Décrire ce n’est pas expliquer ! Au-delà de Darwin, Einstein et les neurosciences matérialistes

En une célèbre formule, le mathématicien René Thom avait pointé les limites de la science moderne : « prédire ce n’est pas expliquer ». En fait, prédire appartient à la démarche scientifique moderne. Les systèmes qui font l’objet de prédiction sont le plus souvent des systèmes déterministes. Ces systèmes définissent une catégorie particulière incluse dans un domaine élargi, celui des descriptions scientifiques moderne (La science décrit en effet des systèmes non déterministes ou alors non prédictifs, les plus connus étant les phénomènes quantiques et les systèmes chaotiques). Aussi, je suggère d’élargir la formule de Thom en énonçant ce postulat : « décrire ce n’est pas expliquer ! ». Maintenant, il faut préciser ce que ces deux notions signifient. Décrire c’est tracer en quelques formules, le plus souvent mathématiques, la forme que prend un phénomène avec ses traits particuliers qui se succèdent dans le temps et s’inscrivent dans l’espace. La science moderne étant fondée sur l’expérimentation, cette science ne peut que décrire des phénomènes. Expliquer c’est autre chose, c’est remonter aux causes qui expliquent d’où viennent les choses et où elles vont, autrement dit le pourquoi et le pour quoi. Une célèbre formule de Leibniz interroge l’univers : « pourquoi quelque chose plutôt que rien ». Cette question est indissociable d’un principe, lui aussi énoncé par Leibniz, le principe de raison suffisante. Ce principe nous dit que les choses ont une cause qui peut être accessible ou non à l’entendement. Rien n’arrive sans raison. On comprend aisément que la description des choses ne coïncide pas avec la cause des choses. Mais bien souvent, la confusion est présente et beaucoup se laissent abuser en croyant que les lois mathématiques expliquent la matière et le cosmos. Cette confusion est une sorte de « classique épistémologique ». On la retrouve en science, avec la croyance dans le pouvoir explicatif des mathématiques mais aussi dans les pratiques sémantiques avec la croyance quasi magique dans les mots qui sont confondu avec la chose. Pourtant, nous savons tous que le mot chien ne mord pas !
La science décrit les choses et la philosophie tente de les expliquer. Mais il n’y a pas de séparation entre les deux. Un scientifique qui essaie d’expliquer les choses fait œuvre de philosophie. Le spécialiste de la cosmologie quantique Lee Smolin a récemment publié des investigations sur le temps en n’hésitant pas à se réclamer de Leibniz et de son principe de raison suffisante. Si décrire n’est pas expliquer, un autre postulat régit l’articulation entre science et philosophie. Je propose une formule simple : « l’exactitude n’est pas la vérité ». L’exactitude relève du domaine technique et scientifique ; elle repose sur l’ajustement entre les choses et les instruments de mesure. La vérité est du registre de l’accord, entre la pensée et les choses, ou alors entre le concept et les choses. Concevoir les choses, c’est les expliquer et accéder à une certaine vérité qui relie la pensée et les choses. Il y a une différence épistémologique et aussi ontologique entre l’ajustement et l’accord. La Modernité a oublié les accords et l’ontologie du Temps qui va avec.
La science médiévale ne séparait pas la description de l’explication, l’exactitude de la vérité. La science moderne a privilégié les descriptions et l’exactitude. Elle a « perdu en route » ou alors « quelque peu délaissé » la vérité et l’explication. Mais l’esprit philosophique n’est pas mort et l’homme de science ne cesse de s’interroger sur les causes des choses. Le domaine des descriptions a pris une dimension colossale. Ce domaine a créé une conjecture favorable pour un retour de la philosophie explicative sans risquer une quelconque régression vers l’ancienne métaphysique, voire la théologie ou encore la cosmologie naturelle antique. On peut retrouver quelques lignes de Plotin mais en refondant complètement le plotinisme avec les données de la science.
La science moderne a tenté d’expliquer les choses en prenant appui sur ses résultats. Mais ces explications sont fausses. La cosmologie d’Einstein, l’évolution darwinienne et les neurosciences dites matérialistes sont des sciences exactes assorties de philosophies de la nature fausses. La physique moderne n’a pas encore compris le Temps et la matière, la biologie moderne n’a pas expliqué la vie, les neuroscience n’ont pas expliqué la conscience.
Nous voyons se dessiner trois époques dans le cours des civilisations depuis la période axiale il y a 2500 ans. D’abord l’époque pré-moderne, de l’Antiquité à la Renaissance. Avec les conceptions du monde clos, animé et fixe, Aristote, Galien, Ptolémée, saint Thomas, Avicenne…
Puis l’époque moderne qui est en fait un long Moyen Age qui n’a pas encore achevé sa course. Cette époque est celle de la science moderne et des techniques. Elle repose sur l’exactitude, l’efficacité et se place sous l’égide des « grands scientifiques », Newton, Darwin, Einstein et bien d’autres, Claude Bernard, Gould, Watson, Feynman, sans oublier les neurologues, la plupart matérialistes comme Jean-Pierre Changeux ou Stanislas Dehaene…
Enfin, l’époque post-moderne se dessinera en proposant des conceptions vraies de la nature ou à défaut qui visent la vérité. Car la plupart des grands scientifiques de la modernité se sont égarés en adhérant à des conceptions fausses sur la plupart des choses de l’univers, la matière, le champ de gravitation, l’espace-temps, l’étendue, la matière, la vie, la conscience, l’évolution, le Temps et sa flèche mal comprise. Quelques physiciens sont présents sur ces affaires mais n’ont pas encore livré la conception authentique du cosmos alors que d’autres s’égarent dans des lubies ésotéristes. Si je parle ainsi, c’est parce que j’entrevois la nouvelle vision des choses du cosmos. Cette nouvelle conception emprunte un peu aux métaphysiques antiques de l’être et repose beaucoup sur les théories post-modernes contemporaines mettant au centre du paradigme l’information, le Temps et l’ordre complexe. Les praticiens de la relativité générale, des neurosciences et du darwinisme adhèrent à une philosophie matérialiste de la nature qui est efficace mais fausse. Un nouveau paradigme émerge et va s’imposer, c’est une question de décennies, ou d’années pour peu que le système des connaissances s’emballe et que la cosmologie dispose d’un nouveau modèle mathématique (mais en vérité, il en faut deux). La théorie quantique a un rôle à jouer. Encore faut-il écrire le bon scénario.
Les raisons d’une conception moderniste scientifique et erronée de la Nature
La science moderne avait à l’origine deux missions. Connaître l’univers et manipuler la nature. A force de manipuler et de mesurer la nature avec une incroyable efficacité, la science moderne a forgé un modèle des choses naturelles basé sur les phénomènes observés. Ce modèle des choses naturelles est faux mais il est efficace......... la suite dans un essai à venir
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON