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L’indépendance artificielle des médias est-elle souhaitable ?

Depuis que Nicolas Sarkozy est devenu président de la République, se pose la question de l’indépendance des médias au vu des liens qu’il entretient avec d’éminentes personnes fortunées propriétaires de médias privés. La plupart des critiques partent du fait que les gens de pouvoir se serviraient de leurs sociétés de médias pour influencer l’opinion. Alors même que la collusion des intérêts apparaît pour beaucoup comme certaine, inévitable et prégnante, on peut se demander si cela est véritablement dangereux dans une société ouverte telle que la nôtre. Je n’en suis pas persuadé. Le débat fait appel à la notion de médias indépendants, concept sybillin sur lequel je propose un point de vue structurel. Voici quelques brèves réflexions sur le sujet.

1. Comprendre les rouages d’une possible collusion des intérêts

La plupart des personnes adhèrent à l’idée qu’il y a forcément un côté partisan chez les médias privés dans la mesure où les intérêts des détenteurs de leur capital seraient alignés sur ceux de certains partis qui souhaitent leur accorder des avantages. Cela est un argument très fort d’un point de vue logique. Cependant, il faut le décortiquer et le mettre en perspective.

a. Hypothèses

Supposons qu’un magnat de la finance possède 100 % d’une société détenant journaux, télévisions et radios. Admettons qu’il ait passé un pacte avec un homme politique qui a des chances d’accéder à des postes de pouvoir. Les termes du pacte sont : « Tu m’aides à devenir président et, en échange, j’accorde des faveurs à ton groupe de médias pour que tu fasses plus de profit et je t’abaisse les impôts pour que tu puisses gagner plus en travaillant moins ».

Prenons pour hypothèse que le grand capitaine de médias a des objectifs financiers dans la manœuvre.

Un tel pacte est-il possible et sous quelles conditions ?

b. Objections sur la probabilité que le pacte soit conclu

La fait que le pacte soit conclu me semble peu probable pour deux raisons principales. La première tient à une situation en termes de théorie des jeux. En effet, il y a incertitude sur l’élection du candidat soutenu alors même qu’il y a certitude sur les coûts engagés pour le soutenir. Ces coûts peuvent être de natures diverses : perte d’audience, recettes publicitaires, risque de réputation... Par ailleurs, il existe un coût de la défaite, par vengeance du candidat opposé, qui a de bonnes chances d’être d’autant plus élevé que l’engagement pour le candidat est important. Dès lors, les coûts et le risque augmentent avec un effet ciseaux sur la profitabilité attendue.

De plus, la prise qu’ont aujourd’hui les grands médias privés sur la société n’a jamais été aussi faible, notamment en raison du développement de sources alternatives. Avec la fin du monopole des médias, il devient bien plus difficile de viser un public de façon certaine, d’autant plus que les médias étrangers ne peuvent que difficilement être influençables vu la faiblesse du public français dans leur audience.

c. Objections sur la probabilité de la réalisation des promesses

Le premier risque pour le magnat des médias qui soutient le candidat est qu’une fois élu, le candidat refuse de le soutenir et d’honorer ses promesses en lui jetant à la figure la célèbre phrase de Charles Pasqua.

Cependant, même si le président souhaite mettre en œuvre une politique visant à soutenir l’entreprise de son sponsor, le nombre de contre-pouvoirs qui se mettent en travers de son chemin sont considérables et la lenteur avec laquelle il va mettre en œuvre ses promesses est extrême.

En effet, comment un dirigeant, même s’il dispose de tous les pouvoirs essentiels (Assemblée alliée et présidence), peut-il concrètement aider celui avec qui il a passé un pacte ? Je ne vois pas beaucoup de moyens, à moins que ce dernier ne dispose d’entreprises dans des secteurs où l’Etat dispense des marchés publics (principalement défense et aménagement du territoire).

2. L’indépendance des médias est-elle souhaitable ?

a. Qu’est-ce qu’un média non partisan ?

Beaucoup de médias se disent non partisans et indépendants. Il semble possible de définir le terme « non partisan » de façon plutôt claire, sans toutefois mettre tout le monde d’accord.

En effet, un média « non partisan » serait celui qui évite, autant que cela est possible, d’argumenter en faveur d’un camp ou d’un autre, supposés opposés autour d’une question. C’est donc essentiellement une question de présenter un point de vue équilibré sur un sujet. La définition est cependant particulièrement délicate car son application rigoureuse à des exemples concrets pose problème. En effet, un média qui évoque la situation tragique au Darfour dans une journal télévisé omet nécessairement de faire la lumière sur d’autres sujets tout aussi préoccupants tels que la séparation de François Hollande et de Ségolène Royal et le jogging de Nicolas Sarkozy avec François Fillon. Vous ne trouvez pas que les deux derniers thèmes sont plus importants ? Etonnant, mais cela montre que la difficulté est du côté de l’audience, dont il est difficile de connaître les préférences, aussi bien en termes de choix de thèmes que d’arguments. Mais disons que sur un débat comme la TVA sociale, Le Monde a publié deux articles conjointement, un contre et un pour. Ceci est un exemple de démarche non partisane.

b. Qu’est-ce qu’un média indépendant ?

L’indépendance est, me semble-t-il, très délicate à définir. En effet, l’indépendance nécessite de pointer un ensemble de personnes/organisations vis-à-vis desquelles un média ne doit pas dépendre, et donc de pointer du doigt, par définition, ceux pour lesquels cela ne pose pas de problème. Prenons deux situations similaires où une organisation contrôle effectivement (direction générale ET éditoriale) d’un média, avec pour exemples hypothétiques d’actionnaires majoritaires le Medef et la CGT. Lequel serait le plus gênant pour l’expression du pluralisme d’idées ? En prenant d’autres exemples, avec par exemple l’Eglise catholique, le MRAP, le fonds de pensions Vanguard, Medecins sans Frontières ou encore le Front national, il est probable que beaucoup y trouvent à redire, ce qui aboutirait à une situation où il faudrait interdire à toutes les organisations, quelles qu’elles soient, de détenir des parts majoritaires dans des sociétés de médias.

Plutôt que d’interdire à des organisations de contrôler des médias, il faudrait trouver des modes de gouvernance qui empêchent les actionnaires d’avoir une influence sur la direction éditoriale. Ceci est déjà le cas. Ainsi, les dirigeants des chaînes publiques (France télévisions) sont nommés par des administrateurs qui représentent l’Etat, le Parlement, le CSA et les employés. Elément intéressant, Patrick de Carolis est aussi bien administrateur (du CSA) que dirigeant du groupe, ce qui est plutôt bizarre. En principe indépendantes, les chaînes sont dirigées par des directeurs généraux différents, mais dont le processus de nomination et de révocation semble assuré par le groupe (le site Internet de France télévisions n’est pas assez précis).

Ce mode de gouvernance n’est pas sans poser problème pour des médias privés. En effet, lorsque la ligné éditoriale est prise en otage par des rédacteurs qui ne se soucient pas des lecteurs, un financement par les ventes et par la publicité des médias est impossible vu que les citoyens ne sont pas désireux de payer pour lire la prose des rédacteurs. Il faut alors trouver d’autres moyens de financement, telles que les subventions, mais là encore, il pourrait y avoir des gaspillages.

c. Et si on faisait une loi autorisant la diffusion de tous les médias ?

Situation hypothétique s’il en est. Supposons que demain, l’Etat libère cent canaux hertziens et permette à toutes les chaînes qui le souhaitent d’obtenir une diffusion libre aux côtés de TF1 ; France télévisions... Ne serait-ce pas extraordinaire ? C’en serait fini de la mainmise des grands groupes de médias sur l’attention de citoyens. Les Français auraient accès à des chaînes aussi dépendantes et partisanes que CNN, BBC World, Al-Jazeera, RTBF et autres facéties. Quelle liberté de comparer, d’apprendre une langue étrangère, de s’ouvrir sur d’autres cultures, d’avoir accès à l’opinion de journalistes qui sont tellement éloignés de nos préoccupations parisiennes qu’ils ne peuvent être qu’indépendants des candidats en lice.

Mais cela supposerait de remettre à plat, comme dirait Ségolène Royal, un certain nombre de concepts sous-jacents à la politique publique depuis des décennies. Il faudrait annuler toutes les subventions aux journaux et aux télévisions, supprimer l’objectif de pluralité des médias affiché par l’Etat, autoriser la diffusion de chaînes étrangères sur le territoire en leur accordant les mêmes droits d’accès à la population que celui des chaînes historiques, instaurer la concurrence des imprimeurs et du réseau de distribution (suppression de de NMPP).

Quelles en seraient les conséquences immédiates ?

d. Conséquences

Premièrement, le débat se déplacerait des polémiques sur l’indépendance et le côté non partisan des médias, vers l’objectivité des informations, les sources et la réputation.

En effet, aujourd’hui, les Français se reposent dans leur quête d’information sur des télévisions installées, soi-disant indépendantes et non partisanes car publiques, alors même que le débat sur leur partialité n’a jamais été aussi vif. La démarche de la plupart des Français est de regarder sans se méfier. Or, l’audience de demain, issue de la génération Internet, ne sera plus passive, se reposant sur une source unique. Consciente de la nécessité de vérifier les informations, les auditeurs-spectateurs-lecteurs iront vérifier les sources et n’accorderont leur confiance qu’à des médias, privés cette fois-ci, dont ils auront eux-mêmes constaté l’irréprochabilité.

Ceci se fera avec un coût de l’information plus élevé (en termes de temps), car il faudra aller chercher l’information soi-même, être proactif. Cependant, il y aura aussi des médias qui noteront l’objectivité de leurs confrères, ce qui permettra aux plus pressés de choisir les quelques sources les plus fiables.

Mais imaginez alors quelle pression tombera sur les médias privés et leur actionnaires ! Il ne leur viendra plus à l’idée d’influencer le débat public par des arguments fallacieux, un temps de parole restreint ou des manœuvres éditoriales. Imaginez seulement que les entreprises de médias reposent largement sur des recettes publicitaires qui elles-mêmes sont fonction de l’audience : la perte d’audience en raison de jeux politiciens coûterait trop cher, élevant ainsi le risque de s’associer aux politiques, et assurant ainsi, de fait, l’indépendance des médias, jugés sur leurs résultats et non sur leur statut et une prétendue objectivité découlant de schémas complexes de gouvernance.


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23 réactions à cet article    


  • Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 20 juin 2007 11:18

    L’Etat ne devrait pas être propriétaire du GROUPE FRANCE TELEVISIONS et de RADIO FRANCE...

    Cela dit, en ce qui concerne l’Audiovisuel, il faudrait réformer le C.S.A. en profondeur !

    En effet, est-il normal :

    - que les associations de télespectateurs ou auditeurs de radio ne soient pas représentés parmi les Sages de cette vénérable institution de contrôle ?

    - que les principaux sages de cette vénérable C.S.A. soient nommée par les Instances politiques ?

    - que les sages du C.S.A. ne soient jamais élus ?

    Dont acte !

    Par ailleurs, dans la presse écrite, qui est en perte de vitesse (du fait de l’arrivée des quotidiens gratuits et du fait d’une certaine érosion publicitaire, du fait d’une érosion du lectorat), on constate un certain laissez-aller dû à une peur grandissante face à l’audiovisuel public ou privé ! Pourtant, ces médias oublient trop souvent que l’Audiovisuel est un complément des médias écrits !

    Au fait, comment se fait-il que, contrairement à la nôtre, la presse anglophone se porte bien ? C’est une question qu’il faut se poser !


    • tvargentine.com lerma 20 juin 2007 12:23

      Vous écrivez « Depuis que Nicolas Sarkozy est devenu président de la République, se pose la question de l’indépendance des médias au vu des liens qu’il entretient avec d’éminentes personnes fortunées propriétaires de médias privés »

      C’est donc un choix partisan et un jugement de valeur que vous faites sur un président élu démocratiquement et reconduit avec une majorité absolue à l’assemblée nationale

      Pour la majorité des français,dont vous semblez vous exclure par votre argumentation profondement réactionnaire, la liberté n’a jamais été remise en cause en France et encore moins quand il s’agit d’entreprises privées (lire les status des entreprises) qui ont des actionnaires car comme vous ne l’avez pas appris chez LEON TROSKI,on créé une entreprise (web,presse,BTP...) pour gagner de l’argent PAS POUR OFFRIR DES SERVICES GRATUITS


      • Chimaera Chimaera 20 juin 2007 15:05

        @lerma

        Je ne comprends pas votre reproche sur l’objectif de création d’entreprise. Lisez donc l’article, il dit précisément que si on libéralise la presse, cela pourait avoir des conséquences bénéfiques !

        Vraiment, je ne comprends pas, la phrase que vous citez était une technique oratoire.


      • cniko 22 juin 2007 17:14

        @Lerma

        Je ne suis pas non plus d’accord avec l’auteur. Maintenant, avant de réagir aussi violemment (voir de façon aussi Stalinienne) il serait bon de lire les articles jusqu’au bout et de les comprendre.
        En outre, l’auteur semblant travailler en fusion/acquisition (ou activité proche mais dans le monde de la finance), il semble difficile de le taxer de Troskiste. Etant moi-même issu d’une école de finances, je pense bien avoir été le seul de ma promotion a avoir des idées plutôt à gauche (sans pousser non plus vers l’extrémisme mais à vous lire, toute idée de gauche est trotskyste).
        Un peu moins d’emportement et plus de réflexion ne serait pas un mal pour la qualité de vos réponses, mais à lire vos différentes interventions sur d’autres sujets je doute que vous sachiez faire preuve d’une analyse censée.


      • Reinette Reinette 20 juin 2007 17:05

        Journalistes embrigadés

        Comme en Corée du Nord, SARKOZY mobilise des journalistes pour chanter ses louanges.


        • Reinette Reinette 20 juin 2007 17:08

          1 - CES FATS QUI NOUS INFORMENT :

          Quand ils cessent un instant d’exiger du peuple qu’il se serre la ceinture, les éditorialistes de la presse parisienne détaillent leurs souffrances - dîners gastronomiques, cocktails mondains, polémiques sur le caviar - dans des ouvrages à diffusion restreinte.

          2 - LES RENDEZ-VOUS DE L’ARGENT :

          Initialement créés pour populariser des travaux universitaires, les « Rendez-vous de l’Histoire » de Blois n’offrent plus au public qu’une parade d’intellectuels médiatisés et de journalistes à gages. Tous étaient prêts pour le thème de cette année : « L’argent, en avoir ou pâs ».

          3 - LES MAGAZINES AU CHEVET DES « SUPER-RICHES » :

          Fascinée par les nababs et les chapeaux de marquises, la presse s’élève contre les injustices qui frappent les milliardaires : impôts, ostracisme, déracinement, paupérisation.

          Sortez vos mouchoirs en soie !

          4 - « COMMENT LE DEPENSER ? »

          Plus affriolants que le supplément « Style » de Libération, plus ruineux que le cahier « Montres » du Monde, plus distingués que le « Spécial Noël » du Nouvel Observateur, les suppléments du Financial Times répondent à l’appel angoissé du pays : comment dépenser ses millions ?

          ========================

          Les notables qui cadenassaient la IIIe République étaient appelés « grands électeurs ».

          Aujourd’hui, les journalistes ont pris leur place : avant chaque scrutin, ils pré-sélectionnent des candidats agréés par la classe dirigeante.)


        • Chimaera Chimaera 20 juin 2007 17:49

          @Reinette

          Les journalistes, en tout cas certains d’entre eux, fréquentent les puissants de ce monde. Je pense que c’est pour mieux faire leur métier. Finissent-ils, tels des Lorenzaccio, corrompus par le vice ? Je ne sais pas. Mais avouez que tout le monde reve d’etre milliardaire.

          Laissons les journalistes faire leur travail tant que nous avons le choix de qui lire ! Ne pensez-vous pas ?


          • Fanch 20 juin 2007 21:21

            Non, tout le monde ne rêve pas d’être milliardaire.

            Ceux qui critiquent le fait de se ballader en 4x4 ou en Rolls ne sont pas forcément jaloux, peut-être qu’ils trouvent seulement honteux et vain de bruler autant d’essence et de dépenser autant d’argent dans un luxe ostentatoire plutôt que d’investir dans une ligne de tramways pour tous.

            A part çà, l’idée du « si vous aimez pas, changez de journal », je veux bien. Le problème c’est que y’a pas grand choix. Les journaux de qualité se font bien rares, en réalité il ne s’y raconte plus beaucoup de choses. Ne parlons pas de la télévision. Est-ce dû à la médiocrité ambiante dans la profession ? Est-ce dû à des pressions politiques et actionnariales qui tuent toute objectivité ? Sans doute les deux.


          • netcitoyenremi 20 juin 2007 18:34

            Il y a une proposition sur les groupes Médias et le pouvoir sur le site www.assembleenetionale.com, allez voter !!


            • Forest Ent Forest Ent 20 juin 2007 22:40

              Je ne saurais être moins d’accord qu’avec cet article, mais il est utile d’en débattre.

              Pour ce qui est du constat de la situation actuelle, il me semble que l’auteur passe sous silence les mécanismes du clientélisme réel. Quelques remarques de détail.

              « En effet, il y a incertitude sur l’élection du candidat soutenu alors même qu’il y a certitude sur les coûts engagés pour le soutenir. Ces coûts peuvent être de natures diverses : perte d’audience, recettes publicitaires, risque de réputation »

              En fait, ça ne coûte rien et ça ne risque rien. Le public n’a pas le choix. Et les annonceurs sont du même avis que les diffuseurs. Il y a un effet de système. Par ailleurs, les candidats ne sont soutenus que pour autant qu’ils s’alignent sur les idées du système. Il y a allégeance mutuelle progressive. La carrière politique se fait à travers les médias, donc en ménageant les intérêts de leurs propriétaires et annonceurs.

              « la prise qu’ont aujourd’hui les grands médias privés sur la société n’a jamais été aussi faible, notamment en raison du développement de sources alternatives. »

              Faux. Les télés et journaux conservent 90% de l’audience, et la télé augmente sa part. Voir par exemple par là :

              http://forestent.free.fr/mmedias.html

              « Le premier risque pour le magnat des médias qui soutient le candidat est qu’une fois élu, le candidat refuse de le soutenir et d’honorer ses promesses en lui jetant à la figure la célèbre phrase de Charles Pasqua. »

              Dans ce cas, il devient vite très impopulaire. Heureusement, ça n’arrive pas trop.

              « si le président souhaite mettre en œuvre une politique visant à soutenir l’entreprise de son sponsor, le nombre de contre-pouvoirs qui se mettent en travers de son chemin sont considérables »

              Je n’en vois aucun. En tout cas, pas la justice ni le législatif. On l’a vu maintes fois.

              « comment un dirigeant, même s’il dispose de tous les pouvoirs essentiels peut-il concrètement aider celui avec qui il a passé un pacte ? Je ne vois pas beaucoup de moyens »

              Manque d’imagination. Tous les journaux ont parlé des rencontres européennes de M Berluskozy, mais je n’ai pas vu beaucoup d’autres relater la rencontre avec le président du Sénégal M Wade au moment où Bolloré vient de perdre la concession du port de Dakar.

              Pour une information je pense assez complète et factuelle sur ce que sont les médias, voir la « forêt des médias » :

              http://forestent.free.fr/

              Pour ce qui est de l’avenir :

              « Supposons que demain, l’Etat libère cent canaux hertziens et permette à toutes les chaînes qui le souhaitent d’obtenir une diffusion libre aux côtés de TF1 ; France télévisions... Ne serait-ce pas extraordinaire ? C’en serait fini de la mainmise des grands groupes de médias sur l’attention de citoyens. Les Français auraient accès à des chaînes aussi dépendantes et partisanes que CNN, BBC World, Al-Jazeera, RTBF et autres facéties. »

              Manque d’imagination. L’avenir est en fait à la disparition des médias, au sens étymologique d’intermédiaires. Avec internet, il n’y a plus besoin de diffuseurs ni de chaînes de télé, ni de trucs comme ça. Pour rétablir l’indépendance des médias, il suffit de libérer internet. Cela passe avant tout par l’abrogation de la loi DADVSI. Il faudra pour cela passer sur le corps de Berluskozy et de pas mal de gens à l’UMP et au PS.


              • Adama Adama 21 juin 2007 07:46

                Article très intéressant et d’une logique implacable.

                spassibo

                До свидания


                • non666 non666 21 juin 2007 15:21

                  Une fois n’est pas coutume, je vais defendre Sarkozy.

                  Mon client est innocent , messieurs les jurés !

                  Est ce lui qui montrait _ avec justesse _ l’etat RPR en 1981 ? Etait il faux de voir les ducs du RPR passer de la TV d’etat a la mairie de saint germain en laye( ou a celle de toulouse), comme autand de charge que le souverain accordait a ses fideles feals ?

                  Non, messieurs les jurés, les faits sont avérés.

                  Est il mensonger de rappeler que les socialistes au front bas ont ensuite fait exactement la meme chose, mettant leurs neveux, leurs Pollacks , leurs Mazures, leurs Sainclair aux commandes ? Est il faut de dire que croyant verrouiller le systeme ils ont creer une autorité « impartiale » de gestion des medias herziens APRES avoir fait le menage et installer leurs pions ?

                  Non messieurs les jurés, les faits sont avérés

                  Est il faux de rappeler qu’en 1986, la droite au pouvoir, derriere jacquouille la crapouille a fait EXACTEMENT la meme chose ? Disolvant d’abord l’autorité « objective » precedente, faisant le menage, installant ces pions, puis recreant une autorité plus « objective » encore....

                  Est il faut de rappeler qu’après 1988, les socialistes, au lieu de refaire la meme chose, ont juste eu la bonne idée d’organiser le partage du tresor avec le RPR en creant une holding commune, le CSA, pour controler tout ça ? C’etait l’epoque ou l’on se partageait, en plus de la TV, les marchés des lycées d’ile de france....

                  Est il faux de constater que quand les deux mafias ont des interets divergents, parfois, les vériétés percent, mais que quand ils sont communs, une chappe de plomb de desinformation s’abat sur les medias ?

                  Les presidentielles de 2002, le referendum de 2005, la pre-campagne de 2007 sont la pour temoigner du peu d’objectivité des medias quand les interets de la Camora sont menacés, quelquesoit les familles en cause....

                  Et de tout cela mon client est innocent !

                  Les faits sont bien anterieur a son ascension. Il est juste victime de son victime disgracieux, de son oeil torve, des ses courts membres qui lui donnent le physique du traitre, du comploteur, du gollum de service !

                  Mais de la corruption des medias herziens et de leurs allegeance , deja ancienne, aux partis en place, Paul Nicolas Sarkozy de Nagy Bosca n’est pas responsable !

                  Il a juste repris a son compte le systeme que ses anciens ont mis en place, de façon qui fut qualifié a l’epoque, par l’ensemble des partis respectable comme democratique...

                  A cela, a ce systeme deja ancien et non remis en cause, le petit nicolas n’a fait que rajouter ses amis aux doigts crochus et aux interets mediatique et militaro-industriel a peine visible...

                  Etant innocent des faits anterieur a son ascension qui lui sont repprochés, je demande pour mon client la relaxe immediate et l’immunité a vie (et de fonction presidentielle).

                  Non666 repli sa robe noire de travesti(blanc) et quitte le pretoire !


                  • Chimaera Chimaera 21 juin 2007 22:08

                    @Forest Ent @ tous ( je développe la « pensée » de l’article ici)

                    Vous me reprochez de manquer d’imagination. Par politesse, je n’en ferai pas autant, mais je souhaite cependant réponde à vos objections.

                    1. Obstacles au favoritisme

                    Je suis fondamentalement en désaccord avec vous sur ce point. Il existe un grand nombre de contre-pouvoirs qui empêchent les autorités de favoriser des acteurs du monde économique. Si on prend l’exemple des marchés publics, un ensemble de dispositifs de mise en concurrence obligent les pouvoirs publics à lancer des appels d’offre compétitifs afin de choisir le meilleur prestataire. Je vous rappelle qu’en la matière, le Code des Marchés Publics est formel dans l’Article I, comme vous pouvez le constater sr le lien (http://www.lexinter.net/marchespublics/titre_i_champ_d%27application_et_principes_fondamentaux.htm).

                    L’existence d’affaires de corruption est certaine, mais la pratique est rendu de plus en plus difficile par l’existence de commissions indépendantes, notamment en matière de décisions dans des dossiers « techniques » (traitement des déchets, pollution maritime, nucléaire...). La présence, dans ces commissions de personnalités indépendantes mais aussi d’adversaires politiques (notamment au niveau local) permet une certaine transparence de part la vigilance mutuelle exercée par les participants.

                    Le nombre de recours possibles est également conséquent. Que ce soit pour les marchés publics (tribunal administratif, organismes de médiation) ou pour des marchés réglementés. Prenons par exemple les constructions de centres commerciaux, un des businesses les plus rentables pour les promoteurs et les développeurs depuis 10 ans. Alors même qu’il ne s’agit pas de marchés publics, il est nécessaire d’obtenir autorisation de la Commission Départementale de l’Equipement Commercial (CDEC), qui fait la « valeur » d’un terrain (qui vaut pour simplifier 100 avant CDEC et « valeur du centre construit - coût de construction - cout d’achat du terrain » après l’obtention). Des commissions pluripartites décident d’accorder ou non ces autorisations et les citoyens habitant dans la région peuvent faire appel de la décision au Tribunal administratif (si je ne m’abuse).

                    Notez que les commandes publiques réalisées par le gouvernement central sont particulièrement contrôlées, notamment dans le cadre de marchés publics mentionnés ci-dessus. Seul le secteur de la Défense offre des possibilité de favoriser tel ou tel industriel, même si là encore, il faut obtenir les agréments de Direction Générale de l’Armement, de faire voter les dépenses par l’Assemblée qui à sont tour a besoin de l’avis favorable (consultatif je crois) de la commission de Défense de l’Assemblée, voire du Sénat et des bureaucrates du Ministère de la Défense.

                    2. Risques et coûts du soutien à des politiques

                    Je vais essayer de réponde méthodiquement, même si je ne comprends pas tout dans ce que vous dites :

                    a. Annonceurs et diffuseurs

                    Vous dites : « les annonceurs sont du même avis que les diffuseurs ». Je ne vous suis pas dans la mesure où vous ne définissez pas qui sont les annonceurs et les diffuseurs. Je suppose, permettez moi, d’interpréter ces expressions comme désignant d’une part « ceux qui diffusent des spots/pages publicitaires » et d’autre part « les médias ».

                    b. Les diffuseurs cherchent de l’audience et sont donc neutres à la prise de position politique

                    En effet, qu’un diffuseur prenne position pour tel ou tel homme politique ne change rien pour les annonceurs, tant que l’audience reste inchangée. Or, si l’audience reste inchangée, on peut considérer que le média (je n’ose dire médium, de peur d’être accusé de spiritisme) en question n’a pas usé de méthodes abusives ou manipulé l’opinion de façon répréhensible. Je m’explique.

                    c. Effet système

                    Je m’explique là-dessus dans le développement qui suit.

                    3. Théorie de l’électeur et coût de la « médiation »

                    Il est louable de critiquer les hommes politiques comme usant de rhétorique et de stratagèmes, les médias de leur poser les bonnes questions en mettant en scène des réponses préparées, les auditeurs/téléspectateurs pour ne pas aller vérifier ou se poser des questions sur ce qu’on leur raconte.

                    a. Répartition du coût de la médiation

                    Les travaux d’économistes sur la théorie de l’électeur dans la suite des travaux de J.Buchanan l’ont montré, la qualité de la « médiation » de l’information a un coût qui se répartit entre les trois instances que sont les hommes politiques, les médias et les citoyens. La qualité de l’information transmise est vérifiée au niveau de ces. Cette médiation fait qu’un acteur fait passer un message à un (ou plusieurs) autre(s) au moyen de « médias ».

                    b. Instances de contrôle de la qualité de la communication

                    Les hommes politiques contrôlent ce qu’ils disent (i) au niveau éthique et (ii) par peur des conséquences d’un mensonge où d’une approximation sur leur image. Les médias se fixent un cadre où la vérification de la qualité du message dépend de règles procédurales (indépendantes des objectifs des journalistes et appliquée de la même façon à tous, par exemple publier deux articles aux points de vue distincts sur un même thème) et finales (fixant des objectifs à atteindre par tous les moyens raisonnables lors d’une confrontation télévisée par exemple en termes de temps de parole, en coupant le candidat bavard). Les auditeurs/spectateurs/lecteurs exercent également une vigilance (vérification des informations, notez que beaucoup sont allés sur Wikipedia pour vérifier les chiffres du nucléaire mentionné pendant le débat des présidentielles).

                    c. L’enjeu en termes de coût

                    Admettons que le contrôle qu’exercent sur eux-mêmes les hommes politiques est insuffisant. Dès lors, soit vous pensez que (i) les médias devraient contrôler le message transmis de sorte à viser une objectivité supérieure en vérifiant les informations en direct par exemple, soit (i) vous pensez que les médias devraient faciliter l’expression des intervenants et que c’est aux citoyens d’intensifier leur fonction de contrôle (en vérifiant les informations, en prenant des cours de rhétorique pour ne pas se laisser abuser...).

                    Notez bien qu’à partir d’ici, le débat devient clivant en fonction de votre position en matière de répartition des coûts du message. J’ai cependant essayé de poser la question de façon neutre, avec clairement en vue le problème du coût en terme de temps de la vérification des propos des hommes politiques. Au-delà des positions normatives, une question pertinente pourrait être de se demander si, vu le nombre restreint de chaînes, il ne serait pas moins coûteux en terme de temps de mettre en place des dispositifs au niveau des « médias » plutôt que de laisser les citoyens de débrouiller.

                    Bien que la question soit pertinente, elle n’en garde pas moins un inconvénient. Comme toute consigne « finale » pose des objectifs pour lesquels le contrôle se révèle délicat, vu que ce sont des hommes au pouvoir qui en sont responsables en dernière instance, créant des problèmes de gouvernance. Dès lors, il est préférable de poser des consignes « procédurales » aux médias tout en laissant le téléspectateur se débrouiller, fonction de son intérêt pour la politique, pour la vérité et pour son avenir. Ainsi, si pour lui les décisions prises par les élus sont très importantes (peu importe si c’est pour une question d’argent, de bonheur ou de réalisation de ses idées) il investira beaucoup de temps dans la recherche de la vérité. Si cela lui est égal, alors il regardera sans vérifier et s’exposera à des prises de décision qui lui seront défavorables. Notez que celui sur qui la politique a un impact fort sera aussi impacté par les décisions des « feignants » et aura donc tout intérêt à les informer de ses trouvailles (par des forums, des blogs, par le porte à porte...).

                    4. Disparition des médias

                    Je ne m’aventurerai pas à présager de l’avenir.

                    5. Loi sur les Droits d’Auteur et Droit Voisins (DADV)

                    Je pense que vous faites une confusion. La DADV protège les droits d’auteur, en punissant toute diffusion non autorisée (par l’auteur ou le détenteur des droits) de contenu audio, vidéo... Il ne s’agit pas d’une loi qui régule la circulation de l’information sur Internet, qui s’appliquerait en d’autres terme au « conduit » ou « contenant » et non au « contenu » (chers à JM Messier).

                    6. La prise des médias privés sur la société

                    Je trouve que vous affirmer un peu précipitamment que mon affirmation est « fausse ». Vous citez cet article comme référence :

                    http://forestent.free.fr/mmedias.html

                    Une analyse précise de l’article sur le lien permet de voir précisément que la part des médias classiques (TV, Radio, phonographie, journaux) est en déclin entre 1999 et 2006, en passant de 91% à 87% des activités, alors qu’Internet connaît un essor considérable en passant de 2% à 5%. Notez d’ailleurs la montée en puissance des chaînes TV autres d’hertziennes, notamment par satellite où la l’offre permet une diversité supérieure et donc un affaiblissement considérable des grands médias traditionnels (TF1, France Télévisions, Canal +, M6...). Il n’est pas juste de juger de l’influence sur une population de médias par le nombre d’heures passés à les consulter, dans la mesure où Internet provoque une rupture structurelle en apportant une source alternative de contenu acutalisé.


                    • Chimaera Chimaera 21 juin 2007 22:11

                      @ Forest Ent

                      Remarque rapide : je transpose des données américaines sur la France en admettant que l’évolution est la meme. Cela était implicite vu qu’on manque d’informations sur la France.


                    • Chimaera Chimaera 21 juin 2007 22:30

                      @ Nicolas Froissard

                      Vous citez le conseil de la résistance de 1944 :

                      « Doit être garantie la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères. »

                      Je ne connaissais pas cette phrase. Cependant, je me permets de l’interpréter. Cette phrase semble inspirée de (i) résistance et du (ii) communisme ce qui fait qu’elle aura du mal à s’appliquer à la situation présente de la France. En effet, « l’Etat » fait ici référence à l’Etat du Maréchal Pétain, « les influences étrangères » répond à l’exigence (de Moscou) d’indépendance vis-à-vis des Alliés. De plus, le conseil de la résistance semble résister ici aux « puissances de l’argent » alors que ce ne sont pas elles qui ont envahi la France.

                      Cette phrase ne s’applique que si l’équation (ubuesque) « Sarkozy = Pétain, influences étrangères = les USA de Bush et puissances de l’argent = fonds de pension démoniaques » est vraie. Je vous en laisse juge.


                    • Forest Ent Forest Ent 21 juin 2007 23:49

                      « Il existe un grand nombre de contre-pouvoirs qui empêchent les autorités de favoriser des acteurs du monde économique. (...) Un ensemble de dispositifs de mise en concurrence obligent les pouvoirs publics à lancer des appels d’offre compétitifs afin de choisir le meilleur prestataire. »

                      Je connais la théorie. Après, il y a la pratique. La vente d’ASF a été un cadeau de plusieurs milliards d’euros du contribuable à Vinci, et aucun « contre-pouvoir » ne s’y est opposé. Pareil pour le don d’Aérospatiale à Lagardère. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de poursuites pénales contre les majors du BTP après l’affaire Drapo ? Après les ententes sur le GSM ? Etc ... Si vous en voulez d’autres, je peux en remplir ce site. A propos des CDEC, la loi Royer a quand même été à une époque le principal pourvoyeur de fonds des partis politiques.

                      « 2. Risques et coûts du soutien à des politiques »

                      Vous ne traitez pas de ce qui me semble caractériser la situation actuelle, c’est à dire que les médias ont une personnalité individuelle et collective. La question est ce que les médias acceptent ou n’acceptent pas de montrer. Je n’ai jamais vu un reportage montrant les dommages à l’environnement des produits Procter&Gamble, des défauts des modèles Peugeot, les activités de Bouygues ou Bolloré en Afrique causant la déforestation, etc ...

                      « la part des médias classiques est en déclin entre 1999 et 2006, en passant de 91% à 87% des activités, alors qu’Internet connaît un essor considérable en passant de 2% à 5%. »

                      Je n’ai rien dit d’autre : internet reste marginal dans la formation de l’opinion, et la télé reste déterminante.

                      « 5. Loi sur les Droits d’Auteur et Droit Voisins (DADV) Je pense que vous faites une confusion. »

                      Non, mais j’ai énormément raccourci un raisonnement explicité plus en détail dans des articles précédents. Désolé. Pour la télé, l’information est une pub supplémentaire sur l’excipient « entertainment ». Les citoyens ne « s’informent » pas pour la plupart. Ils reçoivent un message publicitaire dans leur temps de cerveau disponible, attiré là par l’entertainment. Pour casser cette situation, il est nécessaire que l’entertainment soit diffusé autrement. Aujourd’hui, internet permet de se passer de « diffuseurs » comme les chaînes télés ou les FAI. Le p2p rend la diffusion gratuite. Il reste juste à trouver un moyen de la financer sans intermédiaire, ce que la DADVSI tente d’empêcher.


                    • Chimaera Chimaera 22 juin 2007 12:58

                      @ Forest Ent

                      Là encore, je pense que vous connaissez mal certains des exemples que vous citez. Prenons le cas d’ASF. J’ai eu l’occasion de travailler dans l’équipe qui a financé l’acquisition chez Royal Bank of Scotland. Il y a beaucoup de choses à dire sur les différentes privatisations d’actifs d’infrastructure. Deux choses simplement.

                      Notez que la vente d’ASF s’est faite avant que les taux d’intéret long ne connaissent un fléchissement en 2004-2005, ce qui a poussé le cours de l’acquéreur vers le haut et a pu inciter certains à dire que la vente de ces actifs s’est faite à un prix trop faible. Je pense au contraire que ces actfis ont été vendus à des prix particulièrement hauts, avec des rendements escomptés sur fonds propres avoisinant les 7-8%.

                      Par ailleurs, le timing de la vente est également particulièrement judicieux vu les valorisations des actifs d’infrastructure à l’heure actuelle. Avant son rachat, le groupe ASF s’est apprécié de 100% en deux ans (entre 2003 et fin 2005), ce qui est considérable alors qu’il n’y a pas eu de modification profonde de l’activité. C’est précisément la question. La variation de prix des actifs d’infrastructure n’a pas résulté d’une mauvaise évaluation des perspectives de croissance et de rentabilité, mais à une hausse favorable de la demande de la part d’investisseurs institutionnels pour ce type d’actifs, ce qui ne pouvait pas etre anticité (dans de telles proportions) lors de la vente du groupe (invervenue après une hausse déjà conséquente !).

                      En matière de finance, beaucoup de personnes pensent, comme vous, pouvoir analyser les marchés, la réalité, le prix et surtout la valeur. Je vous propose de laisser cela aux experts, car vraiment, c’est là un domaine dans lequel il n’y a pas d’absolus, il n’y a pas de « bon prix » ou de « juste valeur », il n’y a que des valorisations relatives. Lorsque les politiques disent : « il faut que les actifs d’infrastructure restent dans le domaine public », c’est leur droit car il s’agit d’une affirmation normative. J’exige d’eux de me le démontrer sur le plan économique, ce qu’ils sont incapables de faire dans la plupart des cas, car ils ont des formations d’avocat, d’énarque ou d’historien (dans le cas de Bayrou, qui a tant critiqué cette privatisation). Cependant, dire « ça a été bradé » est une affirmation qui est particulièrement difficile à faire avant la vente et très aisée après, alors meme que la formulation de cette sentence après que le marché a changé d’avis, c’est faire une erreur monumentale sur le plan épistémologique en substituant un regard a posteriori à un regard a priori, niant par là tout impact du risque des évolutions futures sur le prix en 1+1 alors meme qu’ils ne peuvent etre anticipes en t0.

                      J’avoue que tous ces arguments sont des arguments d’initié que vous aurez peut-etre du mal à comprendre dans leur totalité. Je dis ca sans vouloir vous injurier, c’est simplement que la valorisation d’actifs est un métier à part entière, mon métier, qui nécessite de connaitre un peu de théorie financière. Dans d’autres domaines, notamment sur des affaires de corruption, vous en savez certainement plus que moi, je ne connais simplement pas ces dossiers que vous invoquez et ne peux donc pas vous répondre.

                      Quoi qu’il arrive cela mérite tout un débat épistémologique.


                      • cniko 22 juin 2007 16:50

                        Si je ne m’abuse les profits des ASF servaient à développer le réseau ferré par la suite... La vente en soit de ces biens financés par l’ensemble des automobilistes est problématique, surtout pour un gouvernement qui se déclare aussi écolo...
                        Pourriez vous nous donner quelques précisions sur la vente d’ASF. Je suis surpris du 7/8% de prévisions des rendements sur fonds propres. Maintenant sur ce type d’activité le risque est relativement faible et en demande rplus serait exagéré. A combien ont été valorisées d’autres sociétés du même type en Europe. La vente a représenté combien de fois le CA, le résultat etc etc. Quel est le taux fonds propres / dette lors de l’acquisition ?

                        Pour revenir au sujet inital, on peut se demander pourquoi nous n’avons pas entendu parler des émeutes survenues à Cergy Pontoise le 17 juin, pourquoi TF1 a montré 14 fois Sarko lors du match France Ukraine, pourquoi droit de savoir (ou une merde dans le genre) nous a passé un reportage bien penssant sur les personnes qui abusent des services sociaux à 3 jours du second tour, pourquoi un rapport indépendant sur les chiffres de la délinquance est resté dans les cartons du ministère de l’intérieur et qu’aucun JT ne nous en ai parlé, pourquoi Ruppert Murdoch s’est il autant impliqué avec Bush, pourquoi le rédacteur en chef de paris match s’est fait viré après avoir publié les photos de Cécilia ?

                        Outre les JT et la presse écrite, on peut aussi se demander si l’indépendance est réelle quand on sait que les vendeurs de canons (Lagardère et Dassault, qui eux aussi sont des mais de Sarko) détiennent à eux seuls l’ensemble des dictionnaires, 90% des livres utilisés dans l’enseignement et toute une ribambelle de journaux et magazines.

                        Autre point, TF1 est la source principale d’information pour 40% des Français... Et on ne peut pas dire que le groupe bouygues soit indépendant compte tenu du nombre de contrat avec l’état et de l’amitié qui lie Martin et Nicolas. Alors, certes il existe des règles en ce qui concerne les marchés publics, mais il est difficile de contrôler l’information. je m’explique. Si l’un des concurents détient une information que l’autre ne détient pas (prépondérance de certains critères de choix , prix du concurent...), le marché est rapidement faussé même si la forme semble avoir été respectée.

                        Un autre point par rapport à la théorie des jeux qui limiterait la volonté de telle ou telle société à s’engager pour un parti. Aux US, les sociétés financent ouvertement les candidats. Si certaines arrosent des deux côtés, nombre d’entre elles font un choix clair. Bush avait d’ailleurs réuni des sommes jamais atteintes jusqu’ici.


                      • Forest Ent Forest Ent 22 juin 2007 18:44

                        @ l’auteur

                        « En matière de finance, beaucoup de personnes pensent, comme vous, pouvoir analyser les marchés, la réalité, le prix et surtout la valeur. Je vous propose de laisser cela aux experts. (...) J’avoue que tous ces arguments sont des arguments d’initié que vous aurez peut-etre du mal à comprendre dans leur totalité. La valorisation d’actifs est un métier à part entière, mon métier, qui nécessite de connaitre un peu de théorie financière. »

                        Un argument d’autorité ! Ben flûte...

                        Ne jouons pas. Il m’arrive régulièrement de valoriser des infrastructures et ça n’a rien de compliqué. D’une manière générale, je dois dire que je suis très peu impressionné par la technicité des métiers de la finance relativement à celle par exemple de l’industrie, et y calculer une dérivée y est considéré comme un acte magique. Ca m’a l’air plus de religion que de science.

                        « Je pense au contraire que ces actifs ont été vendus à des prix particulièrement hauts, avec des rendements escomptés sur fonds propres avoisinant les 7-8%. »

                        Ca démontre le conttraire. Des fonds propres de qui ? Je suppose que vous réalisez que l’Etat français sert sa dette à long terme autour de 4%, et qu’il devrait valoriser ses revenus ultérieurs environ 24 fois leur flux, ce qui était d’ailleurs la préconisation du rapport Lebègue, dont ça a été le baptême du feu oh combien raté. Par ailleurs, cette activité présente un risque nul. Vous mélangez le prix auquel un opérateur privé peut acheter et celui auquel un acteur public doit vendre. Ils ne se rejoignent évidemment pas. Or il n’y avait là aucune nécessité de vendre. C’était juste un moyen de s’endetter plus cher.


                      • yvesduc 22 juin 2007 22:31

                        À l’auteur :

                        Il y a d’autres mécanismes que vous n’envisagez pas : l’auto censure, la pression “naturelle” des annonceurs et le manque de moyens - que votre commentaire de 22H08 évoque tout de même (3.c). De toute évidence, aujourd’hui les journalistes ne sont tout simplement plus assez nombreux pour couvrir et contrôler convenablement nos sociétés modernes. Ils vérifient de moins en moins l’information, investiguent de moins en moins et se contentent de plus en plus de reprendre les communications institutionnelles. En un mot, ils quittent l’investigation pour l’analyse. Le système est fragile !


                        • Chimaera Chimaera 22 juin 2007 23:05

                          @yvesduc

                          Oui, tout à fait d’accord, pas mal d’entre eux sont des Miss Meteo.


                        • Chimaera Chimaera 22 juin 2007 23:56

                          @Forest Ent

                          Un rendement de 8% sur capitaux propres n’est pas surprenant, tout dépend de l’endettement cependant. Dans le cas de Vinci, l’acquisition est difficile à analyser car il s’agit d’une acquisition non pas en LBO classique mais par une grande société qui utilise sa capacité d’endettement à notaiton égale pour bénéficier de spreads faibles. Ainsi, les 6.5 Mds de dette long terme contractés pour l’acquisition en plus de l’augmentation de capital de 2.5Mds et des

                          Je serais très heureux de vous donner des détails, mais le coeur n’y est pas. Je peux vous envoyer une note de broker à ce sujet qui le dira bien mieux que moi ! Je ne me defausse pas, simplement, je pars en Thailande demain et le vol sera long (je voyage pas en première je suis encore jeune !).

                          Note que ASF ne présente pas un risque nul. Le mémorandum d’information, disponible sur le site de Vinci, donne des précisions sur le sujet. Il est lourd à télécharger (30MB) !

                          Comme disent les americains, « corporate finance is not rocket science ». Vous avez mille fois raison, la mécanique intellectuelle est fondée sur des opérations basiques. C’est la raison pour laquelle (je suis provoc") il n’y a pas d’excuses à etre pauvre, il suffit d’aller travailler en finance pour s’en mettre 10 fois le smic mensuels dès la 3eme année, après impots et charges.


                          • Forest Ent Forest Ent 23 juin 2007 01:06

                            « il suffit d’aller travailler en finance pour s’en mettre 10 fois le smic mensuels dès la 3eme année »

                            C’est ce qu’ont bien compris la plupart des étudiants qui se précipitent vers les filières business et finance en espérant la thune facile, et en abandonnant les filières scientifiques et techniques, désertées par exemple par les citoyens US. Je ne sais si vous l’avez remarqué, mais l’activité financière n’est pas par elle-même créatrice de valeur, juste de redistribution. Ce sont pourtant les établissements financiers qui réalisent l’essentiel des profits aujourd’hui, ce qui est une situation intéressante. Au fait, d’où viennent les sous ? Le secteur automobile occidental ne dégage lui presque aucun profit. Allez comprendre !

                            Allez les jeunes ! Travaillez bien pour JP Morgan, et vous ramasserez peut-être quelques beaux morceaux. Ne pensez pas pour autant que cela vous permettra de comprendre ce qu’est vraiment une entreprise, et comment elle se vit de l’intérieur. Surtout la presse, qui a l’air bien compliquée.

                            « Un rendement de 8% sur capitaux propres n’est pas surprenant »

                            Surtout dans ce contexte. Plus il est élevé pour l’acheteur, plus l’Etat a fait une mauvaise affaire. Un ROI de 7%, soit un PER de 14, est normal pour une activité industrielle moyenne et moyennement risquée. Mais je maintiens que celle-ci présente un risque nul en ce qui concerne son bilan d’exploitation.

                            « Note que ASF ne présente pas un risque nul. Le mémorandum d’information, disponible sur le site de Vinci, donne des précisions sur le sujet. »

                            Vous ne voudriez pas qu’ils écrivent en gros qu’ils ont fait une affaire en or ! C’est pourtant ainsi que Zacharias l’a présentée. Il en a tellement profité que c’en est devenu indécent et qu’on l’a viré pour ça. Un précédent !

                            Revenons au sujet. ASF dégage après remboursement de sa dette environ un milliard par an sans aucun aléa. Pour l’Etat français, cela vaut 24 milliards. Il aurait dû le vendre à ce prix avec une légère décote. Pour un acheteur qui veut du 7%, ça vaut 14 milliards, prix de vente approximatif. Cela revient à dire que Vinci a servi de banquier à l’Etat pour porter un emprunt à un taux double des obligations.

                            Admettons que Vinci ait emprunté aux taux courants d’obligations à long terme : c’est une affaire en or. Sinon, s’il s’est mal débrouillé, c’est une affaire en or pour les banquiers.

                            Dans tous les cas, l’état a offert au privé la part de sécurité qu’il assure et qui justifie que ses propres obligations soient tellement mieux cotées que celles des entreprises privées.

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