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Accueil du site > Actualités > Technologies > La complexité du vivant expliquée simplement !

La complexité du vivant expliquée simplement !

Avec le fonctionnement du cerveau, nous abordons un des plus grands mystères qui se soient jamais posés à l’homme, celui de sa nature même. La réponse a toujours été considérée comme relevant du domaine religieux ou, au mieux, de la philosophie. Notre génération a été la première à y introduire la méthode expérimentale, et les résultats sont à la hauteur du sacrilège : l’humanité pourrait y perdre ses plus anciennes certitudes et ses derniers repères. Jamais peut-être il n’aura été aussi urgent de réconcilier le citoyen avec le principe de réalité. Il en aura besoin.

4-L’émergence de la conscience.

Les innombrables découvertes du vivant étaient autant de réponses ponctuelles à un milieu extérieur aux infinies facettes. Mais l’organisme multicellulaire, disons l’animal pour limiter notre sujet, était devenu un ensemble indissociable. Sans renoncer à perfectionner sans répit chacun des outils qui se révélaient utiles, la sélection allait porter avant tout sur la synchronisation d’un ensemble dont la complexité atteindrait de nouveaux sommets.

Chacune des nouvelles fonctions avait obligatoirement un lien de communication permettant de faire profiter l’organisme des avantages de cette fonction, sans quoi elle n’aurait pas été sélectionnée. Ainsi une sensation de douleur, mettant en jeu des récepteurs sensibles à une agression (nocicepteurs), n’avait de raison d’être que munie d’un arc réflexe permettant au membre agressé de se replier. De multiples fonctions fort utiles se développèrent ainsi pour équiper l’organisme d’une batterie de capteurs permettant de recevoir des signaux extérieurs utilisables en vue d’un comportement adapté :

1. Dans le milieu ambiant, se promènent des molécules chimiques qu’il est utile de reconnaître : Certaines témoignent d’un milieu toxique, d’autre de la proximité d’une proie, d’un prédateur ou d’un partenaire. Des cellules chimiosensibles ont été sélectionnées par quasiment tous les animaux. Ainsi, l’odorat analyse les molécules flottant dans l’air ambiant et le goût fournit une dernière analyse des aliments qu’on se prépare à ingérer.

2. Il y a aussi des ondes mécaniques : Le simple contact mécanique est perçu comme un obstacle ou un objet, par des récepteurs du toucher.

3. Les vibrations transmises par le milieu, air ou eau, sont perçues par des organes spécialisés dans l’audition mais aussi par toutes sortes de récepteurs divers, à cils ou à membranes, qui équipent de multiples espèces et qui reconnaissent les différentes gammes de fréquences des sons. Le captage des ultrasons, par exemple, perfectionné chez les chauves-souris, peut donner une représentation du monde qui nous échappe mais qui est certainement très différente de celle que nous révèle notre univers visuel.

4. En effet, beaucoup d’espèces ont occulté le captage des ultrasons au profit des ondes électromagnétiques. Des plus primitifs aux plus sophistiqués, toutes sortes d’organes de visions ont été testés et ont fait apparaître un monde de lumière qui dévoile de façon extraordinairement précise notre environnement immédiat.

5. Enfin, le sens de la verticalité, indispensable à l’équilibre dès lors qu’on est soumis à la gravité, fut également analysé par des systèmes de pendules, de fils ou de canaux semi -circulaires, dont nous gardons un exemplaire au sein de l’oreille interne.

6. D’autres systèmes dont l’homme est dépourvu, équipent sans doute d’autres espèces, comme des boussoles sensibles au champ magnétique qui permirent à des animaux migrateurs de se repérer bien avant Christophe Colomb !

Mais tous ces agents de renseignements, merveilleusement adaptés à la physique et à la chimie extérieure, ne pouvaient être utiles que s’ils étaient utilisés par la communauté des autres cellules en vue d’un comportement adapté. L’étape suivante fut donc celle de la coordination.
De proche en proche, des fonctions qui étaient complémentaires se trouvèrent valorisées par un fonctionnement synchrone. Ainsi, la rétraction salvatrice du membre agressé se trouvait-elle plus efficace si elle s’accompagnait d’une solidarité du reste de l’organisme qui la complétait par un mouvement de recul, voire par un réflexe de fuite.
C’est ainsi que les quelques câbles à fonction unique se complexifièrent à leur tour en un réseau enchevêtré et rapidement inextricable. Il n’y avait pas un câbleur méticuleux suivant à la lettre le schéma qu’avait élaboré un bureau d’étude, bien au contraire. Le câblage se faisait au petit bonheur la chance, et seules les bonnes connections étaient retenues.
Ainsi, les réseaux s’enchevêtraient de plus en plus, constituant des réseaux de réseaux toujours plus complexes et plus performants. À la banale synchronisation, vinrent s’ajouter la modulation des effets, l’atténuation, l’amplification, l’inhibition puis l’inhibition d’une inhibition, elle-même modulée et qui préludait à la sophistication extrême des systèmes à rétrocontrôles positifs ou négatifs en cascade, auquel menait inéluctablement une évolution perfectionniste à l’infini.


Certains types de cellules adaptées avaient investi la fonction : Les neurones. Ces cellules spécialisées dans la réception / transmission / régulation ont tout pour constituer des réseaux complexes : une structure filaire pour véhiculer par une extension émettrice (axone) des signaux résultants de toute une arborescence d’extensions réceptrices (dendrites) lesquelles sont ainsi cumulées et modulées en fonction des types d’excitation afférents. Les signaux se propagent de proche en proche, de dendrites à axones, par l’intermédiaire d’ondes électriques parcourant les parois cellulaires et d’axones à dendrites, par des médiateurs chimiques variées (neurotransmetteurs) stockés dans des vésicules au sein de la zone de contact (synapses) des neurones successifs. Au fur et à mesure que l’organisme se perfectionne, le câblage se complexifie davantage.
Les potentialités de ces neurones méritent qu’on s’y attarde un instant. Nous avons déjà parlé au sujet des cellules eucaryotes de certaines cellules dites « totipotentes », c’est-à-dire munies de tant de potentialités, qu’elles pouvaient remplir une grande variété de fonctions très différentes, selon l’environnement dans lequel elle se trouvent. C’est une propriété bien connue des cellules embryonnaires et des cellules souches du sang, mais on sait moins que les cellules nerveuses ont des potentialités de ce type : on a pu obtenir expérimentalement des cellules musculaires ou même des cœurs normaux sur des souris à partir de cellules nerveuses ! Ces riches potentialités jouent certainement un grand rôle sur la grande adaptabilité des cellules nerveuses en fonction des conditions dans lesquelles elle se développent. Il existe, au niveau des groupes de neurones, une compétition sélective analogue à la sélection naturelle (darwinisme neural). Une grande partie des neurones va mourir afin de laisser le champ libre à ceux d’entre eux qui sont les plus efficaces. L’expérience acquise joue donc un rôle important dans le remodelage du cerveau en opérant une sélection des circuits neuronaux les plus performants. Le branchement peut se faire à la demande, au fur et à mesure des besoins, entre des neurones qui s’éveillent ensemble. (Le même mécanisme de sélection naturelle a été démontré pour les cellules immunitaires).


Dans cette escalade, et avec de tels outils, la nature n’avait pas de limite. Elle s’est mise à élaborer le système le plus complexe qui ait jamais existé dans notre univers connu : Le cerveau.

Le dernier modèle, celui de l’Homo sapiens, fait travailler une population de plus de cent milliards de cellules, les neurones, qui réalisent un million de milliards de connections. Des chiffres comme ceux-là ne sont pas très parlants, mais disons que si vous vouliez les compter à raison de un par seconde, vous y seriez encore dans trente millions d’années !
En fait, cela s’est fait progressivement : de la simple paramécie qui n’a qu’un corps unicellulaire sans cerveau mais qui déjà détecte des dangers possibles, les températures souhaitables, les nutriments espérés et nage dans la direction où elle pourra se nourrir, tous les êtes vivants sont dotés d’automatismes qui leur permettent de survivre. Comme elle le fait toujours, la nature procède par accumulation et utilise ses acquis pour complexifier ses moyens. Les cellules nerveuses se prêtent bien par leurs structures de connecteurs à ce qu’un signal émis, perçu par un récepteur, soit également transmis à un autre ou à ce que la réponse du récepteur serve à son tour de signal pour un second, et ainsi de suite. À chaque fois, les réponses immédiates et rapides sont complétées, élaborées, éventuellement corrigées après une analyse plus fine et plus généralisée. De proche en proche, les réponses simples sont donc perfectionnées sans pour autant éliminer les premières et l’évolution du système nerveux se construit peu à peu sous formes de structures emboîtées dont la plus récente complète et perfectionne les plus anciennes.

Paul MacLean décrit de façon synthétique la structure du cerveau en trois parties distinctes apparues successivement au cours de l’évolution :

1. Un cerveau « reptilien », le plus ancien, qui est en gros ce que nous partageons avec les reptiles et qui assure les fonctions vitales de l’organisme dont la respiration, la digestion, la sexualité et toutes les afférences provenant des organes sensoriels initiaux dont nous avons parlé. Ce cerveau primitif, (archéo-cortex) influence encore profondément le comportement humain par des fonctions instinctives que nous ne soupçonnons pas : notion de territoire (propriété), de chasse (violence), conformisme à des rites et à des hiérarchies, qui ne sont que partiellement rectifiés par le fonctionnement de régions cérébrales plus récentes. Son fonctionnement réflexe est souvent inconscient.

2. Un cerveau « limbique » ou (paléo-cortex), apparu avec les premiers mammifères sous forme d’une enveloppe du précédent, capable de mémoriser les comportements agréables ou désagréables, et par conséquent responsable chez l’humain de ce que nous appelons les émotions. Il est en étroite relation avec l’hypothalamus qui contrôle les sécrétions hormonales et il influence fortement notre comportement inconscient et nos jugements de valeur.

3. Un « néo-cortex » apparaît enfin chez les mammifères les plus évolués, enveloppant à son tour les deux précédents avec lesquels il garde d’étroites connections. C’est surtout un cerveau d’association qui permet des comportements de moins en moins stéréotypés et des adaptations originales au milieu extérieur. Il prend de l’importance chez les primates et culmine chez l’homme et les grands singes avec des hémisphères cérébraux qui prennent des proportions démesurées ! C’est grâce à lui que se développeront les fonctions supérieures de l’homme comme le langage, la pensée abstraite, l’imagination, la conscience.
Ce néocortex est souple, malléable et permet l’apprentissage. C’est grâce à lui que se développera la culture. La zone antérieure, frontale, est particulièrement dédiée à ces fonctions évoluées d’interconnexion et de synthèse. Les zones pariétales regroupent la perception sensible du corps et sa commande motrice volontaire, alors que les informations visuelles se localisent dans le lobe postérieur, le cortex occipital. Ces zones dédiées forment ainsi une cartographie sensitivomotrice du corps. Contrairement à ce qu’on croyait avant le tout début de ce siècle, ce n’est pas tant la matière grise, c’est-à-dire le nombre de cellules, de notre lobe préfrontal qui explique les différences de performances entre l’homme et nos plus proches cousins les grands singes : c’est le nombre de connexions (matière blanche) qui témoignent de communications plus riches avec les autres parties du cerveau.

On voit bien que la complexité d’un tel système dépasse l’entendement. Mais on voit aussi que les perfectionnements constatés correspondent à une complexification supérieure et l’on sait maintenant que les paliers de complexité font émerger des propriétés originales. Les progrès de l’imagerie médicale permettent depuis peu d’inventorier in vivo les zones sollicitées par les différents types d’activités cérébrales et des lésions pathologiques parfois très localisées ont permis de préciser les groupes de cellules indispensables à certaines fonctions.


Le fonctionnement du cerveau doit être compris comme une succession hiérarchisée de fonctions automatiques destinées à conserver l’homéostasie, c’est-à-dire les fonctions vitales de l’organisme étendues à des propriétés de plus en plus complexes.
On peut se représenter cette complexification comme un arbre dont chaque branche se divise à son tour de multiple fois.

• A la base, l’organisme doit répondre aux besoins métaboliques, aux défenses réflexes de base et à la défense immunitaire.

• Puis, des comportements plus élaborés perçoivent les déséquilibres homéostatiques comme étant douloureux, et le retour à l’équilibre comme un plaisir.

• Plus élaborée encore, la recherche de l’homéostasie est anticipée sous forme de besoin et de motivation.

Pour obtenir ces réponses de plus en plus sophistiquées, il faut intégrer de plus en plus de paramètres, et de nouveaux récepteurs se créent qui sont modulés par les multiples signaux sous-jacents et qui créent une sorte de cartographie de l’organisme à un moment donné, d’où émaneront les signaux nécessaires aux réponses plus élaborées.
Le cerveau utilise un grand nombre de régions dédiées travaillant de conserve à représenter sous forme de cartes neurales les aspects nombreux qui caractérisent les activités du corps.
Les canaux chimiques et neuraux qui apportent au cerveau les signaux avec lesquels ce portrait vivant peut être brossé sont tout aussi dédiés que le canevas qui les reçoit.
Ces cartes neurales jouent à leur tour le même rôle que les récepteurs sensoriels, à ceci près qu’ils fournissent des renseignements sur le milieu intérieur lui-même et sont également représentatifs des états antérieurs qui ont aboutit à cet état, c’est-à-dire qui ont été mémorisés.
Qu’elles soient innées ou acquises, les réponses homéostatiques peuvent revêtir des formes globales et complexes, comme un kit près à l’emploi, grâce à ces récepteurs synthétiques dédiés de façon à résoudre les problèmes de base de façon réflexe sans qu’il soit besoin de raisonner.

• Ainsi, certains stimuli, dit « émotionnellement compétents », peuvent être reconnus comme tels par le cortex cérébral qui déclenchera par l’intermédiaire d’une structure dédiée dite inductive (souvent l’amygdale), l’action d’une autre structure spécialisée (par exemple, tronc cérébral ou hypothalamus). Cette dernière déclenchera tout un processus de modifications transitoire du milieu intérieur (viscère, système musculaire et osseux, activités nerveuses et hormonales) constituant un état émotionnel que nous percevons comme particulier, agréable ou pénible avec toutes les sortes de nuances que nous appelons nos émotions.
Souvent innées et primitives, ces émotions existent chez de nombreux animaux et ne sont généralement pas conscientes, mais sont extériorisées, visibles, mesurables (volume sanguin, température, potentiels électriques) et destinées à fournir une réponse adaptée déjà testée par l’évolution.

• A un degré encore supérieur de sophistication, non obligatoire, ces états émotionnels peuvent eux-mêmes être encartés par des formations neurales qui intègrent également les différentes cartes corporelles du cerveau qui reçoivent les divers signaux provenant du corps, construisant des métareprésentations de notre processus mental. (une partie du cerveau en représente une autre). Cet encartage d’un état donné du corps est le contenu essentiel de ce que nous appelons nos sentiments qui sont une perception d’un état du corps.
Les sentiments sont donc comparables aux autres perceptions par certains aspects, (par exemple la vue dont les données sont cartographiées dans le lobe occipital), à ceci près que les objets et les évènements originaires se trouvent dans le corps et non hors de lui !
Bien que le langage courant assimile souvent émotions et sentiments, leur analyse physiologique montre que l’émotion précède le sentiment.


Nous dirons maintenant quelques mots de la conscience :

La conscience est ce que nous perdons lors d’un sommeil profond et que nous retrouvons au réveil : c’est un processus, non une chose. Ce processus est dynamique et n’est pas localisé dans un groupe de cellules particulier mais en nécessite de multiples. Il représente l’intégration d’un état du cerveau à un moment donné, unique et personnellement ressenti, comme brièvement figé par un processus de mémorisation, le « présent remémoré », sans cesse modulé et changeant.

Ce processus puise dans les encartages du cerveau et résulte principalement de l’interaction entre le cortex cérébral et le thalamus, grâce à de très riches connexions réciproques sous forme de projections cortico-corticales, thalamo-corticales et cortico-thalamiques. Cet ensemble forme un noyau dynamique où les informations arrivent au thalamus à partir des récepteurs sensoriels ou internes, sensitifs et moteurs. De multiples autres structures formant des ensembles fonctionnels interviennent à tous les niveaux pour moduler (inhiber ou désinhiber), mémoriser, ou encore pour « récompenser » les liaisons performantes dont l’expression est particulièrement adaptée à l’homéostasie.

La présence nécessaire des connexions réentrantes du système corticothalamique laisse penser que l’apparition de la conscience daterait de la transition entre reptiles et mammifères ou oiseaux. Deux types de voies réentrantes permettant la discrimination des signaux se seraient dégagés, distinguant le soi du non-soi.

La perception par l’organisme de cet état neuronal intégré, diffus et non pas localisé (il n’y a pas d’homoncule conscient !), se présente sous forme de scènes mémorisées qui peuvent être mises à profit pour effectuer des discriminations mieux adaptées à la survie.

Cette conscience primaire que nous partageons avec les mammifères et certains oiseaux n’implique pas autre chose que la conscience de l’état du corps au présent.
C’est cependant une étape indispensable qui permettra à l’homme d’atteindre une conscience de niveau supérieur, qui, elle, le dotera d’un soi autobiographique, c’est-à-dire du sentiment d’avoir un passé personnel et un avenir anticipé, ou encore une conscience étendue lui permettant « d’avoir conscience d’avoir conscience ». Son émergence concordera avec le langage et l’intelligence, et lui permettra d’initier une nouvelle organisation du vivant : la société humaine.

Ce sera le thème de notre dernière partie.


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33 réactions à cet article    


  • Le Hérisson (---.---.121.162) 27 novembre 2006 13:38

    Il est à noter que Jean-Pol Tassin, neurobiologiste, (Inserm et Collège de France) a fait des recherches consistant à localiser l’inconscient. Vous en faites quoi d’ailleurs de l’inconscient ?


    • Artefact (---.---.214.111) 27 novembre 2006 15:40

      Tout dépend de la définition que l’on donne à l’inconscient... Est ce la définition psychanalitique ? ou alors voulez vous parler plus simplement du non conscient ? Si on se réfère plutôt à la seconde définition, alors il semble qu’on puisse localiser cette fonction dans le cerveau reptilien : une partie qui activée, provoque des réactions qui n’ont pas nécessité de passer par notre capacité d’idéation (arc réflexe par exemple).

      Merci en tous cas à l’auteur pour cette série d’articles qui, quoi que simplificateurs, et c’est d’ailleurs ce qu’on leur demande, permettent une mise au point objectivable et positive de connaissances souvent mal maitrisées.

      En complément à ce chouette article, j’ai lu récemment concernant les fonctions « supérieures » de notre cerveau que l’activité neuronale (electrique, rapide) était probablement grandement suppléée par une activité des cellules gliales et astrocytes (plus lente mais plus précise / graduable). Si on fait un parallèle rapide avec le fonctionnement du système périphérique, pour lequel on a mis en évidence une communiquation electrique (rapide, indifférenciée) et hormonale (plus lente, mais très précise), cette hypothèse semble valide. En tous cas, cette nouvelle théorie si elle se révèle recevable, remmettra en cause tout ce qu’on considère comme acquis à ce jour. Passionnant.

      Pour finir un peu, pasque là je pars dans tous les sens, les guillemets autour de « supérieures » au paragraphe ci-dessus, c’est juste histoire que nous gardions toute la défiance nécessaire en la matière envers notre anthropocentrisme : je suis certain que nous sommes limités par notre organe de compréhension, ce qui a pour conséquence de nous faire nous croire supérieurs à d’autres espèces, alors qu’il peut ne s’agir que d’un problème d’accessibilité à un vocabulaire commun aux espèces...


    • Hume Hume 27 novembre 2006 17:51

      Tres bon article sur le noble organe, simple mais pas simpliste. Peut-etre juste un petit defaut : certains points meriteraient peut-etre un leger conditionel.

      A artefact sur l’inconscient : il semble en effet peu probable que l’inconscient ou plutot les inconscients soient localises dans une zone precise du cerveau (mais les approches phrenologiques persistent...). Vous parlez du cerveau reptilien, mais n’oublions pas la partie limbique qui doit jouer un role majeur dans nos comportements affectifs « non-conscients » (ou tel qu’on peut les imaginer definis dans un cadre freudien).


    • Artefact (---.---.158.173) 28 novembre 2006 11:35

      @ Hume :

      Si l’approche phrénologique est, bien d’accord, à aborder avec toute la circonception qui s’impose, s’agissant d’une science à la base de théories pseudo scientifiques racistes, ou morphopsychologique, il n’en reste pas moins que l’étude des conséquences de lésions au cerval est tout à fait riche d’enseignement.

      La lésion des aires de Broca, qui selon sa localisation exacte et son étendue entraine tout un panel de symptomes autour du language par exemple indique que somme toute, il existe une forme de spécialisation des aires cérébrales, et donc quelque part une localisation, qui est transversale entre une grosse majorité des individus.

      Autre exemple absolument fascinant, et désolé de ne plus avoir les références exactes, mais on n’a plus 20 ans, le cas de ce cheminot aux états unis, début 20ème siècle. Il a provoqué avec sa barre à mine une explosition, son outil lui a traversé le crane de part en part, détruisant au passage les lobes préfrontaux. La conséquence sur son comportement (parceque sinon, tout allait bien, merci, comme quoi on a peut être pas un besoin vital de l’ensemble de l’organe) a été qu’il est devenu irritable, grossier, égocentrique. En un mot il a désappris toute son éducation. La conclusion (sais plus si c’est celle de l’auteur, ou celle que j’en ai induite) c’est que cette localisation exacte aurait pour fonction une sorte de filtre, de rétroaction sur des comportement plus profonds, et frustres, une fonction d’apporter le vernis de « vivre ensemble ».

      Une fois ces deux exemples cités, il convient aussi de rappeller qu’il existe une vraie plasticité de l’organe : si la lésion intervient chez un sujet jeune, ces spécialités territoriales sont statistiquement plus facilement susceptibles d’être supplées par d’autres zones qui prennent le relai.

      Et encore, on n’a pas encore parlé de spécialisation des hémisphères gauches et droits, et de destruction du corps calleux (passerelle entre les hémisphères) qui n’empêche pas de vivre, et a même été pratiquée comme thérapie, mais peut être sera-ce abordé lors de l’article suivant ?

      Je me répète, mais merci à l’auteur pour cette série d’articles, c’est vraiment un sujet passionnant.


    • Hume Hume 28 novembre 2006 18:37

      a Artefact,

      Je ne renie pas l’approche phrenologique qui est un peu « obligatoire » experimentalement en neurobiologie et tres utile. Le probleme, c’est que ce n’est pas parce que la destruction d’une structure entraine la disparition d’une fonction, que cette structure est responsable d’une fonction.

      Par exemple, l’etude d’un mecanisme particulier comme l’addiction suggere l’implication d’un grand nombre de structures : le nucleus accumbens serait implique dans la valence affective associee a la drogue ou a sa valeur incentive en faisant « la structure cle » de l’addiction. Mais cette structure est modulee par une autre l’aire tegmentale ventrale et au moins deux autres structures, le cortex prefrontal et certains noyaux amygdaliens participent activement a ces processus. Donc difficile de reduire une fonction a une structure !

      Egalement, il existe le phenomene de diaschisis, un peu tabou chez les neurobiologistes : la lesion d’une structure ne va pas seulement detruire celle-ci mais egalement des neurones afferents et des neurones cibles (avec la destruction des neuronses de la structure, plus de communications, donc plus d’activite, donc mort). Donc l’effet de la lesion va au-dela de la structure lesee.

      Bien entendu, je repete que je ne renie pas cette approche car elle a fait, et fait encore, ses preuves. Mais elle doit rester une approche et non devenir un mode de pensee « conceptuel » sur le fonctionnement du cerveau.


    • Hume Hume 28 novembre 2006 19:47

      Quand a la reference, c’est Damasio avec le cas de Phineas Gage (pas sur du nom mais c’est quelque chose comme ca et je suis sur qu’il doit etre sur wikipedia). Grace au crane de ce Monsieur, ses colleges et lui ont reussi a simuler la zone detruite et a la correler a ces changements de comportements. C’etait une atteint majeure du prefrontal et de nombreusese etudes hommes ou animales ont confirme son implication dans les hautes fonctions cognitives type planification d’un action, controle de l’impulsivite, mais egalement dans les fonctions de socialisations.


    • DEALBATA (---.---.166.140) 27 novembre 2006 13:50

      « La conscience est ce que nous perdons lors d’un sommeil profond et que nous retrouvons au réveil : C’est un processus, non une chose. » Mais Qui perd et Qui retrouve la conscience ? Involontairement (?), vous venez d’écrire que la conscience n’est pas le Qui puisque l’on peut la décrire. Le reste n’est que descriptions relatives qui prêteront aux nombreux changements et réinterprétations dont la science moderne est coutumière du fait. On a quand même le sentiment que les termes utilisés pour décrire le comment cache la misère du pourquoi de votre article même si ce n’est pas le sujet mais que vous abordez de façon détournée ce qui est une des grande caractéristique de l’hypocrisie qui règne en science actuellement. (Cf. « La réponse a toujours été considérée comme relevant du domaine religieux ou, au mieux, de la philosophie. » ) Et si c’était le contraire, si le cerveau n’était qu’un outils pour l’expression du Qui, vous pourriez toujours essayer de le chercher à « l’intérieur » de ce « portable sophistiqué », le Qui n’est pas dedans et il faudra certainement encore beaucoup d’autres articles comme celui-ci pour que la science moderne s’en rende compte.


      • Jaimz (---.---.101.8) 27 novembre 2006 17:42

        Un peu rétrograde ce commentaire...


      • Hume Hume 27 novembre 2006 17:59

        La facon dont le commentaire est pose est un peu « retrograde » en effet mais il a le merite de montres un autre point de vue qui est tout a fait valable.

        Depuis que les relations entre le cerveau et l’esprit est devenue indeniable, la bataille se situe sur « qui dirige qui ? ». La plupart des neurobiologistes et pas mal de « neuro-philosophe » suppose que la conscience (vois l’esprit globalement)est une propriete emergente du cerveau. Mais on peut egalement voir le cerveau comme une simple interface entre le corps et l’esprit. C’est peut-etre plus derangeant car plus abstrait mais pas irrecevable.

        En fait j’ai l’impression qu’on en revient toujours au probleme de la poule et l’oeuf...


      • DEALBATA (---.---.166.140) 28 novembre 2006 09:15

        Ce qui est rétrograde, c’est de considérer comme une sorte d’évolution, la connaissance matérielle ou psychique que la science moderne a acquise alors qu’elle c’est faite au détriment de la connaissance symbolique. Comme dit l’autre commentaire, la science tourne en rond car elle s’approche de plus en plus d’une réalité qu’elle ne pourra jamais comprendre car la compréhension est aussi l’expression du cerveau qui débouche sur la prise de conscience et comme toute expression est subordonnée au sujet (le Qui) la réalité est ainsi rendue inaccessible par définition : pour connaître, il faut être.(Si on enlève le Qui, il ne reste pas grand chose ou alors il faut le prouver et là cela devient très drôle !) On assiste en fait à une compréhension médiate et superficielle (par l’explication du comment extérieur) puisque toute expression ne contient pas en elle-même son propre principe car celui-ci est par « définition » inexprimable, ce qui donne une vision inversée de la réalité.

        « La plupart des neurobiologistes et pas mal de « neuro-philosophe » suppose que la conscience (vois l’esprit globalement)est une propriete emergente du cerveau. »

        C’est une vue de l’esprit, et cette vision cartésienne est véritablement rétrograde elle aussi. Elle suppose une dualité matière/esprit qui ne sont que 2 illusions ou 2 expressions de l’Etre unique. Cette vision matérialiste et désuète de l’esprit moderne est en opposition complète (mais ça ne va pas durer longtemps) avec le point de vue oriental (Cf. le Vedenta) qui considère que toutes expressions nécessitent un principe préalable et immanent : « Je suis donc je pense et donc j’existe »


      • Hume Hume 28 novembre 2006 18:45

        « C’est une vue de l’esprit, et cette vision cartésienne est véritablement rétrograde elle aussi. Elle suppose une dualité matière/esprit qui ne sont que 2 illusions ou 2 expressions de l’Etre unique. Cette vision matérialiste et désuète de l’esprit moderne est en opposition complète (mais ça ne va pas durer longtemps) avec le point de vue oriental (Cf. le Vedenta) qui considère que toutes expressions nécessitent un principe préalable et ... »

        Vous confondez dualisme et une « vision hierarchique ».

        Descartes parlent d’une separation entre le cerveau et l’esprit (pas tro la choix a l’epoque d’ailleurs si on veut eviter de deplaire a son cure...).

        Si vous lisez correctement mon post vous devez comprendre que les neurobiologistes et un certain nombre de neurophilosophes sont certains, et moi le premier, de la relation cerveau-esprit. On ne parle de dualite mais d’interaction. La question est donc ailleurs...

        « Je suis donc je pense et donc j’existe »

        Interessant, cette vision mais en avant l’organisme, le cerveau qui donnerait naissance. Cela n’a donc rien de conotradictoire avec l’esprit propriete emergente du cerveau, ca a l’air comme ca a peu pres la meme chose.


      • rjolly (---.---.227.38) 27 novembre 2006 15:44

        La conscience, ce n’est pas du tout ça. La conscience est un double processus para-hypo-méta-inter-corticoïdo rémanent qui intervient au niveau de l’hypothalamo-pariéto cortex gris inverse lors de phases pulsées d’un phénomène ondulatoire organo-potentiel. C’est pourtant clair !


        • bienveillance (---.---.40.182) 27 novembre 2006 16:45

          Quelle belle théorie ??? Alors expliquez-moi l’entendement ? Le raisonnement ? Le sens moral ? Et la pensée ? Puis dites-moi si nous avons des gènes pour être heureux ou d’autres pour être malheureux ? Pour être criminel et d’autres gènes pour être un bienfaiteur ? Mais encore pourquoi certaines personnes sont homosexuelles ? Pourquoi nous rêvons ?

          Je me réjouis de lire vos réponses Merci


          • eugène wermelinger (---.---.20.145) 27 novembre 2006 17:17

            Homosexualité vague actuelle : Et si la polution déversée dans les rivières, les océans avaient une répercution dans la chimie fine de nos cerveaux pour en changer la sexualité ? Certains poissons changent apparemment en notre époque bien de sexe pour cette raison. Il faut même faire venir des poissons de régions moins polluées. Seraient incriminés les rejets chimiques de l’agriculture et aussi les milliards de pillules rejetées par l’urine des femmes sous contraceptifs. Voilà un élément de réponse. Pensons aussi à cette baisse de présence de spermatozoïdes chez les moins de 40 ans. Au-dessus de la conscience personnelle il y a la conscience de groupe des champs morphogénétiques de Sheldrake. Et puis encore .....une conscience planétaire ?


          • krokodilo (---.---.52.137) 27 novembre 2006 17:27

            Dans le livre « Vivre » de Csikszentmihalyi est décrit une suprenante étude scientifique du bonheur, ou plutôt d’états de bonheur intense, et de concentration (états probablement similaires à ceux de méditation profonde, d’extase mystique et autres).

            L’originalité, c’est que la méthode expérimentale est précise et reproductible, permettant de comparer les résultats dans différents milieux socio-profesionnels, et il n’était pas évident d’imaginer un protocole reproductible dans ce domaine. Sorti en poche cet été je crois. C’est la synthèse de divers travaux en psychologie clinique des années 90. En gros, le bonheur serait une vie où ces moments seraient suffisamment nombreux. Le premier chapitre est consacré à la conscience.


          • Jaimz (---.---.101.8) 27 novembre 2006 17:48

            @bienveillance : faites vous partis des homos-sapiens-sapiens ? On pourrait en douter vu le niveau d’illogisme de vos questions...


          • robin (---.---.42.125) 27 novembre 2006 18:55

            Des objets volants non-identifiés continuent de semer la terreur au Moyen Orient. Personne ne sait au juste quoi faire avec ces objets alors qu’il semble évident qu’on ne peut pas rester sans réagir. La Russie et l’Iran ont décidé d’unir leurs efforts pour étudier cet étrange phénomène. Cette nouvelle pourrait paraître ridicule au premier abord, mais un lien se manifeste entre ces apparitions et le développement du potentiel nucléaire iranien. « L’ufomania » sévit maintenant en Iran. Le haut commandement des forces aériennes iraniennes a récemment donné l’ordre d’abattre tout objet suspect pénétrant dans l’espace aérien du pays, en mettant en oeuvre tous les moyens anti-aériens disponibles.

            Les médias iraniens insistent de plus en plus sur la menace que ces objets pourraient représenter pour les installations nucléaires du pays. Le quotidien Resalat a rendu compte du fait que le pays avait été survolé de plus en plus fréquemment par ces engins non identifiés. Selon ce journal des objets lumineux insolites auraient été aperçus au dessus de Busher et de Natanza où se situent des installations nucléaires. Un des témoins a dit qu’un des objets avait « explosé dans le ciel ».

            Le département de la défense iranien tente d’apaiser l’anxiété de la population face à ce phénomène. Le général Qarim Gavani a précisé que des mesures avaient été prises pour protéger les installations nucléaires du pays et que les forces aériennes iraniennes feraient leur devoir en cas d’agression. L’intérêt pour le sujet ovni s’est très rapidement développé en Iran depuis un an. Les agences de presse on fait état de douzaines de cas où les gens prétendaient avoir vu des ovnis passer au dessus de leurs têtes. La télévision d’Etat a présenté une séquence où l’on voit un disque brillant en train de survoler Téhéran. Dans huit villes du pays de nombreuses personnes sont sortis de leurs maisons pour contempler des lumières très brillantes se détachant sur les nuages. L’INRA a fait état d’observations d’objets multicolores émettant des rayons verts, rouges et violets aux environs de Tabriz et d’Ardebil, ainsi qu’au dessus de la province du Golestan, près de la mer Caspienne.

            La Russie a assuré l’Iran qu’elle lui apporterait son aide si celle-ci devait combattre des ovnis. Les russes sont mis un terme à ce problème, à cette anomalie au début des années quatre vingt dix, quand l’ensemble de la population d’Union Soviétique commençait à paniquer à propos de ces étranges objets. L’iran et la Russie ont mis l’accent sur l’établissement d’une collaboration bilatérale, en particulier pour l’exploration spatiale et la mise en oeuvre de satellites. En dehors des accords Russo-Iraniens passés à l’occasion de ces problèmes d’ovnis les deux pays collaborent pour le lancement du satellite Zohreh.


            • gem gem 27 novembre 2006 21:09

              il est plutôt bien, cet article. Je note quand même la même « perle » que dealbata :

              « La conscience est ce que nous perdons etc. » L

              en somme, nous sommes l’avion et la conscience son pilote qui va dormir de temps en temps : alors l’avion est en pilotage automatique, sans pilote...

              Toujours le mythe de l’homoncule qui conduit dans le cerveau. Voilà une conception bien préhistorique, au sens propre, et qui subsiste dans le langage. C’est bien triste, quand même.

              Mais la conscience, C’EST « nous ». Dans un état plus ou moins ouvert sur l’extérieur, mais toujours là, tout le temps.

              La conscience, c’est aussi cet illusion d’être « moi », alors que nous n’avons qu’on conception très réduite, très amputée, de notre « moi » par rapport à ce qu’il est par rapport donc à ce que nous sommes vraimant. En sommes, nous croyons parler d’une chose anlrs que n’on n’en saisisson qu’un aspect fort réduit et insuffisant.


              • DEALBATA (---.---.166.140) 28 novembre 2006 09:30

                Je comprend pas la critique que vous me faites ? Mais je vous rejoins sur la définition de la conscience : c’est aussi une expression puisque nous la reconnaissons et elle est donc relative et contingentée par les modalités de l’existence, elle n’est qu’un support pour l’expression de l’Etre. Pour le moi, on peut dire que c’est lui qui nous empêche d’être nous même (donc beaucoup plus que ce que nous croyons) puisqu’il nous donne l’illusion d’exister en s’auto-identifiant à l’expression de l’être.


              • Candide2 28 novembre 2006 18:09

                L’homoncule n’est pas un mythe ni une conception préhistorique : C’est une donnée de neuroanatomie et de neurophysiologie : L’organisme a des cartes neurales qui sont représentées sur le cortex et dont la forme dessine un petit homme monstrueux (homoncule) dont les dimensions respectives sont proportionnelles à la richesse de l’innervation :

                Coté sensitif (Somatotopie sensitive sur le cortex pariétal) il a des grosses lèvres, une grosse langue et des grosses mains.

                Coté moteur (somatotopie fonctionnelle, sur la frontale ascendante). (Homonculus de Pendfield) la taille des organes est proportionnelle à l’activité motrice (grosses mains). Il est vascularisé par les artères sylviennes dont la pathologie est très fréquentes : C’est la fameuse hémiplégie des accidents vasculaires cérébraux qui touchent le côté droit si la lésion touche l’artère sylvienne gauche et réciproquement.

                La phrase que j’ai donné pour expliquer ce qu’on appelle la conscience, ( ce que nous perdons etc) est emprunté à un prix Nobel de médecine et je n’ai pas trouvé mieux. J’aimerais que vous m’expliquiez en quoi cela vous paraît une « perle » et ainsi je pourrais peut-être trouver une image différente.


              • Candide2 28 novembre 2006 18:21

                Jean-Pierre Changeux que vous citez fait en effet partie des meilleurs spécialistes français en la matière et il a la position qu’adopte pratiquement tous les savants de sa discipline actuellement. Encore que le livre que vous citez date déjà (1998) compte tenu des progrès foudroyant de l’imagerie médicale actuelle (Presque aussi rapides que ceux de l’informatique : Loi de MOORE)

                Je ne vois pas l’échange des deux auteurs comme vous : Derrière le dialogue courtois de deux personnes de grande culture et de haute compétence chacune dans sa discipline, il s’agit surtout d’un combat d’arrière garde de la philosophie, presque pathétique, dans un domaine qui était le sien et où elle n’aura bientôt plus rien à faire. Paul Ricoeur (85 ans je crois à la sortie de son livre), ne cesse de citer des auteurs célèbres, très respectables certes, allant d’Aristote à Bourdieu en passant par Descartes et ...lui-même, mais dont on se demande ce qu’il peuvent nous apporter sur les neuro sciences.

                Les philosophes ou autres adeptes des « sciences humaines » peuvent bien poser toutes les questions qu’ils veulent, mais ils ne peuvent suggérer de réponses que dans la mesure où la science ne les a pas déjà fournies, car celles-là sont vérifiables. (Falsifiables).

                Croire à une révélation, avoir la conviction que la connaissance est inaccessible n’a jamais vraiment fait avancé le débat. Pauser comme principe qu’on doit s’arrêter quelque part est stérile mais surtout totalement faux ! C’est ne pas comprendre que si le vivant a fait le chemin, l’intelligence qui en est l’expression la plus raffinée, peut le faire aussi, éventuellement en sens inverse. La vie a déjà parcouru 3,5 milliards d’années, l’intelligence commence à peine et elle va beaucoup plus vite !


              • Hume Hume 28 novembre 2006 18:51

                A Candide2,

                OK pour la representation somatosensorielle en « homoncule », mais pensez-vous que cette conception s’applique a la conscience (ou en soit meme la base) ?

                Je pose cette question sans aucune arriere-pensee. C’est cette discussione entre vous et Gem qui m’y a amene.


              • Candide2 28 novembre 2006 19:47

                @ Hume

                Les homoncules sont les cartes neurale les plus évidentes, parce qu’elles dessinent vraiment un personnage anatomique. Elles intéressent la motricité et la sensibilité. En fait, on s’est aperçu que la fabrication de cartes d’état était une des spécialités du cortex qui a le maximum de connexions réentrantes . J’ai dis dans mon article qu’il n’y avait pas de centre spécialisé de la conscience, pas d’homoncule. Et je crois que Gem pensait que je parlais d’une sorte de démon de Maxwell purement fictif.

                Ceci dit, même sans dessin d’homoncule, les cartes neurales sont des éléments indispensables au fonctionnement du cerveau et elles interviennent bien entendu dans le phénomène conscient : En l’occurrence, la « prise de conscience » se fait dans le néo cortex et ce serait l’ensemble Thalamocortical qui effectuerait la « transformation phénoménale » grâce à l’abondance de ses fibres réciproques qui rend perceptible l’état intérieur ainsi traité. Comme les autres cartes, les homoncules sont également sollicités puisqu’ils informent de l’état moteur et sensoriel de l’organisme états qui seront traités par la « transformation phénoménale. »


              • Hume Hume 28 novembre 2006 19:52

                Ok mercipour la reponse. Je ne me rappellais plus de cette partie de l’article !

                Quand aux processus neurobiologiques de la conscience, je suis assez d’accord vous, meme si ca reste encore tres thorique. Je trouve que cela rejoint un peu, voir completement, les modeles de reseaux neuronaux simules par ordinateur avec couche entrante, cachee et sortante plus les feedbacks.


              • ropib (---.---.27.229) 29 novembre 2006 17:16

                Mais qui dit que nous perdons totalement conscience quand nous dormons ? Qui dit d’ailleurs qu’il y a totalité de présence ou totalité d’absence de conscience et qu’il ne peut rien y avoir au milieu ? D’ailleurs il y a plusieurs phases dans le sommeil et les rêves démontrent la présence d’une conscience qui s’exprime différemment. Les dauphins par exemple qui ont un sommeil différent du notre (principalement à cause de la nécessité de respirer) seraient-ils conscients tout le temps ?

                Je pense finalement que si vous décrivez un processus vous ne décrivez pas forcément ce qu’il y a derrière le mot « conscience » (c’est certes complexe), au risque du coup de parler d’autre chose. Il me semble en effet que la conscience n’est pas qu’une possibilité de réflexivité même si le test du reflet est l’outil principalement utilisé pour détecter la présence d’un niveau de conscience. Si on considère le rêve comme l’expression d’une trace de conscience sans présence pour autant il y a pourtant présence de réflexivité.


              • yoda yoda 28 novembre 2006 01:36

                Bon article bien que trop simplificateur ou trop affirmatif par endroit, mais difficile d’y echapper. Au sujet de la conscience, j’aimerai renvoyer vers la pensée et les travaux de Francisco Varela, qui a eu selon moi les idées les plus avancées et cohérentes sur le sujet en articulant la conscience a l’expérience (cognitive), et l’expérience a la relation d’un etre vivant a son environnement : http://www.overdream.com/html/varela.htm http://biologie.kappa.ro/Literature/Misc_cogsci/articole/conscience/varela0 1.pdf


                • ZEN zen 28 novembre 2006 08:32

                  Cette approche de la complexité du cerveau est intéressante, mais provisoire (la biochimie à ce niveau progresse rapidement).Dans ce domaine il est vain de croire que nous aurons un jour une vue synthétique, étant donné l’hypercomplexité des relations neuronales et l’extrême diversité des fontions mentales, comme le reconnaÎt l’auteur :

                  « On voit bien que la complexité d’un tel système dépasse l’entendement »

                  Reste le problème philosophique du rapport entre la matière et la pensée, de la nature des relations qui caractérisent des processus biochimiques complexes et des manifestations psychiques, des plus « simples » aux plus élaborées (conscience de soi, intentionnalité..).Problème difficile à bien poser, faute de surplomb et de questions bien posées.

                  Jean-Pierre Changeux et Paul Ricoeur ont un eu sur ce problème un long échange , dans « Ce qui nous fait penser » (Odile Jacob). C’est trés éclairant : l’un a des positions strictement matérialistes, Ricoeur table sur une hypothèse spiritualiste(croyance à une certaine autonomie de l’« âme », à une non réductibilité de certaines fonctions de l’esprit à des phénomènes neuronaux.)Un débat honnête, informé et stimulant.


                  • Marsupilami Marsupilami 28 novembre 2006 09:28

                    @ Zen

                    Très bon bouquin, oui. Je recommande aussi L’esprit et la neuroscience d’Albert Ducrocq (éd. JC Lattès). De l’excellente vulgarisation.

                    Petit extrait :

                    Le principal est “la perspective que soit compris tout ce qui est sous-jacent au phénomène de conscience sur lequel peut-être en savons-nous déjà assez pour le considérer lié aux causes de l’univers. Longtemps discret sur Terre, il a aujourd’hui une importance permettant de l’appréhender. Il pourrait demain briller comme un Soleil”.

                    Ducrocq évoque aussi Bernhard Riemann (1826-1866), mathématicien allemand de génie a élaboré une conception de l’espace basée sur une géométrie non-euclidienne. Ses travaux ont par la suite servi de cadre à la théorie einsteinienne de la relativité. Citation :

                    “Riemann considère qu’au-delà de l’habituel espace des longueurs et des masses gouverné par une mécanique des choses, la description de l’univers exige de prendre en compte un “espace des pensées”, tout aussi réel mais non physique, incitant à ne voir dans la matière qu’une partie de la réalité. Ce fut la première tentative en vue d’expliquer scientifiquement la conscience et il faut prêter attention au raisonnement de Riemann. On n’aurait pas l’idée que des masses puissent s’attirer, considère-t-il, si l’on n’avait pu observer que de petits objets : seules les masses importantes ont fait découvrir la gravitation. De même, Riemann lie la conscience à des relations au sein d’un système dont un aspect est la connectique d’un réseau. Celle-ci est en général rudimentaire. Tout au plus se manifeste-t-elle dans le cerveau de l’homme par des effets tangibles au point d’en faire un attracteur dans l’espace de la pensée. Dans celui-ci, admet Riemann, exis-teraient des objets non-physiques, qu’il dénomme “pensées-masses”, ces objets étant capables de grossir par accrétion, nous voulons dire par agglutination d’autres pensées comme, dans le système solaire, un germe de planète s’approprie les matériaux qu’il rencontre : sa gravitation assurera la cohésion de l’objet et elle le rendra capable d’en attirer d’autres. Le modèle de Riemann séduit assurément si l’on note qu’en mécanique, une masse prend un poids dans un champ de gravitation. Esprit et conscience seraient leurs répliques dans un espace de la pensée...”.

                    Fascinant, n’est-il pas ?


                  • ZEN zen 28 novembre 2006 11:37

                    @Marsu

                    « Dans celui-ci, admet Riemann, exis-teraient des objets non-physiques, qu’il dénomme “pensées-masses”, ces objets étant capables de grossir par accrétion, nous voulons dire par agglutination d’autres pensées comme, dans le système solaire, un germe de planète s’approprie les matériaux qu’il rencontre »

                    Des propos pour moi incompréhensibles, certainement aussi pour les spécialistes du cerveau.Rieman est certes un génial mathématicien, mais là, c’est n’importe quoi.Il arrive que des spécialistes en une matière délirent dans des domaines qui leur sont étrangers. Je préfère Schrödinger sur ces questions.Sorry.


                  • Marsupilami Marsupilami 28 novembre 2006 12:25

                    @ Zen

                    Je suis d’accord avec toi. J’ai posté cette citation pour information, parce qu’elle émanait d’un mathématicien de génie du XIXe siècle et qu’elle était très étrange. Une parfaite combinaison de rationalité et d’irrationalité, de raison et d’intuition. C’est un effet de mon amour des paradoxes... Fascinant, non ?


                  • Hume Hume 28 novembre 2006 19:15

                    Ben... ca semble pas si idiot que ca cette histoire d’attraction...

                    Surtout que l’on a des gros problemes conceptuels sur le plan de l’esprit (peut-etre que Ricoeur a raison meme si je trouve son affirmation « un systeme ne peut pas se decrire » un peu facile ?).

                    Pour la vision par exemple, on explique schematiquement la visualisation d’un triangle rouge par le mecanisme suivant : traitement en parellele des differentes composantes du triangle avec activation de neurones specifiques de la couleur rouge, d’autres des lignes obliques ou encore horizontales. Tout ca file au fond de l’occipitale et hop, on compute ses donnees (par des phenomenes de convergence et surement de synchronisation) et nous avons la representation du triangle.

                    Tout ca est formidable mais ne nous dit pas comment on passe d’un traitement neuronal a une representation mentale. Comment faisons nous a partir de stimuli physiques pour voir ou « imaginer » ce triangle ?? Apportez nous des concepts !!


                  • Libellule (---.---.238.55) 28 novembre 2006 12:15

                    @ L’auteur

                    Pationnant encore une fois, mais pourquoi y a t’il si peu de votes puisqu’il y a des commentaires ?

                    Moi je vote pour que ça continue !

                    Y aura t’il une suite à l’Homme ?


                    • Dilip Singh (---.---.66.10) 29 novembre 2006 11:57

                      Je trouve tres courageux d’essayer d’expliquer le fonctionnement du cerveaux de manière mécaniste mais, à mon humble avis, sont fonctionnement ce fait de manière holographique ; en prenant ce nouveau paradigme comme base même de penser, beaucoup de sujet et de problèmes alors insolublent prennent subitement un tout autre visage et rentre dans notre système de compréhension.

                      Mais biensur ce nouveau système de penser remet complètement en cause notre propre façon d’être, et bien que ce nouveau paradigme et le vent en poupe il n’est pas encore de mode au pays de Descartes. Nos mentalités occidentales on encore du travail à faire.

                      Mais celà viendra par néccessité sinon c’est foutu... smiley

                      Je reste positif malgrés tout.

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