Un directeur très humain

Le prétoire pour sauver les apparences.
Daniel Pennac dans Cabot-Caboche, son merveilleux roman pour les enfants, évoquait le très humain directeur d’une fourrière, qui envoyait sans sourciller nos amis à quatre pattes vers la seringue finale. Nul directeur de fourrière à l’époque n’avait attaqué en justice le célèbre romancier, ne voulant sans doute pas ajouter le ridicule à un métier pas toujours simple …
Du côté de l'hôpital public, on badine moins avec la notoriété des cadres qu’avec les principes déontologiques. Pour atteindre pareil haut niveau de responsabilités, il est recommandé d’avoir beaucoup de bagages et de savoir les poser sur les rivaux et sur les cas de conscience. C’est ce qui fait souvent le charme et le savoir-faire de ceux qu’on nomme hauts fonctionnaires, tout simplement parce qu’ils sont parvenus à dominer le petit peuple des fonctionnaires subalternes et la plèbe misérable des usagers.
Je ne veux pas rentrer dans la polémique actuelle, l’homme serait trop content d’utiliser l’arsenal répressif pour laver, une fois encore, sa respectabilité, un honneur parfois malmené par des directives qu’il est chargé d’appliquer avec un zèle qui a souvent placé la haute administration française au pinacle de la loyauté, quelles que fussent les époques, y compris les plus sombres.
On ne salit donc pas celui-ci ou bien celui-là. Il en coûte fort cher d’autant plus qu’alors, on tombe sous les coups de collègues tout aussi haut placés, portant des robes pour se donner une importance qu’une banale tenue civile ne leur attribuerait pas. Les relents de l’ancien régime s’expriment encore dans l’habit ; nous échappons tout juste à la perruque dans ce triste théâtre du pouvoir des apparences.
Jean François Chalot n’a fait que tenir son rôle de militant de base, de lanceur d’alertes, d’empêcheur de trahir l’esprit de la République, de conscience citoyenne. Il a mis les pieds dans la fourmilière, s’est dressé contre une manière de gérer l’hôpital public qui fait passer les considérations économiques, réglementaires ou logistiques au détriment de l’humain : ce facteur si complexe à évaluer ou prendre en compte qu’il est souvent préférable de l’écarter des prises de décision.
La promotion est à ce prix. La carrière exige des choix dont on ne peut être fier mais qui font très bon effet en haut lieu. C’est ainsi, la grande machine administrative relève plus du rouleau compresseur que de l’action humaniste et sociale. Si Ponce Pilate se lavait les mains, ses successeurs aiment à se réfugier derrière les directives, les décrets, les variables économiques, le pragmatisme et autres sornettes apprises dans les grandes écoles pour fermer les yeux sur la misère qui les entoure.
Nous devons en tenir compte avant que de porter un jugement à l’emporte-pièce comme le fit notre camarade. Prétendre qu’un directeur humain puisse préférer prendre le risque de laisser sans soins des sans- logis dans la rue plutôt que de les voir utiliser de manière indue des logements inoccupés dans son établissement est sans doute un peu fort de café : ce café que doit consommer très souvent le directeur dans son bureau tout confort.
Les juges qui, pour une fois, n’avaient pas d’autres chats à fouetter se sont jetés sur le pauvre militant comme des chacals sur une charogne. Notre justiciable étant certainement bien plus nuisible pour notre nation que les délinquants, les trafiquants, les politiciens véreux qui vivent en toute impunité de leurs petits commerces juteux. La justice vole au secours de l’honneur du directeur si humain quand elle se désintéresse des mille et une incivilités dont sont victimes policiers, pompiers, enseignants et fonctionnaires de base dans les quartiers abandonnés par leur hiérarchie.
Il est de toute première urgence de laver l’honneur de ce directeur si humain. Reconnaissons-lui le droit légitime de laver l’affront. Les mots employés par ce gredin de Chalot sont en effet d’une effroyable dureté : « Le directeur de l’hôpital, toute honte bue avait exprimé peu de temps avant, la crainte que des locaux inoccupés de l’hôpital soient squattés ! »
La honte, monsieur Chalot ne se boit pas, elle se ravale. Vous avez commis là une faute impardonnable qui justifie la réaction d’un parquet qui grince quand on s’en prend aux piliers d’une République que l’on sait exemplaire. C’est vous qui allez boire la coupe jusqu’à la lie tandis que ces beaux messieurs continueront de fréquenter les salons où l’on boit le champagne aux frais de la princesse. Voilà ce qui se boit dans ce petit monde auquel il convient de ne jamais dire ses quatre vérités. Vous le découvrez à vos dépens et c’est en crachant au bassinet que vous laverez l’honneur d’un directeur humain.
Solidairement sien.
Communiqué
Le Président du DAL de Seine et Marne, poursuivi pour diffamation
Pour avoir dénoncé le directeur d’un hôpital se préoccupant plus du risque d’occupation des locaux désaffectées que du sort des sans logis.
Tous au procès le 10 novembre à 13h30, au TGI de Melun
2 avenue du général leclerc
A la suite d’un communiqué de février 2015 des associations CNAFAL ( associations familiales Laïques) du département 77, apportant son soutien aux salariés du CH de Melun, qui réclamait du personnel supplémentaire pour les services d’urgence, Jean François CHALOT, Président du DAL 77 et secrétaire général du CDAFAL 77 est poursuivi par le Directeur de l’hôpital et est convoqué devant le tribunal correctionnel de Melun.
Qu’est reproché à Jean François, militant associatif de toujours reconnu et apprécié des familles, des mal-logés des sans toit, et du monde associatif en Seine et marne, et par ailleurs responsable national au CNAFAL ?
D’avoir écrit dans un communiqué les propos suivants :
“... Ironie cruelle : au même moment le corps d’un SDF mort de froid était découvert devant les urgences….
Le directeur de l’hôpital, toute honte bue avait exprimé peu de temps avant, la crainte que des locaux inoccupés de l’hôpital soient squattés !? ...”
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/carton-rouge-pour-le-directeur-de-163361
En effet, quelques jours avant cette déclaration publiée sur internet, un sans abri était décédé dans le froid, à proximité du Centre Hospitalier.
Ce directeur d’hôpital, si prompt à défendre son honneur pour tenter peut être d’effacer ce fait, s’étant antérieurement inquiété du risque que des sans logis pourrait décider de réquisitionner quelques un des locaux vacants de cet hôpital, comme il en existe malheureusement dans la plupart de nos centre hospitalier actuellement, avait alors porté plainte contre jean François ;
Les mots de Jean François CHALOT sont pourtant pesés.
Ce Directeur a porté plainte contre un pilier de la vie associative et de la défense des familles modestes, non aligné avec les notables locaux. Ce n’est évidemment pas un hasard.
DAL dénonce cette volonté de réduire au silence Jean François Chalot, mais aussi les militant-e-s qui rendent publiques les injustices sociales et défendent les personnes et familles en situation d’exclusion ou menacés de le devenir.
Il est déjà surprenant que le parquet ait donné suite à cette, alors que la justice est déjà très encombrée.
Nous demandons bien entendu la relaxe, et la réquisition des locaux disponibles dans cet hôpital pour abriter les nombreux sans logis du département, les personnes et familles expulsées ces dernières semaines sans même un hébergement ou se retrouvant à la rue après un accident de parcours.
Un toit c’est un droit !
68 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON