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Philippe Aigrain

Philippe Aigrain

Philippe Aigrain est informaticien et philosophe politique. Il dirige Sopinspace, une société spécialisée dans l’animation du débat public et de la coopération sur Internet. Il est l’un des fondateurs de La Quadrature du Net, et est l’auteur de "Cause commune : l’information entre bien commun et propriété", Fayard, 2005 et "Internet & Création : comment reconnaître les échanges sur internet en finançant la création", InLibroVeritas,2008.

Tableau de bord

  • Premier article le 08/11/2006
  • Modérateur depuis le 07/03/2008
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Derniers commentaires



  • Philippe Aigrain Philippe Aigrain 4 décembre 2006 09:51

    Merci pour cette analyse constructive de « notre » média. Je voudrais y ajouter un petit rappel historique : l’un des livres fondateurs de la réflexion sur la démocratie, « Le public et ses problèmes » du philosophe américain John Dewey (remarquablement traduit en français par Joëlle Zask aux Editions Leo Scheer / Farrago) se veut tout entier une réponse à la naissance du concept d’opinion publique. En 1922, Walter Lippmann publie son livre « Public opinion ». Ce n’est que 13 ans plus tard que George Gallup fonda aux Etats-Unis son « American Institute of Public Opinion » (qui devint Gallup). Le livre de Lippmann se présente comme une critique féroce de toute forme de démocratie qui donne un role excessif aux citoyens. Dénonçant la capacité des « leaders », des médias et de la propagande à « sculpter » l’opinion, Lippmann affirme que les citoyens n’ont aucune sens de la réalité objective et plaide en faveur d’un gouvernement représentatif assis sur les conseils des experts. Dewey s’oppose à cette vue dans un article commentant le livre de Lippmann et se décide à écrire son livre dans les années qui suivent. Aiguillonné par la dénonciation de Lippmann de toute possibilité de démocratie participative, il redéfinit le public lui-même, distinguant le citoyen informé par son effort de comprendre les faits et de construire avec d’autres un espace de sens commun du citoyen manipulable à merci de Lippmann. Pour Dewey, les citoyens, lorsqu’ils s’engagent dans cet effort sont une partie du « public » au même titre que ce qu’il appelle les « officers », ceux qui détiennent des mandats politiques ou des fonctions administratives. Sans aucune idéalisation des connaissances ou capacités de chacun, Dewey définit les conditions de processus et d’institutions qui vont favoriser l’autoconstruction du public par lui-même : enquête sociale, espaces de débat, rapports entre communautés locales et universelle. Dès cette époque, il affirme que le public et les moyens qu’ils se donnent sont sans cesse à réinventer, car ils sont inévitablement instrumentalisés par des groupes d’intérêt s’ils se figent dans des formes (un point qui devrait faire réfléchir tous ceux qui idéalisent telle ou telle procédure ou jettent l’anathème sur d’autres). Bien sûr il ne peut alors imaginer internet et le Web. En soulignant le besoin de privilégier le dialogue des commentaires par rapport à la comptabilité des accords et désaccords, votre article est dans la continuité de cette position. Cependant, il reste une utilité de la comptabilité des désaccords et accords, notamment lorsque celle-ci s’effectue par degrés (et non de façon binaire), est associée avec des qualités ou sert simplement à identifier des positions intéressantes ou à cacher partiellement des interventions non-constructives (modèle de Slashdot, qui malheureusement ne fonctionne qu’à partir d’un nombre très élevé de lectures pour chaque article). NB : ma présentation de la controverse Lippmann / Dewey utilise le résumé fourni dans l’article (sur un site collaboratif d’étudiants en histoire de l’éducation) « Walter Lippmann and John Dewey debate the role of citizens in democracy » de Daniel Schugurensky : http://www.wier.ca/ %20daniel_schugurensky/assignment1/1922lippdew.html



  • Philippe Aigrain Philippe Aigrain 22 novembre 2006 09:04

    Merci de cette réaction constructive et de mettre l’accent sur un point clé que j’avais prudemment contourné. Sur le fait que les premiers commentaires de l’article aient été désabusés ou animés d’un ressentiment si profond à l’égard du politique que l’idée même de le crédibiliser était rejetée : il y a je crois un effet retard du ressentiment. Alors que nous sommes entrés dans une période de reconstruction - désordonnée et turbulente effectivement - la lame de fond de la déception continue à enfler. Cela rend la période actuelle difficile et potentiellement dangereuse. Sur la bataille idéologique et la réappropriation de la diminution du travail comme bien : c’est effectivement un point essentiel. Mais cette affirmation reste inaudible par ceux et celles qui sont tout à la fois démunis d’emplois (ou d’emplois valorisés) et de la reconnaissance sociale qui continue à être indexée sur cette insertion, et plus encore par ceux qui se sentent menacés de perdre l’un et l’autre. Bien que j’aie écrit sur le revenu minimum d’existence, que je salue le potentiel de la libération de l’activité et du travail dans le sens profond de son assujettissement au salariat, je ne me sens pas d’en faire le signe de ralliement d’un nouvel optimisme tant que nous n’aurons pas su esquisser une trajectoire de transition un peu crédible. Je préfère proposer une conjonction de l’exploration de nouvelles formes de mutualisation sociales du financement des activités (très éclectiques, parfois spécialisées à un type d’activité, parfois généralistes) et de protections sociales renouvelées type sécurisation des parcours professionnels. C’est un cocktail un peu contradictoire, mais inévitable à mon sens si l’on veut passer à travers les années qui viennent sans trop de dûreté pour ceux qui les abordent à partir de situations difficiles.



  • Philippe Aigrain Philippe Aigrain 21 novembre 2006 18:56

    Merci de ces commentaires. Une précision d’abord sur la « stratégie » proposée : je considère que c’est l’ensemble des niveaux (européen, national et régional / local) qui sont corsetés dans leur capacité à recréer un espace d’orientation politique. Le niveau européen est bloqué sur le plan budgétaire, sur le plan des politiques internes ... et même sur le plan de l’application des règles. Le niveau national est bloqué par la contrainte budgétaire et la difficulté à repenser (et débattre avec les citoyens) son action au niveau européen. En France les régions sont les niveaux qui sont le moins bloqués, notamment parce que leurs actions qualitatives sont souvent moins suspectes d’être téléguidées par des intérêts économiques particuliers (je sais que cela peut être vu différemment dans certains exemples espagnols ou allemands). Je suis d’accord avec vous que les régions (et même les Etats) peuvent faire beaucoup de choses. Je dis d’ailleurs dans mon texte que les contraintes sont très souvent surestimées, et l’un des messages du texte est : « vous pouvez y aller, le ciel ne vous tombera pas sur la tête, surtout si vous ne vous servez pas des politiques qualitatives pour cacher des aides à un acteur particulier ». Peut-être aurais-je du le rendre plus clair. Dans mon texte, j’ai porté une attention particulière à des politiques à ce niveau régional ou local, mais l’idée de débloquer les politiques européennes concrètes (notamment les politiques comme la recherche ou celle qui visent la cohésion sociale) en échange d’un assouplissement des mécanismes de règles qui portent sur les politiques est essentielle à mon propos. Maintenant sur la question de fond que vous posez : je pense qu’il est légitime que les règles d’un certain type soient produites au niveau européen, et ce ne sont pas des exceptions que je demande. Les règles sont actuellement très mal produites, avec de gigantesques problèmes de démocratie dans la préparation de la législation et de transparence dans les processus législatifs eux-mêmes au niveau du Conseil. Evidemment, les règles elles-mêmes devront faire l’objet d’un meilleur débat politique, devenir meilleures, et j’y consacre quelques efforts. Mais cela prendra longtemps. Sans attendre, ce que je demande c’est une conception de la portée des règles et des changements sur les procédures qui en vérifient le respect, notamment du point de vue de la charge initiale de la preuve. La raison profonde est que je pense que nos modes de fonctionnement standard vont dans le mur en matière notamment d’articulation entre l’économique, le social, l’environnemental et le culturel. On va donc devoir pouvoir expérimenter des démarches politiques qui apparaitront très hétérodoxes (un exemple parmi d’autres : taxer différentiellement des produits en fonction de la « quantité de transport » qu’ils incorporent pour désolvabiliser les modèles de production générateurs d’une grande demande de transport, notez-bien que ce genre d’exemple n’est là que pour rendre le propos concret, en pratique une politique comme cela se mûrit longuement et aboutit souvent à d’autres mesures que celles imaginées initialement). Ce que je demande c’est qu’on le puisse faire tant que cela n’a pas entraîné de dommages démontrables et significatifs à l’intérêt public européen qui est la raison d’être de ces règles. Toute expérimentation qui met en oeuvre des préférences qualitatives peut être dénoncée comme dommageable à un mode de production particulier, un acteur privé donné, ou comme concurrence déloyale par un acteur donné. La voie est donc très étroite en ce qui serait un cadenassage des politiques qualitatives et ce qui deviendrait une rupture du droit. La seule façon de s’en sortir est de remonter le niveau d’analyse, d’accepter une légitimité de l’expérimentation politique. Comment traduire ça en pensée juridique européenne ? A vous et aux autres personnes compétentes de jouer ! Des exemples ? Tous les exemples que je cite sont des exemples réels, y compris ceux qui portent sur la création de monnaies alternatives partiellement convertibles. Cependant, ils sont rarement assumés comme tels. Le cas des OGMs est un des plus parlants. Il y a environ 40 régions européennes (20 initialement, mais beaucoup plus depuis) qui se sont déclarées sans OGM et ont signé un appel qui demande la reconnaissance de leur compétence pour le faire (http://www.gmofree-europe.org/PDFs/Charter_network_of_GMOfree_regions.pdf, avec les 20 signataires initiaux). Des régions non-européennes (ex : Parana au Brésil) s’y sont associées. En ce qui concerne le fait pratique d’être sans OGM, elles sont souvent dénuées des moyens juridiques de faire respecter cette décision, mais en pratique y parviennent pas mal au simple niveau politique (parfois aidées de la menace ou de la réalité de la destruction volontaire des cultures par des auteurs d’actes de désobéïssance civile). Le Tribunal de Grande Instance européen a pris une décision qui condamne une région autrichienne parce que celle-ci avait invoqué la législation européenne pour prendre un arrêté d’interdiction. L’approche de la charte de Florence n’est pas exactement la même. http://www.eurogersinfo.com/actu2805.htm Autre exemple qui avait entraîné une procédure européenne : l’interdiction par la Grèce de la publicité télévisuelle à destination des enfants. C’est clairement une politique qualitative (bien définie ou non, ce n’est pas le problème).



  • Philippe Aigrain Philippe Aigrain 20 novembre 2006 13:23

    La réponse précédente a vu les citations du commentaire auquel elle répond disparaître. C’est apparamment dû à un bug du site (en mode prévisualiser, le formattage HTML ou SPIP apparait correctement, mais il disparait dans la version finale). J’espère que les lecteurs reconstitueront d’eux-mêmes à quoi je répondais.



  • Philippe Aigrain Philippe Aigrain 20 novembre 2006 13:15

    En réponse à : <« Ce versant des trente ans de grande transformation débouche aujourd’hui sur une grave crise environnementale, sociale et humaine ». C’est vrai pour les perdants de la mondialisation (ie nous). Demandez a un chinois ou un americain ce qu’il en pense.> Ca dépend de quels chinois et plus encore de quels américains. Je ne nie pas l’existence de gagnants et de perdants au processus enclenchés par le fondamentalisme de marché, mais vous invite à les analyser avec soin dans chaque société, dans chaque ville même. Pour ce qui est de la mondialisation, elle appartient tout autant au deuxième versant, et sur ce plan, je salue les bénéfices qu’elle apporte aux chinois, indiens et brésiliens, bénéfices d’autant plus importants qu’ils ont su bien mieux que nous canaliser les effets du fondamentalisme de marché.

    En réponse au  : le juste à temps est rentable parce qu’on l’a rendu tel par des politiques fiscales et sur les coûts de transport, et qu’on l’a encouragé systématiquement dans les programmes de recherche et d’innovation. Sans ces politiques, il aurait peut-être existé dans l’automobile, mais ne se serait jamais répandu comme il l’a fait à tous les secteurs. Ce n’est pas une loi de la nature, c’est même tout le contraire.

    Mais pour répondre plus au fond : je ne crois pas qu’une politique des modes de production et de consommation évitera la concurrence sur les coûts de travail dans différents domaines. Elle l’atténuera, et elle permettra surtout à nos sociétés (et à celles des pays émergents) de l’aborder dans de meilleures conditions. Si vous défendez la politique du « on résoud tout, ou ne peut rien faire » vous êtes à l’opposé même de ce que je défend avec ces « leviers ».

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