Poutou est navrant ; il est sans doute sincère, mais peut-être trop orgueilleux ou aveuglé (à moins qu’il y ait une autre explication) pour comprendre que la politique, c’est aussi un métier, et que cela n’interdit pas la loyauté et l’honnêteté, aussi rares que soient ces qualités dans ce domaine. Il se déconsidère avant même d’avoir rien prouvé en bramant de manière bornée comme tant d’autres. En ce sens au moins il a déjà pris le pli le pire de ce que produit la pratique de la politique, en avilissant ses adversaires, et ceux qu’il devrait reconnaître comme concurrents. J’étais navré de le voir ridicule lors de sa première apparition télévisée, chez Ruquier. Il semble ne pas se rendre compte qu’il l’a été faute de professionalisme. Au vu de son attitude, je regrette de m’être « ému » pour lui (et je regrette que les idées du NPA soient défendues de la sorte ; mais peut-être que le NPA ne mérite pas mieux ?).
A la cécité dont vous accusez tout le monde, vous ajoutez la
surdité. Le constat que vous dressez est à peu près incontestable, mais si
c’est pour dénigrer tout ce que le monde compte de politique et de pouvoirs, le
résultat est connu. De fait, vous considérez que l’écologie n’intéresse
personne (d’influent), ce qui me permet de conclure que votre message n’a
aucune force autre que celle de fustiger et contrarier le lecteur éventuel, et
renforcer jusqu’aux sectaires les convaincus de la cause écologique (dont
il semble que l’audience soit donc nulle). Les écologistes sont passés maîtres,
avant même les socialistes, dans la capacité à se déchirer tant sur les
personnes que sur les idées constructives diverses qui les animent. C’est un
spectacle confondant, vu de l’extérieur, d’une incapacité à l’entente qui ne
peut rien produire d’utile.
Donc, vous n’accordez aucun crédit à personne : les uns sont pourris, d’autres
vendus, tous incapables de comprendre en quoi vous avez raison, stupides et
aveuglés par différentes doctrines, opportunistes, malhonnêtes évidemment. Si
de plus ils s’expriment bien, leur compte est définitivement réglé, il ne peut
s’agir que de démagogues, arrivistes et populistes. A part vous qui semblez en
savoir plus, je ne vois décidément pas qui pourrait les remplacer. Lancez-vous !
Je ne comprends donc pas ce qui vous empêcherait de faire une autocritique, au
vu des condamnations sans appel que vous flanquez à la tête du monde
politique. Cette entreprise de démolition que vous menez sans concession
a-t-elle un but ? Imaginons le : vous êtes sincère défenseur de la cause de la
planète, et vous espérez, envers et contre tous, parvenir à faire entendre la
voix de l’écologie, la vraie. Je ne vois pas du tout comment cela sera possible
si vous ne vous adossez pas sur un point d’appui un peu solide, mis à part EELV
dont l’audience est faible.
Votre « cécité stupéfiante » vous amène à une "occultation
confondante" de l’une des plus belles et fortes prises de position
écologiste de la campagne, que vous ne connaissez pas bien si j’en juge par la
déformation des termes que vous employez pour parler dédaigneusement de JL
Mélenchon. Mélenchon ne prône pas une « transition écologique », ce qui
est une manière de dévoyer le sens de son programme, mais une Planification
Ecologique. Il a évidemment un défaut, il parle avec coeur et le fait bien ;
c’est insuffisant pour assoir une révolution citoyenne avec ceux qui ne veulent
accorder leur confiance à personne qui soit un peu en vue. Rien n’est pire, que
la puérilité des « citoyens » et critiques qui sont en définitive
incapables d’accorder crédit et confiance à qui que ce soit, sauf à leurs
doctrines : ils sont bien nombreux, et ce tentation du rejet obstiné de tout,
catastrophique en matière civique, est de nature à briser tout espoir de
changement.
Le Front de Gauche a un véritable programme qui forme un tout cohérent, dans
lequel l’écologie prend une place toute particulière, novatrice. Il en va de
l’honneur des écologistes de ne pas se considérer comme détenteurs de la vérité
dans ce domaine (histoire fameuse de monopole du cœur), et de savoir soutenir
en temps et lieux ceux, mieux placés, qui portent l’espoir de changement
écologique. Ce n’est en rien une défaite, mais au contraire l’opportunité (!) de
faire progresser des idées fondamentales, et de se retrouver par la suite en
bien meilleure position pour partager avec ses amis politiques la lutte pour la
grande cause de la planète. Mais évidemment, il faut parfois accepter un peu d’humilité,
et de se faire des amis…
il vous a peut-être échappé qu’un discours de ce type n’est pas un compte rendu encyclopédique et historique de la Révolution, ou des doctrines des partis constituant le Front de Gauche, ni le rappel scrupuleux du programme du candidat, ni encore une règée gravée dans le bronze qui instaure un avenir certain, mais l’incantation visionnaire d’un homme qui porte la parole d’un peuple qui n’en peut plus du libéralisme sauvage ; il s’agit d’un immense rendez-vous fraternel, dans lequel se retrouvent ceux dont on interdit la parole et l’espoir depuis 20 ans peut-être.
Que vous ne compreniez pas le sens de ce rassemblement et les paroles qui lui sont adressées, et par delà les murs de Toulouse, à ceux qui souffrent, à ceux qui espèrent un renversement complet des logiques totalitaires qui mènent l’humanité à la catastrophe, n’est pas grave, si vous faites l’effort de lire le programme L’Humain d’abord, disponible ici : http://www.jean-luc-melenchon.fr/brochures/humain_dabord.pdf . Au moins votre critique un peu sommaire aura-t-elle servi à dépasser le préjugé. Bonne lecture.
Je dois rajouter que tant de belles choses sont dites dans ce discours que je ne peux imaginer que cela échappe au gens de bonne volonté.
oui enfin, il y a aussi l’emprunt forcé auprès des banques, dans l’intervalle nécessaire pour changer le statut de la BCE (combien de temps pour y parvenir, au fait ?) Et là j’avoue que j’éprouve une sorte de plaisir secret à cette perspective...
il suffit de remplacer les tyrans de gauche par les « ordures » de droite, et tout l’amalgame fonctionne exactement de la même manière. Ce n’est qu’un naufrage de la pensée, mais il se pratique avec une telle constance qu’il faut croire qu’il plaît. Dommage qu’il n’y ait rien à partager avec une partie de la population qui se pose en agent de guerre civile.
C’est loin de faire rêver :( Ça me rappelle que ce pays a pu élire un Président avec un écart si faible que l’on pouvait considérer que la collectivité s’engageait dans une nouvelle législature avec la moitié du peuple (de votants, soit) dressé parfois avec haine contre l’autre. Et ça se dit adulte et doué de raison ?