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Accueil du site > Actualités > International > L’innocence des coptes d’Egypte

L’innocence des coptes d’Egypte

Sans s’étendre sur son contenu et ses répercussions, le film Innocence of Muslims, attribué à un californien d’origine copte, lève le voile sur cette communauté égyptienne aussi importante que discrète. Comment les coptes vivent le printemps arabe égytpien, quel rôle y jouent-ils, en ont-ils un d’ailleurs et de quel côté se rangent-ils ?

l'innocence des coptes
Le peuple des pharaons

Malgré le silence de l’état égytpien à ce sujet on estime que plus de 10 millions de coptes vivent aujourd’hui en Egypte. Ce sont les descendants directs des Egytpiens de l’époque pharaonique auxquels se sont mêlés au fil des invasions, Grecs puis Romains. Rapidement christianisés dès les premiers siècles de notre ère, les coptes subissent de plein fouet la conquête arabe en 639 et doivent rapidement se soumettre aux envahisseurs. Depuis cette invasion, les coptes sont devenus les serviteurs des musulmans, considéré par ces derniers comme des individus de second rang. Cet asservissement plusieurs fois séculaire fût néanmoins entrecoupé d’épisodes heureux où coptes et musulmans ont réussi à vivre dans un respect mutuel.

Le retour des jours sombres

A la fin des années 2000, l’animosité ancestrale d’une partie des musulmans envers les coptes resurgit brutalement. Le racisme et les discriminations prirent à nouveau le dessus et s’emparèrent de foules entières. Les premiers pogroms apparaissent fin 1999 et se multiplient tout au long des années 2000 avec une intensité croissante, sans que les forces de police ne cherche réellement à s’interposer entre agresseurs et agressés. Des coptes sont mis en prison pour des motifs obscures alors que leurs filles sont enlevées puis violées sans que leur tortionaires ne soient inquiétés par les autorités. Mais pendant la révolution, les haineux se sont trouvés d’autres boucs émissaires, et les coptes, bien heureux de retrouver un peu de tranquillité à l’ombre de ces événements, n’ont pour la plupart pas participé activement aux manifestations.

Au chevet de la révolution

D'une certaine manière, la révolution en Egypte a profité aux coptes qui sont à peu près respectés par les Frères Musulmans. Alors aujourd’hui, lorsque la rue excitée par les fondamentalistes s’embrase à nouveau à cause d’un film stupide, ce sont les Coptes eux-mêmes qui cherchent à calmer le jeu pour préserver la paix relative qui s’est installé en Egypte entre coptes et musulmans ces derniers mois. Ainsi, le Pape par intérim de l'Eglise copte, Anba Pachomios, a dénoncé le film le propos du film Innocence of Mueslims : "Laissez-nous en paix, nous sommes capables de vivre sous la protection et avec l'amour des musulmans", a-t-il notamment déclaré. Cette candeur peut surprendre quand on sait la violence séculaire qui a dicté les rapports entre coptes et musulmans au fil des siècles, mais dans cette région du monde où les susceptibilités sont extraordinaires, elle est aussi la marque de l'intelligence politique millénaire de cette antique communauté.

JR.

Sources :

- ZAKI, Magdi Sami, Histoire des coptes d’Egypte, éditions de Paris, Paris, 2005.
- ZIBAWI, Mahmoud, Les coptes, L’église du peule des pharaons, La Table Ronde, Paris, 2006.
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120914.OBS2406/egypte-les-coptes-entre-indifference-et-angoisse.html
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=14434


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20 réactions à cet article    


  • Kookaburra Kookaburra 3 octobre 2012 10:41

    Merci de cet article ! Les coptes sont exclus de certaines professions et sont sous-représentés au gouvernement. Discriminations sont la règle. Le gouvernement actuel empêche la construction d’églises et agît insuffisamment contre les salafistes, de plus en plus influents et antichrétiens. Mais dans l’orient en générale, discriminations et persécutions contre les chrétiens, présents dans ces régions bien avant la conquête musulmane, sont la règle.


    • Senior Evasion 3 octobre 2012 11:38

      Merci pour cet article à décharge, à mettre en relief avec l’article suivant : http://www.seniorevasion.fr/toutes-les-actualites/2012/09/20/flou-artistique-journalisme-et-monde-arabo-musulman

      Le débat reste ouvert

      www.seniorevasion.fr


      • tingo 3 octobre 2012 16:42

        Mais que de réductionnisme et que de partis-pris ethniques ! De la même manière qu’une étude génétique a démontré, il y a quelques années de cela, que les Palestiniens d’aujourd’hui, loin d’être « arabes » (dans le sens de : originaires de l’Arabie), sont essentiellement les descendants – bien plus que ne le sont par ailleurs la plupart des citoyens israéliens se déclarant ethniquement juifs – de gens qui, originellement d’affiliations religieuses hébraïques ou chrétiennes, ont au cours des générations opté pour s’affilier à l’Islam, avec tout ce que cela implique de modifications des normes culturelles, les musulmans de l’Egypte contemporaine, au même titre donc que les Coptes, sont avant tout les descendants d’innombrables générations d’habitants qui ont vécu sur les rives du Nil. A moins bien entendu qu’ils ne le soient des esclaves importés de l’Afrique dite noire, fait indéniable dans le cas précis de l’Egypte. Tout dépend donc de la manière dont on définit l’appartenance ethnique, et si l’on donne la priorité à l’histoire, à la génétique, à la langue, à la religion, à la culture, à la domination militaire, en somme à ce qui peut promouvoir la paix ou l’inimitié entre les peuples.


        • Julien Reynaud 3 octobre 2012 17:46

          Vous vous emportez Tingo, je ne poursuis aucune logique partisane, je ne suis ni d’un camp ni d’un autre. Quand je parle d’Arabes, je n’y met aucune connotation péjorative et je parle bien de ce peuple originaire d’Arabie, qui en envahissant l’Egypte entre 639 et 643 s’est bien évidement mêlé peu à peu à la population autochtone alors très majoritairement copte. 


          Il n’en demeure pas moins, que culturellement, les coptes sont bien les descendants des égyptiens de l’Antiquité auxquels se sont mêlés, Grecs, Romains, Arabes, puis Arabes convertis à l’Islam. J’ajoute à cela que de nombreux coptes sont également musulmans.

          Je m’émeut simplement que ces deux ethnies dominantes en Egypte, coptes (musulmans ou chrétiens) d’un côté et musulmans d’origine arabe de l’autre, ne puissent vivre en harmonie alors qu’ils partagent le même territoire depuis plus de 14 siècles.

          Mais je suis d’accord avec vous, il est toujours très difficile de caractériser une ethnie et je suis désolé si mes propos ont pu heurter votre humanisme, mais soyez certain que ce n’était absolument pas mon intention.

          Au plaisir de vous lire de nouveau !




          • njama njama 3 octobre 2012 23:32

            La civilisation des Arabes (1884) par Gustave Le Bon (1841-1931)
            (Edition téléchargeable) http://classiques.uqac.ca/classiques/le_bon_gustave/civilisation_des_arabes /civilisation_arabes.html

            Livre troisième : L’empire des Arabes
            Chapitre IV : Les Arabes en Égypte

            1. L’ÉGYPTE AU MOMENT DE L’INVASION DES ARABES. Importance particulière de l’étude des Arabes en ÉGYPTE. l’Égypte est une des contrées où la civilisation arabe s’est entièrement substituée à celle existant avant elle. Solidité et durée de l’ancienne civilisation égyptienne. Les Grecs et les Romains n’avaient pas réussi à la renverser. État de l’Égypte avant les Arabes. Conditions particulières d’existence qu’elle présente. Le sol, le climat et les habitants.

            2. CONQUÊTE DE L’ÉGYPTE PAR LES ARABES. Faible résistance que les arabes rencontrèrent en ÉGYPTE de la part de la population. Résistance de l’armée grecque. Longueur du siège d’Alexandrie. Conduite bienveillante d’Amrou à l’égard des vaincus. Il respecte leurs lois, leurs coutumes et leurs croyances. Protection particulière accordée aux chrétiens. Organisation de la justice, de l’administration, des travaux publics, etc. Résumé de l’histoire de l’Égypte pendant la période arabe.

            3. CIVILISATION DES ARABES EN ÉGYPTE. Éléments d’où fut tirée cette civilisation. Développement des arts et de l’industrie sous les Fatimites. Sources de la richesse des khalifes. L’Égypte était le centre des relations entre l’Orient et l’Occident. Cette source de richesse dura jusqu’à la découverte d’une route par le Cap de Bonne-Espérance.

            4. MONUMENTS LAISSES PAR LES ARABES EN ÉGYPTE. Importance de ces monuments. Ils présentent des spécimens variés de toutes les époques, depuis les premiers temps de l’Islamisme. La ville du Caire. Mosquées d’Amrou, de Touloun, d’el Azhar, de Kalaoun, d’Hassan, de l’émir Akhor, d’el Barqouq, de Mouaiad, de Kaït bey. Mosquées modernes du Caire. Autres monuments arabes du Caire. Portes de la ville. Citadelle. Puits de Joseph, etc.


            • njama njama 3 octobre 2012 23:53

              Lorsque le christianisme devint la religion officielle de Constantinople, l’empereur
              Théodose fit abattre, en 389, tous les temples et statues des anciens dieux de
              l’Égypte, et tout ce qui pouvait rappeler ces derniers. Les monuments trop solidement construits pour pouvoir être détruits facilement eurent leurs inscriptions et leurs personnages martelés.

              L’Égypte est encore couverte des débris de cette fanatique dévastation. Ce fut un
              des plus tristes actes d’intolérance et de vandalisme qu’ait connus l’histoire. Il est
              regrettable d’avoir à constater qu’un des premiers actes des propagateurs de la religion nouvelle, qui venait de remplacer les anciens dieux de la Grèce et de Rome, fut la destruction de monuments que la plupart des conquérants avaient respectés depuis cinq mille ans.

              Cet acte de vandalisme entraîna comme conséquence rapide l’anéantissement de la civilisation égyptienne. La science des hiéroglyphes se perdit entièrement et ne fut retrouvée que de nos jours. l’Égypte devint forcément chrétienne, mais elle tomba
              dans un état de décadence, qui ne fit que s’accentuer chaque jour jusqu’à l’arrivée des Arabes.

              Quand la conquête de l’Égypte fut tentée par le lieutenant du deuxième successeur
              de Mahomet, elle avait pour maître l’empereur de Constantinople, Héraclius. Son état était des plus misérables, elle était devenue le champ de bataille de nombreuses sectes chrétiennes qui pullulaient à cette époque, s’excommuniaient réciproquement et se livraient d’éternels combats.

              Ensanglantée chaque jour par les dissensions religieuses, ruinée par les exactions
              des gouverneurs, l’Égypte professait une haine profonde pour ses tristes maîtres, et
              devait recevoir comme libérateurs ceux qui l’arracheraient aux mains des empereurs de Constantinople. C’est aux Arabes que fut réservé ce rôle.
              [...]

              2. - Conquête de l’Égypte par les Arabes (page 84 du PDF Livre III)

              Ce fut l’an 18 de l’hégire (639 de J.-C.) qu’Amrou, lieutenant du khalife Omar,
              pénétra en Égypte. Nous avons dit déjà combien sa conduite envers la population
              envahie fut habile. Laissant aux Égyptiens leur religion, leurs lois, leurs usages, il ne leur demanda en échange de la paix et de la protection qu’il leur assurait, que le paiement régulier d’un tribut annuel de 15 francs par tête.
              Ces conditions furent acceptées avec empressement. Il n’y eut qu’une partie de la population composée de Grecs, c’est-à-dire les soldats, les fonctionnaires et le clergé, qui refusa de se soumettre aux envahisseurs. Réfugiés à Alexandrie, ils y soutinrent un siège de quatorze mois qui coûta la vie à vingt-trois mille Arabes.

              Malgré ces pertes importantes, Amrou se montra très indulgent pour les habitants de la grande cité ; il leur épargna tout acte de violence et ne chercha qu’à se concilier leur affection, en recevant toutes leurs réclamations et tâchant d’y faire droit. Il fit réparer les digues et les canaux et consacra des sommes importantes aux grands travaux publics. Quant au prétendu incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, un tel vandalisme était tellement contraire aux habitudes des Arabes, qu’on peut se demander comment une pareille légende a pu être acceptée pendant si longtemps par des écrivains sérieux. Elle a été trop bien réfutée à notre époque, pour qu’il soit nécessaire d’y revenir. Rien n’a été plus facile que de prouver, par des citations forts claires, que, bien avant les Arabes, les chrétiens avaient détruit les livres païens d’Alexandrie avec autant de soin qu’ils avaient renversé les statues, et que par conséquent il ne restait plus rien à brûler.

              Gustave Le Bon (1884), La civilisation des Arabes : livre III (L’empire des Arabes)
              http://classiques.uqac.ca/classiques/le_bon_gustave/civilisation_des_arabes /Arabes_livre_3.pdf

              C’est un épisode de l’histoire qu’il serait peut-être utile de rappeler aux coptes ... comme aux autres égyptiens !  smiley


              • spin spin 9 octobre 2012 15:11

                eh oui, Njama, les Chrétiens firent en 389 ce que les Mussulmans font aujourd’hui au nord du Mali, et hier en Afghanistan (souvenez-vous la destruction des Boudhas géant de pierre par les Taliban).
                En fait, il y a 1623 ans de décalage !
                Alors même si l’Islam a connu un âge d’or avec ses sages, on peut sans difficulté reléguer ceci à l’histoire ancienne. Bravo pour cette régression, les islamistes de tous poils !


              • njama njama 3 octobre 2012 23:57

                @ l’@uteur
                Depuis cette invasion, les coptes sont devenus les serviteurs des musulmans, considéré par ces derniers comme des individus de second rang. Cet asservissement plusieurs fois séculaire ...

                Je n’ai pu que bondir en vous lisant !!!


                • Julien Reynaud 4 octobre 2012 10:18

                  C’est pourtant vrai et cette servitude était même encadré juridiquement par le statut de Dhimmi qui établissait les droits et les devoirs d’une population après qu’elle fût soumise militairement par les Arabes.


                   Le Dhimmi devait payer deux impôts (capitation et foncier), était libre de pratiquer son culte mais interdit de faire du prosélytisme ni de bâtir de nouveaux édifices religieux, ses droits juridiques étaient limités. 

                  En échange de cette soumission, car c’est en bien une il me semble, il lui était garantit la protection pour sa personne et ses biens.

                • njama njama 4 octobre 2012 10:51

                  Effectivement Julien Renaud, cela s’appelle « Le pacte d’Umar » (en 717, calife Umar II).

                  Que les musulmans aient été très conciliants avec les Juifs et Chrétiens, va un peu de soi, si on connaît le Coran. Les versets concernant les Gens du Livre sont nombreux. Ce Pacte n’a rien d’étonnant, les premiers fidèles ne pouvaient aller à l’encontre des presciptions coraniques.

                  Que ce « compromis » politique, puisqu’il concernait l’organisation de la vie dans le Cité, n’ait pas été parfait ou soit discutable, est une autre question. Certaines dispositions sont anachroniques. Il aurait sérieusement besoin d’un sérieux update  smiley
                  La controverse sur ce statut de dhimmi ( traduit en français par « allié » ou « protégé ») est acceptable, mais il faut au préalable, par honnêteté intellectuelle, remettre dans le contexte de l’époque, début du VIII° siècle.
                  Et savoir aussi regarder les avantages qu’accordaient ce « compromis » ! Comme on dit, on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre ... et la crémière par dessus le marché smiley
                  A ma connaissance, ni le judaïsme, ni le christianisme, n’en ont proposé un ! Avant de jeter la pierre ...

                  Toujours est-il que l’islam a cohabité paisiblement avec les deux autres monothéismes. Tout le monde ne peut en dire autant.

                  Bonne journée ... en espérant que votre sujet appelle de beaux commentaires.


                • Julien Reynaud 5 octobre 2012 12:31

                  Pour dissiper tout malentendu, sachez que je ne jette la pierre à personne et ne tenterai jamais, ni ici ni ailleurs, d’établir une quelconque suprématie morale d’un monothéisme par rapport à un autre, et ce n’est absolument pas le sujet de cet article.


                  Cela étant dit, merci pour ces approfondissements qui finalement vont dans le même sens que ce que j’expose !

                • njama njama 4 octobre 2012 00:38

                  Rapidement christianisés dès les premiers siècles de notre ère, les coptes ...

                  La proximité avec la Judée est évidente. On dit que l’apôtre Thomas évangélisa l’Égypte ...
                  Il ne faut pas tombé dans le simplisme ... avant l’islam, les chrétiens s’opposaient entre eux pour la simple raison que cette Église d’Orient particulière, autonome, ... n’était pas celle que cherchait à imposer l’empereur Théodose I°, qui avait rallié le christianisme nicéen !
                  « En 380, il publia l’édit (dit édit de Thessalonique) suivant : « Tous les peuples doivent se rallier à la foi transmise aux Romains par l’apôtre Pierre, celle que reconnaissent Damase et Pierre d’Alexandrie, c’est-à-dire la Sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » »

                  C’est une époque où différents courants de pensées spirituelles circulaient parmi les « baptisés » ... si vous connaissez les différentes « hérésies » .
                  Le christianisme égyptien devait être loin d’être monolithique. A l’évidence, la religion des Coptes n’était pas la religion de l’Égypte, mais celle de l’empereur.

                  « Les suites de l’Édit sont catastrophiques pour les tenants de l’ancienne religion romaine et pour la culture gréco-romaine. Les rôles sont drastiquement renversés : ce sont maintenant les adeptes de la « religion païene » et leurs œuvres qui sont interdits, traqués, exterminés. Toutes les œuvres et manifestations jugées païennes sont progressivement interdites, et en 415, une émeute fomentée par un certain Pierre le magistrat, à Alexandrie, et tacitement encouragée par l’évêque Cyrille[réf. souhaitée], aboutit au lynchage d’Hypatie, mathématicienne et responsable de la Bibliothèque, accusée soit d’empêcher la réconciliation entre le patriarche Cyrille d’Alexandrie et le préfet romain Oreste à la suite de conflits sanglants entre diverses communautés religieuses d’Alexandrie, soit de sorcellerie. Selon Socrate le Scolastique, son corps mis en pièces est porté au sommet du Cinâron pour y être brûlé, tandis que les émeutiers se dirigent vers la Bibliothèque pour l’incendier (Thomas Molnar, dans son essai Moi, Symmaque, date cet événement de 391, à l’instar de ceux qui croient que ce fut Théodose Ier lui-même qui commanda cet incendie, ce qui est erroné). En 392, Théodose écrasa l’usurpation d’Eugène qui, bien que chrétien, favorisait l’ancienne religion romaine et avait annulé les mesures prises par Théodose. »

                  http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odose_Ier#Le_triomphe_du_christianisme_nic.C3.A9en


                  • njama njama 4 octobre 2012 00:45

                    « erratum », désolé, je dois être un peu fatigué, heure tardive !
                    Merci de lire :
                    A l’évidence, la religion de l’Égypte n’était pas la religion des Coptes, mais bien celle de l’empereur.


                  • njama njama 4 octobre 2012 10:28

                    Les chrétiens Coptes ont accueilli les « conquérants » musulmans en « libérateurs ».

                    pour la simple raison qu’ils n’auraient pu s’entendre avec les chrétiens de l’empereur Théodose I° qui avait rallié le christianisme nicéen (adeptes du dogme trinitaire) !!!

                    Les Coptes, mot synonyme « d’Égyptiens » ... d’après le nom donné par les Grecs anciens à l’Égypte (Αἴγυπτος / Aigyptos) qui, après disparition de la première syllabe à la période arabe, donna coptita en latin et qibt en arabe.

                    Sur le plan de la doctrine, l’Église copte orthodoxe est fidèle aux trois premiers Conciles œcuméniques et est souvent rattachée à tort, comme les Églises arménienne et éthiopienne, à l’orthodoxie, peut-être parce qu’elles présentent une grande similitude de rite. Elle s’en distingue pourtant puisqu’elle se fonde sur les thèses miaphysites ** condamnées par le concile de Chalcédoine (451), qui s’intéresse à divers problèmes christologiques et condamne en particulier le monophysisme d’Eutychès et Dioscore .
                    (Les coptes Wikipedia)

                    Les Églises des trois conciles (nées du refus des conclusions du Concile de Chalcédoine en 451) sont qualifiées de « miaphysiques » ** car elles suivent ce que disait Cyrille à propos de la nature du Christ.

                    ** (miaphysisme Wikipedia) celui-ci soutenait que les deux natures (humaine et divine) coexistent sans qu’il y ait égalité entre elles : « unique nature incarnée (mia physis) du Verbe de Dieu sans mélange et sans confusion ». La nature est divine, l’adjectif « incarné » désigne l’Humanité que le Verbe Divin a faite sienne. On ne peut donc pas parler de monophysisme, cette dernière doctrine niant toute partie humaine dans la nature du Christ.

                    Les Églises qui constituent la famille historique des Églises orthodoxes orientales miaphysites ICI


                    • njama njama 4 octobre 2012 22:45

                      dhimmitude ! en partie une histoire de pognon !

                      dhimmi ( traduit en français par « allié » ou « protégé »). Je ne sais si nous pourrions translittéré en français (?), un peu comme Sécotine Loyal le fît avec sa si charmante et ingénue « bravitude » !

                      ce « compromis » politique ... disais-je, je pense qu’il le fût au départ.
                      Ceci dit, dès l’avènement du Califat Omeyyades (coup d’État pour certains ... thèse que je partage compte-tenu de l’intelligence « informelle » et spirituelle des débuts de l’islam), se posait le problème, « grand écart » entre ce que prescrivait le Coran et la réalité du terrain, de ce Califat omeyyade, peuplé majoritairement de chrétiens, juifs, zoroastriens, etc.
                       
                      Vous imaginez je pense le paquet de nœuds !

                      « Umar II succède à son cousin Sulaymān en 717. C’est un calife à la position particulière dans la dynastie, du fait de sa sagesse et de sa piété, étant parfois le seul à être reconnu calife par la tradition ultérieure. ʿUmar II est notamment honoré pour avoir lutté contre les problèmes fiscaux concernant la conversion à l’islam. En effet, à cette époque, le Califat omeyyade est peuplé majoritairement de chrétiens, juifs, zoroastriens, etc. Leur conversion n’est pas forcée, mais ils sont sujets à des taxes plus élevées que les musulmans, d’autant plus qu’une fois convertis, on prélève sur eux la capitation (ǧizya) comme s’ils n’étaient pas encore musulmans. D’un point de vue financier, la conversion massive diminuerait les revenus de l’État, et certains gouverneurs découragent les conversions à l’islam, mais ʿUmar II tente de résoudre le problème, insistant sur l’égalité de traitement entre musulmans arabes et non arabes, et enlevant les obstacles à la conversion des non Arabes à l’islam. »
                      http://fr.wikipedia.org/wiki/Omeyyades#L.27expansion_territoriale

                      Et c’est là où je vous rejoins tout à fait quand vous dites « Le Dhimmi devait payer deux impôts (capitation et foncier) » ... mais cela nécessite quelques explications.

                      Terre à terre diront certains, une histoire de pognon ! mais réalité de l’Etat !

                      La djizîa ou djizîat, suivant les transcriptions, est l’impôt que devaient payer les hommes pubères non-musulmans (dhimmis) en âge d’effectuer leur service militaire.
                      Du point de vue des souverains musulmans, la jizya était une preuve matérielle de l’acceptation par les non-musulmans de la puissance souveraine et de ses lois, de même que pour les habitants il s’agissait d’une continuation concrète des impôts payés sous les régimes antérieurs. Elle n’était d’ailleurs pas plus élevée que sous la domination romaine. En échange, les dhimmis, majoritaires dans les territoires nouvellement conquis, avaient le droit de pratiquer leur religion, bénéficiaient d’une certaine autonomie de gestion, étaient en droit d’exiger la protection du souverain musulman contre les agressions extérieures, étaient exemptés de service militaire et de l’obligation musulmane de verser l’impôt islamique annuel nommé zakat.

                      Avec la conversion progressive de non-musulmans vers l’islam, la source de revenu que représente la jizya baisse. Pour compenser, les juristes font prélever l’impôt foncier, la kharaj, non plus en fonction du statut du propriétaire mais de ses terres.

                      La dhimmitude, une histoire fiscale ?

                      Dommage !!! ce manque de participation au sujet de votre article, qui prêtait à une bonne balade péripatéticienne au sujet de cette histoire ...

                      Tous mes encouragements pour votre prochain article.
                      Cordialement


                      • njama njama 4 octobre 2012 23:02

                        J’oubliais, petite précision chronologique pour situer dans le temps.

                        Mahomet, mort à Médine en 632
                        En 639 Amrou, lieutenant du khalife Omar, pénétre en Égypte.
                        Les Omeyyades de 661 à 750

                        Le Pacte d’Umar 717, Umar II considéré parfois comme le cinquième calife bien guidé de l’islam pour sa sagesse, sa justesse et sa grande piété. Les quatre premiers califes (632 - 661) étant Abou Bakr (632-634) / Omar (634-644)/ Uthman (644-656) / Alî (656-661)


                      • Julien Reynaud 5 octobre 2012 12:24

                        Vaste sujet smiley



                      • njama njama 6 octobre 2012 11:00

                        Vaste sujet comme vous dites Julien Reynaud
                        L’histoire vue par le petit bout de la lorgnette, mais qui éclaire la grande Histoire, et nos esprits contemporains.

                        De quoi faire tomber quelques préjugés très fallacieux sur le statut de « dhimmi » qui n’était ni originel ni consubstantiel aux débuts de l’islam.
                        Ce n’était qu’un compromis politique et juridique fait sous les Omeyyades.
                        Califat peuplé majoritairement de chrétiens, juifs, zoroastriens, etc.

                        Dans le même ordre d’idée, par analogie, l’ iconoclasme musulman n’était ni originel ni consubstantiel aux débuts de l’islam. Le calife Yazid II (687-724), 9° calife omeyyade qui succéda à son cousin Umar II en 720, promulgua un décret (une fatwa) contre les images, applicable aux chrétiens qui vivaient sous son autorité, d’où la destruction des images chrétiennes à travers le Califat. Rien d’étonnant, c’était une époque où les controverses entre iconodules et iconoclastes dans le christianisme secouaient tout l’Empire byzantin. Il fallait trancher pour faire cesser les querelles. Autre vaste sujet ...


                      • spin spin 9 octobre 2012 15:18

                        Bref, Njama, à part étaler votre culture, comme on ferait avec la confiture, si on se ramenait au sujet :
                        Les coptes sont-ils innocents ou pas ?


                      • njama njama 11 octobre 2012 23:38

                        @ spin
                        Il ne s’agit pas de culture, mais d’histoire. Là où l’histoire est tronquée, et réduite à quelques caricatures grossières ,(les coptes sont devenus les serviteurs des musulmans - des individus de second rang - cet asservissement plusieurs fois séculaire - l’animosité ancestrale d’une partie des musulmans envers les coptes - quand on sait la violence séculaire qui a dicté les rapports entre coptes et musulmans au fil des siècles), cela méritait tout de même quelques réajustements.

                        l’intelligence politique millénaire de cette antique communauté.
                        Elle n’a pas dû en manquer, j’en suis convaincu au moins pour survivre avec ses dogmes miaphysites depuis l’empereur Théodose qui devaient fort « chiffonner » les chrétiens trinitaires de l’Empire qui persécutaient les hérétiques. Les musulmans au moins leur foutaient la paix, pourvu que leur culte et leur communauté ne perturbent pas la vie civile et qu’ils ne fassent pas de prosélytisme. On ne leur en demandait pas plus.

                        Les coptes sont-ils innocents ou pas ?
                        Votre question ,l’@uteur ne la pose pas, c’est un titre. Si elle était posée, c’est un trop vaste sujet. Attendiez-vous une fresque sur deux mille ans en commentaire d’un article ?
                        De quelle innocence parle-t-on ? si c’est de celle des quelques coptes clairement identifiés qui ont participé de près ou de loin à ce film ? ils sont assez adultes pour mesurer la responsabilité de leurs actes.
                        Croyaient-ils servir le sort de leurs coreligionnaires d’Egypte ? si, oui, je crois que c’est raté, mais heureusement pour eux, leurs frères,ne s’y sont pas trompés :
                        « Laissez-nous en paix, nous sommes capables de vivre sous la protection et avec l’amour des musulmans »,

                        C’est grosso-modo ce que disent tous les chrétiens d’Orient à leurs frères chrétiens d’Occident.

                        Pour un avis plus général sur les relations chrétiens /musulmans à travers les âges, il ne serait pas honnête intellectuellement de se limiter à la seule Égypte. Néanmoins, peut-être que l’avis de deux Arabes chrétiens pourraient vous répondre sur la coexistence des Arabes de confession différente :

                         Hayat al Huwik Atia, journaliste libanaise de confession maronite interpellant le pape lors de son voyage en Israël : « L’église d’Orient refuse d’être entraînée dans le processus de judaïsation de l’Occident chrétien. (…) Nous, l’Orient arabe chrétien, nous ne voulons pas de ce néochristianisme judéo-chrétien et nous refusons que l’Occident chrétien utilise l’influence spirituelle occidentale des églises, catholiques et protestantes, pour implanter en Orient et particulièrement dans le monde arabo-chrétien l’idée ou l’influence de judaïsation. Votre Sainteté le pape, sachez que je suis une chrétienne arabe ! (…) Par conséquent, cela ne m’empêche pas de vous rappeler ma fierté d’appartenir à cette terre arabe. Cette terre est le berceau de toutes les Religions et de toutes les Révélations monothéistes. (…) La deuxième raison est que c’est l’Occident agit depuis des décades contre le Monde arabe pour saper cette cohésion sociale et religieuse dans le Monde arabe. (..) En conséquence, Votre Sainteté, sachez que nous – Arabes chrétiens – ne sommes une minorité en aucune façon, tout simplement parce que nous étions des Arabes chrétiens avant l’Islam, et que nous sommes toujours des Arabes chrétiens après l’Islam. La seule protection que nous cherchons est comment nous protéger du plan occidental qui vise à nous déraciner de nos terres et à nous envoyer mendier notre pain et notre dignité sur les trottoirs de l’Occident. » (…) 
                        Lettre ouverte des Chrétiens arabes du Machrek à Sa Sainteté le Pape

                         Pour sa part, le docteur Rafiq Khoury, prêtre palestinien du Patriarcat latin de Jérusalem, écrit « (…) les chrétiens font partie de l’identité de la terre et la terre fait partie de leur identité, avec leurs concitoyens musulmans. (…) L’arabité et la palestinité des chrétiens de Palestine sont des faits acquis, que nous recevons avec le lait de notre mère, comme on dit en arabe. Les relations islamo-chrétiennes en Orient en général et en Palestine en particulier, s’inscrivent dans une longue histoire, qui a à son actif treize siècles de communauté de vie, où nous avons partagé « le pain et le sel », comme on dit en arabe aussi. » (article 30.04.2009 ICI)

                        Les chrétiens d’Orient veulent rester Arabes

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