Les Passions du Dieu exclusif, spiritualité du Grand Dépit
Colère, jalousie, amour, pitié, dépouillement et domination. Ce sont les passions du Dieu exclusif essentielles, piochées deux à deux dans chaque lignée monothéiste, respectivement juive (colère, jalousie), chrétienne (amour, pitié) et musulmane (dépouillement, domination). Mais il est évident, que chacune de ces passions, se retrouvent peu ou prou dans les trois lignées : les misères pérégrines juives ou chrétiennes, les soumettent au dépouillement et à la domination divines, qui s'expriment chez les chrétiens comme les musulmans, par de la colère et de la jalousie divines contre tout ce qui déborde, tandis que les démarches repenties témoignent, qu'on soit juif ou musulman, de l'amour et de la pitié divines.
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« Voie de l'Exil : Affliction »
Une spiritualité du Grand Dépit, objectivement – ou inter-subjectivement, si vous voulez...
Pour le polythéiste/animiste que je suis (à témoin, mes articles AgoraVox) les lectures du Tanakh, du Nouveau Testament et du Coran, aboutissent à ce constat : colère, jalousie, amour, pitié, dépouillement et domination divines, sont toutes inspirées par le Grand Dépit.
Synonymo.fr donne à dépit les synonymes suivants : aigreur, amertume, bouderie, brouille, chagrin, contrariété, courroux, crève-cœur, déception, dégoût, désappointement, fâcherie, irritation, mécontentement, rage, rancœur, ressentiment. Et Wiktionary.org, la définition suivante : irritation causée par un froissement d’amour-propre, aigreur suite à la déception, à l'amertume, au sentiment de rancœur plus ou moins tenace, difficile à avouer.
Cela fait sourire – que le Dieu exclusif, ait du mal à avouer son dépit – car le monothéisme est tout de même – et par excellence – une spiritualité de l'aveu. Même sans confession catholique, du judaïsme à l'islamisme court cette idée, que le bon croyant sait avouer ses péchés. Où l'étymologie de péché, toujours selon wiktionary.org, nous renvoie aux notions de déplaisance, dégoût, affliction, colère, amertume, poisse, piège, chute.
De sorte que, instigué en péché originel dans le judaïsme, généralisé à l'humanité dans le christianisme (censée sauvée par le Christ ressuscité), ou particularisé aux individus en syiate (mauvaise action) dans l'islamisme... et vues les expressions et les démarches dudit Dieu exclusif, à travers tous ses Livres... il ne soit décidément pas « purement subjectif », même pour le polythéiste/animiste que je suis (à témoin, mes articles AgoraVox, n'est-ce pas...) ! que je déclare le monothéisme, être une spiritualité du Grand Dépit : le Grand Dépit divin, évidemment.
Le Dieu qui mal éduquait
Colère, jalousie, amour, pitié, dépouillement et domination, extraites deux à deux des trois lignées – et encore que chacune des lignées, se divise encore en d'innombrables mouvances – sont motivées par le Grand Dépit du Dieu exclusif, devant l'humanité dont il se prétend le créateur (comme de tout) : le Dieu exclusif du monothéisme, est un Dieu qui a décidé de se positionner face à l'humanité, vis-à-vis de l'humanité, envers l'humanité, et même contre – tout contre parfois – l'humanité. De cette décision, découle tout le reste.
Or, des Dieux créateurs ou principaux, il y en a eu ! dans le polythéisme/animisme. Aucun, pourtant, n'a pris cette stupide décision, de s'isoler devant l'humanité... et je crois savoir pourquoi, étant donné qu'elle suscite du dépit chez tout le monde : l'humanité est dépitée par l'humanité ! pourquoi serait-elle moins dépitante, pour un Dieu ?
Néanmoins, jusqu'au monothéisme – et même par-devers le monothéisme, puisque le polythéisme/animisme, est toujours la spiritualité de la moitié de l'humanité... – les Dieux & Déesses, même créateurs ou principaux, ne tiquaient pas. D'ailleurs, ils ne s'embarrassaient pas non plus, de préciser que « l'humanité est libre » : tout simplement, ils la laissaient être, encore qu'il y ait des croyances et des rites à leur endroit – et que l'impiété a toujours été effarante, voire réprouvée.
Quoiqu'il en soit, du point de vue caractériel, on ne peut pas dire que la situation, ait frustré les Dieux & Déesses... en dehors du Dieu exclusif. Qui, par exclusivisme, s'est rendu colérique, jaloux, aimant, apitoyé, dépouillé et dominant ; mais, ne parvenant jamais à l'exclusivité, se dépita, et redoubla son dépit, en voulant juger les péchés...
Ce rôle d'éducateur, qu'il se donna, est très embarrassant : personne ne lui a rien demandé. Avant lui, et par-devers lui, pourtant, les principes – donc l'éducation – vont d'eux-mêmes, et la communauté condamne les fauteurs. Mais voici, en fait, que, dans le monothéisme, les principes – et l'éducation idoine – ne semblent plus aller d'eux-mêmes. Comme diraient les hindouisants : c'est une religion du Kali Yuga ! c'est-à-dire de l'Âge de la Destruction. D'ailleurs, plus le Dieu exclusif se dépite, plus ses passions mauvaises se déchaînent, et plus il a besoin de les compenser par des passions bonnes : il s'enferre de soi-même, dans un moralisme déchirant ! S'enferre... et ses croyants avec !
« Le cercle vicieux d'une exponentielle dépitation »
Oh, naturellement, chaque croyant, pris isolément, ne s'enferre pas autant que son Dieu : c'est impossible, il faut bien vivre, vous comprenez, mais les saints pourront toujours s'enferrer ; on les admire parfois, en se demandant quand même, pourquoi ils s'enferrèrent autant, d'autres parfois. Après tout, de manière générale, c'est bien le Dieu exclusif, qui est garant de toutes ces démarches, jusqu'à cette idée protestante que seule la prédestination sauve – et rien d'autre : ni la grâce, ni même la volonté...
Au reste, on cite en témoignage de la valeur du Dieu, que bien des saints furent des personnes bienfaisantes, du haut en bas de l'échelle sociale. Par exemple : sainte Marguerite d'Écosse, une princesse, épouse du roi Malcolm III, ayant respecté l'érémitisme prydainique (les moines ermites irlandais, écossais et anglais – habitude d'origine celtique). Saint François, pour en citer un fameux, « écologiste dans l'âme » dont tire sa référence l'actuel pape. Nous pourrions en évoquer tant, puisque la féodalité monothéiste est mieux connue que l'antiquité polythéiste/animiste... Que les juifs et les musulmans me pardonnent, mais je suis fils d'Europe, terre chrétienne, et ma culture va naturellement dans cette direction. Vous trouverez certainement des exemples, dans vos lignées monothéistes ?
Toujours est-il, que ce ne sont pas ces exemples, qui changent quelque chose à votre spiritualité du Grand Dépit. Où c'est ce Grand Dépit, qui vous éloigne du Cosmos, que vous dévaluez : emblématiquement, « la Chair » chrétienne. Mais que le judaïsme ait donné des savants modernes, et que le Coran énonce que chaque élément universel est un verset du Dieu à interpréter, ne change rien à l'affaire : vous êtes dépitez par le Cosmos, et en son centre par l'humanité, essentiellement mécréante dans vos termes. À la fin, vous vous retrouvez dans le cercle vicieux d'une exponentielle dépitation !
Nietzsche...
Pauvres de vous ! À quoi tout cela peut-il bien vous mener ?... Cela vous mène, à l'exponentialité de vos vertus, dans le moralisme déjà évoqué. Le vertuisme en est la farce, car vos standards impossibles, vous obligent à garder la face, devant votre Dieu exclusif ou vos communautés. Voilà qui est embarrassant, parce que ça cultive le mensonge fait aux autres comme à soi-même, même instinctivement/nolontairement : c'est étho-sociologique... et pourtant, le mensonge était un péché !
Vous insistez alors, sur la Vérité Essentielle que serait votre Dieu exclusif, à commencer par son exclusivité... il ne vous reste que cela. Et vous êtes, en effet, bien dépouillés, à ce stade... de vérités ! Car, comme disait Nietzsche, le monothéisme (christianisme en chef, qui répandit le judaïsme dans ses termes, ce qui impulsa l'islamisme)... le monothéisme, disait-il, est la pire chose que l'humanité ait eu à vivre.
Face à votre Grand Dépit, Nietzsche inventa – dans Ainsi parlait Zarathoustra – le Grand Mépris ! Car, pour s'épargner le Grand Dégoût face à votre Grand Dépit – qui n'aurait été qu'une autre forme de dépit... – il fallait du détachement. Mais ce Mépris est étymologique ! En effet, comme disait Nietzsche dans le même livre, il faut passer à côté des prêtres l'épée au fourreau : ils ont trop souffert (de leurs propres dépits !) tandis que dans un aphorisme, il disait : qui se méprise, se prise encore de se méprise ! de sorte qu'on comprenne bien, pourquoi Nietzsche reconnaît ce qu'il trouve de qualités, aux monothéismes !
Il avait raison, bien que je lui trouve, à lui, de... sacrés défauts !... comme il vous en trouvait, à vous !... Rien d'étonnant, pour les connaisseurs, à ce que Nietzsche se retournât contre Schopenhauer, et exaltât la Vie.
Allez en paix cosmique
Enfin je ne suis pas là pour vous prêcher. Vous êtes bien libres ! Mais êtes vous si certainement libres, que votre Dieu exclusif vous prétend libres ?...
D'abord, parce qu'il vous interdit les autres Dieux & Déesses. Ensuite parce que, si vous usez de la liberté qu'il prétend vous avoir conférée, pour le délaisser... devinez la suite ! (Les psychologues appellent cela un double bind schizophrénant, un chantage affectif, une manipulation.) J'ai à cœur votre santé mentale et celle d'autrui et du monde, que vos folies ne se diffusent partout ! C'est ainsi que je serais sauvé... de vous !
Mais je n'oublie pas ceux qui, parmi vous, se font « rationnellement déistes », en prétendant que les sciences ne s'opposeraient pas à la croyance. Non, en effet ! Rien dans les sciences, ne s'oppose à l'idée d'un « Dieu horloger de l'univers tel qu'il est connu », ni a fortiori de Dieux & Déesses. Les sciences ne valident pas toutefois, le monothéisme, tel qu'il prétend exprimer des vérités universelles.
De plus, qu'est-ce que ce « Dieu horloger », sinon un animisme pour techniciens ? Vous vous mirez vous-mêmes, vous et vos technicités, au principe de l'univers ! Où il vous faut une Grande Âme paramétrique, pour vous expliquer vos équations. C'est une projection psychologique de votre ego ! De même que le Dieu exclusif du monothéisme, n'est rien d'autre que le sujet de la psychologie individuelle d'Alfred Adler : un immense sentiment d'infériorité, faisant un complexe de supériorité ! (Tout le judaïsme en dépend, radiciellement, et cela explose dans l'islamisme.)
Mes Dieux & Déesses naissent au Bord de l'Abîme, générations suivant les engeances du Chaos : je n'ai pas besoin, devant le nihilisme, de compenser par... un autre nihilisme !... par votre spiritualité du Grand Dépit cosmique.
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* Là où les choses deviennent croustillantes, c'est quand on voit, comme à ce lien, source de l'image, que des sentiments proprement monothéistes, trouvent leur expression mitigée, même à travers des jeux vidéos à caractère polythéiste/animiste. C'est notoirement le cas, en dehors de Path of Exile : Affliction (Voie de l'Exil : Affliction) – qui fait immanquablement penser à l'Exode biblique, dans son genre mitigé, encore que l'exil fut toujours un terrible châtiment – du récent Baldur's Gate 3.
Quoi de plus « païen », semble-t-il ? Et pourtant, inspiré du légendaire jeu de rôle Donjons & Dragons, tout ceci resuce allègrement le moralisme monothéiste, entre enfers et paradis, damnations et rédemptions. Il ne fait par exemple aucun doute, dans le genre populaire, que les sous-titres des films Twilight résonnent avec le monothéisme ; de même, dans le milieu du jeu de rôle, le légendaire Monde des Ténèbres.
Et ainsi de suite, dans toute la culture populaire, qui singulièrement est devenue, dans son genre polythéiste/animiste, la meilleure agente commerciale du monothéisme.
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