Je viens d’aller sur le lien Unicef signalé par Socrate sur le tétanos néonatal. Il n’y a que 2 pages mais on y lit :
« La réduction remarquable du nombre de cas de tétanos, et de décès qu’il entraîne, provient en partie de l’amélioration des conditions dans lesquelles sont pratiqués les accouchements, notamment dans les pays en développement, et des progrès obtenus dans la couverture vaccinale des femmes enceintes. L’élimination de la maladie est durable si la vaccination de routine est améliorée dans ces districts...tout en favorisant de bonnes conditions d’hygiène lors des accouchements. »
Il ne faudrait pas oublier ce point très important : les conditions de l’accouchement !
On observe aussi dans ce texte ce que je signalais dans un autre message de ce jour mais qui n’a pas été positionné dans l’ordre chronologique (donc voir plus haut, même mésaventure que pour Socrate mais je n’ai pas insisté.... On nous présente les couvertures vaccinales et le nombre de cas mais on ne nous dit pas si les mères des enfants malades étaient vaccinées ou non. Comme seule la mère de cet enfant pouvait le protéger par ses anticorps cette information est absolument capitale. Ce n’est pas une bonne étude scientifique que de ne pas donner cette info qui est pourtant connue dans bien des cas. Cette lacune n’inspire pas confiance et c’est dommage pour tout le monde.
Pourquoi lier le problème de l’obligation du vaccin antitétanique avec son efficacité ? Il n’y a aucune chance de faire accepter l’inefficacité de ce vaccin par les autorités. Une pub du genre pas obligatoire, juste indispensable m’irait très bien pour ce vaccin même si on a aussi le droit de s’interroger sur le mode d’action des anticorps sur la toxine qui ne peuvent se rencontrer qu’au niveau de la blessure. Mais il existe des tétanos sans plaie...Je n’ai pas la réponse. Elle peut conditionner le choix individuel.
Il faut bien distinguer entre le BCG dont l’inefficacité chez les adultes est reconnue et dont la pratique et l’obligation chez les professionnels devraient être abandonnées du vaccin antitétanique reconnu comme très efficace et indispensable même si c’était faux. Le seul obstacle à la levée de cette obligation reste la crainte des autorités d’une baisse de la couverture vaccinale.
Aussi, par stratégie, je ne suis pas en faveur d’une diffusion trop importante d’arguments pouvant jeter le doute, et ce d’où qu’ils viennent, y compris par les experts qui veulent défendre cette vaccination avec des arguments douteux : j’en ai trouvé au moins un dans une étude de l’InVS qui soutenait que s’il y avait moins de tétanos chez les hommes que les femmes après 70 ans c’était grâce à la vaccination ...au service militaire !!! Non, à cet âge il y a prescription ! Je l’ai d’ailleurs signalé à l’auteur et je lui ai proposé un autre argument : les hommes jeunes prenant plus de risques physiques que les femmes peuvent être blessés plus souvent et il est possible que la vaccination à l’armée masquerait encore (il n’y a plus de service) les conséquences pour qu’il n’y ait pas plus d’hommes avec tétanos que de femmes avant 40 ans. Argument non démontrable pour le moment mais que je ne saurais pas éliminer (on verra peut-être dans quelques temps si la suppression du service a un effet ). J’ai mis en ligne un article sur cette question (catégorie tétanos).
Pour le tétanos néonatal il y a 2 moyens de lutte : la vaccination des futures mères et l’accouchement médicalisé. Est-il possible de dissocier ce qui revient à l’un et à l’autre ? Les études publiées sur le site de l’OMS présentent la couverture vaccinale et le nombre de tétanos néonatals mais ne disent pas toujours si les mères des enfants touchés étaient vaccinées alors que les enquêtes menées démontrent que cela devait être connu comme au Mali.
Les seuls cas que j’ai trouvé où le statut vaccinal de la mère a été communiqué venaient du Népal et elles n’étaient pas vaccinées. Cela jette le doute et pourrait laisser croire que quand on ne dit rien c’est qu’elles étaient vaccinées. Pour moi, ce n’est pas de la bonne communication. Que le vaccin ne soit pas efficace à 100% ne choquerait personne mais il ne faut pas donner l’impression de dissimuler. J’ai fait aussi un article sur le tétanos néonatal (catégorie tétanos).
Pour certains il semblerait que la suppression des obligations vaccinales courantes (je ne parle pas des épidémies graves et majeures) soit une chose totalement impensable. J’ai assisté pendant 2 jours, il y a un an, à ces mêmes réactions pendant l’audition sur la levée de l’obligation du BCG. Certains, juristes, sociologues, médecins, professeurs de santé publique, quidams...paraissaient bouleversés à l’idée de cette suppression de la seule obligation et non pas de la pratique. J’ai assisté à un véritable psychodrame mais qui devait avoir lieu compte tenu du contexte psychologique inhérent à notre pays.
Pourtant, et depuis longtemps, nos voisins, qui ont autant de problèmes que nous avec la tuberculose, ne font plus aucun usage de ce vaccin : Belgique, Allemagne, Luxembourg, Danemark, Autriche, Espagne (sauf une province), Andorre. Les USA ne l’ont jamais utilisé et ont près de 2 fois moins de tuberculose que nous. Que les autres pays n’utilisent plus ce vaccin que de façon très limitée sur des enfants très exposés : Suède, Hollande, Grde Bretagne, Suisse, Norvège, Finlande, Italie. Le Portugal est le seul à maintenir le BCG généralisé et obligatoire.
Malgré cela les réactions étaient étonnamment émotionnelles chez certains ou plus habilement tactiques chez d’autres. Il a fallu beaucoup d’habileté au président de la commission d’audition pour faire évoluer les positions de certains au cours des débats à huis clos comme ce détail fut rapporté plus tard.
Et pourtant, il fallait que cela se fasse et cela s’est fait. De même, bon gré mal gré, il faudra que l’obligation de la vaccination antitétanique soit aussi levée pour le seul motif que la maladie n’est pas transmissible. Tous les indicateurs le disent, y compris l’Unesco. Un ancien Directeur général de la santé, Lucien Abbenhaïm, l’avait déclaré à une revue alors qu’il était en fonction : « le vaccin antitétanique ne devrait pas être obligatoire ». Le vaccin pourrait être efficace, peu nocif, très utile voire indispensable, il ne devrait pas être obligatoire. Il en est ainsi chez la plupart de nos voisins et ils ont des couvertures vaccinales à faire pâlir de jalousie nos plus ardents défenseurs des obligations comme on le constate avec les récents débats parlementaires sur ce sujet.
De même, il n’est pas acceptable de maintenir l’obligation du BCG pour des professionnels et des étudiants alors que l’OMS ne recommande pas la vaccination des adultes par le BCG.
Non, il n’y a pas à avoir peur de la suppression de ces 2 obligations vaccinales. Mais les réactions que l’on observe sur ce forum sont inévitables et le témoin de la formidable imprégnation des esprits par une propagande unilatérale. Pour avancer, la santé publique doit s’appuyer davantage sur la responsabilité de chacun et remplacer le conditionnement par l’information.
Et si on revenait au problème de base : l’obligation vaccinale ? Une bonne raison : les 19 et 20 juillet à Paris au siège de l’Unesco il y a eu une session du Comité international de bioéthique qui a formulé des recommandations sur le consentement des personnes face à toute intervention médicale. Un rapport de 7 pages a été publié. Extraits :
« Le consentement est l’un des principes de base de la bioéthique parce qu’il reflète l’affirmation des droits de l’homme et de la dignité humaine, qui sont des valeurs fondamentales des sociétés démocratiques. »
« Le consentement est basé sur :
1- une information adéquate fournie par le professionnel de santé aux patients ;
2- une compréhension adéquate de l’information fournie ;
3 - la liberté de consentir ou de refuser une intervention proposée. »
« Quels sont les exemples d’interventions de santé publique qui sont menées sans le consentement des individus ?
Dans les cas où la maladie ou le comportement d’un individu peut avoir des conséquences sérieuses pour la santé publique, il peut être justifié, pour la protection de la santé publique ou pour la protection des droits et libertés d’autrui, d’interférer dans l’autodétermination des individus.
Exemples :
1- la proclamation d’une quarantaine
2- la vaccination obligatoire d’une population entière ou de certaines catégories de la population afin de réduire la propagation de maladies transmissibles ;
3- des contrôles de santé réguliers des professionnels dont le métier implique de sérieux risques ;
4- l’hospitalisation et le traitement de certaines formes de maladies transmissibles ou de maladies mentales. »
Il apparaît donc que les vaccinations contre des maladies non contagieuses ou non transmissibles ne devraient pas être obligatoires. C’est le cas pour le tétanos. Mais aussi pour le BCG toujours obligatoire en France pour certains professionnels ou étudiants alors qu’il est maintenant reconnu que le BCG est un vaccin égoïste ne protégeant (au mieux) que le vacciné. Ainsi, bien que certaines formes de tuberculose soient contagieuses, le BCG ne confère aucune protection contre ces formes :
« La vaccination par le BCG ne protège que les sujets vaccinés et n’intervient en rien sur la chaîne de transmission de la maladie. Cette vaccination n’a pas d’efficacité sur la transmission de la maladie entre adultes, qui sont la source principale de cette transmission. » (avis du CSHPF du 30/09/05- sur le site hcsp.fr du Haut conseil de santé publique).
On voit aussi qu’une obligation devrait être liée à une maladie transmissible touchant effectivement la population et non pas être une menace supposée.
Pour la tuberculose les USA ont rendu le traitement des contagieux obligatoire mais n’ont jamais utilisé le BCG.
Il ne faut pas confondre levée des obligations avec arrêt des vaccinations. Le BCG est le mauvais exemple car les inconvénients sérieux et fréquents du SSI et son efficacité très réduite et maintenant reconnue pourraient faire confondre levée de l’obligation avec suppression de la vaccination. Mais le ROR non obligatoire a une couverture élevée de plus de 90%. La coqueluche n’est pas obligatoire mais est très souvent recommandée par les médecins.
L’affaire du SSI pourrait aussi laisser croire qu’il faudrait d’abord établir que le vaccin a très peu d’efficacité et qu’il est très nocif pour envisager la levée de l’obligation. Ces conditions ne sont nullement nécessaires et on pourrait très bien lever l’obligation de vaccins utiles et qui resteraient largement pratiqués.
Une proposition raisonnable et à minima : levée de l’obligation du vaccin antitétanique ; suppression de la pratique du BCG chez les adultes (c’est une recommandation de l’OMS) ; clause de conscience pour les familles éprouvées par une vaccination (même en l’absence de preuve) ; clause de conscience pour certains professionnels quand celle-ci peut être organisée.
Il est très habituel d’assimiler vaccins et vaccinations à de l’immunologie et il s’agit en effet d’une discipline scientifique fort complexe et loin d’être stabilisée. Pour ma part je n’ai aucune compétence dans ce domaine et je ne cherche pas à m’y aventurer. Je constate simplement, et chacun peut aisément faire de même, que quand des spécialistes veulent justifier une vaccination ils avancent des statistiques et non de l’immunologie. A l’audition BCG il n’y a pas eu un seul mot d’immunologie pendant 2 jours.
La statistique est une branche des mathématiques qui s’appuie sur le calcul des probabilités. Un médecin ou un biologiste pourraient fort bien maîtriser suffisamment cette spécialité pour l’usage qu’ils en ont. Malheureusement je suis aussi obligé de constater (consterné de constater) qu’ils n’y connaissent généralement rien et jouent avec les chiffres comme au café du commerce un soir d’élection. Mais là il s’agit directement de la santé des populations.
Ce que j’affirme ici est démontrable et s’est explicité d’une manière très claire avec l’affaire très récente du BCG SSI et en particulier à l’audition BCG des 13 et 14 novembre 2006. La totalité des interventions de cette audition, y compris celles faites depuis la salle (et donc les miennes, je suis intervenu à 4 reprises), ont été rassemblées par le détail dans un ouvrage de 382 pages en vente à la Sfsp (sfsp.info). De plus, les diaporamas des intervenants sont en ligne sur le même site.
Je me suis livré à plusieurs analyses de cette audition. Elles sont en ligne sur le site de gestion santé et en particulier la plus élaborée par rapport aux statistiques : http://gestionsante.free.fr/expertise_bcg.html.
Tout est donc parfaitement vérifiable. Le lecteur patient (c’est long) et rigoureux pourra ainsi mesurer le problème. Je ne demande surtout pas de me croire, je demande seulement à chacun de vérifier.
Pour apprécier le niveau de notre expertise vaccinale dans une direction non statistique, si cela vous rebute, j’ai mis en ligne 2 articles plus courts sur http://vaccinbcg.canalblog.com sur la façon dont il a été fait usage de la règle de 3 pour calculer le nombre de cas évités par le BCG (« un calcul très simpliste » ; « l’expertise était dans la lune » ; catégorie expertise). Trois choux coûtent tant, combien coûtent 10 choux ? Facile ! Oui, sauf qu’il faut que tous les choux soient au même prix ! Et cela nos experts en épidémiologie qui font la pluie et le beau temps n’ont pas l’air de le savoir...Navrant, mais c’est ainsi... Et ce sont les nourrissons et les familles qui en ont fait les frais.
Tout cela semble se rapporter au BCG mais comme ce sont les mêmes experts qui s’occupent des autres vaccins...En fait ce n’est pas le BCG ou d’autres vaccins qui sont en cause ici mais la qualité des expertises faites sur eux, ce qui n’est pas la même chose. La santé publique n’est pas la propriété personnelle de quelques experts et professeurs de santé publique, elle est le bien commun de tous, le plus précieux sans doute, et chacun doit pouvoir y participer selon ses possibilités. Dans ce domaine de la vaccination les expertises sont bourrées de lacunes, de contradictions et de fautes méthodologiques. Je pense que celui qui en découvre a le devoir de le dire et s’il le peut, de montrer comment il faudrait corriger. C’est ce que je me suis efforcé de faire dans les domaines où j’avais quelques compétences, en laissant à d’autres ceux où je n’en ai pas, comme en immunologie.