Décadence scientifique
La science est née dans la Grèce antique aux alentours du 5e siècle avant Jésus Christ, a vécu un apogée vers la date de la mort d’Alexandre le Grand, vers 330 avant Jésus-Christ, puis s’est érodée au fur et à mesure de la croissance de Rome pour s’éteindre vers le 4e siècle après Jésus Christ[1]. Il fallut attendre la Renaissance pour que la science revienne à l’affiche, même si le moyen âge fut une époque de progrès. Après plus de cinq siècles de croissance, certains signes ne trompent plus quant à un nouveau déclin. Nous allons discuter de l’un de ces signes qui fait l’objet d’une attention particulière de la presse en ce jour du 2 janvier 2015 sous le titre « cancer : une part importante de hasard ».
[1] The forgotten revolution : how science was born in 300BC and why it had to be reborn, Lucio Russo, Springer 2004.
En effet, des « scientifiques » américains viennent de sortir une étude dans laquelle ils clament que 65 % des cancers sont dus au hasard. Le hasard comme causalité ultime, vous connaissez ? C’est en fait la version moderne de l’homme préhistorique qui voyait un dieu derrière tous les phénomènes inexpliqués. Ce dieu, aujourd’hui, s’appelle hasard, mais il est de même nature que celui des hommes préhistoriques. De même qu’à leur époque ou aux époques reculées, mais plus récentes, comme celles de l’Antiquité par exemple, le hasard va décider de la destinée de chacun.
Pourtant, la Renaissance, au travers d’un long processus, avait voulu sortir l’humanité de cette forme d’ornière en cherchant des causes aux phénomènes. Il est vrai que la recherche des causes peut se révéler sans fin, mais ce n’est pas parce que nous ne saurions pas atteindre cette fin qu’il faudrait renoncer à chercher les causes des phénomènes qui nous entourent.
La dérive des médecins actuels a débuté chez les physiciens quantiques au début du vingtième siècle, voire chez Maxwell à la fin du dix-neuvième[1]. Cela m’a d’ailleurs conduit à l’époque à écrire que les physiciens quantiques on introduit Dieu dans leurs équations, puisque le hasard intrinsèque y est l’ultime causalité. Il était dès lors bien évident que l’erreur épistémologique allait contaminer d’autres disciplines dont la rigueur scientifique n’est pas aussi achevée que celle de la physique.
Revenons brièvement sur ce qu’est le hasard en ce début de vingt-et-unième siècle pour un mathématicien, car, contrairement à une idée répandue, nous n’avons défini le hasard correctement[2] qu’à la fin du vingtième siècle et en 1983 pour être exacts. Sans entrer dans des détails complexes, le hasard en mathématiques n’est qu’une impression. En réalité, il caractérise notre incapacité à prédire ce qui va se passer, mais cela ne veut aucunement dire que les événements se produisent avec un hasard intrinsèque. Prenons un exemple trivial. Vous mélangez un jeu de cartes et dévoilez les cartes face cachée une à une. Vous direz que les cartes apparaissent au hasard. Pourtant, pour qui verrait le paquet depuis le dessous, les cartes apparaissent de façon absolument déterministe.
Aussi, quand les médecins disent ou concluent que les causes du cancer sont dues au hasard, la seule conclusion que l’on peut en tirer, mathématiquement et raisonnablement, c’est qu’ils ne comprennent pas les causes de l’apparition des cancers. Si nous faisons référence aux fondateurs de la physique du vingtième siècle, ceux qui n’étaient pas de l’École de Copenhague, à savoir Einstein, de Broglie et Schrödinger, il devrait y avoir, en médecine comme en physique quantique, des variables cachées[3] qui doivent expliquer cela, variables qui n’ont pas été identifiées à ce jour.
Cela amène à une question probablement bien embarrassante pour le « système » médical. Disons depuis la Deuxième Guerre mondiale, le monde a investi dans la recherche contre le cancer des sommes considérables. Le résultat comme quoi les deux tiers des cancers seraient dus au hasard, ce qui n’est guère crédible comme nous venons de l’expliquer, donne une vision de l’efficacité très faible de la recherche médicale, puisque pour ces deux tiers des cancers on n’a pas la moindre idée de leur cause potentielle. Ce système ne marche donc pas et quand il demande sans cesse des crédits supplémentaires, compte tenu de ce que nous apprenons officiellement aujourd’hui, on peut penser que la plus petite once de raison devrait consister à les lui refuser.
On remarquera aussi que dans l’article du Figaro cité plus haut, la parole est donnée à certains médecins qui se ruent sur le diagnostic précoce et donc universel, puisque le cancer frappe au hasard et probablement uniformément. En voilà une aubaine financière pour une certaine profession ! Allez consulter, faites des examens probablement coûteux et on vous garantit d’être efficace… !
Mais il y a pis ! Le caractère aléatoire et officiellement déclaré du cancer va amener la majorité du corps médical à accepter cette maladie comme une sorte de fatalité. Pour bien expliquer la différence avec d’autres activités humaines, prenons l’exemple de l’aéronautique pour comparer. Dans une certaine mesure, on pourrait aussi dire que les accidents d’avion arrivent au hasard… Néanmoins, il y a toujours une cause à un crash. Cela ne veut pas dire que l’on va la trouver à tous les coups, mais jamais un ingénieur ne se risquerait à dire qu’il n’y a pas de cause et que le hasard est intrinsèque. Par ailleurs, on ne se contente pas de cela et pour chaque crash on en cherche les causes et lorsqu’on les a trouvées on apporte souvent des correctifs sur les avions ou les manuels de pilotage, etc. Bref ! On est très loin de ce que prône, semble-t-il, le corps médical pour le cancer. Comme quoi, un travail qui peut sembler loin de l’être humain peut en fait s’en préoccuper beaucoup plus que ceux qui en font soi-disant profession et encore je ne parle pas d’euthanasie !
Au final, une certaine science est à la dérive. Cette dérive est à la fois philosophique et conceptuelle. Elle reflète un temps de décadence et si l’histoire bégaie, elle signifie hélas l’annonce d’une longue période obscure avant, espérons-le, une renaissance au bout, probablement, de plusieurs siècles.
[1] Phsyique : de l’esprit des lois, Jean-François Geneste, Cépadues 2010.
[2] Ou ce que l’on croit aujourd’hui être correct.
[3] Bien que ce ne soit pas notre sujet, la physique quantique orthodoxe a conclu, hélas, qu’il n’y a pas de variables cachées comme le préconisait l’École de Copenhague, d’où la croyance en le hasard intrinsèque.
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