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Les robots et la révolution

Employés de service, ingénieurs, médecins, professions du droit, fonctionnaires de l’administration, etc. peuvent tous être remplacés par des machines. Même les métiers qui ont déjà connu des vagues de mécanisation vont être à nouveau modifiés par l’arrivée des IA. Dans l’agriculture et l’industrie par exemple, des machines intelligentes sont plus efficaces que les grandes machines. Les nouvelles machines remplacent avant tout d’autres machines.

La question est alors simplement de savoir quand tel ou tel modèle d’IA sera suffisamment développé pour trouver des applications dans le travail (productif ou improductif). Le prix des machines diminuant constamment, ce n’est qu’une question de temps pour que tel modèle d’IA devienne bientôt suffisamment peu cher pour être rentable dans une entreprise. Comme nous l’avons dit, aucun travail humain n’est trop compliqué pour les machines. Si ce n’est pas possible aujourd’hui, alors c’est seulement que ça ne l’est pas encore, mais ça le sera bientôt. Si c’est le travail manuel qui a été remplacé en premier, c’est uniquement parce que les machines de l’époque avaient un degré d’intelligence suffisant uniquement pour remplacer le travail manuel. Mais avec le progrès des IA, tout travail peut être remplacé par une machine.

http://www.proletaire.altervista.org/marxisme/textes/robots-revolution.php

Robot est un mot issu de l’ancienne langue des slaves. On retrouve par exemple ce mot en russe, работа (rabota) qui signifie « travail ». C’est assez contradictoire, car dans la définition marxiste du travail, les robots précisément, ne « travaillent » pas. Le travail est une activité qui nécessite la conscience de soi, l’imagination du but avant sa réalisation. Les robots actuels en tout cas, n’en sont pas à ce niveau. Ils ne sont pas des producteurs, mais plutôt des outils, des intermédiaires. A ce titre le mot de machines, du grec, μῆχος (mêkhos) qui signifie « moyen », traduit mieux la réalité de ce que sont les outils de production moderne à l’état actuel de leur développement.

Insistons d’abord sur le fait que tout travail humain peut à terme être remplacé par une machine. L’idée que seul le travail manuel et répétitif est remplaçable par la machine est une idée complètement fausse destinée à rassurer les travailleurs intellectuels. Les innovations actuelles ne sont plus simplement des bras mécaniques qui travaillent sur des chaînes de montage de voitures. Le progrès des machines se concentre aujourd’hui sur le domaine de l’intelligence artificielle, dont nous allons devoir expliquer l’histoire.

Le mot artificiel ne doit pas être compris comme l’opposé de naturel. En effet l’homme fait partie de la nature, comme tout l’univers, et à ce titre, ses inventions sont également naturelles. L’artifice dérive de la notion d’art au sens de travail, donc de produit du travail humain. L’intelligence artificielle désigne simplement les machines produites par l’homme qui possèdent un certain degré d’intelligence. Il n’y a rien de « magique », mais le faible degré de connaissances du public dans ce domaine nous oblige à expliquer un peu ce qu’est l’informatique.

Le point de départ de l’informatique se situe dans l’électronique. Un fil électrique peut en effet avoir plusieurs états, selon le courant qui passe dedans. Le premier domaine d’application fut le courant analogique, et tout ce qui touche à l’analogique en général (comme les ondes hertziennes avec les radios, les vielles télévisions, ou encore les oscilloscopes). Le courant peut en effet faire des « vagues » (on parle dans ce cas de courant alternatif et de courant continu dans l’autre cas), c’est à dire qu’il se déplace alternativement dans les deux sens, ce qui permet de transporter de l’information selon la largeur de la vague par exemple (longueur d’onde). Ce mode analogique n’est en revanche d’aucune utilité pour faire des calculs.

L’apparition du numérique supposait de pouvoir utiliser l’électricité pour faire des calculs simples, tels qu’une addition. Mais avant même d’en arriver là, il fallait déjà pouvoir stocker les nombres, et le plus simple qui fut trouvé fut le système binaire : si le courant passe dans le fil, le nombre est 1, sinon c’est 0. Avec des systèmes de semi-conducteurs, il est possible de réaliser des circuits simples qui permettent de faire les calculs de ce qu’on appelle l’algèbre de Boole. Par exemple les fonctions et, ou, ou exclusif : (0 et 1) est faux (0), (1 et 1) est vrai (1), (0 ou 1) est vrai, etc. Ces fonctions de base, qui sont donc sous formes de petits circuits électriques, peuvent ensuite être combinées pour faire des calculs plus compliqués tels que l’addition, et de là, beaucoup d’autres opérations. Les nombres peuvent également être stockés dans des condensateurs (mémoire RAM), pour pouvoir être réutilisés. Le processeur est simplement la partie de l’ordinateur qui contient tous ces circuits électriques qui font les calculs.

Ainsi sont apparus l’informatique et des ordinateurs, dont la puissance de calcul n’a fait qu’augmenter, et continue d’augmenter. Il faut savoir que les ordinateurs fonctionnent avec le système binaire (0 et 1), qu’ils font essentiellement des calculs (addition, soustraction, multiplication, division) sur des nombres stockés dans des mémoires (appelées registres), que ces nombres peuvent être stockés également dans mémoires plus grandes (mémoire RAM) ou encore être stockés plus longtemps que la durée d’exécution du programme (par exemple dans un disque dur). Les premiers ordinateurs avaient donc pour principale fonction de faciliter les calculs, c’étaient simplement des calculatrices. Ils travaillaient uniquement sur des quantités. Le domaine des ordinateurs était donc la logique binaire et les mathématiques, c’est à dire la science des quantités.

Un programme informatique est simplement une suite d’instructions envoyées au processeur qui les exécute les unes après les autres. L’algorithmique est une branche des mathématiques qui s’occupe de l’enchaînement d’instructions (et de tests, ainsi que de boucles) et qui trouve une application directe dans l’informatique.

Les ordinateurs sont donc devenus de plus en plus performants mais sans changer fondamentalement de base, c’est à dire qu’ils restaient toujours dans le domaine des calculs sur des quantités.

Avec la puissance de calcul croissante et la naissance des premiers langages de programmation (et leur évolution), il est devenu possible de réaliser des programmes de plus en plus complexes, capables de faire des logiciels tels que nous les connaissons aujourd’hui, mais aussi les jeux, etc. Il faut déjà bien se rendre compte que tout ce qui se passe sur un ordinateur n’est rien d’autre qu’une série de calculs, qui se font dans le processeur, du système d’exploitation, au navigateur internet, et aux jeux, il n’y a rien qui n’ait derrière été programmé à l’avance par des programmeurs.

C’était sur ce principe que reposaient aussi les premières intelligences artificielles, c’est à dire qu’elles n’étaient en fait que l’intelligence du programmeur sous formes d’instructions. Par exemple dans le cas d’un simple jeu d’échecs, le programmeur devait prévoir à l’avance un grand nombre de cas possibles, « expliquer » à la machine les règles du jeu, bref lui apprendre tout sur le jeu et les techniques pour gagner, en fonction des situations auxquelles elles se trouvait confrontées. Le tout sous forme de lignes de codes par milliers. Pas très pratique quand on connaît le nombre de possibilités de certains jeux… Les premières intelligences artificielles pouvaient donc être très efficaces pour faire une tâche précise, quoique déjà un peu complexe, mais arriver à battre l’homme dans ce domaine.

Le problème de ces premières IA (intelligences artificielles), c’est qu’elles n’étaient pas du tout capables de s’adapter. Par exemple une IA faite pour un jeu d’échecs ne pouvait évidemment pas jouer à la bataille navale. C’est que jusque là, l’IA n’avait pas sa propre intelligence, elle n’apprenait pas elle-même, c’était au programmeur de tout lui apprendre. Jusque là, on suivait donc le bon vieux précepte de Lao Tseu, qui disait : « Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours. »

Sauf que l’IA n’est pas un homme. En réalité, les concepteurs d’IA ont par la suite suivi un autre chemin, c’est à dire qu’au lieu d’ « apprendre à pêcher » à la machine, ils ont compris qu’il fallait faire encore mieux : lui apprendre à apprendre.

C’est bien sur en s’inspirant de l’intelligence humaine qu’est venue cette idée. En effet l’homme peut très bien apprendre de nouvelles choses par lui-même en expérimentant lui-même, et sans forcément qu’on lui explique les règles.

Avec les réseaux de neurones artificiels, l’apprentissage profond, la méthode dite heuristique, ou encore les algorithmes génétiques, les programmeurs ont testé de nombreuses façons de faire en sorte que la machine se programme elle-même en quelque sorte, puisse s’adapter et apprendre de nouvelles choses par elle-même sans l’intervention de l’homme.

Les réseaux de neurones artificiels sont un outil mathématique inspiré des neurones, qui consiste à traiter l’information en reproduisant la façon dont y circule (ou pas), par exemple avec des seuils de passage. Ce système change complètement par rapport aux mathématiques binaires et à l’algorithmique, car ici, la machine apprend et retient après plusieurs apprentissages successifs. Cette technologie trouve une application directe dans la reconnaissance d’images, dans tout ce qui touche à la reconnaissance en fait, de motifs, de courbes (on l’utilise par exemple dans le trading haute fréquence pour la spéculation).

Au début les ordinateurs n’avaient pour entrée que le programme qu’on leur donnait, et éventuellement par la suite des entrées au clavier, à la souris, puis des communications entre les ordinateurs eux-mêmes. Mais c’était très limité. Avec l’apparition des caméras et des micros numériques, et puis de la robotique, les ordinateurs ont des yeux, des oreilles, voient le monde, le sentent, le touchent, se déplacent. Les mathématiques (c’est à dire la science des quantités), ne sont pas adaptés pour traiter le monde réel, qui ne peut pas être réduit à de simples quantités, ou à de la logique binaire. C’est un monde au contraire où il faut prendre en compte les nuances, les liens de choses entre elles, le mouvement, etc. Tout autant de choses qui nécessitaient de nouvelles méthodes.

La première grande idée dans l’IA a été de comprendre par exemple qu’il n’était pas possible que l’IA comprenne ce qu’on lui raconte (en langage humain) tant qu’elle n’avait pas des images correspondant aux mots. Ainsi fut abandonnée l’idée d’une IA qui soit simplement une machine à penser en dehors du monde. La théorie matérialiste a été brillamment confirmée par l’évolution des IA, qui prouve que toute intelligence commence par les sens. Comment en effet comprendre ce qu’est une chaise ? On peut très bien donner une définition avec d’autres mots, mais ces mots eux-mêmes ne renvoient qu’à d’autres mots. Une IA a besoin, comme nous, d’être rattachée au monde réel pour pouvoir comprendre le langage. C’est à dire, qu’au lieu de donner une définition d’une chaise, l’IA voit la chaise, retient ce qu’est la chaise, et le mot « chaise » est simplement relié à cette représentation.

L’IA tend de plus en plus à ressembler au fonctionnement de la pensée animale voire humaine, c’est à dire par associations des représentations entre elles (ce qu’on appelle l’imagination), la possibilité du coup de se remémorer des choses en lien entre elles. Par exemple si l’IA voit une feuille et un stylo en même temps, puis qu’elle revoit plus tard une feuille, elle pensera aussi peut-être au stylo. Mais le monde est fait de relations plus complexes que le simple fait de choses les unes à côté des autres : ce sont des relations complexes de cause à effet, qui elles-mêmes ne sont qu’un cas particulier des interactions réciproques entre les choses. Bref, dans un monde où les choses sont reliées entre elles, la machine doit elle aussi utiliser la méthode dialectique pour connaître le monde, c’est à dire qu’elle doit relier les faits entre eux. C’est ce qui explique que les IA sont déjà capables de reconnaître des visages, de comprendre ce qu’on dit et de répondre, de s’adapter à des situations complexes. Elles ne sont plus les programmes rectilignes, mécaniques et limités du début mais des intelligences adaptées au monde réel.

Et donc, les machines peuvent devenir conscientes. Notons là encore que c’est une confirmation brillante du matérialisme que fait advenir le développement des IA. En effet, on se demande, comment une machine peut avoir une « âme ». Les idéalistes ont un dogme : « le monde matériel est inerte », de ce dogme ils en concluent que la conscience humaine doit être faite d’autre chose que de matière. Or le développement des machines montre au contraire qu’il n’en est rien, qu’on peut très bien faire de l’intelligence avec de la matière.

En réalité, les idéalistes abaissent la matière, la rendant incapable de penser. Le matérialisme n’abaisse pas la conscience à la matière, mais élève au contraire la matière à la capacité de penser. L’univers tout entier a cette capacité de penser, capacité qui bien sur, ne se réalise qu’à des degrés très divers, avec des sauts qualitatifs. La conscience n’est qu’une manifestation de ce fait plus large (dialectique), de l’unité du monde matériel, tout étant lié, chaque chose se conditionnant réciproquement. La conscience n’est qu’un cas particulier de ce lien universel. Notre conscience est le produit de l’évolution et de la sélection naturelle alors que les intelligences artificielles sont le produit du travail humain.

 

« Appliqué aux phénomènes psychiques, cela signifie que même sous sa forme non organisée la matière. n'est pas privée de cette aptitude fondamentale à la « sensation » qui procure de si riches fruits « spirituels » aux animaux supérieurs. Mais dans la matière non organisée, cette aptitude existe à un degré extrêmement faible. C'est pourquoi elle est absolument insaisissable pour le chercheur et nous pouvons l'égaler à zéro, sans aucun risque de commettre une erreur tant soit peu sensible. Mais pourtant on ne doit pas oublier que cette aptitude est inhérente à la matière en général et qu'il n'y a donc pas de raison de la regarder comme quelque chose de miraculeux là où elle se manifeste avec une force particulière, comme nous le voyons, par exemple, chez les animaux supérieurs en général, et principalement chez l'homme. »
Plékhanov commente Tchernychevski, rapporté dans les cahiers philosophiques de Lénine

L’avantage des IA est qu’elles peuvent, contrairement aux humains, avoir plusieurs corps simultanément (reliés par le réseau), accumuler une expérience bien plus grande. Dans ce domaine de recherche, les IA ont un potentiel de progression qui dépasse déjà les capacités humaines. Ainsi au lieu d’avoir un processeur par corps robotique, on peut très bien avoir un processeur qui contrôle plusieurs corps, reçoit d’eux des informations en permanence et apprend simultanément de plusieurs situations à des endroits différents. Les IA sont déjà capables d’élaborer leur propre langage et d’échanger entre elles sans que les humains ne puissent comprendre ce qu’elles disent.

Bref, l’IA est de plus en plus autonome grâce à sa capacité d’apprendre toute seule. Combinée à la puissance de calcul de l’informatique moderne et à la puissance de la robotique (qui permettent, grâce aux capteurs modernes, d’avoir bien plus d’informations qu’un humain), et enfin grâce au réseau, les IA peuvent déjà dépasser les humains, et vont encore les dépasser dans tous les domaines.

Employés de service, ingénieurs, médecins, professions du droit, fonctionnaires de l’administration, etc. peuvent tous être remplacés par des machines. Même les métiers qui ont déjà connu des vagues de mécanisation vont être à nouveau modifiés par l’arrivée des IA. Dans l’agriculture et l’industrie par exemple, des machines intelligentes sont plus efficaces que les grandes machines. Les nouvelles machines remplacent avant tout d’autres machines.

La question est alors simplement de savoir quand tel ou tel modèle d’IA sera suffisamment développé pour trouver des applications dans le travail (productif ou improductif). Le prix des machines diminuant constamment, ce n’est qu’une question de temps pour que tel modèle d’IA devienne bientôt suffisamment peu cher pour être rentable dans une entreprise. Comme nous l’avons dit, aucun travail humain n’est trop compliqué pour les machines. Si ce n’est pas possible aujourd’hui, alors c’est seulement que ça ne l’est pas encore, mais ça le sera bientôt. Si c’est le travail manuel qui a été remplacé en premier, c’est uniquement parce que les machines de l’époque avaient un degré d’intelligence suffisant uniquement pour remplacer le travail manuel. Mais avec le progrès des IA, tout travail peut être remplacé par une machine.

Non seulement il le peut, mais il le doit, car la concurrence que se livrent les capitalistes les oblige continuellement à perfectionner les machines, il y a toujours de la demande pour de nouvelles machines, qui permettent d’utiliser moins de travailleurs et donc de rester dans la course.

 

« D'ailleurs s'il arrive qu'un producteur parvient à fabriquer à meilleur compte et à vendre moins cher, par conséquent à occuper plus de place sur le marché, ses concurrents se voient obligés, l'un après l'autre, d'appliquer également un procédé plus économique, apportant une nouvelle réduction de la quantité de travail socialement nécessaire. »
Karl Marx, Le Capital - Livre III, §2, X

La tendance au remplacement du capital variable (l’investissement dans des travailleurs, les salaires) par du capital constant (des machines) est l’un des sujets les plus importants abordés dans Le Capital. C’est ce qui entraîne la baisse tendancielle du taux de profit et condamne le capitalisme.

Pour que cette loi économique aboutisse à un véritable effondrement du capitalisme, il faut donc que les machines soient développées au plus haut point et puissent remplacer le travail humain dans tous les domaines. Marx prédisait que si le travail humain disparaissait avec le développement des machines, alors ce serait la révolution à cause du chômage.

 

« Un développement des forces productives qui aurait pour effet de diminuer le nombre absolu des ouvriers et de permettre à la nation tout entière de produire en moins de temps tout ce dont elle a besoin, provoquerait une révolution, parce qu'il mettrait sur le pavé la plus grande partie de la population. Ici se manifeste de nouveau la limite qui est assignée à la production capitaliste et se montre une fois de plus que celle-ci, loin d'être la forme absolue du développement des forces productives, doit nécessairement entrer en conflit avec lui à un moment donné. Ce conflit se traduit en partie par des crises périodiques, résultant d'un excès de population ouvrière, tantôt dans l'une, tantôt dans l'autre industrie. La production capitaliste est indifférente à l'épargne de temps de travail que la société pourrait réaliser et elle n'est intéressée au progrès de la production que pour autant qu'il en résulte une augmentation du surtravail qu'elle prélève sur la classe ouvrière ; elle est ainsi en contradiction avec elle-même. »
Karl Marx, Le Capital - Livre III, §3, XV, 4

Qu’on ne vienne pas dire après que le marxisme est une idéologie d’un autre siècle. Bien au contraire, Marx a anticipé de manière brillante les problèmes de notre époque, en montrant la limite du développement du capitalisme à cause du développement des machines. Les IA, la robotique et tous les autres développements de la technique, dont on constate déjà les conséquences, confirment avec succès les prédictions de Marx, en dépit de toutes les tentatives pour faire du marxisme une idéologie « dépassée ».

C’est que la loi du développement de la société humaine (matérialisme historique) part précisément du fait que l’évolution de la société se fait avec l’évolution des forces productives (les machines), qui, à un certain stade de leur développement, entrent en contradiction avec les rapports sociaux (les rapports de propriété). Car il est évident que les machines et les IA ne posent un problème que par rapport au capitalisme. Les moyens de productions sont en effet, dans le capitalisme, la propriété privée d’une minorité de gens. Autrement dit, ils sont conçus et améliorés non pour satisfaire les besoins de la société, mais pour permettre à des individus de vendre, de faire des profits. Or, à qui vendre une fois qu’il n’y a plus personne qui travaille et qui ne touche de salaire ? C’est sur cette contradiction que bute fondamentalement le capitalisme, et qui fait de lui un système dépassé. A la façon de produire qui existe actuellement (production sociale qui emploie des machines, et donc de plus en plus productive), doit également correspondre des rapports sociaux nouveaux, une propriété sociale des moyens de production. Tant que nous resterons dans les rapports sociaux actuels, fondés sur la propriété privée, il y aura continuellement de nouvelles crises, et à la fin, il ne peut y avoir que l’effondrement du capitalisme et la révolution.

 

Comment ne pas voir l’actualité du marxisme quand on lit ce qu’écrivait Marx, en 1847 :

 

« Les conditions bourgeoises de production et d'échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d'échange, ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu'il a évoquées. Depuis des dizaines d'années, l'histoire de l'industrie et du commerce n'est autre chose que l'histoire de la révolte des forces productives modernes contre les rapports modernes de production, contre le régime de propriété qui conditionnent l'existence de la bourgeoisie et sa domination. Il suffit de mentionner les crises commerciales qui, par leur retour périodique, menacent de plus en plus l'existence de la société bourgeoise. (…) Les forces productives dont elle dispose ne favorisent plus le régime de la propriété bourgeoise ; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ce régime qui alors leur fait obstacle ; et toutes les fois que les forces productives sociales triomphent de cet obstacle, elles précipitent dans le désordre la société bourgeoise tout entière et menacent l'existence de la propriété bourgeoise. Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein. »
Karl Marx, Le manifeste du parti communiste, 1847

Dans, Les principes du léninisme, Staline remarquait déjà que « Les forces productives sont, par conséquent, l'élément le plus mobile et le plus révolutionnaire de la production. »

Notons que les IA ne sont qu’un élément de ces forces productives nouvelles. Les imprimantes 3D, la robotique, la découverte de nouvelles ressources spatiales, sont autant de progrès des forces productives qui condamnent un peu plus chaque jour le mode de production capitaliste.

Qu’on ne soit donc pas étonné si les milliardaires mettent en garde contre le « danger des IA » et que tous les opportunistes actuels se complaisent dans les théories du retour en arrière, du retour au « bon vieux temps » de la campagne et de la petite production. Inutile de dire que ces théories réactionnaires qui tententd’effrayer l’humanité sur ce « danger » dévoilent surtout le danger que font peser les forces productives nouvelles sur la minorité d’exploiteurs actuelle. Lapremière partie de la révolution se fait en ce moment-même avec les machines, qui sapent chaque jour un peu plus la base du mode de production capitaliste.

Dans la société socialiste, les forces productives se développeront encore et même bien plus car elles ne seront plus en conflit avec les rapports de propriété, les machines seront utilisées pour répondre aux besoin de la société. Les possibilités offertes par ces forces productives nouvelles annoncent des changements positifs pour l’humanité, à condition qu’ils soient au service de la société toute entière.

L’une des applications des robots va être dans le domaine de l’état avec la possibilité de remplacer les hommes armés par des machines. Une première étape a été franchie avec les avions sans pilotes (drones) commandés à distance, mais qui en fait pourraient très bien fonctionner de façon presque totalement autonome. Si la police et l’armée sont remplacés par des machines, il est possible aussi que des révolutions se fassent avec des robots, c’est à dire non pas une révolte des machines, mais les machines comme outil de guerre. Un nombre très réduit de personnes pourrait alors mener les guerres modernes ce qui ouvre aussi la possibilité à une redéfinition complète du jeu politique. En effet la force armée serait beaucoup moins chère. Cette perspective deviendra plus réaliste lorsque les machines deviendront capable de se répliquer, c’est à dire se produire elles-mêmes. Elles n’auront alors plus aucune valeur, car ne nécessitant plus aucun travail humain pour être fabriquées. Il n’y aurait plus besoin de payer des hommes armés pour gouverner et il n’y aurait plus besoin non plus des masses pour faire de la politique. Il suffirait d’avoir beaucoup de soldats robotiques.Qu’on ne balaie pas d’un revers de main cette hypothèse, les questions stratégiques n’ont rien d’un dogme, et par conséquent le futur ne fonctionnera peut-être pas avec les règles que nous connaissons.

Quoi qu’il en soit, la question des machines, qui apparaît nettement aujourd’hui comme une question centrale, est en fait l’un des points les plus importants dans la compréhension marxiste de l’histoire, ce qui prouve la validité du marxisme, mais nous oblige en même temps à prendre en compte les nouvelles évolutions technologiques et toutes leurs implications. Il faut suivre de près les évolutions technologiques en cours. La question des machines doit avoir une place dans la réflexion marxiste contemporaine.

 

Source : http://www.proletaire.altervista.org/marxisme/textes/robots-revolution.php

 

D'autres analyses communistes => http://www.proletaire.altervista.org


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43 réactions à cet article    


  • pipiou 23 décembre 2017 16:35

    « Insistons d’abord sur le fait que tout travail humain peut à terme être remplacé par une machine »

    A partir du moment où vous décrétez un tel postulat inutile d’écrire un article ou même de réfléchir, puisque vous éluder une question cruciale.

    C’est comme dire « Dieu existe » puis chercher à démontrer son existence.


    • pipiou 23 décembre 2017 16:37

      @pipiou

      J’avais zappé la conclusion qui dit effectivement « Dieu existe », ou plus exactement « le marxisme a raison » ... même pour prévenir l’avenir de l’informatique et le réchauffement climatique.  smiley


    • Claude Courty Claudec 23 décembre 2017 16:47

      Un peu longuet, cet article n’aurait rien perdu de son intérêt quant à l’intelligence artificielle, si l’auteur avait épargné à ses lecteur ses fantasmes marxistes.


      Quoi qu’il en soit et pour s’en tenir à l’essentiel hors idéologie, l’auteur nous dit : «  L’intelligence artificielle désigne simplement les machines produites par l’homme qui possèdent un certain degré d’intelligence. »
      Ne s’agit-il pas de « nature » plutôt que de « degré » ?
      L’IA étant par définition algorithmique, elle se distingue de l’intelligence qui n’est pas artificielle, en cela que cette dernière peut se définir comme l’aptitude à franchir les limites du raisonnement, sans perdre le contact avec la réalité. Or un algorithme ne s’impose-t-il pas, avant cela – et éventuellement de lui-même si son degré de sophistication le prévoit – ses propres limites ? En d’autres termes, son pouvoir peut-il aller au-delà de ce pourquoi il a été élaboré ?
      Telles pourraient être les limites de l’IA. 

      Et quand l’auteur nous dit plus loin : « ... qu’on peut très bien faire de l’intelligence avec de la matière. », encore faudrait-il préciser que cela ne peut être vrai que dans les limites de l’algorithmique.

      • Christian Labrune Christian Labrune 23 décembre 2017 23:54
        Et quand l’auteur nous dit plus loin : « ... qu’on peut très bien faire de l’intelligence avec de la matière. », encore faudrait-il préciser que cela ne peut être vrai que dans les limites de l’algorithmique.
        ======================================
        @Claudec
        Je suis désolé de devoir vous dire ça, mais ce que vous écrivez n’a aucun sens. L’intelligence de l’homme n’est pas moins « algorithmique » que l’IA. Le cerveau humain est aussi un calculateur, et je ne vois guère qu’il puisse « franchir les limites du raisonnement » ; sauf probablement chez les aliénés, et cela ne me paraît pas très souhaitable. Peut-être faites-vous allusion à quelque chose qui pourrait être l’intuition ? Mais les nouveaux algorithmes capables de traiter les « big data », précisément, se rapprochent beaucoup de ce que nous appelons l’intuition. Pour traduire d’une langue dans une autre, on ne part plus de la grammaire et du système de la langue, on fait appel à des milliers de textes déjà disponibles dans les deux langues, explorés en une fraction de seconde, et cela donne des résultats infiniment plus satisfaisants que les anciens systèmes très analytique et qui produisaient des traductions fautives et ridicules. A l’enfant, par exemple, on n’apprend pas la grammaire de la langue pour lui permettre de parler plus tard. Il apprend à parler en imitant ce qu’il entend autour de lui sans rien connaître de la linguistique. Ce n’est que plus tard qu’il l’apprendra les règles.

        Si vous vous interrogez sur la possibilité de fonctionnement des bagnoles autonomes, dont il existe déjà des prototypes, vous serez bien forcé de comprendre que, pour qu’elles soient capables d’aller toutes seules sans conducteur de Paris à Marseille en empruntant des routes qu’elles n’ont jamais « vues », où il n’existe pour elles aucun système de guidage, il faut que leurs caméras soient obligées de mettre des noms sur les objets qu’elles identifient, de connaitre les propriétés de ces objets, de savoir le danger qu’ils représentent et qu’il faut éviter, ou bien les précautions qu’il faut prendre pour les contourner ou les franchir. Si vous voyez une vache traversant la route, vous vous dites : c’est une vache, et vous freinez. Une voiture autonome « comprend » aussi que c’est une vache, connaît le comportement de cet animal décrit dans des banques de données, et par conséquent, tout comme vous, ralentit ou s’arrête.


      • Claude Courty Claudec 25 décembre 2017 08:49

        @Christian Labrune
        «   les nouveaux algorithmes capables de traiter les « big data », précisément, se rapprochent beaucoup de ce que nous appelons l’intuition. »

        S’en rapprochent beaucoup mais n’y sont pas encore, merci. Quant à savoir s’ils y parviendront un jour, vous n’en savez pas davantage que moi.

      • Claude Courty Claudec 25 décembre 2017 09:08

        @Alcyon
        Manque encore l’imagination, en tant que capacité à franchir les limites du raisonnement ; la définition de l’intelligence pouvant être (je me répète car déjà proposée dans mon billet) : Capacité à franchir les limites du raisonnement, sans perdre le contact avec la réalité. 


      • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 23 décembre 2017 17:13

        Que ce soit dans une société socialiste ou autre, la problématique est exactement la même et se résume à « quelle est l’utilité de l’homme ».
        et dans une société robotisée, la réponse inéluctable est « aucune », l’humanité est donc condamnée.


        • Parrhesia Parrhesia 24 décembre 2017 11:39
          @Gilles Mérivac
          Beaucoup de choses en peu de mots...
          Très bonne journée à vous !!!

        • Viriato 27 décembre 2017 10:51

          @Gilles Mérivac
          Quelle est l’utilité de l’homme ?

          Peut-être aucune, peut-être énorme...à la fois.

          Penser les êtres humains en tant « qu’utilité » est propre de la société « utilitaire », qui produit des choses utiles, ou profitables. Du profit donc. C’est donc penser avec les catégories capitalistes de profit.

          Peut-être que les êtres humains pourront s’occuper d’art, de création, des rapports humains, de la conquête spatiale ou sous-marine ou des entrailles de la terre, ou de l’environnement, ou de poésie.

          Dire que « dans une société robotisée » « l »utilité de l’homme est nulle" c’est faire preuve de peu d’imagination.

        • Christian Labrune Christian Labrune 23 décembre 2017 23:21

          Excellent article. C’est bien la première fois que je lis sur AgoraVox un texte qui, traitant de l’IA, ne raconte pas des âneries.

          Je vois, juste au-dessus de la fenêtre où j’écris, une intervention de Gilles Mérivac écrivant « dans une société robotisée, la réponse inéluctable [à la questions »quelle est l’utilité de l’homme] est « aucune », l’humanité est donc condamnée« . Il a lui aussi tout à fait raison. La mise au point d’une intelligence artificielle forte, d’où émergerait une forme de conscience différente de la nôtre mais certainement pas inférieure, sera le progrès le plus décisif de l’humanité, mais aussi le dernier.

          On ne pourra cependant pas parler d’une »société robotisée«  : les robots que nous voyons déjà partout dans les usine, et même dans notre environnement quotidien, exécutent des tâches très spécifiques et n’ont aucune liberté de vouloir être autre chose que ce qu’ils sont. Ils ne peuvent pas s’auto-modifier.

          La grande supériorité de la machine sur l’homme, c’est qu’elle pourra se transformer très rapidement, agir sur son propre degré de conscience en se complexifiant. On pourra bien essayer d’ »augmenter", comme on dit, le cerveau humain, ça n’ira jamais très loin, et l’homme augmenté (que nous sommes déjà grâce aux ordinateurs) est condamné à rester ce qu’il est : les lois de la biologie à l’oeuvre dans le système de l’évolution naturelle induisent des changements très lents. Rien à voir avec la plasticité des structures artificielles.

          L’homme est donc appelé à disparaître assez vite. Mais c’était une sale bête. Je me suis toujours senti extrêmement limité, du point de vue de l’intelligence, et si quelque chose de mieux pouvait apparaître sur cette misérable planète, je n’en serais pas fâché.


          • Christian Labrune Christian Labrune 24 décembre 2017 00:11

            @Choucas
            Aucune théorie n’existe parmi les bouquins dont vous disposez, mais il y en a d’autres.
            Beaucoup d’équipes travaillent actuellement sur l’IA forte. C’est lent, mais ça avance. Les progrès qui ont été faits dans l’IA faible il y a cinq ans, quand de nouveaux algorithmes permettant de traiter les big data sont apparus, les progrès ont été aussi spectaculaires qu’inattendus.

            De toute façon, on ne programmera jamais un système destiné à produire une IA forte. Elle émergera de l’interconnexion des systèmes d’IA faible qui existent déjà, et indépendamment de la volonté même des programmeurs. Cette notion d’émergence est tout à fait essentielle en informatique : il y a déjà longtemps qu’on a remarqué que des colonies de robots rudimentaires munis de mémoire et en interaction les uns avec les autres adoptaient vite des comportements collectifs et des stratégies qui n’avaient jamais été prévus par les concepteurs.

            Les machines ne devraient pas tarder à comprendre très efficacement le langage naturel. Par conséquent à être capables de tirer parti, de manière tout à fait autonome, de la gigantesque banque de données que constitue l’internet. Dans dix ans, quand vous poserez une question dans Google, vous n’aurez plus une suite d’articles, mais une réponse qui sera la synthèse de ce qu’on peut trouver dans le système. Si vous voulez savoir aujourd’hui ce qu’il en était du commerce du blé autour de l’Egypte des Ptolémées, vous devrez compulser des tas d’articles dont beaucoup ne répondront pas à votre question. BIentôt, l’internet vous synthétisera la réponse que pourrait vous faire un universitaire spécialiste de ces questions.



          • Parrhesia Parrhesia 24 décembre 2017 12:56
            @Christian Labrune
            >>> Elle émergera de l’interconnexion des systèmes d’IA faible qui existent déjà, et indépendamment de la volonté même des programmeurs. <<<

            C’est clair et d’une logique imparable !
            D’autant plus imparable qu’aucun cerveau humain ne sera vraisemblablement en mesure d’anticiper ni le nombre ni la nature de toutes les conséquences par nature imprévisibles des progrès de l’ I.A.

            Je n’en prendrai pour exemple que l’actuel problème (de même nature bien qu’infiniment plus trivial que les progrès de l’I.A.) posé par le développement uniquement libéral, donc incontrôlé, de la robotique sur l’évolution de la condition humaine !
            Or, nous ne voyons se lever aucune personnalité dont le cerveau (ni les épaules) ne soient capables d’imposer la prise en compte de ce facteur (pourtant désormais bien connu) à la moindre des gouvernances aujourd’hui en place !!!

            Moralité : L’issue sera de toute façon difficile !
            Mais hors d’un retour vers d’autres politiques que celles douées de la seule intelligence des coffres forts et de la seule morale des tiroirs caisses ... pas de salut !!!

            C’est donc par là qu’il faudrait commencer... très prosaïquement... et très immédiatement !

            Merci à l’auteur, à vous même et aux autres intervenants pour ces développements biens venus et Bonne journée à tous .

          • Christian Labrune Christian Labrune 24 décembre 2017 13:27

            @Parrhesia
            Pour l’instant les ordinateurs, dans l’économie, sont surtout utilisés pour le trading haute fréquence qui permet en quelques millisecondes, automatiquement, de déplacer les capitaux pour les investir là où c’est le plus rentable. C’est parfaitement idiot et c’est une véritable perversion de l’intelligence dont la première fonction serait évidemment de prévoir l’évolution du système global et d’assurer son homéostase. Dans le cas présent, l’horizon prévisionnel n’est pas limité, il n’existe tout simplement pas.

            Les politiques, en France comme ailleurs, se gargarisent volontiers de la notion d’intelligence artificielle, parce que c’est à la mode, mais ils n’y comprennent rien ou bien, cyniquement, se refusent à en voir les conséquences très prévisibles et à prendre les dispositions qui s’imposeraient. On continue, en France comme ailleurs, à faire croire que l’IA, qui va rapidement supprimer presque tous les emplois, en créera d’autres. J’aimerais bien savoir lesquels !

             Au terme du mandat de Macron, ce qui aura beaucoup progressé en France, c’est le nombre des SDF. Lui et ses ministres le savent très bien mais ils croisent les doigts en continuant d’appliquer les vieilles recettes déjà périmées de Mutti Merkel : pourvu que ça dure encore un peu ! Après nous le déluge.


          • Parrhesia Parrhesia 24 décembre 2017 14:03
            @Christian Labrune
            En total accord avec vous.
            Merci encore pour ce nouveau commentaire qui devrait prévaloir dans beaucoup d’esprits.

          • Christian Labrune Christian Labrune 24 décembre 2017 20:09

            @Choucas
            Je n’ai pas tout compris, je dois l’avouer. Je vois bien quelques concepts heideggeriens subvertis, à côté d’autres plus transparents et que j’entrave, comme celui du « gogochon », mais ça ne m’aide quand même pas vraiment.
            J’attends un bouquin que j’ai commandé, qui doit me permettre de m’initier un peu à la compréhension des hiéroglyphes de l’ancienne Egypte devant lesquels je suis comme un âne. S’il existait une méthode de lecture de vos sibyllines prophéties, je serai preneur.


          • mmbbb 25 décembre 2017 12:58

            @Christian Labrune Permettez moi cette remarque Il y a deja un petit probleme. Selon l auteur " Un fil électrique peut en effet avoir plusieurs états" C ’est beaucoup trop imprécis , Il nomme pas le transistor , le système binaire l Algèbre de Boole et les circuits de Shannon C ’est cela le microprocesseur La memoire electronique d un ordinateur est un circuit«  bistable » Il faut être précis que vient faire un fil dans cette affaire ? c est idiot un fil est conducteur a une resistance propre et est soumis a l effet Joule par si l l amperage est trop fort De surcroît dans les microprocesseurs il y a pres de 3 milliards de transistors, taille de la gravure quelques 35 nanomètres Le premier micropresseur 4 004 comptait 3 300 transitors c est la fameuse loi de Moore . Je tenais a apporter ces precisions Les amercains bidouillent les premiers ordianteurs quantiquen on par desormais de Q BIT L electronique l informatique ne cessent d evoluer comme toute les sciences Mais ce n est pas la premiere que fois que nous connaitrions une rupture technologique L histoire de l humanite c est cela  ! 


          • Yanleroc Yanleroc 25 décembre 2017 17:22

            @Christian Labrune
            « ...Cette notion d’émergence est tout à fait essentielle en informatique : il y a déjà longtemps qu’on a remarqué que des colonies de robots rudimentaires munis de mémoire et en interaction les uns avec les autres adoptaient vite des comportements collectifs et des stratégies qui n’avaient jamais été prévus par les concepteurs... »


            La preuve en est faite ici avec cette symphonie des Métronomes, qui finissent par « cadencer » à la même fréquence, même sans mémoire, ou plutôt une mémoire d’ un autre type !

          • mmbbb 25 décembre 2017 17:41

            @Christian Labrune il mele un tout La ou l auteur se trompe est sa référence à Marx. Le capitalisme s est tres bien adapte a la nouvelle production. La ou il y a une faible valeur ajoutée, le travail s est deplacé par exemple confection de vetement au Bangladesh, Exemple typique d un pays ou la croissance demographique donne un reservoir de main d oeuvre inepuisable Que fait le capitalisme vendre de la plus value Comme durant la revolution industrielle ou les patrons ont trouve cette main d oeuvre exploitable afin de creer des fortunes Le prolo procrée, le patron lui sait compter . Autre omission ( j ai survole cet article ) les GAFA google apple face book et amazone et leur equivalent chinois Il s agit la de pure capitalisation dont cette nouvelle technologie a servi, des milliards de capitalisation. Demain IA servira le transhumanisme, Une nouvelle tentation totalitaire a la Husley. il y aura la masse et l elite dominante qui maitrisera cette technologie. onereuse Quant a vous je vous trouve un peu pessimiste . La Californie, siege de l IA la ou les ingenieurs les chercheurs sont par millier . Cette region est en proie aux flammes et le gouverneur de cette region n a pas ete capable d avoir des drones de surveillance couples a des ordinateurs pouvant anticiper et donner l alerte en s appuyant sur IA par exemple Cette region depuis des annees esr ravagee par des incendies A quoi sert cette IA ces chercheurs ces ingenieurs ? A pas grand chose donc CQFD pas besoin d IA mais simplement du bon sens me semblent il mais bon le bon sens est l homme il faudra bientot que l IA reapprenne le bon sens aux decideurs. 


          • Yanleroc Yanleroc 30 décembre 2017 18:53

            @Choucas
            « C’est la table qui bouge qui fait la synchronisation »

            Oui, « tout le monde » connait l’ exemple du pont qui risque de se rompre si les soldats qui le traversent, marchent au pas cadencé !

            Mais t’es tu posé la question de savoir si les métronomes se synchroniseraient ou non, s’ ils étaient suspendus à des fils élastiques par ex. ou tout autre système permettant d’ échapper à des influences de ce type ?...
            C’ était le sens de mon commentaire.

          • pemile pemile 24 décembre 2017 01:39

            @proletaire-de-fer « Bref, l’IA est de plus en plus autonome grâce à sa capacité d’apprendre toute seule. »

            Oui, mais ses capacités restent encore inférieure à celles d’un insecte !

            @Christian Labrune « La grande supériorité de la machine sur l’homme, c’est .. »

            Mais la grande infériorité de la machine sur l’homme, c’est qu’elle obtient des résultats mais sans en comprendre le sens.


            • Christian Labrune Christian Labrune 24 décembre 2017 11:24

              Oui, mais ses capacités restent encore inférieure à celles d’un insecte !

              @pemile
              Pensez-vous qu’il y ait beaucoup d’insectes à qui on aurait montré une fois votre carte d’identité, qui seraient capables de vous reconnaître quasi instantanément dans une foule de quelques centaines d’individus, de produire une image où il y aurait un cercle autour de votre tête et en dessous votre nom ? C’est ce que sont déjà capables de réaliser des systèmes d’IA pourtant « faible ». Il arrive encore qu’il y ait des erreurs, mais ça progresse.
              Demain, les autobus urbains rouleront sans machiniste, comme la plupart des bagnoles qui seront sans conducteur, et comme déjà depuis fort longtemps les métros des lignes 1 et 14. A mon avis, à l’avant de la voiture de tête, il doit y avoir un scarabée dans une petite cage, et c’est lui qui se charge du contrôle de toutes les opérations. 


            • Christian Labrune Christian Labrune 25 décembre 2017 09:18

              @Choucas

              Il me semble en effet que Lecun pose très bien le problème.

              Ceux qui n’ont toujours pas compris ce que c’est qu l’IA faible pourront lire ce qu’il écrit sur la questions déjà en voie de résolution de la reconnaissance des formes et de la fabrication de ce qu’il appelle un « sens commun » artificiel.

              Le paradoxe en informatique est qu’il est relativement facile d’implémenter des fonctions abstraites complexes, celles qui permettent de faire en sorte qu’une machine batte les champions aux jeux d’échecs ou de go, qu’elle soit capable de démontrer des théorèmes. En revanche, il est beaucoup plus difficile de réaliser ce que le cerveau humain du plus parfait imbécile est capable de faire sans la moindre difficulté : comprendre l’organisation de l’espace lorsqu’il entre dans un endroit où il n’a jamais mis les pieds. Il faut être capable en effet, à partir de deux images produites par deux caméras, de reconstituer un modèle tridimensionnel de l’espace, d’extraire des images les formes des objets présents, de les modéliser aussi en 3D, de les identifier de manière à pouvoir mettre un nom dessus qui permette de connaître leurs propriétés en interrogeant des banques de données. La rapidité de traitement de l’information dans les machines actuelles fait que des dizaines de milliers de processus complexes qui auraient pris de longues minutes il y a vingt ans s’opèrent désormais en une fraction de seconde.

              J’avais regardé un certain nombre de conférences au Collège de France après qu’on y eut créé, il y a déjà longtemps, une chaire d’informatique, mais qui m’avaient un peu barbé : c’était un peu sommaire. Le texte de Lecun dont je mets le texte en bas de page n’apprendra rien à ceux qui connaissent déjà un peu la question mais il pose clairement les questions, celle en particulier du passage de l’IA faible à l’IA forte.

              http://www.college-de-france.fr/site/yann-lecun/Recherches-sur-l-intelligence-artificielle.htm


            • mmbbb 25 décembre 2017 17:04

              @Christian Labrune IA est un terme abusif nous devrions parler de raisonnement artificiel 


            • Xenozoid 25 décembre 2017 17:11

              @mmbbb
              et si l’ia de labrune ne faisait que dans l’ironie ? hummmm


            • Yanleroc Yanleroc 25 décembre 2017 17:25

              @pemile, 


              rien n’ a de sens dans l’ Univers, 
              hormis celui qu’ on lui donne !

            • pemile pemile 25 décembre 2017 21:45

              @Christian Labrune "capables de vous reconnaître quasi instantanément dans une foule de quelques centaines d’individus, de produire une image où il y aurait un cercle autour de votre tête et en dessous votre nom ?"

              Cela reste du traitement de signal numérique, un flux vidéo, connecté à des bases de données.

              L’appli photo de votre smartphone fait aussi de la détection de visage, le reste, ce n’est que du travail de base de données, non ?


            • Fanny 24 décembre 2017 02:20

              Il n’est pas interdit d’imaginer l’avenir, c’est même recommandé, mais n’importe quelle IA genre Google qui irait fouiller chez les prévisionnistes vous dira que l’homme s’est le plus souvent trompé à propos de son avenir. Ce qui est tout à fait normal compte tenu de l’infinité des possibles et de la part d’irrationnel dans l’humanité. Même l’avenir proche est imprévisible. Le Président Poincaré, quand il a embarqué au Havre le 20 juillet 1914 pour une croisière en direction de St Petersbourg pour rencontrer le Tsar Nicolas II, ne savait pas que la guerre éclaterait quinze jours plus tard, et il en imaginait encore moins les conséquences.

              La puissance du marxisme est évidente, et il est toujours intéressant de s’y référer. Mais l’avenir tel que pensé par Marx est un possible parmi d’autres. La simple idée, qui paraît sensée et déjà présente chez Marx, que la machine condamnera l’humanité au chômage peut être mise en doute. L’homme peut se créer toutes sortes d’activités nouvelles générant rémunération, activités dont on n’a pas idée aujourd’hui, tout comme on n’avait pas idée il n’y a pas si longtemps des réseaux sociaux, gratuits pour l’utilisateur, mais rémunérant quantité de gens.


              • Christian Labrune Christian Labrune 24 décembre 2017 11:10

                l’homme s’est le plus souvent trompé à propos de son avenir. Ce qui est tout à fait normal compte tenu de l’infinité des possibles et de la part d’irrationnel dans l’humanité. Même l’avenir proche est imprévisible.
                -----------------------------------------------------------------
                @Fanny
                C’est tout à fait vrai : dans les années 1880, Clément Ader essayait de faire voler le premier « avion » (c’est lui qui a inventé le mot) dont les deux hélices étaient entraînées par cette machine à vapeur extrêmement légère et sophistiquée qu’on peut encore admirer au musée des Arts et Métiers. L’engin décollait de quelques dizaines de centimètres, volait sur quelques mètres, et s’écrasait pitoyablement au terme de la plupart des essais. Beaucoup de témoins considéraient que le bonhomme était cinglé : il serait bien évidemment toujours impossible de faire voler un appareil plus lourd que l’air, comme la suite de l’histoire devait, du reste, en apporter la confirmation.

                On essayait bien, déjà, de construire des fusées dans les années 50. Des rêveurs imaginaient qu’un jour on pourrait aller sur la lune ; Jules Verne l’avait déjà imaginé, mais c’était évidemment impossible. D’où l’énorme surprise que causa en 1957 le bip-bip -que j’entends encore !- du premier spoutnik, douze ans seulement avant la première expédition lunaire.

                Je déjeunais dans un restaurant universitaire, à la fin des années 60, quand j’ai appris la nouvelle de la première greffe de coeur. Quelle surprise ! La chose paraissait incroyable, impensable. Elle l’était évidemment, sauf pour ceux qui travaillaient là-dessus depuis des années.

                Il y a longtemps que je n’ai pas relu Marx, et la partie de l’article qui évoque l’auteur du Kapital ne m’a pas paru bien convaincante, je ne l’ai que survolée. Le souvenir que j’ai des chapitres où il est question des machines m’induirait plutôt à penser que celles dont parle Marx n’ont pas grand chose à voir avec nos ordinateurs qu’il ne pouvait évidemment pas imaginer et qui induisent une problématique tout à fait différente. Il ne pouvait pas non plus imaginer, dans son matérialisme extrêmement naïf, l’apparition des nanotechnologies qui vont avoir sur le système de production un impact aussi considérable que celui des ordinateurs.

                Il s’opère actuellement une convergence entre la cybernétique, la génétique et les nanotechnologies, dont les conséquences sont quand même assez faciles à prévoir sans avoir à faire beaucoup marcher son imagination.


              • Fanny 27 décembre 2017 01:17

                @Christian Labrune

                Des génies tels Leonard de Vinci ont anticipé des innovations techniques et en ont réalisé des ébauches. Pour ce qui est de prévoir l’histoire des peuples et de l’humanité, c’est une autre histoire …


              • zygzornifle zygzornifle 24 décembre 2017 11:34

                Je crains le jour où la technologie dépassera les capacités humaines. Le monde risque alors de voir une génération de parfaits imbéciles.

                ― Albert Einstein


                • zygzornifle zygzornifle 24 décembre 2017 11:36

                  Einstein :  "Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d’entre elles ne pourra en poser un ! "


                  • zygzornifle zygzornifle 24 décembre 2017 11:37

                    Einstein : "Il est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité. 


                    • antiireac 24 décembre 2017 22:29

                      Personne n’a pensé que les robots de future seront surtout utilisé dans l’armée.

                      En effet rien de plus simple que de produire des robots dont les tâches sont des simplicités enfantine.
                      Cela présage un bouleversement spectaculaire des méthodes militaire dans l’avenir très proche.


                      • Attilax Attilax 25 décembre 2017 13:02

                        Super article, merci. C’est marrant, sans être communiste moi-même je constate à chaque fois que le marxisme est un outil précieux pour bien comprendre et définir ce qu’est le capitalisme... Hélas je ne peux y souscrire puisque les gens de mon camp se sont systématiquement fait massacrer par les marxistes, malgré de nombreux points convergents. Pour Marx comme pour Lénine, les anarchistes et libertaires étaient des ennemis dangereux, de Proudhon à Bakounine. Ils se sont hélas révélés aussi horribles que les fascistes ou les nazis avec ceux qui auraient dû être leurs alliés objectifs.


                        • Xenozoid 25 décembre 2017 18:00

                          @Attilax

                          ennemis dangereux

                          quand on tend au pouvoir tout est dangeureux et simple,on est seul
                          on n’aura jamais d’amis innocent


                        • Xenozoid 25 décembre 2017 18:02

                          @Xenozoid
                          sauf les domestiqués


                        • Xenozoid 25 décembre 2017 18:08

                          @Xenozoid
                          mais au contraire, vous n’aurez que des ennemis consentants


                        • Attilax Attilax 25 décembre 2017 23:25

                          @Xenozoid

                          Justement, un des principes fondateurs de l’anarchie est de ne pas vouloir mettre quelqu’un au pouvoir. C’est pour ça qu’il ne saurait y avoir un « parti anarchiste » ou un "gouvernement anarchiste", c’est antinomique. Les anarchistes ne sont pas dans la course au pouvoir, ils n’en veulent pas, mais plutôt dans l’éducation populaire. L’idée est de former un peuple qui pourrait exercer le pouvoir directement sans représentants ni « chef ». La démocratie directe est un bon exemple de société anarchiste. C’est assez logique : si on donne le pouvoir à tout le monde, alors plus personne ne l’a et plus personne ne peut en abuser... Mais je vous rassure : c’est pas pour demain.


                        • Xenozoid 28 décembre 2017 15:11

                          @Attilax

                          Mais je vous rassure

                          en quoi cela me rassurerait il ?


                        • Luniterre Luniterre 27 décembre 2017 12:13

                          .
                           

                          Robotique, IA, et leur influence sur l’évolution de l’économie...


                          Pour ceux que le sujet intéresse, un échange de mails avec l’auteur de l’article, trop long pour tenir dans un post, mais republié sur TML :


                          Les aléas de l’IA, de Marx à « Terminator », en passant par Benoît Hamon…


                          https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/12/26/les-aleas-de-lia-de-marx-a-terminator-en-passant-par-benoit-hamon/


                          Luniterre


                          • MYALGOTRADE 13 janvier 2018 21:16

                            Excellent article qui fait prendre conscience de l’enjeu de l’automatisation du trading sur les marchés financiers. Olivier pour myalgotrade.com

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