Nous avons tous 2 parents, 4 grands-parents, ..., environ 1 million (2 puissance 20) d’ascendants à la 20ème génération : nous sommes tous frères mais nous avons aussi, inévitablement, quelques criminels parmi nos ancêtres.
Je crois que Bois-Guibert est comme tous ces traders et tous ces anciens nazis. Si c’est légal vis-à-vis du système, alors c’est honnête. Sa morale ne va pas plus loin. Il est obéissant et il aime l’argent, il veut être récompensé pour son obéissance. Bois-Guibert serait un bon chef d’entreprise : rémunérer ses employés le 1/3 (voire beaucoup moins) de ce qu’ils vous rapportent, c’est légal, donc c’est honnête.
Il ne s’est pas posé de question sur l’honnêteté de la fortune des oligarques, il veut simplement être comme eux (remarquez, il y a beaucoup de gens comme cela). A un moment donné, si on n’est pas un animal inconscient, on doit toujours faire un choix entre plus d’argent et l’honnêteté. Les inconscients ne pensent jamais que ce qu’ils méritent est limité. On leur dirait qu’ils méritent la Terre, et ils le croiraient : c’est vrai que, de leur point de vue animal, ils sont le centre du monde, alors il méritent bien la Terre. Les autres, ça n’existe pas vraiment, ou qu’à travers eux.
Si l’on décrète que tuer les autres est légal et rapporte beaucoup plus que le reste, Bois-Guibert sera le premier à postuler, après tout, ce sera légal. Le nazisme est de retour grâce au capitalisme. On peut légalement affamer des millions de gens en jouant sur le cours des produits alimentaires, en toute « honnêteté » : cela mérite même de belles récompenses puisqu’avec nos belles règles, ça rapporte à la banque. Oui, encourageons l’argent facile, et fermons les yeux sur ceux qui trinquent.
Ceux qui sont malades, c’est ceux qui croient que la vie a de l’importance alors que seul l’argent compte. Vive le capitalisme !
Merci également pour vos commentaires. Je tiens à préciser que je ne juge jamais les gens d’entrée et ni à vie (beaucoup de personnes évoluent), ni ne les classe dans une catégorie (ou un « camp ») : c’est bien trop réducteur et nous sommes tous bien plus complexes que ça. J’essayais simplement d’expliquer pourquoi votre second degré était mal passé pour d’autres.
Je ne vous critique pas. Je trouve votre attitude très courageuse, au contraire. Votre expérience est, sans aucun doute, beaucoup plus riche que la mienne.
L’intelligence, on en est tous assez pourvu puisque c’est avec cela qu’on juge : et cela, je me l’applique constamment et je relativise la portée de mes réflexions.
Cependant, moi aussi, je me suis intéressé, un temps, aux mécanismes financiers et à l’argent en particulier (d’où vient-elle ?), censée être l’ultime récompense dans cette société. Ma conclusion a été très simple : c’est que l’argent, sans le travail de ceux qui y croient, ça ne vaut rien.
Donc, ce qui compte, c’est bien le travail. La plus grande difficulté, c’est de faire abstraction des complexités arbitraires de cette société (qui pourraient simplement ne pas exister avec d’autres règles) afin de pouvoir définir correctement ce qu’est un travail utile, ce qui nous sert vraiment. C’est à cela que nous devrions réfléchir.
Que les traders fassent un métier, en fin de compte, très complexe, je n’en doute pas. Mais qu’ils puissent consommer ce qu’ils ne pourraient produire eux-mêmes en ayant 30 vies, c’est très ennuyeux. Nous dépendons tous des autres dans cette société ultra-spécialisée, il faut le reconnaître et savoir être modeste. Je suis contre la notion de héros ou d’élu que le cinéma ou l’histoire véhiculent : individuellement, nous sommes bien peu. Nous devrions tous profiter à peu près également de l’accumulation des connaissances humaines car notre part (dans cette accumulation), même en étant un pur génie, devient de plus en plus négligeable.
Je suis peut-être dans le faux, mais bon, j’essaie de comprendre à mon niveau, comme beaucoup, et discuter sur Agoravox avec des gens ayant un profil très différent peut être enrichissant, comme vous le mentionnez pour vos collègues brillants.
Ce qui vous trahit, Charlouss, c’est votre formation : « ingénieur financier ».
A partir de là, les gens ont du mal à voir dans quel camp vous vous situez. Je n’aurais jamais fait cette formation, mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Cela doit être dur de rejeter en partie sa propre formation en plus du fonctionnement de la société.
Courage, si vous recherchez un peu plus de conscience alors peut-être récupérerez-vous beaucoup plus que l’argent. Diogène (très pauvre matériellement) a dit à Alexandre le Grand, quand ce dernier lui demanda ce qu’il désirait : « Ôte-toi de mon soleil ». Les gens idiots veulent tous ressembler à Alexandre le Grand, mais un homme, quel qu’il soit, ne se mesure pas à son capital ou à son revenu, même si la société de consommation cherche à nous le faire croire.
C’est vrai que maintenant, en faisant des études, notre qualité de vie est bien inférieure à ce qu’elle était avant sans en faire. J’ai connu presque 3 ans de chômage avec un diplôme d’ingénieur car j’ai refusé tout piston (la liberté a un prix). Moi aussi, mon boulot était sans intérêt (avec en prime 2 h de transport en commun par jour).
Il faut savoir arrêter de travailler dans ces conditions. Quand vous estimez en avoir assez pour manger et pour vous loger, il faut savoir démissionner (c’est ce que j’ai fait). Il vaut mieux rester une victime du système plutôt que de le cautionner et de croire que la vie sera plus supportable en achetant de l’inutile complètement futile.
Je plains les jeunes et plus encore ceux qui veulent rester libres.