Plutôt qu’humaniste (merci Ariane), je serais du genre faiblard et utopiste versant lâche. Du genre de ceux que le monde d’aujourd’hui entend expurger. Ah mais c’est qu’avec Staline, amateur du genre, il ferait beau voir que les adeptes du marché libre voient autrement que par les solutions totalitaires. Je crois avoir compris, théorie du complot ou quoi que ce soit d’autre, prédétermination comprise, qu’il y ait réellement des individus qui pensent à éradiquer les faibles et mettre en esclavage les autres, histoire de se façonner un monde pour les servir, dont ils sont parvenus à établir de solides bases opérationnelles.
Ce qui me laisse sans voix, et avec bien peu d’espoir ? C’est de voir ce monde qui court à sa perte, qui sombre, avec des individus vociférant aux commandes des batteries dont ils se servent pour abattre leurs semblables. Dans un monde non pas idéal, mais humain, j’avais imaginé que nous étions faits du même matériau, voués à la même peine, promis aux mêmes bonheurs. Dans ces conditions, aussi étranges que puissent paraître pour les uns les crédos des autres, il m’avait semblé que chacun devait au moins poursuivre le but du partage et de l’amélioration commune de notre environnement, aujourd’hui à l’échelle de la planète.
En fait, il n’en est rien. Si je tiens à mes idées de progrès social, j’ai découvert (depuis longtemps en fait) que cela heurtait (!) d’autres personnes au point qu’ils avaient muri à mon égard, contre tous principes solidaires et contre ces idées, une haine parfois extraordinaire. De celle qui génère les guerres.
Je ne parle pas là des guerres virtuelles dont se gave la foule sur pc, mais bien de celle qui mettra probablement fin à la bien belle histoire de l’humanité. Humanité, Liberté, Fraternité ? Que de mots pour lesquels on a tué ; que de beauté torturée dans les centres de rétention qui servent de lieux d’aisance aux bourreaux.
Jamais je ne comprendrai les salauds, qui par force poussent les malheureux à la violence. Qui osera contester que nous sommes, du fait même de la perversion du capitalisme sans limite, sur le point de sombrer ? Qui prétendra que c’est par la prescription à la puissance dix des poisons qui nous tuent que le mal sera vaincu ?
Qui aura la perversité de contester que la réflexion la plus aboutie, celle d’une révolution citoyenne dans notre monde, cette constatation est inéluctable, puisque tous les signaux d’alarme nous annoncent la catastrophe, et que nous y sommes ? Et dans ce cas, comment se fait-il que nous soyons si peu nombreux à espérer la promesse d’une révolution citoyenne, de celles si rares issues de la recherche solidaire d’une issue pacifique aux malheurs des peuples ?
Que je les méprise hélas, ceux qui raillent les tenants de la voie démocratique et pacifique, insultant l’idée même du partage, du respect d’autrui, et de l’admiration pour le messager du progrès. Mais oui, voilà à quoi j’en arrive, sans plus vraiment savoir comment lutter contre mes démons que cette campagne grandit. Mais cette violence que je ressens, puisque, pour l’heure, c’est la guerre civile par forums interposés, je l’impute au mépris voué à ceux que l’espoir d’un avenir plus humain porte.Ce mépris que nous subissons me révulse.
Et je pense à ce que disait Jean-Luc Mélenchon : oui, il faut en politique avoir le cuir très épais ; mais personne n’a une cuirasse qui ne présente de défaut, et lorsque les flèches atteignent ce point faible, cela fait très mal. Lui, comme nombre d’entre nous, pratique cette forme d’humanisme que les salauds ne comprendront probablement jamais.
C’est pourquoi demain probablement, c’est avec des fourches que les démunis manifesteront. Ils viseront le défaut de l’armure des salauds. Et alors, il y en aura pour verser de grosses larmes, comprenant tardivement que la solution démocratique, en matière de révolution, est la plus digne, la plus humaine.
Ma grande crainte, si Mélenchon se retrouvait face à Hollande au 2ème tour, c’est qu’il se trouve face à une grosse machine qui lui laisse bien peu de chance de succès. Le fameux mouvement populaire, la rage qui monte, tout cela existe ; mais dans le urnes, qui peut parier pour la victoire de l’un plutôt que l’autre ? Et comme je ne pense pas que la France aie 5 ans devant elle pour tester le programme PS avant de prendre l’option révolution citoyenne, il vaudrait mieux ne pas laisser passer cette opportunité démocratique.
Il me semble que face à MLP, 2ème tour donc, Mélenchon a de beaucoup plus grandes grandes chances d’être élu. N’est-ce pas votre sentiment ?
En quoi pourrait-on préférer voir Mélenchon opposé à Hollande face à le Pen ? Face à Hollande, ses chances sont bien limitées, tandis que face à MLP, la victoire est très probable...
Les incantations des partisans, tous bords confondus, seraient presque attendrissantes ; on les comprend, chacun voudrait voir son héros ailleurs que ne le disent ses adversaires et les sondages. Ainsi, les sondages valent aussi longtemps qu’ils sont favorables puis, soudain, ne valent plus rien. Une foule de 30000 personnes est tour à tour poignée de curieux ou marée humaine traduisant une prise de conscience populaire forte. Tel programme de candidat est si bien fait que personne ne peut plus ignorer désormais sa qualité, et les indécis ne peuvent que se rallier. C’est cela...
J’aimerais qu’il en aille ainsi pour Jean-Luc Mélenchon. Mais pourquoi oublier les sondages, qui ont aussi pu auparavant démontrer une qualité d’analyse au point près ? On ne lâche rien, soit, mais l’incantation, elle, fait toujours mauvais effet, surtout chez l’adversaire qui la détecte facilement comme telle. Moi qui pensais que MLP avait perdu pied, je déchante. On aurait pu espérer qu’elle subisse la même dégringolade que celle dont on parle pour le président candidat ; il semble que le danger est toujours très grand, et je comprends mieux pourquoi Mélenchon ne l’oublie jamais.
Ça fait marrer, l’UMP qui fustige Hollande (qui est ridicule dans sa critique, ceci dit), sous prétexte qu’il choisit l’injure plutôt que le débat de fond. Ces individus ne comprendront donc jamais que justement, il est question du fond des problèmes de cette société pervertie lorsque ce genre de dîner fin entre larrons (cf Balkany) apparaît au jour. Mais tout le monde a compris que les ultra riches sont nécessaires à l’économie. Je ne tiens simplement pas à connaître les conditions de travail, horaires salaires d’une femme de chambre, un plongeur ou un agent de sécuriét au Crillon. Je sens que ça assombrirait le plaisir du plateau télé du dimanche soir, suite Bernstein. Genre de nausée.