Un exemple d’effets pervers d’une décision réglementaire
Je vous exprime régulièrement mes craintes concernant les effets pervers de telle ou telle décision de nos hommes politiques. Les décisions à caractère technique ou réglementaire qui peuvent avoir des conséquences financières suscitent souvent des effets collatéraux inattendus auxquels ceux qui édictent ces réglementations n’auraient pas pensé et qui peuvent avoir des conséquences non négligeables sur une activité ou une industrie. C’est le mystère de l’application de conditions commerciales dont le client potentiel use parfois de manière inattendue pour en maximiser les avantages à son profit.
L’exemple de dommages collatéraux que je voulais vous signaler concerne l’institution des bonus/malus dans les ventes d’automobiles dont je vous avais signalé précédemment qu’il allait modifier considérablement le paysage du commerce des voitures. Voici donc quelques mois que cette mesure a été instituée et nous commençons à avoir du recul sur son effet. Il était prévu que cette mesure allait orienter les ventes de nouvelles voitures vers les petits véhicules moins émetteurs de CO2 et diminuer les ventes des plus grosses et plus émettrices de CO2. C’est effectivement ce qui s’est passé et, à ce titre, l’objectif est atteint.
Un des effets pervers, c’est que les ventes de petites voitures se faisant toujours à des prix extrêmement tirés du fait de la concurrence très large sur ce créneau de marché, les concessionnaires ne gagnent plus grand-chose à les vendre, pas plus que les constructeurs d’ailleurs. Les voitures sur lesquelles constructeurs et concessionnaire font des marges plus généreuses, ce sont les berlines moyennes à grosses, les modèles de luxe et les 4x4. Le malus a fortement affecté leurs ventes à la baisse au point que certains véhicules lourdement pénalisés par le malus se vendent désormais très mal. A terme, on devrait voir les choses se rééquilibrer avec une augmentation des prix des petites voitures et une stabilité de ceux des grosses ou alors la délocalisation des fabrications des petites voitures à l’Est !
Autre effet pervers, celui sur le marché de la voiture d’occasion récente qui est désormais en concurrence avec la voiture neuve "à bonus". Le marché de la voiture d’occasion récente, en particulier les voitures des flottes de voitures de location, est devenu très difficile et, pour vendre, il faut casser les prix pour compenser le bonus de la voiture neuve et être patient. Or, c’était une source de revenus importants pour les concessionnaires. Que croyez-vous qu’il arrivera ?Des diminutions de postes d’ici quelque temps chez les concessionnaires et les constructeurs pour rétablir la rentabilité de leurs opérations...
Vous me direz, c’est pour le bien de la planète et il faut assumer les conséquences de notre politique. Je suis tout à fait d’accord avec vous, mais on aurait peut-être pu faire autrement pour éviter ces dommages collatéraux. Par exemple, l’institution d’une prime à la casse type balladurette pour permettre de changer les vieilles voitures terriblement polluantes aurait permis, à moindre coût, d’améliorer bien plus les émissions de notre parc automobile sans conséquences immédiates. Une telle mesure a néanmoins aussi un effet pervers qui est la chute des ventes quand on arrête la prime. Mais, dans l’état de notre parc, nous en avions bien pour au moins dix ans avant d’éliminer les voitures anciennes polluantes du parc.
Pourquoi n’a-t-on pas envisagé cette solution ? Parce qu’en France on n’interroge jamais le praticien qui connaît le marché et le client. Le savoir chez nous vient d’en haut...
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