J’ai toujours eu du mal avec les chiffres (comme Henri Krasucki, patron de la CGT dans les années 80).
C’est donc un collègue plus à l’aise que moi avec les chiffres (il avait fait l’INSEAD) prêt à partir en retraite qui m’a expliqué un jour que s’il avait souscrit à une retraite par capitalisation au début de sa carrière, ben ... sa retraite serait deux à trois fois supérieure à ce qu’il va toucher par répartition, compte tenu des sommes qu’il avait versées pour la retraite durant toute sa carrière.
Je ne l’avais pas cru, j’ai pensé qu’il blaguauit, ou qu’il avait mal compté.
Et puis j’ai retrouvé cette idée surprenante, celle de mon collègue, sous la plume d’un économiste réputé à l’occasion des débats sur la nouvelle réforme.
Ayant toujours autant de mal avec les chiffres, je suis incapable de vérifier par moi-même.
Pas de déplacement
dans le froid, de parking à payer, de queue à faire ou d’horaires à respecter,
la liberté totale...
Naître, télétravailler et mourir
sans jamais sortir de chez soi : le rêve. Manque juste la machine à
crémation (à énergie électrique alimentée par panneaux solaires) pour conclure.
Oui, mais
beaucoup moins redoutable que les séries télévisées.
Voilà une raison
supplémentaire de marginaliser le cinéma.
Les dominants investissent aujourd’hui
de préférence dans les séries télévisées, plus efficaces du point de vue de l’ingénierie
sociale. La qualité des séries s’en trouve rehaussée, l’argent et les talents se déplaçant vers les séries, aux USA en particulier.
Isoler les gens dans leur
chez-soi, éviter les rassemblements d’humains (dans les églises, dans les
salles de cinéma, les manifestations …) est un autre avantage de la TV. Les abonnements aux fournisseurs de spectacles TV assurent un revenu plus régulier.
Point de vue un peu
complotiste, certes, mais je n’ai pas traité les dominants de « satanistes »
comme le font les dissidents. Ces dominants sont tout simplement normaux et
défendent leur dominance par tous les moyens, c’est un mécanisme général observé
dans toutes les sociétés.
Ce qui en revanche est
spécifiques de notre société, c’est cette atomisation, cette disparition du
collectif jugé à la fois dangereux et moins profitable que « l’électron
consommateur » isolé. C’est un point faible de notre société, mal préparée du coup à générer des soldats d’infanterie prêts à se battre sur le terrain, en groupe et de façon coordonnée. Mais les dominants ont anticipé ce point faible : ils développent des soldats-robots !
Je ne vais
pratiquement plus jamais au cinéma. La vieillesse sans doute (« un naufrage »), mais pas que.
Etudiant, je
m’étais pourtant pris un temps pour un critique de films dans une revue à
diffusion très limitée, après avoir été séduit par la poésie des films de Jean-Luc
Godard (Week-end …).
L’époque est
aujourd’hui vulgaire, le cinéma en subit les conséquences. Le cinéma est devenu une
énorme machine d’ingénierie sociale, de mise en conformité idéologique et de défoulement. Le petit
bourgeois, consommateur compulsif gavé de tout et n’importe quoi pourvu qu’il consomme,
une façon de se fuir lui-même, a tué le poète.