalité, car ce sont les crédits qui font les dépôts."

(2) Le lecteur trouvera à ce sujet des informations fort intéressantes sur le site http://www.fauxmonnayeurs.org, ainsi que dans les thèses de Maurice Allais sur la monnaie (M. Allais est prix Nobel d’économie en 1988).

(3) Voir en particulier http://www.fauxmonnayeurs.org/articles.php?lng=fr&pg=47, tiré de la référence précédente, pour un éclairage intéressant sur ce point spécifique.


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19 réactions à cet article    


  • NikeLaos NikeLaos 28 février 2008 10:57

    Etat des lieux fort interessant. Les dénonciateurs fanatiques du complot libéral vont pouvoir s’en donner à coeur joie.

     smiley

    Bon courage


    • Brieuc Le Fèvre brieuclef 28 février 2008 11:22

      Ainsi que les défenseurs fanatiques du libéralisme, ça promet !


    • ronchonaire 28 février 2008 11:36

      La monnaie n’est pas "gratuite à produire" car les banques doivent "acheter" de la monnaie centrale à la Banque Centrale qui est donc, contrairement à ce que vous affirmez, le prêteur en dernier ressort. Comme tous les "biens et services", la monnaie fait l’objet d’une offre et d’une demande et a donc un prix.

      De toute façon, le problème (et donc la solution) n’est pas là : le développement, ou plutôt l’absence de développement, est avant tout un problème de volonté politique, pas de moyens financiers. Il y a quelques années, l’ONU avait fixé à 0.7% du PIB ce que les pays développés devaient allouer au développement chaque année. Seuls les pays nordiques respectent cette règle mais représentent des montants dérisoires (ce n’est pas avec 0.7% du PIB du Danemark que l’on va doter l’Afrique d’écoles, avec tout le respect que j’ai pour le Danemark.)

      Les gros pays, à commencer par les Etats-Unis, sont très loin de ces 0.7% et même s’ils sont malgré tout les premiers donateurs en valeur absolue, leur non-respect de cette règle représente plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année !

      Or, on estime par exemple qu’il faudrait environ 10 milliars de dollars (non pas par an mais au total) pour que la lutte contre le SIDA dans les PED soit efficace. 10 milliards de dollars, autrement dit des cacahuètes même pour un "petit" pays comme la France.

      Conclusion : que les pays commencent par payer ce qu’ils doivent à l’ONU et décident de mettre les moyens et nous pourrons alors commencer à réfléchir sur une véritable politique de développement. Et je vous dis tout cela en tant qu’économiste travaillant sur ces questions.

      Autre piste de réflexion, qui va à l’encontre de ce que vous suggérez : la libéralisation pourrait avoir du bon, mais à condition de l’appliquer vraiment et d’arrêter l’hypocrisie. Le problème aujourd’hui vient du fait que les règles fixées par l’OMC, qui sont très favorables aux PED, ne sont respectées ni par l’Europe ni par les Etats-Unis. Ces deux zones empêchent les PED d’exporter sur leurs marchés alors qu’elles les obligent à supprimer les droits de douanes sur leurs produits. En l’ocurrence, ce n’est pas le libéralisme qui empêche le développement économique des PED, c’est plutôt le protectionnisme des pays développés.


      • Brieuc Le Fèvre brieuclef 28 février 2008 11:58

        "La monnaie n’est pas "gratuite à produire" car les banques doivent "acheter" de la monnaie centrale à la Banque Centrale qui est donc, contrairement à ce que vous affirmez, le prêteur en dernier ressort. Comme tous les "biens et services", la monnaie fait l’objet d’une offre et d’une demande et a donc un prix."

        Ceci n’est que partiellement vrai. Ca l’est quand les banques privées doivent respecter ce qu’il est convenu d’appeler des "règles prudentielles", i.e. qu’elles s’obligent à respecter un certain ratio dépôt à la banque centrale / montant prêté (créé ex nihilo). Dans l’époque actuelle, ces "règles prudentielles" ont été abolies par la cupidité, d’où la crise (entre autres) des subprimes.

        Cela dit, les banques centrales (qui sont elles-mêmes de cartels de banques privées plus ou moins contrôlées par leurs Etats tutélaires) sont un "prêteur en dernier ressort", c’est vrai. Mais ça veut dire quoi, ça ? Ca veut dire que la banque centrale accepte de renflouer les crétins de banquiers qui ont joué à la roulette russe avec la planche à billets ! La banque centrale crée elle-même de la monnaie... pour assurer la trésorerie des banques commerciales. C’est bien parce que les banques privées créent (gratuitement en terme de coût d’exploitaion) de la monnaie de crédit, que la banque centrale se voit contrainte de créer elle aussi la monnaie centrale correspondante.

        Autre point, la monnaie ne devrait pas être une marchandise comme une autre, car elle a des effets très précis sur l’économie, qui ne sont pas compatibles avec son usage comme moyen d’échange. La monnaie "marchandise" est une forme spécifique de monnaie, qui a fonction de réserve de valeur. Confondre les deux dans le même objet est stupide, et dangereux.

        Enfin, je suis d’accord sur le reste du commentaire, qui établit clairement que nous avons besoin d’une politique du développement (au demeurant pas si chère que cela, à l’aulne de notre manière actuelle de mesurer la valeur des choses). Cela dit, je réserve mon jugement quant aux moyens de financer ce développement. Je considère en effet, par conviction personnelle, que rien ne "coûte" de l’argent. Toute réalisation humaine ne nécessite que du travail. L’argent est un moyen pratique de mesurer ce travail, et devrait donc le rester (moyen d’échange). La création de monnaie dématérialisée étant désormais chose facile et admise, rien n’empêche donc de créer de la monnaie au niveau idoine pour financer le développement (monnaie remboursée à l’Etat par l’impôt, de la même manière que l’emprunteur rembourse sa banque), si ce n’est le monopole privé de la création monétaire.


      • Brieuc Le Fèvre brieuclef 28 février 2008 13:12

        Précision : je suis pour le libéralisme, en tant qu’il soit défini comme "liberté d’entreprendre et de commercer". Par contre, je suis très vivement opposé aux dérives actuelles vers la marchandisation de tout et vers la financiarisation des activités productives. Le dogme ordo-libéral (tel qu’il est convenu de le qualifier pour certains auteurs) se traduit par la main-mise absolue de la finance sur le monde, avec tout son cortège d’exploitaion de course à la profitabilité, etc, sans aucun objectif de développement humain : seul compte le fric, le fric et encore le fric.

        La question de l’abandon du pouvoir de battre monnaie aux mains de la sphère privée est une des causes majeures (et méconnue, car trop juteuse pour laisser le menu peuple en débattre !) de l’asphyxie progressive de l’initiative publique (la politique, en gros). Les banquiers (je parle des très gros : les multinationales de la finance) ont la haute main sur les questions monétaires internationales et nationales. Je vous laisse dès lors méditer sur cette phrase du premier baron Rotschild : "Donnez-moi le contrôle sur la monnaie d’un Etat, et je me soucierai bien peu de savoir qui fait ses lois".


      • André-Jacques Holbecq André-Jacques Holbecq 28 février 2008 13:50
        Ronchonaire écrit : "La monnaie n’est pas "gratuite à produire" car les banques doivent "acheter" de la monnaie centrale à la Banque Centrale qui est donc, contrairement à ce que vous affirmez, le prêteur en dernier ressort. ."
         
        Désolé, mais c’est faux : puis-je vous suggérer de lire "Comment pousse la monnaie ?" 

      • philderu 28 février 2008 19:20

        En premier, merci Brieuc pour cet article qui situe bien les choses selon moi. Merci aussi à "Ronchonaire" pour les précisions apportées.

        En ce qui concerne le "prix" de l’argent, il est vrai que l’argent n’est pas complètement gratuit. Il n’empèche que la monnaie scripturale est créée "ex nihilo" (à partir de rien) par le système bancaire privé par le biais du crédit. Les banques centrales, pour éviter justement que les banques "abusent" de cet extraordinaire privilège, impoesnt certaines règles qui se traduisent par des coûts pour les banques : achat de la monnaie fiduciaire, réserves obligatoires, règles prudentielles. Mais ces coûts n’ont rien à voir avec ce que le client, l’emprunteur auprès des banques, paie en intérêts, sans compter que le crédit, gouverné dans la logique de l’entreprise privée, est quasi eclusivement dirigé vers des projets rentables financièrement, ce qui laisse sur le pavé ceux qui en auraient sans doute le plus besoin.

        Il me semble aussi faux de considérer que "le problème n’est pas là". Certes, s’il y avait une réelle volonté politique, même dans les conditions actuelles on pourrait vraiment financer le développement (restant à préciser ce que l’on appelle développement comme Brieuc le rappelait). Il est là parce que ce sont les pouvoirs politiques qui ont permis la privatisation de l’argent. Il y a peu de temps encore, les Etats avaient la souveraineté sur leur monnaie de sorte qu’il était possible de recourir à une émission de monnaie "gratuite" pour financer le développement. Si les être humains et en particulier les "élites", avaient un souci prioritaire pour l’intérêt général, elles auraient tout fait pour conserver aux nations le pouvoir de création monétaire, maintenant abandonné aux banques privées. Car une Nation peut se permettre d’émettre de la monnaie sans jamais la rembourser, sachant qu’elle se traduit par de la richesse réelle (système de santé, éducation, environnement etc...) quand une banque privée ne peut avoir que le seul couci de sa rentiblité financière pour servir l’intérêts de ses actionnaires. Là où l’argent peut être mis au service dun mieux être pour tous sur la terre, il a été mis volontairement et à l’insu des peuples, au service des plus nantis. Les élites sont très heureuses quand on ne se préoccupe que des symptomes : la malnutrition, l’accès à l’eau, l’éduction, la santé, la pauvreté etc... parce que cela leur permet de maintenir un système féodal fondé sur "le charitabilisme". Alors on y va des bonnes oeuvres, des fondations et des déclarations vibrantes sur la misère du monde, car tant qu’on en reste là, on peut maintenair caché le mal profond qui est celui de perpétrer le mensonge d’un argent rare et couteux. C’est ce que j’appelle la "technique de la "muleta", cette cape rouge que le torero agite sous le nez du toro pour attirer son atention où il veut. Nos élites politiques et économico-financières sont ravies de nos préoccupations humanistes et environnementales, car oendant que l’on débat sur ces sujets, on ne parle pas de la gouvernance de l’argent et du détournement volontaire de cet outil collectif pour accroitre à l’infini la richesse et le pouvoir de ces mêmes élites.


      • Black Ader 28 février 2008 12:25

        "car cela nous ôte jusqu’à la possibilité de penser une politique en dehors des contraintes économiques"

         

        Il n’y a pas plus de politique en dehors des contrainte économique que d’avion ou de cnetral nucléaire en dehors des contrainte de la physique.

         

        "Certains (et ils sont nombreux de par le monde) argueront que le capitalisme libéral sauvera le monde, et que le "miracle occidental", qui a fait passer l’Occident du statut de terre arriérée il y a 500 ans à celui de locomotive du monde, se répètera pour le reste de la planète,"

        L’occident domine économiquement le monde depuis le XIIIéme siécle au moins..

         

        "c’est oublier le développement commercial et technique permis par l’esclavage, qui a représenté pendant 300 ans la principale force mécanique exploitée par l’Occident."

        Alors là, elle est bien bonne !!!!! A part dans quelques iles perdu, j’ai jamais vu d’esclave en europe !

         

        "C’est oublier un peu vite la colonisation, les guerres entre nations européennes, l’exploitation du travail des enfants partout autour du monde, depuis deux siècles. C’est oublier deux guerres mondiales, la prostitution de masse, les narco-trafics et le pillage systématique des ressources matérielles et humaines de la planète."

        L’URSS n’est pas coupable de tout, faut pas exagérer : ils étaient contre la protitution.

         

        "C’est cela, le vrai visage du "miracle occidental". Le capitalisme est un système qui ne permet pas, par nature, le développement simultané de toute la population mondiale, puisqu’il exige l’exploitation des uns au bénéfice des autres."

        gros débile.. tu n’as RIEN compris à la création de valeur, voila tout.

         

        " Il y aura toujours, globalement, des gagnants, et des perdants."

        N’importe quoi. Dans le capitalisme, tout le monde est gagnant.

         

         

        Sinon, tes théorie sur la banque sont d’un ridicule achevés. Tu n’as sans doute pas fait d’études, ca doit être pour ca. Mais alors pourquoi parler de ce que tu ne connais pas ?


        • Brieuc Le Fèvre brieuclef 28 février 2008 13:00

          Black Ader, t’es toujours aussi nul et non avenu, avec tes réponses à l’emporte-pièce, toutes formatées à la gloire de ton Divin Marché. Quant à mes études, lis donc ma fiche de présentation, et puis va te coucher.

          Ah oui ! J’ai failli répondre à ta première remarque (celle soulignée en gras), mais quand j’ai vu que c’était toi, j’ai laissé tombé. Personne ne peut discuter avec une machine qui a 5 phrases-type en mémoire.


        • Jimd Jimd 28 février 2008 14:24

          <Qu’est-ce qui nous empêche, nous les humains, de mettre en oeuvre une vraie politique de développement >

          A cette question vous repondez, le systeme economique et financier.

          Je repondrais plutot, nous les humains.

          Je ne suis pas d’accord avec votre argumentaire mais en fait je me rends compte que, a la base, les vrais responsables ne sont pas identifies correctement.

          Notre systemne economique n’est qu’un outil qui ne genere pas nos comportement.

          Je trouve un peu usant cette polemique, liberal / non liberal. Les comportements humains sont a la base de tout. regardez les conflits multiples pour raisons ethniques ou religieuses....

           


          • adeline 28 février 2008 17:42

            Excellent article merci à l’auteur et excellente remarque de Jim le fonctionnement de la société est à notre image individuelle , déja réfléchir sur soi avant d’aborder les problèmes sociaux/sociétaux


          • Armand 28 février 2008 21:53

            Merci pour cet article Brieuc... ça me révolte toujours quand on évoque les "raisons profondes" de cet état de faits.

            Pour faire suite au commentaire de Jimd, pour moi l’article dit bien que ce sont "nous les humains" qui pouvons y faire quelque chose (décision politique, et après... c’est qui qui bosse ? ) la monnaie doit être un outil pour nous aider... et pas un obstacle !

             

             


          • globetrotter globetrotter 29 février 2008 03:51

            J’ai vécu en afrique -longtemps-, aux USA -trop peu de temps-, en Europe et je suis désormais en Asie. Et je vois que des pays sous développés auparavant comme la corée, la chine (sans parler du japon féodal il y a encore à peine plus d’un siècle) ont réussi à s’extirper de leur sous développement et pauvreté, grâce à... la globalisation. Maîtrisée certes, cad marché intérieur fermé et accès au marché américain. Tout le contraire de ce que nous faisons actuellement avec les PED. Après la Chine, l’Inde et le Brésil ou le sous continent sud américain, les capitalistes, cad les investisseurs, créateurs de valeur ajoutée, d’emplois in fine, se tourneront vers les pays où la main d’oeuvre est la moins cher, les derniers, comme l’Afrique, les autres s’étant développés et devenus trop chers (si toutefois nos ressources naturelles nous en laissent le temps...). La machine est donc en marche, le monde ne s’est pas fait en un jour, et elle s’accélère, le développement de l’un nécessitant des biens nécessitant d’autre petites mains etc.

            Et enfin, cette logique capitaliste où, pour s’enrichir au mieux, il faut avoir des ressources humaines plus productives donc formées donc mieux payées, est au final "gagnant gagnant". Même si on parle d’accroissement des inégalités, je préfère voir des paysans chinois payés 100€/mois en bonne santée avec un parton milliardaire que de les revoir criant famine...mais "libres". Eux aussi le préfèrent. Accroissement des inégalités mais accroissement de la richesse de tous malgré tout. (à moins qu’on ne préfère revenir au communiste : "tous pauvres, mais tous égaux" ?)

            En attendant, l’Afrique (et bien d’autres pays "traditionnels" -mot que je préfère-) et ses élites, pour l’avoir vécu de l’intérieur et discuté avec elles, n’a toujours pas compris le concept de la "création de valeur", le "win-win", la notion d’investissement, et la pensée de Ford (je paye mieux mes ouvriers pour...qu’ils puissent devenir mes clients).

            Le système bancaire, entre autres, a permis ce "miracle" (excusez le mot) en fluidifiant (en commerçant) le travail, ou "réservoir de travail" qu’est l’argent (or, billets, électronique) et même mieux, en créant du travail "futur" (crédit) à partir de rien ou presque (il faudra bien le rembourser, mais l’augmentation de productivité le permet). Malin, bravo.

            Néanmoins, n’étant pas un spécialiste (je ne suis qu’ingénieur, 37 ans, ni financier ni économiste), j’ai été perturbé par le récent film ZeitGeist (cherchez sur joox.net ou youtube) et bien d’autres commentaires. Ces "malins", dans les deux sens du terme apparemment, seraient ils allés trop loin régulièrement (bulles, guerres, etc) ? Ou est la vérité ? Quels sont les contre-pouvoirs ? Que faire à son humble échelle ?Puis je passer outre le système financier local et mondial, ne pas en dépendre avec ses risques ? Quelles sont les alternatives ?


            • Le péripate Le péripate 29 février 2008 08:17

              La monnaie, cet impensé de l’économie classique. Il y a, à mon avis, un livre tout à fait central sur la question, dont le titre est, si je ne me trompe, "La violence de la monnaie" de Michel Aglietta et un autre (?).

              La démission du politique sur la monnaie a consisté à la remettre à la ploutocratie. Mais la remettre en démocratie n’est peut-être pas la seule solution. D’autres monnaies sont possibles, comme les SEL, monnaies non thésaurisables et les monnaies locales.

              Il existe aussi les monnaies affectées, comme les tickets-restaurants, ou les bons cadeaux, dont la pratique est très ancienne, et qui n’ont pas disparu sous l’uniformisation.

              Un immense domaine de recherche, en tout cas.


              • Brieuc Le Fèvre brieuclef 29 février 2008 09:44

                Bonjour, et merci pour vos réactions constructives.

                En fait, vous avez tous raison ! (Vous vous rappelez, "L’école des fans" ? Eh bien, c’est pareil : tout le monde a gagné !!!).

                Plaisanterie mise à part, la complexité de la relation humain-économie est si forte, qu’il devient quasi impossible de démêler l’un de l’autre. L’économie est une création purement humaine, la monnaie aussi. Toutefois, l’économie influence l’humain, de par ce qu’elle nous impose de comportements du type "c’est comme ça que ça marche" (ce que l’on appelle un paradigme, soit en gros "ce qui est tenu pour vrai"). L’oeuf u la poule ? Devons-nous changer l’humain pour faire évoluer l’économie, ou l’inverse ? Ma réponse : les deux mon capitaine ! C’est un continuum de changements dans la conscience que notre espèce a d’elle même, et des relations qu’elle se doit de créer et protéger.

                Ce qui est rassurant, c’est que biens des gens (cf globetrotter) sont en train de se poser des questions. C’est le début de ce qu’il faut faire !

                Merci a tous


                • Francis, agnotologue JL 29 février 2008 10:50

                   

                   

                  Vous parlez de l’œuf et la poule, je vous renvoie à TINA de M. Thatcher ("There is no alternative"). Aujourd’hui que peut-on faire ? Je crois que nous avons construit sans nous en rendre compte un monde qui nous opprime. Dans les années 70, Michka disait : "nos possessions nous possèdent".

                  En réalité, la privatisation de tous les moyens de production, des savoirs acquis, des ressources naturelles a fait que la grande masse de la population mondiale a été dépossédée de sa capacité à être autonome et de ce fait, dépendante de ce pouvoir économique qui détient de fait le pouvoir politique. Les possessions de quelques uns ’possèdent’ la grande masse des autres.

                  Pour paraphraser Chomsky qui écrit :" La " tyrannie " c’est lorsque vous ne faites pas ce que les Etats-Unis vous disent de faire. Tout comme " modéré " veut dire "comme l’Arabie Saoudite" et lorsque vous faites ce qu’ils vous disent de faire", je dirais :

                  "la "démocratie" c’est faire ce que le pouvoir économique dit de faire (par exemple, installer des machines à voter, au prétexte que c’est moins coûteux et plus rapide que le dépouillement manuel), la "dictature" c’est le refus de privatiser des services publics (l’eau, EDF, la SNCF, la protection sociale, …)". Ainsi va la novlangue (néo)libérale.


                  • Blé 3 mars 2008 06:26

                    Je suis d’accord avec J.L., c’est l’économie qui nous possède. Plus précisément, les élites politiques offrent à la finance les peuples poings et pieds liés. Le "travailler plus pour gagner plus" de Sarko annonce une diminution globale du pouvoir d’achat des ménages. En France, il y a du travail, même beaucoup de travail mais pas d’emploi. Grâce à cela les oligarchies qui nous gouvernent maintiennent leurs bénéfices (que ces bénéfices se fassent en Europe où en Chine ce n’est pas leur problème), seul réel critère reconnu dans le néo-libéralisme. Tout le reste n’est que paroles, paroles paroles.

                    Avez-vous entendu parler des travailleurs allemands à 1 € ? Ces travailleurs qui ont souvent de bons niveaux de qualification reviennent à 1€ à leur employeur, l’état paie la diférence pour le minimum de salaire garanti (à l’allemande, bien évidemment). Je veux bien croire que l’Allemagne soit une démocratie mais quand un pays en arrive à payer avec des fonds publics des salariés pour les employeurs privés, je pense que la démocratie se porte très très mal. Le miracle allemand à une face cachée très peu commentée par nos spécialistes en économie.

                    En fluidifiant le travail , les élites dominantes ont surtout la possibilité de mettre les classes subordonnées sur la paille. Il y a une loi non écrite mais bien présente pour tous les mortels : un billet de banque n’a jamais rempli une assiette. Les millions d’étatsuniens qui sont jetés dans la rue depuis quelques mois en savent quelque chose.

                    Une politique de développement pour quoi faire ? Augmenter la dégradation de l’environnement, appauvrir un peu plus les peuples pour enrichir les pays (la France s’enrichit tout en appauvrissant les classes moyennes). Il faut reconnaitre que Sarko a une solution pour redonner de l’espérance aux gens, les revoyer dans les Eglises plutôt que rétablir un minimum d’égalité entre le prix du travail et les bénéfices des richesses produites.

                     


                    • Brieuc Le Fèvre brieuclef 3 mars 2008 09:04

                      Tout à fait d’accord avec vous ! Une politique de développement, pour quoi faire ? C’est très exactement la question que je pose dans l’article : quel développement ? L’espérance de vie et le niveau d’instruction sont au moins aussi important (chacun) que le niveau de vie. C’est pour cela que j’ai mis en avant 5 objectifs qui ne sont pas des objectifs de possession matérielle, mais des objectifs de Vie : trouver l’eau et la nourriture sans condition, puis ensuite les bases du bien-être (santé), et enfin celles de l’émancipation (instruction et justice). Le reste est superfétatoire pour un humain normalement constitué (ce qui n’empêche pas de chercher éventuellement à l’avoir, au goût de chacun !)

                      Sur la question de notre domination par l’économie, je suis aussi d’accord avec vous. Et c’est pourquoi une des voies d’action pour changer la société, c’est de changer l’économie. Vous dites "il y a en France du travail, mais pas d’emploi". C’est exact. Et si (rêvons un peu !) l’Etat retrouvait son pouvoir de battre monnaie, une monnaie qu’il définirait comme gratuite (non soumise à intérêt), non thésaurisable (puisque son accumulation ne présenterait aucun intérêt), et qu’il destinerait à l’investissement en infrastructure ?

                      Cela permettrait d’engager des travaux de rénovation du parc de logement, de construction de logement neuf en HQE (Haute Qualité Environnementale), de développer les écoles, crèches, hôpitaux, etc. Bref, cela permettrait de sortir de ce triste constat : la France (et l’Europe, et le reste du monde aussi) ont besoin d’infrastructures, ont les ressources materielles pour les construire, ont la main d’oeuvre qualifiée et disponible pour la réalisation, mais manquent d’argent.

                      Or, dans toutes ces conditions, seul l’argent est un donné purement sociétal, soumis au bon vouloir des humains. L’argent est une convention sociale, et c’est bien le seul et unique point sur lequel nous pouvons rapidement et efficacement jouer (il suffit de changer la loi, or nous avons vu avec quelle rapidité cela pouvait être fait, cf. le Traité de Lisbonne !). Or, nous ne le faisons pas, par respect des conventions iniques en place, qui profitent à quelques uns au détriment de tous les autres. C’est stupide.

                      Pour des pistes de réflexions à ce sujet, je conseille d’explorer les sites du Mouvement Sociétal (http://www.societal.org), dont je fais partie.


                    • JONAS JONAS 1er octobre 2008 00:43

                      Monsieur, j’ai eu pendant la majorité de ma vie, la mort comme compagne journalière. Aujourd’hui, pompier à la retraite, avec l’âge, elle me poursuit toujours… et je sais qu’elle sera victorieuse un jour prochain… ?

                      J’ai consacré la majeure partie de ma vie à servir selon notre devise " avec honneur, courage est dévouement ". J’ai reçu honneur et mépris dans une relative indifférence, sachant que ces deux menteurs ne sont qu’éphémères.

                      Je respecte votre quête, mais dans ce monde de prédation ou lego est devenu le maître temporel de la majorité des humains, vous ne finirez pas sur la croix, comme Jésus, mais vous risquez de vous crucifier sur le temple de vos généreuses idées.

                      Pour nous pompiers, qui n’est pas un métier mais une vocation, nous concluons que notre service se résume en une phrase :

                      " Casqué toute une vie, pour n’y voir que du feu ! ".

                      Elle a un côté humoristique, mais c’est une réalité lorsque l’on prend du recul.

                      Les hommes exigent le bonheur, mais ils ne se posent jamais la question de savoir s’ils le méritent.

                      @ +

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