Walter et JL vocifèrent contre le PS, ce qui veut dire que même s’il y a des incohérences et des hésitations nombreuses, celui-ci est sur la bonne voie. Il est des indices qui ne trompent pas.
Le PS ne récupèrera jamais totalement les ouvriers. Déjà que ce n’était pas son électorat de départ et ce depuis longtemps (les ouvriers votaient PC et sont passés au FN ou à l’abstention), la SFIO des années 30 ne l’était pas non plus. Terra Nova qui conseillait de laisser tomber toute ambition électorale du PS à leur égard est moralement moche mais politiquement juste. Le PS est devenu un parti de gens « bien dans leur époque », économiquement et/ou culturellement. Le fait d’abandonner une partie de la population devenue de fait inutile, dans un système économique qui tuera inéluctablement la classe moyenne (parce que l’on est de plus en plus dans une séparation entre ceux qui ont des compétences techniques à vendre et les autres) n’a jamais été traité par le PS de manière satisfaisante. Eux voient la précarisation et l’aide sociale comme des remèdes. Sauf que d’une ce ne sont pas les CDD et le RSA qui font des conditions de vie de classe moyenne à 2000 euros, et pire encore, ce n’est pas en maintenant la tête au dessus de l’eau économiquement que l’on règle le problème. Des gens qui n’ont plus leur place dans le monde, ou bas dans le système, c’est un affront sur le plan symbolique et ça c’est impardonnable. C’est la raison qui fait que le PS est haï dans de nombreux milieux ruraux ou périurbains, parce qu’il symbolise un monde perçu comme absurde et sans perspectives, à qui il oppose le spectacle de son propre électorat de bourgeois des nouvelles technologies, de fonctionnaires et d’immigrés. Le PS peut rien faire de toute manière, sauf à dire que la technique n’est pas une fin en soi et donc à fâcher une part de son électorat. C’est cruel mais ainsi.
La gauche et la collaboration est un sujet qui a fait l’objet de recherches depuis longtemps. Sa forme caricaturée est très présente chez des activistes catalogués atlantistes et néolibéraux (comme Philippe Nemo) ou des sites libertariens. Après, elle a des modes de diffusion classiques du net, les sites-miroirs et la propagation d’un discours dans des cercles plus larges. Ces groupes ont un but, c’est de raidir toute opposition parce qu’ils sont des extrémistes qui ont besoin de cliver. Ils ont une idéologie qui est toute d’un bloc, donc ceux qui sont contre eux sont des nazis, c’est à peu près leur credo. Aux USA, les tea-party ont représenté Obama en Hitler, parce que dans leur logique, Obama=médicare=état tentaculaire=nazisme, peut-être que l’origine en France du discours sur la collaboration est une transposition en Europe. Ce serait à vérifier. En tout cas, ce discours qui veut relier toute forme de constructivisme social (même du simple réformisme) au totalitarisme ne date pas d’hier, on le trouve déjà chez Hayek (un précurseur du néolibéralisme) dans les années 40.
Le nazisme n’a pas été un recours pour la droite conservatrice. Ils ont pensé en faire un allié électoral temporaire, parce que leur alliance était nécessaire pour un gouvernement qui permette de sortir de la crise politique allemande. Mais il n’était pas question pour eux d’installer Hitler au pouvoir à long terme. D’ailleurs, Hitler chancelier n’avait que deux membres du NSDAP ministres, le but était de le contrôler, sûrement pas d’instaurer les défilés de Nuremberg et encore moins d’emmener l’Allemagne dans une guerre contre le reste de l’Europe.
De toute façon, je ne vous comprends pas ou plus. Il y a dix ans, je me réjouissais quand un John Kerry se prenait une veste aux présidentielles américaines ou de voir la tronche de Jospin en 2002, mais en ce qui me concerne je suis passé à autre chose. Ce pauvre PS fait ce qu’il peut pour conserver sa cuisine électorale qui va économiquement du banlieusard chômeur à Niel et Pigasse et intellectuellement du rapeur de mes deux à des tronches de la recherche. Après, ce parti a la cohérence qu’il peut avoir, comme l’UMP qui est sensé rassembler les ouvriers au SMIC, des milliardaires et des commerçants.
Votre but était de faire de la collaboration une pure affaire de « gauche » . Une gauche qui aurait eu une majorité à la chambre et aurait conservé le pouvoir sans interruption de 36 à 40, au mépris des faits historiques les plus élémentaires, puis serait responsable de l’arrivée de Pétain et aurait été quasi-synonyme du Régime de Vichy. Sauf que la réalité est plus complexe, mais comme votre but n’était surement pas de le montrer, vous faites dans la caricature.
La prochaine fois, évitez un lien sur le thème du pacifisme, certains noms font tache dans la liste de votre lien par rapport à ce que vous cherchez à montrer. Giono par exemple, dont on voit mal dans la vie et dans l’oeuvre ce qui en fait un type de gauche (tout comme de droite).
Le coup de Laval à la SFIO aurait paru surréaliste aux contemporains. Dès 1924 il est candidat contre la SFIO. Il était le chef du gouvernement chassé par la victoire du Front Populaire en 1936. Si vous et Julius n’aviez pas été de mauvaise foi, la discussion sur Laval et ses opinions auraient pu s’arrêter à la réflexion des contemporains. A leurs yeux, son nom qui s’écrivait pareil dans les deux sens symbolisait à merveille son peu de convictions idéologiques. Le simple bon sens montre que c’était un opportuniste qui a bouffé à tous les râteliers et dont la seule conviction réelle était le pacifisme.
Bonne journée, et vive la gauche, et bye bye Copé, Balkany, Sarkozy et leurs supporters.