Un apéro géant saucisson-pinard qui devait être organisé le 18 juin rue Myrha, Paris 18e, a été l’objet d’un certain déchainement politico-médiatique... Ses organisateurs entendaient protester contre des prières régulières dans cette rue et dans d’autres de milliers de musulmans remettant en cause les lois de la République. Ils avaient choisi de ne pas mettre de limites à ce rassemblement, en référence à l’appel d’un 18 juin 1940 qui face au péril avait transgressé les clivages politiques traditionnels de l’époque ! Autrement dit, ce rassemblement réunissait des forces allant d’une certaine gauche républicaine aux identitaires que l’on assimile en général à l’extrême droite...Mais était-ce bien la laïcité que l’on défendait ici ?
Des organisations se revendiquant de la gauche dont le MRAP, SOS-Racisme - LDH (Ligue des Droits de l’Homme) ou encore le Front de Gauche, avaient demandé l’interdiction de cet apéro l’accusant d’une démarche raciste propre à des « laïcards » n’hésitant pas à se mêler à l’extrême droite. Il devait être ensuite interdit en raison de l’évocation d’un risque de trouble à l’ordre public, argument qui n’avait pu jouer pour interdire ces prières faites dans la rue... En réaction, les organisateurs de l’apéro saucisson-pinard ne reculant devant rien, avaient décidé d’initier un rassemblement, ce 18 juin, à 19 heures, avenue des Champs-Elysées, devant la plaque commémorant la manifestation de 2000 étudiants le 11 novembre 1940 malgré l’interdiction des autorités d’alors, sur fond d’idée de résistance républicaine aujourd’hui face à l’islam mise en parallèle d’une autre résistance à l’occupant nazi.
Il y avait-il motif à une initiative contre ces prières collectives dans la rue ?
Sans aucun doute, ces prières bafouent nos principes républicains les plus élémentaires compromettant gravement notre vivre ensemble avec un trouble à l’ordre public qui ne fait de doute pour personne. Que ce soit pour Daniel Vaillant maire PS de l’arrondissement où se produisent ces faits, ancien ministre de l’intérieur du gouvernement Jospin, qui n’y voit aucun mal ou pour le Préfet qui connait bien les lois de la République qu’il sait ne pas être respectées pour le moins ici et a interdit l’apéro mais pas les prières ! On avance en général, pour justifier de tolérer ces prières dans la rue, qu’il n’y aurait pas assez de lieux pour les musulmans en France pour qu’ils puissent pratiquer leur religion et que dans l’attente de les réaliser, jusqu’à mettre à contribution le contribuable, on laisse faire. Comme si le fait pour chaque musulman de prier chez lui était un sacrilège, suivant par là à travers cette tolérance des prières massives dans la rue l’intégrisme que reflète cette façon de penser sa religion comme au-dessus de tout !
On sait bien que derrière ce phénomène il y a un communautarisme qui ne prend même pas la peine de se dissimuler et affirme ses exigences à travers des revendications croissantes d’accommodements raisonnables qui n’ont de raisonnable que le nom. Ce sont en fait nos libertés fondamentales qui sont remises en cause par ceux là-mêmes qui défendent comme une liberté nouvelle la burqa et la devise de la ligue islamique mondiale d’imposer partout la charia. Une organisation qui finance en Europe l’essentiel des écoles coraniques et paient une large part des imams qui ne connaissent pas, à plus de soixante dix pour cent le français et ignore nos lois, nos traditions, qu’on laisse sévir dans le pays des droits de l’home ! Ces prieurs entendent, par la démonstration dont ils font preuve, peser sur les choix politiques qui ne reviennent normalement qu’aux citoyens pour pousser à des séparations gravissimes et dangereuses y compris, à terme, pour notre paix civile. Ces sympathiques pratiquants sont ceux là mêmes qui appellent au meurtre par l’entremise de fatwas contre des personnes qui usent simplement de leur droit de libre expression.
La gauche victimaire en protégeant l’islamisme a poussé dans le sens de cette dérive populiste.
Des organisations comme le NPA, le MRAP ou la Ligue des Droits de l’homme ne cessent de défendre au nom de la liberté de religion, un islam du revoilement largement anti-France qui se fait le porte drapeau de l’islamisme larvé qui gagne chaque jour, grâce à ce soutien, en influence sur des quartiers qui lui sont livrés, derrière un discours plein de ressentiment envers le pays qui les a accueilli accusé à chaque occasion d’être minée par un racisme poste colonial... En réalité, un mythe qui fonde une nouvelle martyrologie en vogue permettant à ceux qui défendent l’islamisme d’un Hamas ou des dictatures religieuses telles les Républiques islamiques, de s’attaquer au nom de la liberté de religion à nos valeurs humanistes à l’origine de tous nos acquis sociaux dont tous bénéficient comme nulle part ailleurs.
On laisse se développer un racisme anti-blanc dans nos banlieues en encourageant les jeunes issus de l’immigration à interpréter leurs difficultés d’intégration sociale et les frustrations qui en découlent, essentiellement liées à une crise économique dont le libéralisme est seul responsable, à penser que cela serait le fait d’un racisme français qui les exclurait. Attribuer, dans ce contexte de montée de la crise du travail qui perdure depuis plus de trente ans en France, les difficultés d’intégration au seul problème des discriminations est une pure manipulation.
C’est une gauche victimaire en mal de projet, qui n’a rien à opposer au libéralisme lorsqu’elle ne le défend pas, qui entend se refaire une conscience morale et poser les bases d’une nouvelle grande cause sur ce fond de commerce qui passe par perte et profit le combat en faveur de l’ouvrier qu’il soit Français ou immigré. A la place de la solidarité du combat anticapitaliste fondé sur la défense de l’égalité, on instaure le droit à la différence à coup de discrimination positive passant pour la condition moderne de l’homme qui sert en fait, à détricoter nos valeurs de progrès social sur le mode de chacun ses droits selon sa religion, son origine, sa couleur.
Il y a à l’aune de cette réalité une exaspération et un écœurement chez nombre Français du cru ou pas, qui crée toutes les conditions de l’émergence par delà le Front National d’un ressentiment de plus en plus massif et sans nuances envers les musulmans et l’islam, envers l’immigré. La responsabilité de cette gauche est énorme et révoltante dans ce qui pousse, par l’accumulation du ressentiment de combien de Français dans cette situation où ils sont montrés injustement du doigt et insultés, sur la mauvaise voie où des laïques appellent à se mélanger à l’extrême droite sous prétexte de faire le nombre pour peser contre l’islam communautariste.
Ce ressentiment sert un nouveau populisme où la laïcité se retrouve prise en otage. C’est le chemin le plus court pour rassembler mais malheureusement aussi le moins efficace car attaquable sur ses valeurs dont le mélange des genres en annule la portée. Cette forme de combat au nom de la laïcité pour lequel la fin justifie les moyens pourrait même devenir dangereuse pour la démocratie. Car cette agrégation à l’extrême droite donne à cette dernière du crédit pour faire valoir ses thèmes dont l’idée d’un pouvoir fort en regard duquel on inviterait les laïques à faire le sacrifice de la démocratie pourvu qu’on en finisse avec ce danger bien réel de fascisme religieux. La cause s’inverse en son contraire…
Un combat laïque totalement dénaturé par une alliance avec l’extrême droite
Le combat des deux côtés devient identitaire et c’est toute l’erreur de ceux qui ont cru bon d’organiser cet apéro saucisson-pinard. Cette initiative ne pouvait qu’être interdite et s’en était peut-être même le but pour faire parler de cette démarche de rassemblement populiste. Un sens du rassemblement qui n’a d’ailleurs rien à voir avec l’idée de la résistance française des années 1940 dépassant les clivages politiques traditionnels d’alors car elle en excluait pas essence toute collusion avec l’extrême droite. Cette extrême droite qui fut de l’autre côté et alimenta la milice servile envers l’occupant.
Le journal Riposte laïque1 a été un des premiers organisateurs de cet apéro d’un volontarisme franchouillard décomplexé qui aurait pu faire rire s’il s’était agit d’un canular, à condition encore d’avoir su éviter même dans ce cas cette curieuse alliance entre des laïques et des identitaires. Riposte Laïque a joué un rôle éminent dans le combat laïque depuis plusieurs années en défendant des positions courageuses dans la dénonciation des dangers du communautarisme que porte l’islam du revoilement. Un revoilement que ne cesse d’encourager le Conseil Français du Culte Musulman dominé par l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) par ses prises de position.
Ce journal l’a fait essentiellement seul contre ceux qui criaient avec les loups ou se taisaient par crainte de l’accusation de haute trahison en racisme dès qu’il était question de critiquer l’islam, accusation portée par une gauche victimaire ne connaissant plus que la méthode d’intimidation des procès en politiquement correcte ! Un climat tuant dans l’œuf les possibilités de rassemblement du camp laïque face à un certain nombre de problèmes pourtant urgents touchant à la place de l’islam en France.
Pour autant, il est apparu utile à Riposte Laïque qui a choisi Radio Courtoisie comme une de ses tribunes, de défendre une posture qui légitime un rassemblement au-delà des clivages politiques allant jusqu’à flirter avec des organisations qui ignorent tout de la laïcité et pour lesquelles le rejet de l’islam est viscérale parce que propre au refus du mélange par nationalisme. C’est la même vertu que celle relative à la revendication de pureté qui va avec le voile et une conception qui veut pour le musulman que soit interdite toute union hors de la communauté de religion. On sait où mène ce genre d’idéologie fondée sur la pureté de la nation, de la race ou de la religion.
Une logique de rassemblement qui divise et affaiblit les laïques et la laïcité, qui rend service finalement à l’intégrisme religieux qui peut en tirer argument pour identifier la laïcité à de l’intolérance, à une idéologie d’exclusion. C’est propager un malentendu catastrophique, car la laïcité seule permet le mélange à porter l’égalité au-dessus de toute chose pour faire que nous soyons le pays qui connait en Europe le plus de couples mixtes. C’est de ce côté que le radicalisme religieux peut être combattu autant que le racisme, en faisant valoir les valeurs humanistes contenues dans la laïcité, supérieures à toutes les religions, qui les bat même à plates coutures pour peu que l’on mette en face d’elles, sans supercherie ni collusion qui la dénature, ce qu’elle représente de progrès de portée universelle.
La laïcité, un humanisme sans compromis face à de vrais dangers venus de l’islam
Il aurait mieux valu sans doute organiser un rassemblement devant la mairie du 18e arrondissement contre ces prières à partir d’une réunion des organisations laïques. Elles auraient pu en définir le contenu sous le signe d’une laïcité indissociable de l’humanisme et de l’héritage des Lumières, seule vraie boussole de toute action visant à limiter l’emprise de la religion sur notre société et les choix politiques des citoyens. Mais l’heure est encore à l’imbroglio rendant impossible jusqu’à ce jour cette possibilité d’union. Les laïques sont divisés par un déficit d’analyse qui est suicidaire s‘il n’est pas comblé sous le signe d’un nouvel esprit de responsabilité. Ce débat est l’occasion de montrer les dangers de cette division des laïques et de chercher à ces questions des réponses sans tabou.
Cet événement qui a fait symptôme a eu cet effet formidablement positif de poser dans la sphère médiatique dominée par le politiquement correcte des questions jusque là interdites, telle celle posée par ces prières publiques qu’on cache au grand public ou dont on minimise l’importance et les risques. On voit ici se poser les choses de la même façon que l’interdiction des minarets en Suisse par voie de référendum l’a fait. Le résultat faisait symptôme en regard d’un problème réel qu’à ne pas vouloir voir, on avait finalement poussé les choses vers un vote de rejet envers tous les musulmans.
Les Suisses n’ont pas pour autant rêvés sur le fait que l’islam pose bien des problèmes. Une enquête menée par une de leur chaine dévoilait récemment que l’imam de Bâle dans l’un de ses prêches n’avait pas hésité à exprimer que les non-musulmans étaient en dessous des animaux. Un témoignage qui doit jouer son rôle pour nous empêcher d’oublier que, si la laïcité est un humanisme, c’est un véritable combat sans concession contre un nouveau cléricalisme auquel nous nous affrontons.
Nous faisons face à un islam qui partout et y compris en France se communautarise à travers le développement du voile accompagné par une lecture littérale du coran et rejette de plus en plus l’idée du mélange. Une façon de poser la religion comme première cause face au droit commun, enseignant la mise à part qui conduit à la discorde et à la haine. Ce communautarisme joue aussi contre notre démocratie en donnant des arguments à ceux qui cherchent par la haine des musulmans à gagner en influence politique pour remettre en cause nos libertés, les extrêmes se rejoignant presque naturellement ici. Cet islam communautariste à visée politique est tourné contre la démocratie et les libertés. Il faut pendre la mesure de ce que doit être le combat laïque de l’autre côté pour aider les musulmans, qui dans leur immense majorité ne veulent pas aller dans ce sens, à y résister. Ce n’est pas un combat limité aux rapports entre religion et république dans un seul pays comme on le voit mais qui concerne des enjeux de société partout qui ont aussi à voir avoir la logique destructrice du lien social de la mondialisation.
Du combat laïque au combat social, l’humanisme contre la mondialisation !
La mondialisation qui entend en finir avec les Etats-Nation, qui sont autant de résistance à un marché sans autre loi que la liberté de faire de l’argent quel qu’en soit le moyen, rêvent de les remplacer par une logiques des communautés religieuses, ethniques, culturelles etc., dont on ne cesse de faire la promotion du discours d’Obama au Caire jusqu’à l’ONU. Ceux qui tirent profit de la mondialisation ont intérêt à ces divisions qui interdisent à terme la moindre action collective en faveur d’une question sociale comme aux Etats-Unis, pays de toutes les fractures identitaires. On rend ainsi incapable le peuple de se défendre face à l’argent-roi. On voit comment le combat laïque qui porte l’égalité des droits au-dessus des religions est étroitement lié au combat social qui concerne l’amélioration du sort de tous les individus, face à un libéralisme qui utilise le communautarisme pour diviser et affaiblir les forces sociales.
La laïcité en donnant à la citoyenneté la première place en regard de la religion, censée être devenue une affaire privée n’empiétant pas sur les affaires de la cité, représente un progrès de la conscience dans l’ordre du développement des facultés de l’homme à définir collectivement son destin. Il faut avoir confiance dans la supériorité de la République démocratique, laïque et sociale, comme système politique prometteur, capable de faire à chacun sa place pour peu qu’il se soumette à l’ordre des libertés publiques et individuelles, au pacte républicain fondé sur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. La seule voie possible pour gagner ce nouveau combat de la laïcité est celle de l’intégrité en regard des valeurs qui la fonde, repoussant toute idée de s’unir avec les tenants d’un antihumanisme au nom d’on ne sait quelle efficacité. Choisir que la fin justifie les moyens c’est se tromper de combat et c’est la certitude surtout d’oublier la laïcité elle-même jusqu’à l’enterrer. Il faut croire dans la liberté de l’individu, éviter les jugements définitifs et laisser la possibilité à chacun de faire son propre chemin, sans rien oublier du combat en cours qui est âpre et ne supporte pas la crédulité.
Prendre toutes leurs responsabilités pour les Républicains dans la fraternité.
La représentation politique a une responsabilité cardinale concernant ce qui va suivre après ces événements, car c’est à elle de faire que, les inquiétudes légitimes des citoyens de notre pays ou d’autres pays européens envers l’islam du revoilement qui attaque nos valeurs et nos libertés fondamentales, aient comme réponse de remettre à sa place par la loi cette religion comme n’importe quelle autre. Si cela n’est pas fait, alors le populisme prendra le relai et vaille que vaille de notre paix sociale, du vivre ensemble et du reste, les musulmans cristallisant bientôt tous les ressentiments, pendant que les frustrations de ceux-ci liées aux difficultés d’intégration principalement pour fait de crise économique se retourneront contre leur pays d’adoption et ses citoyens.
Par delà la représentation politique, il y a pour les républicains un enjeu vital face à cette situation : c’est de savoir définir un cadre de référence ambitieux au combat laïque et républicain, un programme de résistance constitué d’un certain nombre de points sur lesquels se rassembler et qu’on considère comme irréductibles pour lutter contre le fléau de la mondialisation qui nivelle tout par le bas en même temps qu’il divise les hommes sur le mode des identités.
Il n’y pas de République démocratique si les intérêts du peuple ne sont pas représentés selon le principe des mêmes droits pour tous, et les représenter c’est défendre sa condition à travers quoi se décline notre République sociale, ses acquis sociaux et ses services publics. Garantir ces deux premiers attributs c’est défendre la République laïque dont le pivot est l’égalité de traitement des citoyens indépendamment de la couleur, de l’origine ou de la religion, c’est ainsi défendre la nation et son indivisibilité comme le territoire où partout la même loi vaut pour tous. Il n’y a pas de peuple sans nation et la République doit être à son service et non se mettre à disposition des intérêts privés et du clientélisme politico-religieux !
Des initiatives doivent être prises dans le sens de la définition de ce programme républicain s’appuyant sur les valeurs d’une République qui, poussée jusqu’au bout, contient le principe d’une transformation sociale guidée par le progrès dont on ne mesure sans doute pas aujourd’hui toute l’étendue. Il faut redonner l’initiative aux capacités humaines. Ceci passe par une lutte sans merci contre l’affirmation du sectarisme religieux ou/et identitaire qui dépossèdent l’homme de ses droits individuels inaliénables au nom de la logique de la communauté contre le bien commun et l’intérêt général. Il faut entendre les inquiétudes légitimes des citoyens et leur donner des signes qui leur permettent de se retrouver ensemble, massivement sur des valeurs et des idées dont tous puissent être fiers dans la fraternité, par delà la croyance des uns ou l’incroyance des autres, en fondant tout sur la liberté et l’amélioration du sort commun. La laïcité comme humanisme est à ce rendez-vous historique.
Guylain Chevrier. Historien.
1 : J’ai été un de ceux à l’origine de Riposte Laïque et ait largement contribué à l’animer depuis septembre 2007 en y livrant quelques 120 articles. J’ai quitté la rédaction de ce journal en ligne le 4 juin 2010 après avoir lu une interview donnée en son nom à Médias Libres par un des membres de sa rédaction sans qu’elle ait été consultée, expliquant que « « Nul ne sait actuellement si Marine le Pen est ou pas d’extrême droite car ses propos sont très loin de la rhétorique habituelle de ce courant politique ; néanmoins, même en admettant qu’elle le soit, qu’est-ce que cela prouverait ? ». Une banalisation du Front National qui tente de tromper l’évidence qui veut que Marine Le Pen n’ait jamais cessé d’être d’extrême droite.