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Le numérique sonne le déclin de l’image vérité et inaugure l’information interactive

Jusqu’au XXe siècle la communication se faisait presque exclusivement avec des mots. Bien que le niveau de langue ne soit pas le même pour tous, il y avait une relation d’égalité entre l’émetteur et le récepteur qui possédait lui aussi les mêmes armes, qui pouvait opposer un discours à celui qu’il recevait. Seulement, depuis longtemps, on a appris à se méfier des mots.

Saint Thomas (je crois ce que je vois) inaugure la vision synonyme de vérité alors que le mot reste toujours suspect, source de mensonge, de croyance, de tromperie. L’expression orale demande confirmation, approbation, elle fait débat et certains religieux lui préfèrent même le silence.

Le XXe siècle restera comme celui de l’information et de l’image, la seconde donnant à la première la force et le crédit qui manquaient pour toucher le plus grand nombre. Si on peut opposer d’autres mots aux mots, on ne peut rien opposer aux images. L’image reste dans les mentalités une portion de réalité qui n’est pas négociable, une part de vérité qui fait dire aux sociologues, à la fin du XXe siècle, qu’une information sans image n’existe pas. Pas seulement à cause de l’attractivité iconique, mais surtout à cause du quotient de vérité qui s’en dégage. Un journal people ne serait pas vendable sans quadrichromies sur papier glacé. Dès qu’on a su imprimer des photographies, le dessin et la peinture ont perdu leur valeur informative pour devenir documentation subjective qui ne correspondait plus au positivisme en vogue.

Ce n’est que dans la seconde moitié du siècle qu’on remarqua le côté falsificateur des images. D’abord, en dénonçant les photo-montages comme ceux des pays communistes qui sont restés célèbres. Ensuite, en dissertant sur l’adjonction du commentaire : Chris Marker dans Lettre de Sibérie (1958) montra que les mêmes images, avec des mots différents, pouvaient être interprétées de façon diamétralement opposée. Enfin, en décortiquant le montage qui peut vite s’assimiler à une falsification comme le montre le micro-trottoir par exemple.

L’image transita lentement de vérité universelle à interprétation possible donc subjective.

Parallèlement, l’information au cours du siècle se transforme en communication. Domenach nous dit en 1950 : « Il devient de plus en plus difficile de séparer la propagande politique de l’information ». La seconde partie du XXe marque la fin du journalisme d’investigation (du mois en France) et le développement du journalisme d’opinions. A cela deux explications : la première est financière – on ne peut plus employer un journaliste à temps complet sur une recherche de plusieurs mois avec un résultat aléatoire. La seconde est pratique – tous les médias sont abonnés aux mêmes agences d’informations et reçoivent donc les mêmes dépêches. Le journaliste devient alors le commentateur d’un événement pour lequel il va prendre parti et même s’engager sans plus trop vérifier ses sources, ce qui entraînera les dérives collectives demeurées célèbres. Reste pour l’image d’apporter la preuve de la justesse de l’analyse : je dis la vérité, comme on le voit sur la photo.

La fin du XXe siècle marque un virage essentiel pour l’image et, par contrecoup, pour l’information. Les rôles de destinataire et d’émetteur, immuables jusque-là, en viennent à s’interchanger. La majorité des scoops sont aujourd’hui réalisés par des amateurs, depuis les avions percutant les Twin Towers jusqu’aux tortures des prisons américaines en Irak. Le citoyen est muni en permanence d’un enregistreur d’images qu’il peut activer sans même se faire remarquer. L’internaute, lui, reçoit les informations en même temps que les rédactions des journaux. Il peut immédiatement les commenter sur son blog et le milieu journalistique ne possède plus le monopole de la diffusion. De plus, le net lui donne accès à des banques d’images en ligne. Le consommateur devient à son tour producteur de texte et diffuseur de photos.

L’image n’est plus une trace, mais une série de calculs et l’utilisateur, muni d’un logiciel de retouche, réalise qu’une photographie est avant tout un produit fabriqué. Nous sommes loin du « ça a été » de Barthes, de l’empreinte d’une réalité. La photo devrait perdre prochainement le lien qui la rattache à la notion de vérité incontestable. Le public devrait sortir de « l’analphabétisme iconique », en reprenant l’expression de Derrida, pour prendre conscience que l’image obéit à une série de codes dont il ignorait jusqu’à présent l’usage. Le numérique remet au goût du jour le travail des sémiologues des années 60 qui voyaient dans la BD, le cinéma, le photo-roman un nouveau langage. Les gros plans, travelling, zooming et autres fondus qu’on ne remarque même plus quand on les subit prennent un tout autre sens quand on les utilise : ils posent question et on comprend alors que leur usage n’est pas fortuit.

Pour résumer, l’image photographique est en train de perdre l’attribut qui a fait son succès pendant tout le XXe siècle : la preuve indiscutable. Par ricochet, les médias, privés de cet argument, tout comme de l’exclusivité de l’information, n’ont plus qu’à susciter des débats contradictoires en donnant aux récepteurs un rôle d’acteurs occasionnels. On le remarque aujourd’hui partout : un article en ligne ne se conçoit plus sans ses commentaires, les débats télévisés donnent la parole aux spectateurs qui assistent à l’émission, quand ce n’est pas aux téléspectateurs qui interviennent depuis leurs bureaux, en se filmant avec leurs webcams. L’information est émaillée d’interviews de citoyens dont on mentionne les noms et qualités en bas de l’écran : Michel X rescapé, Marie Y touriste. Le procédé est pourtant souvent pervers et ressemble fort à de la démagogie : il consiste à faire croire que ce n’est plus le média qui émet une opinion, mais le public lui-même, comme s’il existait un consensus auquel on ne peut rien objecter puisqu’il se proclame majoritaire… mais en occultant qu’il existe un montage préalable et que la télévision tourne aujourd’hui dans une proportion de 40 heures pour 1 heure d’émission diffusée.

Pour l’image comme pour l’information, la conjugaison du numérique et d’internet entraînera inévitablement une redistribution des rôles qui n’est pas encore bien clairement définie, mais qui, à coup sûr, amènera à repenser tout le système médiatique s’il veut éviter le naufrage, comme aujourd’hui celui subi par les journaux et, à plus ou moins long terme, les chaînes télévisées généralistes. Ne pas perdre de vue que l’internaute moyen (près de la moitié de la population française) est aujourd’hui capable, techniquement du moins, de produire les services dont les médias possédaient jusqu’à présent le monopole : commenter l’actualité en l’illustrant d’images d’archives (comme on le constate sur Agoravox), proposer des divertissements interactifs, créer son propre groupe de relations bref communiquer. Entrant ainsi en concurrence directe avec des médias de plus en plus enclin à oublier leur rôle informatif.

Illustration : Haut - Abou Ghraib, image prise par un amateur et diffusée sur le net.

Bas - Photo de charnier qu’on a tenté dernièrement de faire passer pour la catastrophe d’Hiroshima (Le Monde) et qui se révélera une vue du tremblement de terre de Kanto en 1923.

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26 réactions à cet article    


  • T.REX T.REX 14 mai 2008 10:47

    Bonjour,

    Vous dîtes : "la communication se faisait presque exclusivement avec des mots. Bien que le niveau de langue ne soit pas le même pour tous, il y avait une relation d’égalité entre l’émetteur et le récepteur qui possédait lui aussi les mêmes armes, qui pouvait opposer un discours à celui qu’il recevait."

    Le niveau de langue n’était pas le même pour tous mais également le niveau de connaissance, de culture et la capacité à manier la réthorique. Le récepteur ne possédait donc pas les mêmes armes. Il est peut-être encore plus facile de berner les gens avec des mots que des images.

    Dans la deuxième moitié du 20ème siècle, les citoyens possédaient des appareils photographiques et l’on pourrait donc dire qu’ils avaient également les mêmes "armes" que les journalistes, avec les mêmes différences : qualité et maniement moins professionnel.

    Je pense que cette évolution est bonne : C’est le niveau global matériel et culturel qui augmente et nous permet de prendre part au débat et d’accéder plus facilement à la création artistique.

    L’obscurantisme recule. L’élitisme aussi !

     

     


    • Dalziel 14 mai 2008 15:20

      L’élitisme recule !

      On peut aussi parler de multiplication des tribunes offertes à la médiocrité !


    • bobbygre bobbygre 14 mai 2008 15:39

      L’obscurantisme recule

       

      Oh ? Je dirais plutot le contraire. L’obscurantisme progresse.



    • Weinstein 14 mai 2008 10:57

      Article brillant ,bravo à l’auteur.

       

       


      • morice morice 14 mai 2008 11:00

        On aurait aimé une allusion plus poussée aux photos d’Hiroshima "retrouvées" et jamais montrées avant cette date : pourquoi donc ? Pour la photo de Kanto (Yokohama), merci de le rappeler car il y a plusieurs fois cette méprise en effet. Le séisme avait été de 8.3 ! Il avait fait bouger cette statue de 92 tonnes ! 


        • Weinstein 14 mai 2008 12:36

          Article brillant ,bravo à l’auteur.


          • T.REX T.REX 14 mai 2008 13:26

             

            Ce que je voulais dire : Que ce soit avec des mots ou des images (dessins, photo, film), dont chacun peut manier les rudiments, ce qui a réellement changé est le support...le moyen de diffusion !

            Les outils informatiques et Internet nous permettent d’éditer facilement nos création et de les diffuser à un plus grand nombre de personne. Avant l’avènement de ces outils, pour diffuser son avis, ses pensées ou ses créations en dehors du cercle de nos proches, il fallait faire partie des puissants, de l’élite ou avoir les moyens de faire imprimer, exposer, dupliquer ses oeuvres.

            Aujourd’hui, le plus humble parmi les humbles peut s’exprimer à la face du monde. C’est cela le changement le plus important, non point la suprématie d’un mode d’expression par rapport à un autre, car cela change au gré des modes.

            Bon article toutefois


            • Weinstein 14 mai 2008 14:38

              Article brillant ,bravo à l’auteur.


              • faxtronic faxtronic 14 mai 2008 14:59

                Il est vrai que tout le monde peut s’exprimer. C’est un comme wikipedia, tout le monde peut ecrire. Cette methode peut converger vers la verités.

                neamoins il faut toujours, toujours, toujours d’esprit critique. Ce n’est pas parce qu’il y un milliard de chinois qui spemment sur le net que tout va bien au Tibet, qu’il faut en deduire que tout va bien au Tibet.

                Toujours de l’esprit critique, en ne limitant en rien son droit a l’expression et son droit au doute. C’est la clef, avec des mots et des photos.

                En c’est temps d’internet, il faut en avoir encre plus de l’esprit critique, car les journalistes serieux, independant sont tres rares, et les internautes plethoriques.


                • Traroth Traroth 14 mai 2008 15:01

                  Il suffit de surfer un peu sur des sites présentant des photos incongrues pour se rendre compte qu’on y est déjà : le nombre de commentaires du type "it’s photoshopped !" qu’on peut y voir, concernant pratiquement toutes photos un peu bizarres (comme ici, par exemple) montre que les images sont de moins en moins considérées comme des preuves.


                  • Marcel Chapoutier Marcel Chapoutier 14 mai 2008 15:06

                    Mon bon Monsieur tout fout le camp !...

                    Plus sérieusement , pendant longtemps la peinture était considérée comme "diabolique" et interdite car dénaturant les oeuvres de dieu (cela est toujours actuel chez les intégristes musulmans). Les peintres pouvaient déjà travestir la "réalité" et ils ne s’en privaient pas.

                    Quand la photographie est apparue au XIXème siècle on a dit qu’elle allait tuer la peinture, or il n’en a rien été. Quand les petits réflex 24x36 sont apparu (donc accessible à tout le monde) on a dit que cela allait tuer la grande photo , il n’en a rien été bien au contraire.

                    Quand le numérique arrive on dit toujours que c’est la mort de la grande photo (Doisnau,Cartier-Bresson etc...) Il n’en n’est rien au contraire car techniquement on va encore plus loin en possibilités. De même qu’internet n’a pas tué le livre, le fait de pouvoir tourner et diffuser et partager ses images sur le net constitue la seule révolution très positive de notre époque, seuls les grincheux réacs y trouvent à redire et voudrait censurer cette belle liberté toute neuve...

                    L’image n’a jamais été une image objective, dés le début (voir les merveilles des grottes Chauvet et d’autres) mais est le reflet d’une intériorité propre à l’être humain plus ou moins spirituelle...


                    • T.REX T.REX 14 mai 2008 15:58

                      Et pour les incroyants M. Piffard, cela donne quoi ?

                      Moi qui suis athée, j’aurais besoin d’une traduction.


                    • Philippakos Philippakos 14 mai 2008 18:07

                      L’article ne porte pas sur Saint Thomas, dont j’avoue humblement ne pas connaître grand chose, mais sur le crédit accordé à l’image (en particulier photographique) en rapport à celui accordé aux mots. L’image photographique qui s’impose comme preuve au XIXème et qu’on ne devrait cesser de contester au XXIème compte tenu que la photographie a changé de structure. Il n’est qu’à voir la disparition du dessin dans les publications scientifiques dès que la photographie est imprimable. Il n’est qu’à voir aujourd’hui la suspicion qui plane face aux scoops diffusés par la presse. Le fait que Saint Thomas soit moderne, selon vous, parce qu’il réclame plus de preuves et s’inscrit dans un cycle scientifique ne change rien à l’affaire. 

                      Quant à Kanto, le Monde parle du "séisme de Kanto" mais les journalistes ne sont pas infaillibles... Wikipédia du "tremblement de terre de Kanto" mais tout le monde peut se tromper.


                    • Philippakos Philippakos 14 mai 2008 18:55

                      Peut-on parler d’interactions ? La bombe atomique n’a t-elle pas changé les rapports entre les nations (du moins entre celles qui la possèdent) ? La photographie n’a-t-elle pas changé la peinture ? Et j’en dirais et j’en dirais.... Une différence essentielle avec le numérique : le trucage est indécelable pourvu qu’il soit bien fait. Aucune preuve de rien. Un pixel en remplace un autre, ni vu ni connu. Le négatif a disparu, plus de vraie trace de ce qu’on peine tant à définir comme "réalité".


                    • sale bête 14 mai 2008 21:36

                      la technique évolue certes, mais l’homme "ce cancrelat avide et superstitieux" lui ne change pas !

                       

                      depuis plusieurs siècles tout le monde sait que la terre n’a pas été créée en six jours

                      par un ectoplasme vaporeux et omniprésent,

                      ce qui n’empêchent pas des milliards d’individus de se croire en communication directe avec Dieu 2.0,

                      (ancêtre du web participatif) pour assouvir ce besoin de se sentir moins seul !

                       

                      la maitrise du feu nucléaire n’empêche nullement les conflits tribaux, seule la forme change.

                       

                      pour finir, il ne faut pas rêver, internet est totalement controlable

                      la "vérité" est caché au milieu du grand juke box (c’est comme ca que le voient une majorité d’internautes),

                      et l’interrupteur est toujours à porté de la main (contrôle des DNS et des grands routeurs).


                    • Dalziel 14 mai 2008 15:17

                      Abou Ghraib, image prise par un amateur et diffusée sur le net.

                      En fait, des trois éléments d’information que contient la légende - Abou Ghraib / image prise par un amateur / diffusée sur le net -, il n’y a que le troisième qui soit acquis et incontestable : rien ne permet de situer la scène et rien ne prouve que les personnages ne sont pas des figurants.

                      Chacun va donc croire ce dont il a besoin pour sa "propagande" personnelle. Personnellement, je choisis systématiquement le haussement d’épaules : comme cela, je ne m’engueule jamais avec personne

                      La photo devrait perdre prochainement le lien qui la rattache à la notion de vérité incontestable.

                      En ce qui me concerne, c’est fait depuis longtemps. Peut-être, si tant est que ma prise de conscience puisse être datée avec précision, elle remonte vraisemblablement aux cadavres du "massacre" de Timisoara, en 1989...


                      • sale bête 14 mai 2008 15:50

                        pour les images d’abou ghraib on a quand même celles-ci :

                         

                        http://images.google.fr/images?hl=fr&q=Abou+Ghraib&btnG=Recherche+d%27images&gbv=2

                         

                        où l’on voit clairement des soldats us - identifiés et pour certains condamnés - s’adonnant à leur penchants sadiques ...

                         

                        ainsi les photos d’abou ghraib ne sont pas un exemple de manipulation par l’image !

                         

                        des exemples de manipulations il y en a de plus flagrants :

                         

                        il y a quelques années j’ai vu à la télé une vidéo d’un avion s’écrasant sur un building (il y en avait même deux), quand à savoir qui ou quoi les pilotaient ... !?

                         

                         :)


                      • Dalziel 14 mai 2008 20:03

                        pour les images d’abou ghraib on a quand même celles-ci :

                        Je n’ai jamais dit que toutes les photos attribuées à Abou Graib sont bidon, j’ai dit que celle qui était présentée en tête de l’article n’avait que la crédibilité que chacun veut bien lui accorder et j’ai montré pourquoi.

                        Qu’elle soit "vraie" ou "fausse" m’indiffère, j’ai, pour ma part, choisi de ne plus rien croire qui ne soit clairement authentifiable, mais c’est un choix que je ne suggère à personne d’autre.

                        Et ce qui m’intéressait en premier lieu, c’est l’affirmation de l’auteur selon qui "La photo devrait perdre prochainement le lien qui la rattache à la notion de vérité incontestable.", alors que je pense que nous sommes certainement déjà assez nombreux à avoir fait le pas de la mise en doute systématique.


                      • Internaute Internaute 14 mai 2008 16:03

                        Félicitations pour cet article qui est bon du début jusqu’à la fin.

                        Le mécanisme le plus utilisé pour la propagande est celui des appositions terribles qui ne mentent pas mais provoquent chez l’auditeur des réactions suggérées au second degré.

                        Ex 1 :le micro-trottoir donne à un particulier spécialement choisi pour soutenir la thèse du journaliste le même poids qu’un événement de portée bien plus générale et qui vient d’être présenté. Ici, « l’opinion publique » a la même dimension quasiment nulle que « la communauté internationale » c’est à dire la dizaine de maîtres à penser qui font l’info, mais elle est présentée comme une référence de vérité indiscutable.

                        Ex 2 :élections présidentielles. En général, un article relativement objectif sur le candidat du Front National en page de doite s’accompagne d’une rétrospective sur Hitler en page de gauche. Oh quel hasard ! Pourquoi donc ? quelqu’un a-t-il une idée ?

                        Ex 3 :une constante actuelle de la télé. N’importe quel reportage, que ce soit sur la consommation des yaourts ou sur le diabète fait intervenir un témoin ou un professionnel de race (ethnie, espèce ou groupe humain, mettez ce qui vous plaît) non européenne. On espère ainsi préparer les français au métissage obligatoire en leur faisant oublier qu’il n’y a pas trente ans, la France leur appartenait.


                        • Dimetrodon Dimetrodon 14 mai 2008 18:28

                          Pouvoir et danger des images… Il est intéressant de noter que le judaïsme et l’islam interdisent les représentations du vivant (images taillées, sculptures, peintures et a fortiori photographies) et vous ne trouverez jamais ni dans une mosquée, ni dans une synagogue la moindre représentation figurative. Seuls des mots ou des paroles sacrées, notamment des calligraphies dans le monde musulman. La chrétienté s’est schismée sur cette question et on voit nettement la différence entre le temple protestant dépouillé, aucune "image" pour divertir ou déconcentrer, et l’église catholique chargée à mort de toutes sortes de représentations figuratives forçant l’admiration mais cassant automatiquement l’appel au silence intérieur.

                          L’image crée du bruit dans le mental. Alors, évidemment, ne parlons pas de la télévision, agression permanente qui vient dans chaque demeure déverser des flots d’images quasiment toutes truquées. Pas forcément truquées au sens strict, l’image elle-même pouvant être telle quelle, mais la chose filmée qui est truquée : la moumoute de PPDA, le faux reportage, la fausse info, le maquillage des artistes qui gomme rides et âge, le flot ininterrompu de conneries, et, probablement le pire de tout les mensonges visuels, la publicité.

                          Le mot est supérieur à l’image. La pensée en image est une pensée faible. L’intelligence se développe lorsque le mental manipule des concept abstraits. L’image est une copie de la réalité et aussi une déformation, une réduction de cette réalité, on passe de 3D à 2D. ET puis l’image ne peut être qu’une représentation virtuelle, non réelle, et toujours en différé, jamais on ne pourra "capturer" le présent.

                          Je sais bien que l’on dit "un petit dessin vaut mieux que de longs discours", mais ça c’est juste de la pédagogie. En réalité les mots permettent de dire des choses que jamais une image ne pourra.

                          Dessine moi une "incertitude" - Dessine-moi une "apologie" - Dessine-moi la timidité - Voilà quelques exemple d’idées ou de concept qu’on aurait bien du mal à représenter visuellement…

                          Quant à distinguer le vrai du faux ? Eh bien il faut cultiver méticuleusement son esprit de discernement.

                          « Senog nendja bohass janii varbva dazal »


                          • T.REX T.REX 15 mai 2008 10:17

                            Malheureusement, nous sommes bien obligés de constater que sur le Web comme ailleurs, l’image a pris le pas sur le verbe. C’est avant tout par facilité, lire un texte demande plus d’effort que de regarder une vidéo. Nous en avons pour preuve le développement de youtube ou dailymotion qui deviennent les vecteurs principaux du Buzz sur le Net. 

                            A mon avis, nous ne sommes pas prêt de voir l’image perdre son hégémonie. D’ailleurs "Prêtresse" sur AgoraVox est muette !

                            Les sites de "journalisme" citoyen commem celui-ci s’adapte à cette situation en ajoutant des vidéos et du son.

                            Il est vrai que la photo a perdu en partie sa crédibilité, mais le verbe n’en a pas acquis davantage pour autant 

                             

                             


                          • Weinstein 15 mai 2008 06:35

                            Article brillant ,bravo à l’auteur.


                            • Henri François 15 mai 2008 08:26

                              En tant que meilleure arme de la manipulation, l’image est devenue beaucoup plus puissante que les mots. La Bible et autres livres dits saints détenaient soi-disant la Vérité, tout comme, par la suite, bons nombre d’autres témoignages ou réflexions écrits, ne tenant pas compte de la subjctivité de leurs auteurs. C’était vrai car c’était écrit et aujourd’hui c’est vrai, je l’ai vu à la télé. Et de ce fait en avant la floraison des imbéciles (dont je suis peut-être).

                              Plus grave, les images (publicitaires la plupart du temps) qui défilant à une vitesse qui interdit à l’oeil de les percevoir, s’impriment dans la mémoire du spectateur sans que celui-ci puisse utiliser son propre arbitre.

                              Et la parole ? Si forte soit-elle, celle-ci, hélas, est souvent contredite par l’image de celui qui la profère.

                              Dès lors que reste-t-il à l’homme et, à l’allure où l’information, cette grande manipulatrice, circule, que lui restera-t-il pour éviter l’esclavage ? A croire que les trois singes, muets, aveugless et sourds sont les trois guides qui demeurent.

                              Heureusement qu’il nous reste les pieds et les jambes... Pour fuir. Où ? Je l’ignore malheureusement.


                              • Paul Villach Paul Villach 18 mai 2008 16:21

                                @ L’auteur

                                Je partage volontiers votre analyse, mais ne sentez-vous pas que certains concepts employés sont aujourd’hui inadéquats ?

                                1- Certains viennent de "la théorie promotionnelle de l’information " , qui est diffusée inlassablement par les médias eux-mêmes, et qui multiplie les catégories sans nécessité, contrairement au précepte de Guillaume d’Occam, à seule fin de faire croire à une information exempte de toute pollution d’opinions. D’autres proviennent de divers maîtres vénérés pas toujours très inspirés.

                                2- Magritte est infiniment plus pertinent et règle bien des problèmes quand il peint une pomme et une pipe en annonçant "la couleur" : "Ceci n’est pas une pomme", "Ceci n’est pas une pipe" ! Non, ce n’est que "la représentation d’une pomme et d’une pipe". Tout est dit de l’image, avec ses procédés structuraux : la mise hors-contexte et la métonymie.

                                3- Du coup les choses sont simples : l’image n’est qu’un médium parmi d’autres (les mots, bien sûr, que vous évoquez, qui offrent une "représentation arbitraire - ou digitale - de la réalité", mais aussi les postures et les silences) pour transmettre une information, qui n’est que "la représentation d’un fait", et non "un fait" comme les médias et l’École le ressassent.

                                4- Certes l’image est dotées de performances spécifiques - qui provoquent forcément des illusions spécifiques - mais elle ne s’en inscrit pas moins dans le cadre général de "la relation d’information", et obéit, de ce fait, aux mêmes contraintes  qui la gouverne : les contraintes des motivations de l’émetteur, les contraintes des moyens de diffusion et les contraintes des propriétés du récepteur.

                                5- Le drame, encore une fois, quand on réfléchit sur l’information, c’est la multiplication des catégories sans nécessité, qui jette la confusion, en opposant des objets entre eux alors qu’ils appartiennent au même arbre comme des branches. Voyez les couples infernaux comme "journal d’information et journal d’opinion", "information et commentaire", "information et désinformation", "information et communication".

                                On a donc prétendu analyser l’image en dehors de "la relation d’information", comme si, sous les dehors d’un médium original par sa "représentation analogique de la réalité", elle ne devait pas être traitée comme une information ordinaire. Paul Villach


                                • kitchoum kitchoum 19 mai 2008 09:27

                                  100% d’accord avec vous : avant de prendre en compte une information, il faudrait toujours pouvoir connaître la véritable intention de l’émetteur : quel profit tirera-t-il de la diffusion de cette information ? Qui tire les ficelle ? A qui rend-il service ?

                                  En plus une information étant toujours filtrée par l’intention, elle ne peut que contenir IMPLICITEMENT de la désinformation : le non-dit, le menti, le négligé, le minimisé.

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