La Belgique vit la page la plus sombre de son histoire. Le climat n’est pas encore insurrectionnel mais presque et cela a l’air de se passer dans l’indifférence générale, la vôtre en premier. Un climat surréaliste car notre devenir est conditionné par une situation a priori impossible mais vraie, l’alliance de facto entre l’extrême-droite et le parti socialiste.
Oui, vous avez bien lu : Marine et Martine à la même table pour déterminer le futur du pays.
Même Sarko n’aurait pu imaginer cela !
Et pourtant...
En lisant votre presse nationale, je ne peux m’empêcher de penser que vous ne connaissez rien de nos problèmes. Un jour De Gaulle a dit : vive le Quebec libre ! Quel est le politicien français qui osera venir dire à Bruxelles : vive la francophonie belge libre ? Jusqu’à présent aucun.
Vous êtes nos frères les plus proches et vous faites comme si de rien n’était alors que nous sommes à deux doigts de devenir les Kosovars d’une ex-Yougoslavie qui n’arrête pas de nous humilier, de tout agencer pour nous faire passer sous son joug.
J’ai donc décidé de titiller votre conscience, advienne que pourra.
Tout commence par une explication de notre système de votation. Un système proportionnel, donc a priori plus démocratique que le vôtre, mais dont les effets pervers ne valent guère mieux. La Belgique étant un état fédéral, elle doit tenir compte des entités fédérées. Tout va très bien, Madame la Marquise, n’eut été que notre fédéralisme, à la différence du fédéralisme suisse, est à deux composantes, une majoritaire - la Flandre - et une minoritaire - la Wallonie. Ce fédéralisme est donc un leurre, dès lors que la loi du nombre fait que si un + un = deux, les deux uns n’ayant pas la même force représentative, la force du nombre, l’ethnie majoritaire devrait-on dire, l’emporte à tous les coups. Ce ne serait rien si les deux composantes partageaient des valeurs communes mais chez nous, cela n’a jamais été le cas. Le Flamand est un germain partisan du droit du sol. Le Wallon est un latin partisan du droit des gens.
On ne marie pas l’eau et le feu.
D’autant plus qu’il y a Bruxelles, capitale de l’Europe au milieu. Une capitale sale et dégueulasse qui est aussi celle d’une Belgique qui n’existe plus. Une capitale qui est en sus celle de la Flandre alors que les flamands n’y sont au grand maximum que 8 pour cent de la population. Une capitale située en dehors de l’état qu’ils veulent créer dans les jours qui viennent, c’est un exemple unique au monde ! Une capitale que huit pour cent de fanatiques veulent enclaver et soumettre à leur bon désir au nom de ...au nom de quoi, nom de Dieu !
Une capitale dont le seul tort est d’être francophone à plus de 90 pour cent...
Nous sommes vos frères de culture, bien plus que tout autre état de la francophonie, et vous ne nous écoutez pas ! Pire, vous ne comprenez rien à nos problèmes...
Un petit cours d’histoire en manuel et un autre de sociologie politique vous aideront peut-être à franchir le pas. Sinon, vous serez comme nos socialistes à nous : des traîtres !
La Belgique est née en 1830 sur base, non d’une langue, mais d’une religion. Wallons et Flamands catholiques contre des Hollandais protestants. Une union factice suite à une révolution qui, relativisons, ne valait en fait guère plus qu’une quelconque révolte des banlieues. Guillaume d’Orange-Nassau, dont les descendants occupent encore et toujours le trône des Pays-Bas, ayant commis erreur sur erreur envers ses sujets du Sud, nos populations excédées finirent par le déboulonner au grand dam des grandes puissances de l’époque qui se remettaient à peine de l’ère napoléonienne qui avait mis l’Europe à feu et à sang. La première nécessité étant d’empêcher toute tentative de restauration de l’ordre français, elles acceptèrent du bout des lèvres ce nouvel état, allant jusqu’à refuser de le confier à un vague représentant de la dynastie capétienne, pour finalement nommer à sa tête un certain Léopold de Saxe Cobough-Gottha, un noble anglais qui pouvait se prévaloir de liens familiaux avec quasi toutes les cours d’Europe. L’avis du peuple étant ce qu’il était, c’est à dire rien, le choix fut avalisé, facilité il est vrai par l’industrialisation de la Wallonie qui allait porter à bout de bras l’ascension du pays au rang de puissance économique considérable pour l’époque. Son successeur, Léopold II que l’on ne peut qualifier de démocrate mais bien de visionnaire paracheva l’oeuvre, entre autres en offrant à la Belgique la colonie la plus riche d’Afrique, l’ex Congo belge qui faisait partie de sa cassette personnelle. Ne nous appesantissons pas sur sa version des droits de l’homme, ce concept était inexistant à l’époque et le Tribunal de La Haye n’existait pas encore. Quoi qu’on puisse penser de lui, il restera le plus grand Roi de notre histoire. Franc-maçon déclaré préférant et de loin ses multiples maîtresses à la Reine, il eut une flopée d’enfants illégitimes, mais pas de successeur direct.
Lui succéda son neveu Albert Ier, le Roi-soldat qui résista avec ses troupes jusqu’à la fin de la guerre 14-18 et réussit à réconcilier l’église toute puissante et la Royauté, un autre exploit après les frasques de son prédécesseur qui avait échappé moyennant finances à l’excommunication. Adulé par son peuple pour sa conduite héroïque dans les tranchées, le Roi-soldat mourut en 1934 dans un accident d’alpinisme encore inexpliqué à ce jour.
Le Roi est mort, vive le Roi ! Place à Léopold III qui, malédiction suprême, fut responsable par sa conduite automobile imbécile de la mort de son épouse la Reine Astrid, laissant trois orphelins en bas-âge, dont les futurs Roi Baudouin et Albert II. Survint la seconde guerre mondiale où ce Roi assez pâle et ultra amoureux de sa maîtresse en titre préféra un exil doré en Bavière sous la coupe d’Hitler au partage des souffrances de son peuple, attitude peu courageuse qui lui valu d’être déboulonné, plus exactement d’abdiquer en faveur de son fils Baudouin qui, à l’âge de 21 ans accéda au trône alors qu’il n’y était pas préparé, raison qui a sans doute fait que, ne voyant en lui aucun danger, la Belgique oublia de se transformer en république. Un Roi catholique proche de l’Opus Dei qui régna 43 ans avec la bénédiction de l’église et du parti catholique national, trop heureux de voir en lui un rempart contre le socialisme wallon qui finit par prendre le pouvoir politique après les grandes grêves de 60, notre Mai 68 à nous. Un pouvoir devenu hégémonique depuis, si bien que le noble Parti Ouvrier est devenu avec le temps une prébende dont nous subissons encore les effets néfastes en 2010. Resté cinq ans dans l’opposition depuis 1950, ce socialisme n’a, hélas, plus rien à voir avec celui de ses origines, nous en reparlerons plus loin.
Baudouin mort pieusement en Espagne, lui succéda son frère Albert qui restera plus que probablement dans les livres d’histoire comme le dernier Roi des Belges, car aujourdhui, il n’y a plus de Belgique mais un affrontement communautaire qui l’a amenée à scier la branche où elle s’était si confortablement assise.
C’est tout pour l’histoire édulcorée façon magasine... Un film d’Holywood avec ses bons qui n’étaient pas si bons qu’ils n’en donnaient l’air, et ses mauvais pas si mauvais qu’on ne le croit généralement en adoptant une attitude simpliste ou les critères de société qui sont les nôtres en ce début de 21ème siècle. Tout homme est d’abord le fruit de son époque.
L’histoire formant un tout, ce n’est qu’à l’introduction du suffrage universel, remplaçant le vote censitaire qui tenait lieu de démocratie, que le peuple eut enfin droit à la parole. Peu ou pas du tout représentés, les Flamands y virent à juste titre le moyen de faire avancer la cause du monde paysan. Mais via les plaies ouvertes par la guerre de 14, s’était créé le mythe du bon soldat flamand sacrifié pour une Belgique unilingue, de surcroît sous la coupe d’une bourgeoisie et d’une élite qui ne lui communiquait ses ordres qu’en français. Aussi nécessaire que le droit des ouvriers, ce droit paysan fut dévoyé dès ses débuts par une série d’activistes qui en profitèrent pour accuser le monde francophone de maux dont n’étaient responsable que sa partie la plus riche. Les trop nombreux sacrifiés sur l’autel de la Nation n’étant pas plus flamands que d’autres et l’industrialisation de la partie nord du pays étant égale à zéro par manque de matières premières, le bouc émissaire fut vite trouvé : le francophone, tous les francophones. C’est ancré dans l’âme flamande qui, aujourd’hui encore, célèbre à Dixmude, à deux pas de Lille et Dunkerque, le sacrifice de tout un peuple, drapeaux, discours nationalistes en vrac et boy-scouts en uniforme vert caca à l’appui. De petites têtes blondes et bien aryennes formées dès leur plus jeune âge à vouloir l’indépendance de la Flandre. Quoi de plus normal, me direz-vous ?
C’était sans compter la seconde guerre mondiale ! Avides de revanche, les flamingants qui se retrouvaient de plus en plus nombreux devinrent de l’aveu même d’Hitler ses plus grands alliés. Dénonciation tous azimuts des juifs, des belgicains, du méchant voisin soupçonné de ...tout y passa. Oh pas tous les Flamands ! Une grosse majorité seulement. Les Wallons prirent leur part dans cette soumission à l’ordre nouveau. Degrelle et compagnie qui participèrent à la campagne de Russie valaient bien vos Laval et Papon. Le nazisme vaincu, la répression fut dure, très dure et toucha forcément plus de Flamands que de Wallons, apportant un souffle nouveau aux revendications nationalistes des anciens collabos, d’abord sous le nom de Volksunie, puis de Vlaams Blok, et enfin la N-Va, très symptomatiquement surnommée Haine-VA en Belgique francophone.
Lors de la première révision constitutionnelle de 1963, les Flamands étaient d’accord avec un " splitsing " du pays et même un Bruxelles largement étendu, mais les socialistes, encore et toujours eux, firent capoter les négociations en refusant catégoriquement que les anciens inciviques retrouvent leurs droits civils et politiques. Une erreur monumentale, car si on veut faire table rase, on ne demande pas de pardonner, mais à tout le moins d’oublier. Les Flamands vinrent alors avec de nouvelles exigences, dont la création de cette fameuse frontière linguistique et la reconnaissance de leur fameux droit du sol sur les territoires entourant Bruxelles, territoires où les Wallons étaient déjà majoritaires ou presque mais qui avaient le mauvais réflexe de voter à droite, donc à abandonner au plus vite pour faire d’une pierre deux coups. Le deal fut accepté contre des facilités personnelles en matière administrative et judiciaire, ceux-là même que les Flamands remettent en cause aujourd’hui avec leur fameux BHV qui consiste à priver les francophones de leurs arrières et leurs droits personnels et politiques.
Assez logiquement, les francophones où la gauche et la droite partageaient ensemble le pouvoir rétorquèrent que si un accord était remis en cause, ce sont tous ses termes qui devaient être renégociés, donc aussi le tracé de cette fameuse frontière linguistique ...ce dont les Flamands ne veulent pas entendre parler au nom de ce fameux droit du sol. Un referendum règlerait tout, me direz-vous. Et bien les Flamands ne veulent pas en entendre parler non plus, de peur que les chiffres leur donnent tort et c’est bien ce qui se passerait.
Haineux, ils détricotèrent une à une ces fameuses facilités linguistiques.
Deux petits exemples seulement qui vous éclaireront sur le sens que les Flamands donnent au concept " facilités linguistiques " censé régir les relations de bon voisinage entre deux communautés :
- le francophone a, selon les termes de la loi, le droit de recevoir tout document administratif le concernant en français. De quoi se plaint-il ? On aurait pu croire qu’il lui suffisait de faire la demande une fois pour toutes. Non ! Il doit le faire à chaque fois, pour chaque document. Du Courteline ?
- les élections confirmant les unes après les autres le caractère francophone des alentours de Bruxelles, nos amis néerlandophones refusent la nomination des maires francophones régulièrement élus, parfois avec plus de 80 pour cent des voix, avec la suave excuse qu’ils avaient gravement entravé la loi en envoyant les convocations électorales dans les deux langues. En revanche, lorsque des maires de chez eux refusent d’organiser ces mêmes élections, il ne s’agit plus d’un grave manquement au principe démocratique, mais d’un acte de résistance. Comprenne qui pourra. Vous avez compris ? Mieux, comme ils savent ne pouvoir compter sur aucune loi pour faire avaliser leur position, ils estiment unilatéralement qu’un édit régional établi par eux seuls vaut plus que la loi nationale, cqfd !
Et ce malgré une condamnation ferme de l’Union européenne !
De fil en aiguille, ils ont créé un climat détestable, viennent manifester au moins une fois par mois et sous la protection de leurs gendarmes dans des territoires où ils sont largement minoritaires aux cris de : Franse ratten buiten ! Rats francophones, dehors ! Leur nouveau code du logement réserve l’achat de maisons sur LEUR territoire à leurs seuls nationaux, ceci à l’encontre des dispositions européennes de libre circulation des biens et des personnes. Ils ont même créé ici et là des bureaux de dénonciation pour signaler aux autorités tous les commerçants qui osent parler français à leurs clients. Sinon boum, plus de vitrine !
Vous avez dit relations de bon voisinage ? Tolérance, respect de l’autre ?
Notre Président de la communauté européenne est flamand. A ce sujet comme beaucoup d’autres qui touchent " sa race ", il se tait dans toutes les langues ! Son petit frère, qui est membre du Parlement flamand, parle ouvertement d’épuration linguistique, il ne doit pas bien comprendre ce que ce terme signifie !!!
A quand Milosevic ?
Trop, c’est trop !
Et Bruxelles dans cette histoire ? Alors là, tout change ! Les Flamands y sont grand maximum 8 pour cent. Ils ont le droit à 50 pour cent des places administratives, exigent le bilinguisme intégral des fonctions, ont obtenu la garantie de 17 sièges au Conseil de la Région, une démocratie censitaire puisqu’elle revient à donner quasi trois fois plus de force politique à leurs voix que leur représentation réelle. Mieux, Bruxelles ne reçoit de l’état central où ils sont aux commandes que 25 pour cent des impôts qu’elle génère. Et nous Bruxellois, nous devons encore leur dire merci d’être si généreux, de nous polluer avec leurs dizaines de milliers de voitures qu’ils rentrent immédiatement dans leur garage pour rester glander au bureau toute la journée.
Où s’arrêteront-ils ? Bon Dieu, où s’arrêteront-ils ?
La réponse est claire : jamais et nulle part !
Sauf le jour où la ville sera reflamandisée. La victoire, l’Anschluss.
Revenons à la situation d’aujourd’hui, celle qui me vaut le droit de vous alerter. Les dernières élections ont donné un éclairage encore plus clair à la situation :
En Flandre : 20 pour cent à l’extrême-droite ouvertement déclarée, 30 pour cent à l’extrême-droite qui a la prudence de ne pas encore faire le salut nazi. 10 pour cent à d’autres fantoches du même acabit qui ont décidé de rouler pour leur propre compte. 20 pour cent pour le parti catholique ( ça, du catholicisme ! ) 12 pour cent pour les libéraux responsables de la chute du gouvernement. et autant ou presque pour les socialistes ( nationaux-socialistes ! ) 5 pour cent pour les verts. Logiquement, c’est le leader du parti le plus important qui est en charge de la nouvelle négociation communautaire qu’ils exigent. Une négociation qui se résume à dire : vous acceptez tout ce qu’on demande et ce n’est même pas la peine de réclamer quoi que ce soit, on ne vous écoutera pas. Vous n’êtes que de sales Wallons profiteurs et nous en avons marre de subventionner votre paresse. Estimez-vous heureux de n’être pas encore tout à fait des sous-hommes et c’est bon ainsi. Bref, du Le Pen à cent pour cent : la France aux Français !
Leur nouveau leader, Bart DeWever a réussi le miracle de faire passer son parti de 5 à 30 pour cent. Il est, disent-ils " de slimste man van Vlaanderen " l’homme le plus malin de Flandre pour avoir un jour terminé deuxième dans un jeu télévisé du genre " Questions pour un champion " Professeur d’Histoire dans une université, gageons que son cursus doit être d’une objectivité au-dessus de tout soupçon. Il a de qui tenir, son père était un collabo notoire.
Face à lui, il y avait un front francophone uni. Je dis, il y avait car Elio Di Rupo, un socialiste à la Delanoé, toujours très élégant sous son noeud papillon rouge a gagné les élections pour avoir promis 7 milliards d’euros à sa clientèle privilégiée, alors que les caisses sont vides. Ce menteur professionnel a récolté 30 pour cent des voix francophones et est directement parti négocier avec le dingue d’en face, poste de Premier Ministre à la clé, le nonosse pour le chien. Quel fut son premier acte ? Directement écarter le parti francophone FDF qui, hélas pour nous, s’obstine à se présenter depuis 15 ans en cartel avec la droite ! Une droite démocratique, bien plus que celle à Sarko. Bien qu’ayant signé le pacte francophone, ce parjure cède jour après jour tout ce qu’il peut céder, le dernier acte de ce psychodrame devant normalement se jouer la semaine prochaine, lorsqu’il aura vendu la périphérie bruxelloise qui vote obstinément à droite contre le refinancement dû aux dépenses somptuaires de tous ses petits baronnets locaux, ceux qui ne sont pas encore inculpés par la Justice. Ecrasé votre petit copain Woerth, les casseroles qu’ils traînent derrière eux sont tellement nombreuses que dix pages ne suffiraient pas. Tout cela pour satisfaire son ambition : devenir Premier Ministre à tout prix.
On vous l’avait dit en préambule : l’alliance contre nature entre les socialistes et l’extrême-droite. Chez vous, ce serait impossible. Chez nous c’est quasiment fait.
Avec la participation des Verts qui plus est, c’est à ne plus rien y comprendre.
Non, en Belgique, rien n’est impossible ! Au secours, ils sont devenus fous...