Le peuple suisse s’apprête à voter le 28 novembre prochain sur le revois des criminels étrangers, vrai problème ou exagération ?
Le 28 novembre 2010 la Suisse votera sur le renvoi des criminels étrangers.
Ce vote soumis au peuple à l’initiative de l’Union Démocratique du Centre parti d’extrême droite, ainsi que le contreprojet du gouvernement, va mettre la Suisse dans une position très dangereuse, en effet si cette votation passe, ce que l’on craint, 60% de la population y serait favorable, va une nouvelle fois se retrouver en contradiction totale avec les accords signés avec l’E.U sur la libre circulation des personnes, ainsi qu’une violation de la convention des Droits de l’Homme.
Jusqu’à présent il est fort de constater que les Gouvernements Européens ne prennent pas en considération, les dérives et les interprétations abusives des accords signés par la Suisse et qu’il serait grand temps de remettre ce pays face à ses engagements. L’affaire des minarets était une violation de la CEDH, mais tout est resté sous silence et n’a pas été suivis
Le contre-projet est superflu
Au vu des fortes chances que, selon toutes les prévisions, l’initiative soit acceptée en votation populaire, le Parlement a décidé de présenter un contre-projet direct. Ce texte comprend pour l’essentiel deux articles. Le premier conditionne le renvoi à la gravité de la condamnation encourue pour une liste exhaustive de délits et à la prise en compte, dans tous les cas, du respect du droit international et du principe de proportionnalité. Le deuxième article formule quelques principes d’une politique d’intégration visant à la cohésion entre la population autochtone et étrangère.
Le contre-projet entraîne lui aussi un durcissement de la politique envers les étrangères et étrangers. ce durcissement est superflu et la législation actuelle (loi sur les étrangers, droit pénal) suffit amplement pour renvoyer les délinquants étrangers. Il peut par ailleurs renforcer le risque, déjà existant dans le droit en vigueur, de violations des droits humains. Le contre-projet peut en outre contribuer à renforcer les préjugés contre la population étrangère établie en Suisse.
Le contre-projet comporte en plus un danger de différentiation non objective. Le fait de lier le renvoi exclusivement à la gravité de la peine prononcée peut en effet entraîner une double peine discriminatoire. Les décisions devraient bien davantage être prises sur la base du risque de récidive et de la situation familiale et personnelle des personnes concernées. Le fait que le contre-projet ne garantisse pas la prise en compte automatique de ces éléments peut induire également des situations préoccupantes en terme de droits humains, comme par exemple, la séparation de familles ou le renvoi de personnes de la deuxième ou troisième génération, dans un pays qu’elles n’ont encore jamais vu et dans lequel elles n’ont absolument plus d’attaches.
Question subsidiaire pour le contre-projet
Il doit être clairement dit non à l’initiative et rejeter également le contre-projet, qui est considéré comme superflu et potentiellement contraire aux droits humains.
Dans le cas d’une double acceptation de l’initiative et du contre-projet, la question subsidiaire revêt une importance décisive. Dans ce cas de figure il serait recommandé, malgré les réserves émises, de choisir le contre-projet, en tant que moindre mal, pour contrecarrer l’initiative.
Quelle solution pour la Suisse, si la CEDH estime qu’il y a la une violation manifeste des Droits de l’Homme ? Ou que le Conseil de l’Europe met la Suisse en demeure de respecter ses engagements sur la libre circulation des personnes.
Pour la violation des Droits de l’homme la Suisse devrait se retirer de la CEDH et reformuler une nouvelle demande d’adhésion en incluant des exceptions à la manière Suisse ce qui provoquerait indéniablement une catastrophe au niveau International et que surement les Etats signataires ne l’accepterait pas, il y a déjà trop d’exceptions suisses dans les différents accords bilatéraux et l’Union Européenne commence à en avoir assez de ces exceptions à la mode suisse.
Le non-respect des accords bilatéraux signés par la Suisse sur la libre circulation des personnes, entrainera des sanctions évidentes, voir la dénonciation de ces accords qui aura de graves conséquences sur le plan Européen. Et que la Suisse aura énormément de peine à conclure de nouveaux accords, qui-là ne seront plus à la mode suisse mais à la sauce Européenne.
Philippe Frioud