Le corps quantique
Corps, âme, esprit ou « poussière d’étoiles », de quoi sommes-nous faits vraiment ? Quelle est notre essence fondamentale et le dessein de l’Univers ? Pourquoi notre espèce s’acharne-t-elle tant à faire son propre malheur – et celui des autres vivants ? Médecin endocrinologue (Etats-Unis) et ayurvédique (Inde), Deepak Chopra invite à considérer les interactions corps/esprit et les découvertes de la science quantique pour en finir avec bien des maux « de civilisation ». Ainsi, les maladies « n’existent pas au niveau fondamental de la réalité quantique ».
Quand est apparue la première lueur de l’univers – à quand remonte sa vibration primordiale ? Comment est née la contradiction, aussi fondamentale que déconcertante, entre l’ordre et le chaos ?
Donc, « il y a une éternité, la lumière et la chaleur sont apparues dans l’Univers ». La vie est serait née dans la biosphère il y a plus de trois milliards d’années, après que les particules se soient organisé en atomes. Mais d’où sont venues l’intelligence et la conscience sur la terre primitive ? Comment expliquer l’apparition de la complexité de la vie humaine ?
La technosphère est venue bien après, avec l’Homo sapiens, issu de métissages complexes, et son artisanat lithique, voilà cent millénaires environ. Depuis, la conscience réflexive de ce mammifère parlant peine encore à saisir le mystère de ses origines comme celui de l’émergence de l’intelligence dans le monde vivant terrestre...
Les industries de la parole se répandent en jacasseries sur l’oxymorique « intelligence artificielle », c’est-à-dire le « calcul machine » programmé pour remplacer l’intelligence naturelle – dont ce qui reste de la sienne... Mais l’homo numericus abîmé dans son gadget à écran fait de la physique quantique sans le savoir, en « profitant » des connaissances acquises sur les particules et la lumière, dans un Univers où tout, y compris son corps et son esprit ( ?) est intriqué et interagit avec des champs énergétiques.
Mais préfère-t-il collaborer allègrement au suicide numérique assisté de son espèce hyperconnectée et piégée dans sa toile/linceul d’interfaces numériques ?
Le champ quantique, « fondement du monde »...
Si le monde quantique échappe à tout instrument de mesure, le conférencier et auteur à succès Deepak Chopra n’en invite pas moins à se relier à lui et à s’y fier – plutôt que de se perdre dans le mirage siliconé de l’’in)intelligence artificielle : « La relation entre le corps quantique et le corps physique est un flux d’intelligence créatrice qui soutient tout ce qui existe. La réalité quantique n’est pas celle d’un monde microscopique totalement à l’écart du quotidien. Bien au contraire, le champ quantique est le fondement du monde. »
Max Planck (1858-1947), l’un des pères de la physique quantique, écrivait : « Toute matière provient d’une force et n’existe que par celle-ci. Nous devons présumer l’existence, sous cette force, d’un Esprit conscient et intelligent qui est la matrice de toute matière ».
Ainsi, « en se reliant à la réalité quantique, on s’éloigne du niveau du problème et l’on se rapproche du niveau de la solution »... L’on reconnaîtra là une variation de nombre de traditions spirituelles exhortant à l’attente confiante du Bien que l’on souhaite voir se réaliser... Après tout, pourquoi ne pas envisager les choses de la vie dans une perspective quantique, depuis la ligne d’arrivée ?
Donc, le « pouvoir organisateur de la conscience » active notre corps quantique, considéré comme la structure vivante (mais cachée...) de l’Univers. Sans conscience, nous ne sommes rien – et tout est affaire de qualité de conscience...
Nikola Tesla (1856-1943) disait : « Si vous voulez trouver les secrets de l’Univers, pensez en termes d’énergie, de fréquence, d’information et de vibration. » Les « bonnes vibrations », tout le monde comprend au quotidien... Le chiropracteur Frank J. Kinslow, créateur du Quantum Entrainment, invite à considérer la métaphore de l’ampoule électrique : elle ne peut donner de la lumière sans l’électricité qui l’allume. Ainsi , l’électricité qui permet d’allumer l’ampoule serait la conscience inaltérable qui ne peut être localisée uniquement dans le cerveau – elle est hors du temps et de l’espace.
La force curative ne nous est pas extérieure : elle est « notre essence même, la conscience pure ». Pour peu que nous vivions pleinement au quotidien sa permanence en une connaissance intérieure et silencieuse. Ce n’est pas un « pouvoir » que l’on possède : chacun de nous est ce pouvoir lorsqu’ il entre en contact avec sa source.
Dans ce nouvel opus co-écrit avec Jack Tuszynski et Brian Fertig, Deepak Chopra rappelle qu’ « au niveau quantique, la vie que vous devriez mener existe déjà ; elle attend simplement que vous la contactiez ».
Persistons-nous à préférer la soif à la Source ?
« Libérez-vous de l’illusion, ce qui restera sera la réalité »
Ainsi, élever son niveau de conscience et nous relier au champ quantique fait intervenir « la force organisatrice qui empêche les forces complexes de se désintégrer ». Alors, pourquoi ne pas se simplifier la question de la santé en l’envisageant d’un point de vue vibratoire - et depuis son niveau de perfection vitale, non séparable de sa source ?
La compréhension du principe de dualité onde-corpuscule permet de se libérer de l’attachement « maladif » à un ego et un corps souffrants – forcément souffrants. Notre corps n’est pas celui dont on souffre et que l’on remet passivement aux bons soins du médecin : il est porteur de son propre potentiel de régénération – pour peu qu’on le mobilise en nous connectant à notre corps énergétique, la partie vibratoire des particules supposées nous constituer...
En cas de maladie, c’est-à-dire d’erreur d’information, suffirait-il d’émettre en toute confiance un désir de guérison ? Pour le praticien ayurvédique souvent décrié pour la relation qu’il établit entre la mécanique quantique et le processus thérapeutique, « la guérison quantique est la capacité d’un mode de conscience de corriger les erreurs commises dans un autre mode de conscience. » Le champ quantique « donne naissance à une activité ondulatoire, c’est-à-dire à des ondulations qui prennent la forme de particules ».
Pour Deepak Chopra, il s’agit là de « l’acte créateur fondamental dans le cosmos comme dans votre corps ». Toute chose dans l’Univers est à la fois énergie et forme – l’onde étant la forme la plus élémentaire de la création. La conscience pure est « la source de toutes les vibrations ». Une guérison dite « miraculeuse » résulte-t-elle d’un « saut quantique » produisant une transformation fondamentale dans une sphère plus profonde que celle, observable, des organes, des tissus ou des cellules, c’est-à-dire à la source même de l’existence du corps ?
Quand la qualité de conscience est altérée, le sujet réduit son existence à une vie étriquée dans un corps voué à une durée écourtée, sous perfusion d’une techno-médecine sous influence et conflits d’intérêts : « C’est votre niveau de conscience qui détermine fondamentalement la manière dont vous allez vieillir et les raisons pour lesquelles cela arrivera »... Ainsi, les maladies dégénératives ou le cancer ne sont que des « fantômes qui s’évanouissent lorsque nous atteignons le niveau de conscience permettant d’exorciser la mémoire défectueuse qui les a produites. » Comme le déplore le praticien ayurvédique, « le concept de corps-machine nous prive de notre humanité essentielle : ce n’est qu’en incluant le corps quantique que nous pouvons savoir ce qu’est tout le corps humain, et pas seulement la partie que nous pouvons voir ».
Depuis le commencement de notre aventure vitale, l’intelligence du corps « surpasse la capacité de la médecine à l’expliquer intégralement ». L’énigme fondamentale de l’Univers est bien l’émergence de l’intelligence, issue de la chimie du carbone – pour peu que nous considérions notre corps non comme un « objet physique » à « décarboner » mais comme une « matrice intelligente au sein de laquelle les informations sont en permanence mises à jour ».
La vie est soutenue par une communication intelligente permanente, par une « grande chaîne de la conscience » dont la forme physique de chacun est l’expression plus ou moins aboutie... Ainsi, « nous sommes ce réseau d’informations qui assure notre équilibre » et « se projette dans le monde en prenant la forme de nos organismes, de nos pensées, de nos émotions et de nos actions ». La conscience serait une « propriété fondamentale de la création, au même titre que la gravité ». Toutes les expériences ont lieu dans la conscience, elle est l’état fondamental de l’existence comme les sages védiques en avaient l’intuition : « Un des mystères de l’existence humaine est le fait que vous n’éclatiez pas en un nuage d’atomes et de molécules, mais que vous formiez un organisme homogène qui vit, respire et pense. »
Ainsi, le coeur n’est pas qu’une « masse musculaire pulsante » - ni une métaphore au formalisme rhétorique toujours aussi « parlant » : si notre vie dépend d’une série d’événements prévisibles, ceux-ci aboutissent à « un battement de coeur sain ». La pureté de coeur est assurée tant par une qualité de pensées paisibles et harmonieuses que par un réseau vasculaire sans obstruction permettant la libre circulation de l’énergie – ainsi sont les « lois du coeur » interreliées au sein d’un immense réseau vital, du « coeur de l’atome » au « coeur de l’Univers ».
« La conscience pure doit devenir un projet »...
Toutes nos cellules, et pas seulement les neurones, « participent au processus créatif qui influence le corps-esprit d’une personne depuis sa naissance ». Notre corps nous « permet d’expérimenter le monde et notre place en son sein » - la vitalité personnelle et l’énergie gravitationnelle semblent intimement correlées dans le corps énergétique planétaire : « Si vous considérez que c’est le corps quantique qui est votre corps, vous deviendrez immédiatement un être infini, car le corps quantique a la réalité du champ quantique, qui est infini dans toutes les directions ». Suffirait-il de s’entraîner à rester dans la conscience pure, c’est-à-dire dans un état de détente, d’ouverture et de réceptivité jusqu’à l’extinction du mental ? Pour Deepak Chopra, « la conscience pure doit devenir un projet ». Vivre pleinement l’instant présent en conscience permet d’accéder à une paix profonde dans un niveau de « réalité augmentée » – dont celui du corps quantique reconnu comme la vraie forme physique : « Un nombre infini de possibilités existe dans la conscience pure et l’espace entre les pensées est le portail qui permet d’activer ces possibilités. »
C’est bien cela : l’intervalle entre les pensées est l’accès à cette plénitude de conscience qui prodigue ses présents – la pleine présence curative, notre essence même réalisée dans le Silence parfait, le courant qui alimente l’ampoule électrique... Aussi vrai que l’identification à un ego toujours en manque, tenu comme totalité de notre être, est la source de tous nos maux... La santé et la paix du corps social comme du corps énergétique de l’espèce présumée pensante seraient-elles affaire d’expansion de conscience, d’alignement des coeurs en une juste relation avec la source de toute vie ?
Alors, mysticisme quantique à tout faire, métaphysique, néophilosophie New Age matinée de théosophie ou hygiène mentale, tant individuelle que sociale ?
Si la médecine ou la politique se refusent à franchir le seuil quantique, celui du paradis se préciserait avec cette fenêtre ouverte sur les états de la matière et de la structure d’un Univers encore exploré par la doxa comme s’il nous était une donnée extérieure... Loin de ne concerner que l’infiniment petit, les atomes et les électrons, la théorie quantique se conjugue à toutes les échelles du spectre de l’Univers, de la photosynthèse jusqu’aux errements de l’humanimalité ultraconnectée jusqu'à sa technozombification et au brasillement des corps célestes dans un même processus d’ingénierie cosmique. Les effets quantiques irriguent nos vies dans un monde fait de matière grise (Eddington) comme de matière stellaire et de vide reliés par un courant continu d’intelligence qui ne demande qu’à être réalisée par une énergétique du Réel mise en oeuvre pour le meilleur – non dans la pitoyable jouissance du pire. Nous sommes bien l’origine de notre monde et ce n’est même pas une métaphore.
Deepak Chopra, Jack Tuszynski & Brian Fertig, Le fabuleux pouvoir du corps quantique – vivre plus longtemps et en meilleure santé grâce à la nouvelle science de la vie, Guy Trédaniel éditeur, 288 pages, 21 euros
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