@ VIEUXCON, petite chronique d’une déchéance ( retour au réel ) :
La misère installée interpelle le passant qui compare, compatit, partage un peu d’humanité, aide sur l’instant. Mais on sait que rien ne changera à l’avenir. Cet homme a perdu l’estime de soi et il le constate dans le regard des autres.
On sait d’ailleurs que l’honneur, la reconnaissance des autres ne sont plus là. Et que l’univers parallèle des déclassés restera bien définitivement dans ses limites.
Par contre, la perte de dignité humaine en évolution bouscule autrement. Car l’autre ici n’est plus si différent : au départ, tout est commun, tout est partagé. Alors voir l’Homme se débattre pour garder sa place parmi les autres, conserver ce qui l’a construit ( un travail, sa famille ) est édifiant. Et on se désespère de voir se répéter la lutte inégale d’un individu contre un destin imposé. Peu à peu, les atouts de la vie lui sont retirés. Et lorsqu’il n’a plus que sa famille et un toit, on lui prend souvent encore sa moitié qui ne supporte plus cette vie là. Et là, l’Homme se tait. Il se cache pour garder ce qui lui reste de richesse : ses enfants. On peut tout lui prendre, mais pas sa dernière chance. Alors il accepte la misère comme un mal nécessaire à la préservation de son dernier bien.
L’autre, qui regarde en passant, voit disparaître honneur, dignité, respect de soi et d’autrui. IL sent monter en lui la colère. Car il a encore tout en commun , jusqu’à l’amour des enfants, et le silence complice sur ce trésor.
Mais ailleurs, rien de ceci n’est dit, hors un « misérabilisme » perçu comme du mépris.
Ce n’est pas tellement la peur de l’autre ni une hostilité liée aux écarts de richesse qui interroge. Car, on l’a compris, le respect, l’estime de l’autre peuvent être un fond commun.
C’est plutôt l’abandon de ce fond aux dépends de certains, les critères de cet abandon, variables selon la conjoncture, qui dérangent.
On ne s’y fait pas à cette morale collective qui un jour installe les gens en société, le lendemain les chasse .
L’Homme ici est un autre nous-mêmes, et quand on se reconnaît plus dans celui de la rue que dans celui qui l’y a mis, on se dit qu’on a plus à partager avec l’un qu’avec l’autre.
A moins qu’on nous explique que les valeurs humaines défendues par beaucoup apportent leur lot d’humanité à celui qui n’a plus rien comme à celui qui l’écoute. Et que cette rencontre avec l’Homme de la rue va infléchir la communauté après avoir enrichi les consciences individuelles.
Non, on a compris, et MAKO a raison de replacer son commentaire : il faut du temps pour l’intégrer, faire passer l’urgence du moment après un socle de valeurs constructives.
Laisser maintenant le temps de se reconstituer avec un nouveau mode de pensée : se rapprocher des humanistes aux valeurs partagées sur l’Homme.
Puis regarder s’ils sont cohérents avec leurs positions en politique.
S’il faut insister pour celui qui regarderait défiler l’actualité de ses fenêtres, c’est le présent des pavés qui ici est évoqué et non un avenir hypothétique.
Cette retraite d’une vie travaillée amputée par les réformes nouvelles pousse déjà les hommes à reculer leur départ, et à s’exposer à de nouvelles sanctions dès 2008.
Ils sont objet de leur destin, car le choix du financement de leur retraite ne leur a jamais appartenu : le financement par répartition restait le seul patrimoine de leur vie de travail.
Ils regardent donc le choix proposé par l’affiche comme une dépossession de leur patrimoine, et une provocation au regard de leur incapacité à épargner.