Je suis depuis toujours contre les armes, n’en possède pas et n’en ai jamais eues. Contre la violence, la chasse, les guerres, et tout ce qui de près ou de loin a à voir avec tout ça. Je serais – peut-être – prêt à mourir pour mes principes en la matière.
Et pourtant. La vie et les principes ne s’harmonisent pas toujours. Un de mes bons amis était petit bijoutier dans sa petite ville, pas rupin du tout, pas grande gueule, gentil et doux, un plaisir d’homme et de père de famille, quoi. Je dis « était » parce qu’un beau matin, il y a une dizaine d’années, on l’a retrouvé descendu dans l’arrière-boutique. Aucun témoin. Plusieurs mois plus tard, on a arrêté le coupable, un type qui essayait de braquer une banque avec un pistolet que les analyses ont fait remonter au meurtre de mon ami. Mais ce qui s’était passé entre lui et mon ami, personne ne l’a jamais su : perdu dans des délires psychopatiques, il a toujours refusé de parler, et quelques mois après sa condamnation on l’a enfermé à perpette dans un établissement à haute sécurité, car il constituait une menace pour les gardes et les codétenus.
Alors, qu’aurait fait mon ami s’il avait eu une arme, et s’il avait su s’en servir ? Et que lui aurais-je dit si c’est lui qui avait abattu l’assaillant ? C’est pas toujours facile, la vie.