De l’évolution de la pensée de gauche dans l’umps
Puisque le parti socialiste n’est décidément pas capable de faire d’autocritique constructive, j’use ici de mon droit d’inventaire idéologique, celui qui est fourni dans la citoyenneté, confronté que je suis à l’umps, pour exprimer dans ce premier pamphlet, certes injuste intellectuellement, mais rempli de ressentis véritables, ma critique sur l’évolution de la pensée de gauche du siècle dernier à nos jours au sein de l’umps, et les variations de la place de l’homme dans cette même construction idéologique.
Il fut des générations d’enfants d’ouvriers ou de petits prolétaires qui par l’effort scolaire et conscient de la façon dont on exploitait leurs parents, ont organisés une alternative, une gauche qui n’avait pas besoin de se vouloir crédible mais seulement plus humaine et d’une force véritable de contrepoids aux abus du patronat, aux conditions de travail aliénantes, à l’exploitation de l’homme par l’homme, au droit de vivre de son travail et non de travailler pour survivre.
Cette génération de penseurs qui savaient pourquoi ils faisaient l’effort de chercher et pour qui l’enseignement était un devoir sacré d’émancipation du peuple par le savoir, produisant et poursuivant de leurs efforts des idées et des œuvres à la rigueur éthique identique à la médicale, en perpétuelle quête de soins et d’efficacité face à la véritable nature des maux qu’ils combattaient dans la société, s’est vu majoritairement lui succéder des héritiers de la continuité, des rentiers de la pensée, des historiens du dogme, des nostalgiques du temps où on se battait pour quelque chose, des sophistes du grand cœur, et des apparatchiks en quête d’une place dans l’échiquier politique, avec en point commun l’intérêt pour la pensée d’une gauche ne résidant et ne réside encore que dans l’usage et la posture sociale qu’elle offrait.
Par contre, la place de la recherche fondamentale de gauche, ce cri de la dignité humaine en quête d’un apaisement aux souffrances du réel, cette force du cœur en révolte pour se créer un avenir meilleur, s’est vue passé après le besoin de faire fonctionner une routine qui fonctionne, des acquis a défendre et une construction intellectuelle d’opposition relatives à d’autres dogmes politique pour marquer des points électoraux sur des critères d’études sociologiques et d’envie de ressembler aux Etats-unis.
On n’entend plus le cri de celui qui est en bas dans la pensée de gauche dès les années 80, ni d’ailleurs ne prête attention à l’idée qu’il puisse avoir quelque chose de pertinent à dire, ni même de solutions à apporter sur la table des problèmes présents dans sa vie. Il n’est devenu par la suite qu’un décidément indocile mal géré, mal logé, mal soigné, mal éduqué, mal français et mal pensant au gré de l’évolution des nouveaux critères de la bien pensance de gauche et de leur capacité à regarder le citoyen du haut d’un pouvoir en place.
Alors on lui fait comprendre que c’est pire ailleurs et qu’il ne doit pas se plaindre, il peut donner du riz en Éthiopie, alors il doit s’estimer heureux de ce qu’on lui donne ici. A sa place pensent des sociologues, des statisticiens, des sondeurs, des psychologues, et tout une caste de gens qui « savent », certainement pas empiriquement, mais « savent », maniant le bâton de l’hystérie émotive obligatoire à la force du poignet médiatique pour engourdir la raison et stigmatiser les clivages. Tout en tenant la carotte d’une conscience moral pour ceux qui se vivent en inutiles pollueurs, en coupables de gagner leurs vies à l’abri du chômage des autres, ou pas encore assez victime pour avoir « droit à », sur fond de conflits identitaires, de classes, ethnique, éthique, de courant d’opinions, d’une France où chaque identité développe et met en pratique ses propres tactiques pour défendre ses intérêts, cassant toujours un peu plus le sentiment d’appartenance à une grande communauté de destins pour exister un peu plus par rapport « aux autres ».
L’homme en souffrance en quête de dignité, de liberté, d’émancipation et de solutions probantes a ses maux, après s’être fait maintenir dans le silence pour justifier les salaires de ces « portes paroles » médiatiquement choisis pour lui, s’est finalement tu et n’est plus, dès cet époque, l’âme active et mobilisatrice des penseurs de gauche, mais est devenu son coupable administré.
Et quand l’administration échoue, suit des politiques aux effets pervers comme l’enfermement dans la précarité sans issue autre que de devenir un vote captif de peur de perdre ses aides, a des défauts, défaille ou faillit à ses principes d’équité, le citoyen qui subit a rencontré la dernière génération rayonnante des penseurs de gauche, les spécialistes du procès.
Il va de celui en ingratitude par rapport aux sacrifices des générations précédentes, à la soumission à la solidarité obligatoire sous peine d’individualisme, d’être fainéant ou profiteur, jusqu’à celui d’être forcément « d’extrême droite » s’il dit « ça ». Ils ont gérer l’anathème, les procès d’intentions en iste ou isme, et la posture se voulant morale en guise de réflexion probante. Ils n’ont finalement trouvé qu’en guise de cible prioritaire et commune à abattre l’homme populaire.
La pensée de gauche s’organise ensuite autour d’une radicalisation de ses forces anti masculines. Ces derniers, les anciens ouvriers aux grands cœurs injustement exploités que l’on devait libérer, les immigrés dignes qui faisaient les métiers dont les français ne voulaient pas, deviennent, en guise de remerciement pour leurs bons et loyaux services, des pères et des salariés idéologiquement jetables après usages, et ne sont devenus que des beaufs ou des racailles qu’il faut rééduquer.
Ils deviennent statutairement et idéologiquement, parce que né homme, des forcément coupables face à une femme quelque soit le litige sans soucis de juste ou de justice, des forcément criminels parce que pauvre en guise d’explication généraliste, des forcément toujours pas assez ou trop français dans l’expression de leur ras-le-bol, et finalement fondamentalement suspect comme postulat de départ à tout débat dans une rhétorique de gauche où le moderne n’est pas le couple, encore moins la famille, mais l’exclusive Femme. La pensée de gauche est ainsi devenue l’ennemi de la virilité et d’une certaine manière du déni de l’avenir de l’homme.
Ces derniers, s’ils ont malheur d’avoir des préférences, des jugements, des appréciations, des croyances, des convictions, des ambitions paternels, non conforme au logiciel idéologique, et qu’en plus ils s’organisent autour avec d’autres hommes, sont forcément affublés de procès d’intentions dont il doivent se défendre en permanence sous peine d’être étiqueté dangereux voir condamnable sous l’autorité morale de la gauche.
On retrouve dans cette période fin des années 80 début 2000, par étapes, le rayonnement des procéduriers moralistes de gauche partout, et par effet de lutte de classe pendant une période de mondialisation, on peut même considérer que leurs sabordages de l’éducation et du système scolaire sur cette même période, l’éducation nationale étant ultra majoritairement gérée par la gauche, cette grandeur de la France qui auparavant émancipait l’homme, maintenant sert à éliminer avec sa hausse de l’illettrisme, entre autres, une partie des français(es) populaires de la concurrence sur le marché de l’emploi sur concours.
Cette conséquence permet à bien des égards d’assurer l’entre soi de la dernière génération des penseurs de gauches, l’actuelle, que l’on peut qualifier de « symbolistes abstraits », plus surement issue d’une classe sociale à l’abri et bénéficiant du statut de fonctionnaire, que de ceux qui subissent les réels dysfonctionnements du système présent et qui sont mus par un réel esprit critique empiriquement construit, aussi « mal éduqués » soient-ils.
Le « symbolisme abstrait » a pour usage une pensée qui étiquette l’expression de toutes les autres sur une grille de valeurs « à définir », comme le sarkozysme et son anti, et se veut d’une utilité proche d’un code barre idéologique pour pensée conforme avant mise en rayon dans le supermarché des opinions politique.
Il a pour fonction sur l’auditoire, après l’étude approfondie des sondages d’opinions, de ne pas rentrer dans le détails concret, ni dans une démarche de retour vers la réalité dans le discours. L’important c’est d’utiliser des symboles consensuels, même niais, et a priori attractifs pour fournir une idéologie de cons, sans suées à la tâche de réfléchir.
On vous dit liberté, amour, égalité, fraternité, avenir, démocratie, 2012, et chacun y va de sa réaction/ définition individuelle, de sa réponse a un sondage, de son argument sur un forum ou sa prise de parole a un débat participatif, et finit par fournir aux penseurs symbolistes de gauches la matière avec laquelle ils vont pouvoirs espérer convaincre les mêmes qui ont réagi à ces symboles et qui leur en ont fournis leur définition, ce qu’ils en espèrent, etc... Et enfin, leurs grand travaux pré électoraux va être de fournir, à partir de cette matière, des discours à des politiciens qui vont s’acharner à incarner ces symboles dans l’esprit des citoyens en utilisant les mêmes mots qu’eux et s’indignant des mêmes choses que les réactifs à ces symboles.
Leur énorme problème étant le citoyen qui d’un côté n’est pas encore assez vieux pour ne pas avoir empiriquement fait son propre bilan négatif sur leur leadership et s’en souvenir, et de l’autre la part importante du panel des personnes qui réagissent a ces symboles qui leur est déjà acquise alors qu’il leur faut espérer convaincre au-delà du rétrécissement de leur religion symboliste. Parce qu’à ce stade, on ne peut plus parler d’usage d’esprit critique, mais d’orthodoxie symboliste aux débordements quasi religieux comme le montre la dernière campagne présidentielle.
Si la politique est un sport de combat , alors la pensée de gauche du nouveau millénaire dans sa production officielle depuis l’année 2000, celle qui nous parle de nouveaux projets, d’élan du cœur, d’idées, et souvent de valeurs bonnes pour les autres mais dont elle ne brille pas par l’exemplarité qu’elle s’applique à elle même, est le reliquat d’une génération embourgeoisée, déjà elle même héritière d’ancien porte serviette d’anciens combattants véritables. Elle n’a jamais connu le goût de l’effort et de la sueur, celle qui évite le sang, tout comme celui du débat constructif.
« La conscience du réel s’est réfugié à droite » disait-on déjà après la défaite de Jospin, et depuis, la pensée de gauche s’épuise à ne pas reconnaître devant les patients citoyens que nous sommes qu’ils sont comme ces mauvais médecins faisant par idéologies de mauvais diagnostiques, et qu’ils ont prescrit des mauvais remèdes, les mêmes qu’ils proposent encore devant des bouches qui se ferment et des visages de votants qui se détournent, donnant l’impression qu’en guise de remise en question, ils ne cherchent que de bon communicants pour administrer leur même mixture, que d’aucun dirait bouillie, idéologique.
Leur incapacité à penser le moderne français, surtout sans attendre un nouvel élan américain à suivre pour vendre de l’espoir et l’ersatz d’un grand rêve fait par d’autres, ainsi que leur déni du réel et de sa partie violente, ne leur permet toujours pas non plus d’admettre que leurs soins apportés aux chevets du social n’ont pas été que des placebos simplement apaisants pour faire patienter les situations de vie les plus fragile sans se révolter, jusqu’aux premiers signes d’alerte qu’ont été les émeutes.
Mais cette incapacité ne leur permet pas non plus d’assumer qu’ils ont été des facteurs aggravants aux troubles sociaux présents, créant et maintenant une classe sociale dans un pourcentage de précarité variable mais néanmoins enlisée dans sa concentration de problèmes qu’ils ont prétendu gérer, là où il n’ont fait que maintenir l’apparat du dogme de gauche, saupoudrer des enveloppes vers des associations de sympathisants engagés et dénoncer le méchant front national, l’épouvantail à peurs d’un retour du pire pour faire oublier qu’ils n’avaient pas de projet d’avenir autre que leur maintien du bon coté de l’enveloppe.
Tout comme ils n’assumeront pas les problèmes à venir au vu de l’état dans lequel ils ont mis l’éducation nationale, ce qui explique leur envie de plus en plus partagée de changer le nom du PS, et autre manière de ne pas récupérer l’héritage politique en vitrine. Les dégâts sur le futur rayonnement de la pensée française populaire ne les accapareront qu’après, ils sont trop occupés à non pas chercher une ambition saine d’avenir cohérent à proposer à la France entière, mais à rester en place dans une force de non opposition, d’adoucissement et parfois d’étouffement des mécontentements véritable dans la mollesse du temps et la routine de la gestion administrative.
Elle se cherche une crédibilité et un second souffle pour à nouveau remplir sa fonction telle qu’elle se constate quand elle est au pouvoir, une force de maintien des précaires dans la survie en leur vendant de l’espoir d’un lendemain meilleur qu’il entendrons toute leur vie comme une comptine pour enfants. Malheureusement, comme elle le constate aujourd’hui a ses dépens, finalement un jour, générations après générations, ils grandissent.
Post scriptum :
Mon prochain article est sur le droit d’inventaire de la pensée de droite dans l’umps, tout aussi critique, et l’ensemble de mon pamphlet sur la prise en tenaille du citoyen entre le double dysfonctionnements des idéologies de gauche et de droite en nécessitera un troisième, que je me ferai un plaisir d’écrire si celui-ci et le prochain arrivent à votre attention.
Amicalement, barbouse.
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