Plutôt que d’attaquer les arguments du Dalaï Lama, vous tentez ainsi (en reprenant des arguments du PC chinois) de rameuter les anti-américains primaires assez stupides pour croire que les ennemis de leurs ennemis sont leurs amis.
Pis : penser que le régime chinois est aujourd’hui ennemi des USA est risible compte-tenu de leurs relations commerciales et financières.
Par ailleurs le fait que les USA aident un mouvement luttant contre un envahisseur ne choque guère, en France. Et pour cause : c’est ce qu’ils firent avec la Résistance (parachutages, Débarquement...) !
Les niaiseries, distorsions et mensonges de Michel Collon sont ahurissants.
Les abus dénoncés (punitions corporelles, tortures...) surviennent partout, mettre d’emblée le régime en cause
est ridicule. Seules des études sérieuses permettent de montrer que le
caractère réellement systématique des exactions est, ou non, induit par
le contexte politique. Ces études laissent la vaste majorité des experts juger aujourd’hui qu’il n’y avait absolument pas d’esclavage au Tibet durant le règne des lamas, et pas vraiment de servage (lire à ce propos K. Buffetrille).
En d’autres termes : en-dessous d’un « pourcentage » donné de
cas avérés de violences on ne parle pas de « régime horrible » mais on constate
que, comme partout, il y a des individus douteux (salauds, dingues...)
La propagande du
PCC récupère de rares accidents de ce genre et les présente comme la
norme, un peu comme on pourrait exposer les actes de tueurs en série contemporains (Fourniret et
compagnie) puis clamer que « puisque la France est sous la coupe de ces monstres,
il faut la « libérer » »
Les études des spécialistes affirmant aujourd’hui qu’il n’y
avait pas esclavage ni même, selon beaucoup d’entre eux, de réel
servage, sont posées sur de nombreux faits qu’ils vérifièrent, sur des
études démographiques, sur des documents et témoignages aussi précis et
bien éclairés que possible, serrés dans la volumineuse documentation
des centres de recherche. Dans la désinformation du PCC ce sont, au
contraire, des racontars imprécis (ni noms, ni dates, ni
lieux...) exposés comme le sont les faits divers relatés dans la presse à
sensation, afin de frapper les imaginations.
L’avant-dernière phrase du texte correspond bien à de nombreux
contextes d’aujourd’hui, y compris en Chine : « une minorité privilégiée
vivait richement et puissamment au prix du sang, de la sueur et des
larmes de la majorité »
Notons par ailleurs que le véritable texte n’est pas un document
scientifique (pas de publication officielle, pas de revue par les
pairs...) mais un document personne, et que son adaptation en français
sur le site de Collon est partielle et distordue. Le texte originel
recèle en effet des précisions éclairant les effets de la « libération » par la Chine,
par exemple ainsi : « Workers in China who try to organize labor unions
in the corporate dominated “business zones” risk losing their jobs or
getting beaten and imprisoned. Millions of business zone workers toil
twelve-hour days at subsistence wages. With the health care system now
being privatized, free or affordable medical treatment is no longer
available for millions. Men have tramped into the cities in search of
work, leaving an increasingly impoverished countryside populated by
women, children, and the elderly. The suicide rate has increased dramatically, especially among women.
». Qu’est-ce, aujourd’hui, qu’un servage auquel rien ne permet de se
soustraire et menant à la mort, sinon de l’esclavage ? Autrement dit en
quoi cet exposé ne conduit pas à conclure qu’il faut « libérer » la
Chine ?
Pour illustrer une distorsion du texte originel (de Parentil)
il me suffit de rappeler que ses élémentsdonnés pour « factuels » (rappel : hautement
imprécis et dont la représentativité n’est pas éclairée) relatifs aux
exactions sont issus de l’ouvrage des Gelder publié en 1964 intitulé «
Timely Rain : Travels in New Tibet » (lire à ce propos les notes
infrapaginales du document de Parenti), lequel n’est nullement un
ouvrage savant mais bien un récit de voyage (rehaussé de
photographies), et que les propos rapportés ne sont pas pleinement
endossés par les auteurs. En résumé ils rencontrent sur place au début
des années 1960, donc après l’invasion, des gens qui leur disent
qu’untel a été battu par les lamas et tout et tout... tout comme dans la
France occupée des collabos et contraints tissaient les louanges de l’occupant.
Pour résumer vous opposez aux thèses
de tous les spécialistes pros d’aujourd’hui (selon lesquelles il n’y
avait pas esclavage) et de beaucoup d’entre eux (selon lesquels il n’y
avait même pas de servage) un texte qui n’est pas une thèse savante mais
un simple billet d’opinion, rédigé par un non-professionnel du secteur
(la spécialité de Parenti est l’histoire de la Rome antique, non le Tibet), lequel utilise avant tout des racontars de journal
de voyageur constitué de témoignages sans origine claire et récueillis en 64 sur place peut-être façon
« j’écoute le traducteur officiel (membre du PC chinois) qui me »traduit" ce
que disent les Tibétains (on croit à la fidélité de l’adaptation et à l’absence de contrainte pesant sur le témoin), le tout dans une version mal adaptée par le journaliste
Collon (potentiellement favorable au PCC car d’extrême gauche) ?
Ben voyons !
Dans le prochain épisode lèverons-nous les yeux vers votre escadrille de cochons volants ?
> Quels
tibétains voulez vous que j’intérroge ? les quelques moines exploiteurs
payés par la cia ou les paysans exploités et heureux de l’intervention
de la chine ?
Là encore vous vous moquez. Durant la période d’indépendance du Tibet chacun y entrait et en sortait beaucoup plus librement qu’à présent et il n’y avait pas d’énormes émeutes. Après 50 ans de « libération » les Tibétains aiment toujours les lamas (alors que le PC nous chante qu’ils étaient tortionnaires/esclavagistes), le pays est une prison et les émeutes périodiques sont, malgré les tentatives d’endoctrinement et la mainmise sur l’éducation et l’information, si puissantes et bien soutenues par la population
que pour les mater, malgré les forts contingents stationnés au Tibet, il faut boucler le pays durant des mois et y dépêcher encore plus de
militaires. Mieux : à présent l’occupant boucle le pays à titre préventif (ce fut le cas début 2009).
Prétendre qu’à présent le gros des Tibétains serait plus heureux est inepte.
> Ouigours ou tibetains ((...)) subissent pas de discrimination
légale
Donc la loi du Parti communiste chinois, car il n’y a la-bas aucun contre-pouvoir. Autrement dit ils sont certes occupés par le PC chinois MAIS sont officiellement traités comme les Chinois, sachant qu’il est difficile de s’en assurer. Ils n’ont rien demandé, ne veulent selon toute vraisemblance pas être Chinois, mais doivent s’en contenter parce qu’officiellement leur occupant a décrété que tout va bien.
> et jouissent totalement des prérogatives de la nationalité
chinoise
Cela me rappelle l’histoire du soldat nazi qui, durant l’Occupation, s’étonnait de voir des Français devenir résistants « alors que le Reich leur offre des tickets de rationnement ! »
À en juger par les formes d’expression de leur gratitude (des émeutes !) ils s’en foutent, de ces prérogatives et ne désirent guère rester Chinois.
> Le droit à l’autodétermination n’est pas un droit
à l’indépendance mais à l’autonomie (droit de parler sa langue, de
recevoir un enseignement dans sa langue, voire d’avoir des force de
sécurité locales, mais pas celui d’avoir un siège à l’ONU ou sa propre
armée).
Allons bon, encore une vessie. Le droit à l’autodétermination offre à un peuple (je cite WP fr) le choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique. C’est, en droit international,
le principe selon lequel un peuple doit avoir le droit de déterminer sa
propre forme de gouvernement, indépendamment de toute influence
étrangère. Un rien plus que ces langue et forces de sécurité locales, hmmm ?
> Je ne crois pas vraiment à l’argument économique, mis à part
dans le cas de pays totalement en faillite...
Gageons que ceux dont le pays est exploité par un occupant puissant, oppressif et spoliateur préféreraient une « faillite » classique.
> pour avoir des revendications politiques, il faut qu’un
minimum de besoin économiques soient satisfaits
Quelle est votre source ? Le droit international n’établit à ma connaissance pas cela.
Est-ce une nouvelle version de « le Pape, combien de divisions ? », donc de la vision selon lequel le plus faible ne saurait que subir ?
En théorie les Tibétains ne sont pas plus « occupés », dans la mesure où ils sont eux aussi citoyens chinois. En pratique l’argument ne porte guère car ils (Ouïghours comme Tibétains) ne sont pas sinisés donc le droit des peuples devrait jouer afin de garantir l’autodétermination (dans le cas du Tibet l’ONU le rappela).
Avant d’être malgré eux « intégrés » à la Chine les Tibétains n’abritaient de gens militairement actifs contre la Chine, ce qui ne vaut pas pour Gaza (incursions, attentats, roquettes tirées...).
Les aspects d’ordre économique creusent à mon sens plus sûrement encore la tombe des empires que le fait le nationalisme. Lorsque les envahis/opprimés/exploités/spoliés jugent obtenir de satisfaisantes compensations d’ordre économique ils sont beaucoup plus faciles à « tenir », tolèrent mieux les migrations contraintes (leurs voisins colons comme leurs propres déplacements).
« Le mieux être ne mérite-t-il pas aussi un prix ? », autrement dit « L’amélioration des conditions économiques en Chine ne vaut-il pas l’oppression du Tibet ? »
Le Dalaï Lama n’a pas été élevé à la dignité de citoyen d’honneur
par le vote du Conseil de Paris parce qu’il est un religieux, mais parce qu’il se bat en faveur de la démocratie, du respect des droits de l’homme
et de la liberté.