Peut-on comparer les énergies fossiles à l’énergie nucléaire ?
Le 8 février 2014, au cours d’un entretien sur Europe 1, Nicole Bricq, notre Ministre du Commerce Extérieur, déclare « Il faut utiliser le moins possible d’énergies fossiles ». Peu auparavant, elle avait proclamé « Sur le terrain énergétique, nous avons une industrie nucléaire extrêmement performante ».
Quel est le degré de cohérence entre ces deux assertions de la Ministre ?
Rappelons que les énergies fossiles ( Charbon, pétrole, gaz naturel - y compris gaz de schiste -, tourbe etc… ) résultent de la méthanisation de matière vivante - celle de forêts, par exemple - morte et ensevelie dans le sol depuis plusieurs dizaines de millions d’années. Madame Bricq pense très certainement et à juste titre à l’épuisement des réserves mondiales des énergies fossiles et surtout à l’effet de serre résultant du gaz carbonique libéré dans l’atmosphère lors de leur combustion. Peut-être a-t-elle aussi à l’esprit le danger des particules fines. A ce sujet, on sait que, au niveau national, le chauffage au bois participe plus que le diesel à l’émission de particules fines. Par contre, le bois de chauffage constitue une énergie renouvelable.
L’industrie nucléaire, quant à elle, utilise des matières fissiles (Uranium, thorium). La nucléosynthèse de ces éléments a lieu au cours d’explosions des supernovae. Ils s’agrégèrent aux autres matériaux intergalactiques lors de la formation de la Terre. Les experts ne s’accordent pas sur les réserves terrestres de matière fissile. Leur évaluation dépend de facteurs économiques, technologiques, politiques et géo-politiques. Quoi qu’il en soit, les réserves raisonnablement accessibles devraient être épuisées dans une soixantaine d’années si les technologies actuelles des réacteurs ne devaient pas évoluer. A cela s’ajoute le problème encore très mal résolu des déchets nucléaires. A noter que les promoteurs de la filière « Réacteurs à sels fondus utilisant le thorium » se font forts de résoudre les difficultés actuelles en sus d’éviter les accidents majeurs tels que celui de Fukushima.
En conclusion, on peut dire qu’il est actuellement téméraire, dans une vue à long terme, de vouloir opposer la « bonne » énergie nucléaire aux « méchantes » énergies fossiles. Si les secondes sont, par la force des choses, en voie de disparition, la première pourrait bien n’être qu’une énergie de transition.
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