Richard Schneider
"La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde."
Paul Valéry.
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- Premier article le 14/09/2011
- Modérateur depuis le 14/11/2011
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Derniers commentaires
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à Christian :
C’est vrai : dans notre société du présent immédiat, l’importance de l’Histoire échappe à beaucoup de gens. Dans notre société seule compte la réalisation du profit le plus rapidement possible.Tout-à-fait en accord avec vous pour que l’enseignement de l’Histoire soit la plus objectif possible. On sait tous que les systèmes politiques, éonomiques, philosophiques ... ont manipulé, manipulent, et manipuleront l’Histoire à des fins pas toujours avouables.L’École des Annales (Bloch, Braudel, L. Febvre, Ladurie) a apporté un peu d’air frais dans l’enseignement de l’Histoire de France. Ce qui est regrettable, c’est qu’aujourd’hui on « s’appuie » sur leurs travaux pour dénaturer la perception que les petits Français devraient avoir de leur passé. -
Excellent article, clair, pédagogique, en un mot accessible au plus grand nombre.
Malheureusement, aura-t-il un impact ? -
À Daniel :
Comme je l’ai écrit, j’ai apprécié votre article.Je respecte aussi J.Mourot, instituteur à la retraite et, du moins, je le crois ex-membre du SNI tendance « École émancipée », à l’époque courant novateur et fécond (sur le plan des idées pédagogiques). Je pense que notre collègue sait de quoi il parle. Et même si je ne crois (plus) à certaines idées, car dévoyées par ce pédagogisme que vous critiquez, il me semble qu’il a raison sur quelques points :- quoique vous disiez Brighelli sur son blog « Bonnet d’Âne » et vous, Meirieu n’est pas seul responsable du marasme actuel - d’ailleurs dans Le Monde de ce jour, dans son face-à-face avec Gauchet, il me semble même qu’il met un peu d’eau dans son vin. Le Collège unique de Haby, voulu par le SNI, le SNES et surtout le SGEN a été le point départ des dérives (irrémédiables ?) actuelles - le septennat de Giscard n’a fait qu’amplifier les choses. Ce qui se passe aujourd’hui dépasse l’entendement : les enseignants auraient en 2013 des primes s’ils atteignent les objectifs fixés - par qui ? Ce n’est pas ce que demandent Meirieu and Co.- il est certain qu’un enseignant ne peut plus de nos jours se draper dans son Savoir ; il lui faut mener sa classe avec souplesse et surtout avec « l’intelligence du cœur » : l’ancienne école, celle que vous et moi avons connue, avec le baby-boom, a laissé un nombre trop important d’élèves au bord du chemin. C’est ce que dénonçait à juste titre Bourdieu lorsqu’il stigmatisait notre système éducatif qui inlassablement reproduisait le système bourgeois.Pour le reste, je pense comme vous : tout est fait pour vider l’école républicaine de sa substance : former un peuple corvéable et taillable à merci, qui vote bien et surtout qui la ferme ! -
À J.MOUROT :
Je vous le concède : la pensée de Meirieu est plus complexe que ce que nous lisons au fil des réactions. Il a cependant « influencé » un grand nombre Pédagogues qui ont été son relais : à tous les stages auxquels j’ai assisté, les IG, IPR et IEN présents nous assénaient le même slogan : « l’élève est au centre de la classe, ou »il faut que l’élève se construise son savoir « etc ... Vous devez connaître la rengaine.C’est vrai que c’est dans le privé que l’on a assisté aux premières tentatives pédagogiques »constructivistes« . Ces expériences avaient lieu devant un public restreint et choisi, et étaient menées par des enseignants bien moins protégés par leur statut que ceux du public.Ce que l’on nomme pégagogisme prend ses racines modernes chez Freinet peut-être. Mais la méthode Freinet faisait appel à un travail personnel des élèves, préparé par le Maître, à l’écriture et à l’imprimerie : il y avait des règles très précises qu’il fallait apprendre et respecter. Aujourd’hui, c.à.d. depuis une bonne trentaine d’années, il n’est pas recommandé d’exiger des règles : l’élève doit les inventer tout seul. Aujourd’hui - et je ne mets pas en cause Meirieu - le Maître devient une sorte d’animateur, vaguement imprégné de psychologie, et non plus un point repaire indispensable au groupe-classe. N’ayant plus aucune autorité face aux gamins et face à ... leurs parents, il donne l’impression de naviguer à vue, tentant de mettre en pratique depuis Jospin les »trucs« qu’il a pu retenir lors de son séjour à l’IUFM. Un animateur BAFA, connaissant un peu Laing ou Winnicott, ferait bien mieux l’affaire que lui.Vous en conviendrez, le résultat est catastrophique. Le Collège est unique en son genre : tous les élèves, les bons, les mauvais, les illettrés ... s’amassent dans la même classe. L’enseignement spécialisé a été décapité. Trop cher, pas rentable !Avec l’autonomie des établissements qui se profile, - une idée chère à Meirieu - les maires, les directeurs, les chefs d’établissement auront la mainmise sur le recrutement des personnels. Mais aura-t-on encore besoin d’enseignants ? Des animateurs et des surveillants rempliront bien mieux les objectifs du pouvoir : »former" une main-d’œuvre servile, sans esprit critique, car a-culturée, qui perpétuera sans pb. le système ultra-libéral qui s’est approprié le monde depuis ... une trentaine d’années. -
à Mordax :
Si je suis dans l’ensemble de votre avis, il me semble toutefois qu’il faudrait nuancer un ou deux points.Le pédagogisme ou ce qu’il allait le devenir sous l’impulsion de Meirieu appuyé par les différents ministres de l’EN (Lang, Bayrou, Jospin, et surtout Allègre), à l’origine, souhaitait libérer l’individu des carcans un peu surannés de la société. Il pensait qu’il fallait commencer par l’École qui, par ailleurs reproduisait jusqu’à la caricature le modèle bourgeois (cf. Bourdieu) ;Les cours ex-cathedra, dispensés par des Maîtres drapés dans leur Savoir, laissaient sur le bord du chemin un grand nombre d’élèves, souvent issus des milieux défavorisés.Tout cela est avéré.Ce qui a fait que notre EN se retrouve aujourd’hui dans l’état que vous décrivez, c’est que la droite a compris très vite les avantages qu’elle pouvait tirer des propositions des syndicats enseignants (SNI-SGEN-SNES) : après la réforme Haby (collège unique), au nom d’un égalitarisme forcené voulue par l’intelligentsia de gauche, on a assisté à la disparition progressive des classes spécialisées : vous voulez l’égalité des chances, eh bien vous l’avez. Et la marche vers l’École-MJC a débuté.C’est vrai : bientôt, pour accueillir la majorité des élèves issus des classes les plus défavorisées, les principaux des collèges pourront recruter des « encadrants » de niveau BAFA et non des Capésiens ou Agrégés. Cela coûtera mieux cher à la collectivité et les parents seront contents : leurs gosses seront gardés, n’auront plus de mauvaises notes (pas certain qu’il y aura encore une notation) et apprendront mijoter des plats, à dessiner des croûtes, à « chanter » du rap ... Et cerise sur le gâteau, plus de statut donc plus aucune garantie de l’emploi, donc personnel taillable et corvéable à merci.Pour faire œuvre de charité, l’État financera encore quelques « établissements d’excellence », gratuits, ça fait toujours bien dans le tableau.Mais c’est l’enseignement privé, payant, qui recueillera les futures élites de la Nation et reproduira ce que Bourdieu combattit avec force à l’époque.
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