« Les plus ridicules d’entre eux sont probablement les esperanteux, dont l’unique argument peut se résumer à »Ouin, c’est pas juste, ça favorise ces salauds d’anglais/americains !« . »
C’est pas tout à fait ça...
On peut distinguer deux types d’arguments pour ou contre une langue donnée :
- les arguments intrinsèques : les caractéristiques propres d’une langue : syntaxe, formation des mots, richesse de l’expression, orthographe, prononciation...
- les arguments extrinsèques : la langue est-elle beaucoup parlée ? Est-ce la langue des milieux économiques ? Des milieux scientifiques ?
Les arguments en faveur de l’anglais sont essentiellement de ce dernier type : l’effet réseau, le poids de l’anglais dans le monde économique... L’auteur en fait abondamment la promotion.
Les principaux arguments des espérantistes sont au contraire de type intrinsèque : ils mettent en avant la régularité de l’espéranto à tous les niveaux (formation des mots, prononciation, intonation... ), la simplicité qui en résulte, la richesse d’expression que permet le caractère combinatoire de cette langue.
Il est certain qu’une langue (bien) construite l’emporte sur ce terrain par rapport à toute langue naturelle formée et déformée par les aléas de l’histoire. Et ces arguments intrinsèques resteraient valables même si tout le monde sur Terre parlait anglais.
On est donc loin de « Ouin, c’est pas juste, ça favorise ces salauds d’anglais/americains ! » comme unique argument.
- Si ce chant, dans sa version complète, peut être compris par un adulte, je ne comprends pas en revanche qu’on ait décidé de l’inculquer à des gosses de maternelle.
- On muselle l’opposition à ce chant en créant un délit d’« outrage » à l’hymne national passible de six mois de prison et 7500 euros d’amende. On chante la défense de la liberté (dans le meilleur des cas), mais on restreint la liberté d’expression à propos de ce même chant.
De toute façon, les paroles qu’on retient le plus, celles qui marquent les esprits, c’est le premier couplet et surtout le refrain. Pris isolément, ce refrain sonne comme un appel enthousiaste à la violence. Or c’est cet appel à la guerre qui imprègne les esprits chaque fois que l’hymne est joué. Le reste, qui y fait attention ?
En ce qui concerne « la bande des émigrés », il s’agit de la noblesse monarchiste ayant fui la France à la révolution. Pas de racisme là-dedans.
Mon impression est que les passages de la Marseillaise les plus connus (refrain et premier couplet) sont aussi les plus violents, les plus offensifs, les plus belliqueux.
Les autres couplets, au contraire, prennent une tournure plus défensive : défense de la liberté, contre l’esclavage, contre le despotisme. On ne tue pas les « malgré nous » : « Epargnez ces tristes victimes, À regret s’armant contre nous. (bis) » (couplet 5), on ne s’attaque qu’aux oppresseurs.
Bref, je trouve qu’une lecture intégrale des paroles atténue l’impression belliqueuse qui ressort des passages les plus connus.
Distinguons le jugement moral que l’on porte sur une action (est-ce une bonne ou une mauvaise action ?) et la réponse éventuelle (sanction ou récompense) qu’il convient d’avoir vis-à-vis de son auteur.
Tuer quelqu’un a généralement pour conséquence une réduction globale de bonheur, c’est donc une action mauvaise moralement, une action qu’il vaudrait mieux éviter. Pour juger que cette action est mauvaise, je n’ai pas besoin de connaître l’auteur, ses intentions, de savoir s’il est responsable ou fou.
D’un autre coté, la société a la possibilité de réagir à ce meurtre de diverses manières (ne rien faire, dix ans de prison, peine de mort, bagne... ). Comment choisir ? Ce choix social doit lui aussi être fait en fonction de critères éthiques. Du point de vue utilitariste, la société doit choisir la réaction qui a les meilleures conséquences en termes de bonheur global.
Quelles sont les conséquences, par exemple, d’une peine de dix ans de prison ? Positivement : dix ans pendant lesquels le meurtrier ne récidivera pas, mais surtout un effet de dissuasion sur tous les meurtriers potentiels capables de comprendre la sanction qui les attend. Négativement : dix ans pas très heureux pour le prisonnier. Incertain : effet psychologique de la prison sur le prisonnier après sa sortie. C’est le bilan de tous ces effets qu’il faut estimer, pour chacune des peines possibles, pour pouvoir choisir la meilleure peine.
Et là, pour estimer l’effet psychologique sur le prisonnier ou pour estimer l’effet de dissuasion sur les autres meurtriers potentiels, il est important de prendre en compte le caractère intentionnel de l’acte, la responsabilité ou l’irresponsabilité du prisonnier. La peine qui a globalement les meilleures conséquences n’est pas la même dans chacun de ces cas. Le caractère intentionnel du meurtre est donc pris en compte par une justice utilitariste. Simplement, il est pris en compte pour trouver le peine qui aura les meilleures conséquences globalement pour la société (prisonnier inclus), et non pas pour répondre à un sentiment de vengeance.
On résoud beaucoup de problèmes apparents de l’utilitarisme en faisant bien attention à tenir compte de toutes les conséquences de chaque action.