D’accord sur le fait qu’on n’en est pas encore là, et même qu’on en est loin. Je répondais simplement à certains commentaires de personnes qui semblent, elles, revendiquer une autonomie au sein d’une très hypothétique « Europe des régions »... Je ne pense pas qu’il s’agisse de diaboliser l’Europe. L’Europe n’a pas grand chose à voir avec la régionalisation, à part peut-être le fait qu’elle participe à l’affaiblissement de l’« échelon » Etat. Personnellement je suis pour une décentralisation administrative, et politique pour des questions d’ordre local, mais je pense que soutenir la disparition (ou presque) de l’Etat au sein d’une « Europe des régions » est assez irréaliste. Imaginez, déjà à 25 Etats on n’arrive qu’à essayer de tirer la couverture à soi, alors si on devait multiplier ça et donner une voix à chaque région ! Encore une fois, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
L’Europe a un système : la subsidiarité, qui peine à se mettre en place à cause de la méfiance de tout ce qui est en-dessous à l’égard du niveau communautaire. Pourtant ce me semble la solution la plus logique. Il serait pourtant logique, d’un point de vue de force dans le monde contemporain, de faire monter certaines questions économiques et de politique étrangère, ainsi que de défense, à l’échelon européen, et de laisser les questions qui s’y rapportent le plus logiquement aux échelons appropriés. Bien sûr cela suppose une organisation réellement démocratique à tous les « échelons », et nous en sommes loin. Mais ce serait tellement plus pratique...
Au fait, pour les « démonstrations de chauvinisme », je pense que pour les évènements du type Festival interceltique, ce n’est pas leur nature première mais ils peuvent être instrumentalisés. Je pensais surtout à ce qui se passe en Espagne, où le nationalisme stupide a pris une ampleur impressionnante. Par exemple le terme récurrent de « race » basque...d’accord ils ont le rhésus - mais enfin est-ce une raison pour revenir au 19e siècle ?
Merci Masuyer de ces éclairages, en effet cela explique les côtés alarmistes et exagérés de l’article. Cependant je pense également qu’il y a du vrai dans ce qu’elle dit.
Personnellement je suis allée au défilé, ai trouvé ça raisonnablement bien, quoique (forcément) beaucoup moins convainquant qu’une bonne vieille Nuit magique du festival de Lorient. Tout ça pour dire que j’apprécie vraiment la musique « celtique », enfin certaines choses parce que c’est quand même très varié, entre autres aspects de la Bretagne.
Mais je dois dire que, connaissant également bien l’Espagne, le « retour aux sources » des régionalismes actuels me fait un peu peur. En effet, aujourd’hui un fonctionnaire parlant le castillan ne peut quasiment aller que dans les régions n’ayant que cette langue comme langue officielle. Au Pays Basque, pas question d’être prof si on ne parle pas la langue locale ! S’en suivent tout un tas de problèmes de communication interrégionale et autres. Et cela, comme le craint Mme Morvan pour la Bretagne, a bien commencé (et s’est développé) comme un conglomérat d’industriels locaux qui ont vu leur intérêt à avoir plus de pouvoir au niveau régional et à négocier sur les impôts (ces fameux « fueros »...), et qui instrumentalisent une « identité régionale » pour faire pression sur le gouvernement central, qui craint de se faire traiter de fasciste ou de colonialiste !
Franchement, à l’heure où l’on construit l’Europe, n’est-il pas déraisonnable de se lancer dans des démonstrations d’un chauvinisme incroyable comme on en voit en Euskadi, alors même qu’on interdit la moitié de cela à l’Etat espagnol ?
D’accord, certaines régions et cultures locales ont souffert d’oppression en Europe, jusqu’à récemment parfois. Mais la solution serait peut-être un juste milieu, entre l’éducation et la langue uniques obligatoires au sein d’un même pays, et le « chacun pour soi » et les chamailleries locales qui n’en finissent pas ? Je me sens pas française, ni bretonne, ni murcienne ou andalouse, mais plutôt européenne, et citoyenne du monde tiens ! Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Oui aux cultures régionales, non au matraquage identitaire d’un autre âge !