LA RETRAITE, enjeu monétaire ou trahison ?
Le gouvernement s'embourbe dans l'incohérence tactique en misant sur l'inculture (entretenue) des Français en la matière, facilitée par des dizaines d'années de propagande mensongère. Ces mensonges sont véhiculés par tous les gouvernements qui se sont succédés depuis la Libération. Tous au service du même Dieu : « Le veau d'or ».
- Manifestation 2010
- crédit : lyzie e http://www.flickr.com/photos/lyzie/
La particularité, dans ce domaine de la protection sociale, est de tout mélanger. Ne rien dire et le contraire de tout, telle est la méthode employée. Dans ce flou artistique, la désinformation est habituelle et le contrôle très difficile, presque impossible. A cela il faut ajouter une bonne dose de démagogie politico-électoraliste et la croyance populaire de l’éternité du système.
Tout est globalisé au maximum, secteur privé, caisses professionnelles, secteur public, régime général, etc. Au final, et c'est le but recherché, personne ne comprend rien mais réalise tout de même qu'il est perdant sans avoir la moindre possibilité d'intervenir.
Le système des retraites fait partie de ce vaste ensemble connu sous le nom de "protection sociale" (que-le-monde-entier-nous-envie, mais sans l'imiter). Le principe général qui régit cette "protection sociale" est la solidarité. C'est génial. Solidarité du travailleur envers celui qui tombe malade, solidarité du travailleur en activité vis-à-vis de celui qui, après une vie de labeur, peut goûter aux joies de la retraite.
Rapidement, les syndicats se sont imposés pour prendre en charge la gestion de cet important et fabuleux secteur, pratiquement sans contrôle, ou si peu. De très nombreux abus ont été dénoncés aussi bien par la Cour des Comptes que par les enquêtes de nombreux hebdomadaires.
Ces syndicats se sont ainsi auto-proclamés "partenaires sociaux", constituant de fait un monopole de gestion. Ce n'était pas le cas quand la loi du 29 avril 1930 créa « les assurances sociales », mais le devint par l'ordonnance du 4 octobre 1945 qui, en même temps, "républicanisa" la "retraite par répartition" créée par l'Etat Français, par la loi du 23 février 1941.
C'est ainsi que la protection sociale est gérée par les syndicats, chacun d’eux s’étant attribué une caisse. Et c’est juteux ! Un exemple, parmi tant d’autres : ils bénéficient de détachements de personnel de la Sécurité Sociale. Nous les payons par nos cotisations, en plus des subventions versées en provenance, de notre poche, via la fiscalité. Du pur « emploi fictif » facile à utiliser lors des manifestations.
Arrêtons-nous, un bref instant, sur la gestion des caisses de retraite. Pendant trente ans (les fameuses glorieuses) l’argent coulait à flots. Au lieu de mettre en réserve le surplus de cotisations nécessaires, en prévision des années de « vaches maigres », le taux d’appel était minoré et des avantages distribués gratuitement aux actifs et aux retraités (même n’ayant jamais cotisé), à effet rétroactif.(« Vous et la Protection sociale » - Bernard Larguèze, ed. 1996). Simple exemple de gestion laxiste.
L'Etat ne s'est pas gêné, pour boucler ses fins de mois, de puiser dans les caisses, ne remboursant qu'une partie de ses emprunts. Quant au Fonds de Réserve de Retraite, mis en place par Lionel Jospin en 1999 sur le modèle scandinave qui produit, actuellement, ses pleins effets, pourquoi n'y a-t-il pas versé le produit de la cagnotte fiscale au lieu de le distribuer aux copains ? Pourquoi a-t-on puisé dans la caisse pour faire des cadeaux aux patrons afin qu'ils acceptent d'appliquer les néfastes 35 H. ? Pourquoi a-t-on laissé Eric Woerth utiliser ce fonds pour sa réforme qui n'a servi à rien puisqu'il en faut une nouvelle ?
C'est le même Etat qui, pour la paix sociale et ne pas gonfler démesurément les statistiques du chômage, exonère les entreprises du paiement des charges sociales, en n'en compensant qu'une partie (avec l'argent d'origine fiscale)...
Il y a aussi, sous-jacent, l'immense patrimoine immobilier et foncier des organismes sociaux. Il y a là un pactole extraordinaire dont une partie pourrait être réalisée pour renflouer les caisses.
Qu'en est-il aussi de ce fameux trésor dont parlait le député Bernard-Claude SAVY (dcd) qui fut administrateur de la S.S. affirmant que cet organisme accumulait une épargne brute dont une partie était reversée à la C.D.C. qui en assurait la gestion, en constitution de capital. Ceux qui savent doivent parler (La liberté, demain, éditions Albatros, 1985).
Comment ne pas évoquer aussi la prise en charge, par le Régime général du secteur privé, des retraites de certains secteurs publics, cause du déficit, en maintenant les avantages particuliers.
La Caisse de sécurité sociale des Charbonnages de France est dans le même cas de figure. Tous ses engagements ont été transférés sur le Régime Général, sans compensation. Mais sur le papier la Caisse des Mines existe toujours pour gérer un important patrimoine immobilier. Elle en a vendu une partie au Comité d'Etablissement EDF. Le produit a-t-il été versé au Régime général ?
Une Commission d'enquête, dotée de larges pouvoirs d'investigation, doit être mise en place, indépendante du Pouvoir politique qui a trop tendance dans ce genre d'opérations à privilégier les copains bien rémunérés.
Les socialistes, qu'ils soient de gauche (PS) ou de droite (UMP ) s'entendent fort bien, en bons libéraux qu'ils sont tous, pour faire perdurer cette situation. Tout comme pour le logement, l'argument électoraliste est omni-présent.
Enfin tout ce mic-mac à chaque législature n'est-il pas mis en place pour pourrir la situation, pour faire admettre la "solution finale", c'est-à-dire, orienter l'épargne vers la "capitalisation" qui, contrairement aux arguments avancés, sera la pire des chose pour les petits épargnants. Mais les partis politiques subventionnés par les cartels bancaires ne sont-ils pas là pour satisfaire leurs maîtres ?
L'Etat-providence a vécu, résultat d'un demi siècle de socialisme de la santé. Il faut réinventer la solidarité. Partir sur d'autres bases, hors des mensonges politiques. A l'Etat de définir un "cahier des charges", d'en surveiller l'exécution. Et c’est à la société civile de l'appliquer
Bernard Larguèze
Président de l'UDRET (Union de Défenses des RETraités)
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