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Le CNE : un constat d’échec de l’orientation des études

La polémique sur le CNE pointe le problème du chômage des jeunes. Un chômage qui pose une question fondamentale : les étudiants, de nos jours, sont-ils bien orientés ? Un jeune a-t-il vraiment la possibilité d’obtenir un travail épanouissant en fin d’études ?

Telles sont les questions qui figurent en arrière-plan du débat sur le CNE. Car, soyons honnêtes, un jeune qui a passé plus de quinze ans à étudier ne devrait pas avoir besoin de deux ans pour réapprendre un métier. Et même un jeune sans qualification ne devrait pas avoir besoin d’autant de temps pour apprendre le B.A.BA d’un métier manuel. C’est d’ailleurs l’un des points faibles du CNE : en s’appuyant sur la crise des banlieues, sur une jeunesse sans qualification, le gouvernement propose un contrat mal défini, qui s’applique à une certaine tranche d’âge (les moins de 26 ans), mais pas à un certain niveau de qualification.

Or, le problème du chômage des jeunes n’est pas qu’un problème de manque de qualification. De nombreux métiers avec formation à tout âge recrutent : l’hôtellerie, la boulangerie, la menuiserie, entre autres... Et pour les deux derniers, ce sont des professions qui peuvent être remarquablement bien rémunérées. Le problème est que peu de jeunes s’engagent dans ces voies. Et quand ils y sont engagés, certains renoncent devant les contraintes de métiers éprouvants. Il y a une méconnaissance à la fois des filières professionnelles et des métiers correspondants.


Les filières universitaires sont également méconnues. 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat, c’est un excellent résultat. Le problème est de savoir si les compétences de tous ces bacheliers ne seront pas gâchées à cause d’une mauvaise orientation. Certains lycéens ne voient qu’une "fac" obscure comme vie après le bac, alors qu’il y a tant de perspectives... Les jeunes de banlieues pensent notamment que les classes supérieures ne sont "pas faites pour eux". Il faut dire que les rares enfants d’ouvriers / de chômeurs à tenter des études supérieures se retrouvent vite face à la contrainte de frais importants. Les difficultés des études supérieures pour les foyers modestes ne sont un mystère pour personne, y compris pour le ministre de l’intégration Azouz Begag, à l’origine du CNE, qui a dû cravacher pour aller des bidonvilles de Villeurbanne aux plus hautes fonctions au CNRS.

Le principal problème du CNE est qu’il traite le chômage des jeunes tardivement, une fois sur le marché du travail. C’est en amont qu’il doit se traiter, le CNE masquant les problèmes de l’orientation. A quoi peuvent servir quinze ans d’études, si on doit encore avoir deux ans d’essai en entreprise ? Ne vaudrait-il pas mieux s’assurer que les jeunes soient mieux orientés, afin qu’ils ne choisissent pas par défaut, à 26 ans, après plusieurs années de galère ?


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20 réactions à cet article    


  • Cergy - Osny 2008 (---.---.234.70) 8 février 2006 20:12

    Les positions des Radicaux de gauche sur le CPE


    • Froux75013 (---.---.113.74) 8 février 2006 23:22

      Arrêtons de parler ’ des jeunes’. Ce n’est pas du tout pareil d’être un JD et un jeune analphabete...


      • (---.---.153.239) 9 février 2006 09:37

        « ...un jeune qui a passé plus de quinze ans à étudier ne devrait pas avoir besoin de deux ans pour réapprendre un métier ».

        C’est pourtant à peu près le temps qu’il faut à un ingénieur grande école pour devenir pleinement efficace. Quant à un Juge, voir Outreau .........

        Jean


        • Ludovic Charpentier (---.---.68.100) 9 février 2006 10:48

          En tant qu’élève ingénieur, j’ai eu à effectuer un stage ingénieur de deux mois en entreprise, avec une obligation pour que celle-ci soit privé. Je l’ai effectué donc à Sekurit Saint-Gobain. Quand vous dîtes que 2 ans peuvent être nécessaire pour qu’un jeune élève ingénieur prenne de la bouteille, vous exagérez un peu, car les formations de grandes écoles (ça dépend desquelles, il est vrai, un ingénieur de l’Ecole de Papéterie - EFPG - où l’Ecole d’informatique (ENSIMAG) sera davantage formé à un métier spécifique qu’un ingénieur normalien, centralien...) permettent de centrer l’élève sur la formation d’ingénieurs. Ceci dit, pour avoir moi-même été élève puis enseignant en école d’ingés, je peux témoigner que la qualité des élèves se dégradent de plus en plus, entre les élèves qui en veulent mais n’ont pas les moyens, et les élèves qui ont les moyens mais qui donnent l’impression de poirauter en attendant de reprendre la boîte à papa. Mais les statistiques sont quand même là : 90% des élèves de l’INP Grenoble (qui regroupe 10 écoles d’ingénieurs) trouvent un emploi dès la première année de sortie d’école. Ces élèves n’ont donc pas besoin du CPE !!! Hors, en dépit d’un bon sens que Jeff Coppé a lui-même admis, ils vont se retrouver également dans les cibles du CPE. Si 2 années sous la pression d’un renvoi pour n’importe quel motif (et même sans motif...) est terrible pour un ouvrier, pour un cadre (et Dieu sait que les cadres sont sous pression, au point de faire des conneries, comme le juge Burgaud pour reprendre votre - mauvais - exemple), c’est encore pire !!!


        • Lapinator (---.---.36.61) 9 février 2006 10:31

          Je voudrais apporté une petite rectification, le contrat qui s’applique aux jeunes est le CPE ( contrat premiére embauche ), et non pas le CNE ( contrat nouvelle embauche ).

          le CNE est un contrat pour tout le monde, et pour des structure de moin de 20 salarier.

          le CPE est pour les jeunes de moin de 26 ans, pour des structure de plus de 20 salarier.


          • Ludovic Charpentier (---.---.68.100) 9 février 2006 10:38

            Vous avez raison, mais les deux ne diffèrent que par la cible visée et la taille de l’entreprise et sont un préambule au souhait de ’contrat unique’ de Galouzau...


          • Mathieu (---.---.212.160) 9 février 2006 11:08

            « Si 2 années sous la pression d’un renvoi pour n’importe quel motif (et même sans motif...) est terrible pour un ouvrier, pour un cadre (et Dieu sait que les cadres sont sous pression, au point de faire des conneries, comme le juge Burgaud pour reprendre votre - mauvais - exemple), c’est encore pire !!! »

            En quoi cela est pire ? En quoi est-ce plus acceptable pour un ouvrier d’être dans une situation précaire pendant 2 ans ? Ce n’est pas parcqu’on a pas fait plusieurs années d’études que cette situation est plus acceptable


            • (---.---.68.100) 9 février 2006 11:30

              Qu’on soit clair, je reconnais les dommages pour les deux. Mais il y a une hypocrisie phénoménale de la part de Jean-Louis Borloo (ou une naïveté confondante, je n’arrive pas à le détester complètement) de prétendre que le CPE ’stabilise les jeunes sans qualification’ alors qu’il précarise tous les jeunes, avec ou sans qualification.


            • Ludovic Charpentier (---.---.68.100) 9 février 2006 11:31

              Je suis l’auteur du message précédent.


            • (---.---.153.18) 9 février 2006 12:07

              J’ai oublié de dire que je suis ingénieur, j’ai fait ma carrière dans l’industrie, j’ai embauché, dirigé, et je parle de 41 ans d’expérience.

              Jean


              • Ludovic Charpentier (---.---.68.72) 9 février 2006 13:46

                « j’ai embauché, dirigé, et je parle de 41 ans d’expérience. »

                Je ne remets pas en cause votre expérience, ni celle d’un cadre reponsable des ressources humaines qui sur Agoravox ne trouvait pas d’avantages particuliers au CNE/CPE par rapport à la situation actuelle.

                Vous dîtes, jean, qu’un ingénieur a besoin de deux ans pour être pleinement efficace, je vous l’accorde. Mais avec le CNE/CPE, pourra-t-on réellement laissé ces 2 ans d’essai ? Ne vaut-il pas mieux pour l’employé et l’employeur, garder le système actuel de période d’essai de 6 mois (pas suffisant pour former complètement un cadre mais suffisant pour détecter un ’branleur’) pour donner rapidement à l’employé une garantie de stabilité (c’est cruel de renvoyer quelqu’un au 23e mois d’essai...) ? Et c’est même pire : autant la période d’essai de 6 mois offre en général des garanties de formation, autant avec la période de consolidation de 2 ans, cela risque d’être pression, pression, pression au risque de dégoûter un potentiellement bon employé. Un agent de l’ANPE m’a rapporté récemment l’histoire d’un restaurateur qui a fait signer 20 CNE uniquement pour avoir une réduction d’impôts et ne garder que le meilleur, et qui par la suite s’est plaint de voir une de ses recrues démissioner...

                Alors très franchement, je ne vois pas ce que le CNE/CPE peut permettre comme gain au niveau de l’entreprise par rapport au système actuel. Vous avez embauché grâce au CDI, je doute que vous puissiez embaucher plus grâce au CNE/CPE. De mon point de vue d’employé, je ne vois rien de motivant dans ce type de contrat, au contraire, même...


              • (---.---.182.250) 9 février 2006 15:48

                Réponse à Ludovic Charpentier.

                Je ne répondais pas au CNE, je réagissais à la phrase : « ...un jeune qui a passé plus de quinze ans à étudier ne devrait pas avoir besoin de deux ans pour réapprendre un métier ».

                Pour moi, tous ces contrats sont des pis-aller. Mais je ne suis pas contre. Entre le chômage et le CNE, je crois que j’aurais préféré le CNE, ne serait-ce que pour ne pas perdre ce que j’ai appris.

                En outre, j’entends beaucoup de critiques, mais que proposent concrètement les « critiqueurs » ?

                Jean


                • (---.---.68.100) 9 février 2006 17:01

                  « Entre le chômage et le CNE, je crois que j’aurais préféré le CNE, ne serait-ce que pour ne pas perdre ce que j’ai appris. »

                  Oui, mais aura-t-on plus de chances d’être confronté à ce choix qu’au choix entre chômage et CDD/CDI ???? Qu’on soit clair, il y a un problème qui vient souvent de la ’gourmandise’ de certains inactifs, hésitant à prendre le premier CDD/CDI venu, et effectivement, perdant le bénéfice de leur éducation ou expérience professionnel à force de refus.

                  Les solutions de Jean-Louis Borloo sur l’emploi n’avance pas grand chose à la situation existante. Avant, il y avait des cadres au chômage qui refusaient un emploi de cadre moins bien rémunéré (même s’il pouvait être plus stable), quitte à perdre du temps et de la ’qualité’ si j’ose parler ainsi. Martine Aubry avait défendu une limite de 3 refus dans le même secteur, Borloo a proposé de supprimer la notion de secteur. Ca veut dire que si un ingénieur chimiste refuse 3 postes : un en management, un en informatique, un en métallurgie, c’est mort pour d’autres postes. Et franchement, avec l’ANPE, il faut se méfier du type d’offre que l’on peut recevoir (quoi que vous serez sans doute d’accord avec moi, l’ANPE n’ait pas le meilleur centre d’offre possible...). On ne peut pas dire que cette mesure ait dopé les emplois... Ici, il propose des CPE/CNE qui prennent la place des dispositifs existants. Inutile et dangereux. Et par moment, mieux vaut ne rien proposer que proposer un contrat dangereux, plus risqué que le CDD ou le CDI.

                  Les activités de formation en entreprise, ou un impôt sur les sociétés d’autant plus faible que l’entreprise a recours à l’emploi en CDI sont deux des mesures défendues par DSK qui me semble aller dans le bon sens. Car ce ne sont pas les facilités de licenciements qui empêchent de recruter, bien souvent ce sont les problèmes liés à la formation des nouveaux entrants... Une formation qui doit être traité le plus possible en aval (d’où le titre de mon article), et pour les entreprises spécialisés, qui ne doit pas forcément être entièrement à leur charge (quoi de pire pour une entreprise que d’investir pour former un cadre qui ensuite file à la concurrence...).


                • (---.---.251.137) 9 février 2006 18:44

                  « Oui, mais aura-t-on plus de chances d’être confronté à ce choix qu’au choix entre chômage et CDD/CDI ???? »

                  Je crois que oui. Une entreprise qui reçoit une grosse commande se trouve en sous effectif. Actuellement elle hésite à embaucher car elle craint de ne plus avoir assez de commande dans, disons, 6 mois. Actuellement elle utilise des expédients, heures supp, intérim ... et elle hésitera à souscrire un cdi. Et si d’autres commandes rentrent, elle recommencera.

                  Elle pourra plus facilement prendre un CNE en se disant que si, dans 6 mois il n’y a plus assez de travail, elle pourra licencier. Et si d’autres commandes rentrent entre temps, c’est tout bon.

                  Je crains que le pain blanc ne soit derrière nous. Nos parents ont eu de la chance, ma génération n’a pas à se plaindre même si elle a stagné par rapport à la précédente, mais pour nos jeunes, je suis inquiet.

                  Jean


                  • Christophe (---.---.58.18) 9 février 2006 19:24

                    Désolé Jean, mais je ne suis pas tout à fait en accord avec vous sur ce point.

                    Pour une activité de six mois, un employeur peut avoir recours à un CDD de 6 mois. Si un travail suppléméentaire arrive, il peut prolonger et aller ainsi sur une période de 18 mois.

                    Un CNE lui permettra, il est vrai, d’atteindre une durée de 24 mois.

                    Cependant, la hantise des employeurs est l’embauche sous-entendue définitive (si cela existe dans la réalité !), c’est-à-dire conserver son employé dans le cadre du CDI hors période d’essai.

                    Si il doutait de le faire au bout de 18 mois, je ne pense pas que les 6 mois supplémentaires auront un effet prépondérant.

                    Mais je rejoins tout à fait Ludovic sur son approche. C’est avant tout une problématique de formation et non d’emploi qui est posée aux jeunes ; comme aux autres par ailleurs. L’effet se traduit par une carence d’emploi, mais contre la cause réelle, pas de « réforme » !


                  • Ludovic Charpentier (---.---.68.72) 10 février 2006 09:33

                    Donc, Jean, vous ne voyez pas un CDI au travers du CNE/CPE. Donc, Jean-Louis Borloo ment... CQFD.


                  • Quoique ! Des exclus de l’école dérangent (---.---.175.108) 12 février 2006 09:35

                    La contrat première embauche va bientôt (après un petit passage par le Sénat) rejoindre la contrat nouvelle embauche sur les tables de la loi. Sans préjuger d ?une mobilisation dévastatrice, bèèlons à l ?unisson notre plaisir face au progrès construit pi...


                    • Quoique (---.---.168.166) 12 février 2006 09:51

                      Votre titre ouvre une piste intéressante, mais la suite est moins convaincante et même me confirme que comme généralement chacun n’analyse le problème qu’à la lueur de son champ de connaissance et des représentations plus ou moins justes qu’il a de ce qui en est extérieur. Comme le relève le premier commentaire « Arrêtons de parler ’des jeunes’. Ce n’est pas du tout pareil d’être un JD et un jeune analphabete... » il n’y a pas de remède miracle généraliste. Il faut aller vers une analyse qualitative et par exemple (le net le permet techniquement) sortir une liste des formations avec ses résultats en terme d’emploi et de satisfaction des employeurs. L’apprentissage me paraît, pour mon petit champ de connaissance, remplir l’adéquation entre formation et expérience permettant d’être plus rapidement opérationnel. Je ne dis pas que « l’apprentissage » est « la » solution mais qu’il y a matière à réflexion si on oublie la « mauvaise pub » faite par l’apprentissage à 14 ans.


                      • éric (---.---.153.25) 21 février 2006 07:47

                        Je viens de lire rapidement les commentaires, comme souvent c’est l’aspect économique qui prévaut dans les remarques. Pourtant derrière les emplois il y a des hommes et des femmes, des familles. Les défenseurs des C.N.E et C.P.E en sont-ils les bénéficiaires ? Nos ministres le proposent-t-ils à leurs enfants ? Ces contrats n’ont qu’une ambition cachée : détruire le droit du travail. Pourtant ils sont probablement illégaux car ils ne respectent pas certains des engagements internationaux de la france. Visiter mon blog pour plus de précisions et pour casser quelques idées reçues.


                        • Xavier (---.---.230.52) 21 février 2006 20:39

                          Vous avez raison de souligner que de nombreux métiers recrutent et sont peu prisés des jeunes.

                          Ce qu’on peut remarquer lorsqu’on consulte une brochure de l’ONISEP ou même le magazine l’Etudiant, c’est l’absence total de données relatives au marché de l’emploi. Pourtant les chiffres existent. L’ANPE dispose de statistiques sur les offres non pourvues. Pourquoi ne sont-elles pas communiquées au public ? Mystère...

                          En ce qui concerne les orientations universitaires, de plus en plus d’étudiants délaissent les orientations professionnalisantes, en particulier scientifique, au profit des Sciences Humaines. Dans ce cas, n’est il pas du rôle de l’Etat de favoriser l’orientation par des incitations et une meilleure information ? N’est-il pas nécessaire d’engager plus de moyens vers l’orientation plutôt que de subventionner des contrats bidons ?

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Brady


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