Le 2 mars CSA donnait Bayrou à 17 %, en accord avec les autres instituts de sondage.
Le 8 mars CSA donnait Bayrou à 24 % (+ 7 !!), les autres le donnant alors vers 19-20%. Dans le même sondage, Royal était donnée à 25% et Sarkozy à 26%.
Le 15 mars il retombait à 21 % (- 3 !), les autres à 20-21%.
En examinant la courbe d’évolution (qui est forcément plus instructive) on constatait que la ligne était en hausse régulière jusqu’au 17% du 2 mars et tendait de manière naturelle vers le 21% du 15 mars. La mesure à 24% (entre les deux) constitue à l’évidence une aberration statistique... Le CSA fut d’ailleurs l’objet d’un rappel à l’ordre méthodologique (ce qui est très rare) sur les sondages de cette période.
Quel intérêt pour le CSA et ses commanditaires ?
Un intérêt éditorial immédiat et évident. Annoncer +7% c’est le jackpot... annoncer ensuite -3%, re-jackpot puisque c’était le premier sondage qui ne faisait pas état d’une hausse de Bayrou.
Un intérêt tactique peut-être... Annoncer (enfin ?) une baisse de Bayrou permettait d’espérer enrayer la machine avant que la courbede Bayrou ne « croise » celle de Royal et enclencher peut-être une décrue... qui se produisit en effet.
Pour le deuxième tour, le CSA a donné Royal et Sarkozy à égalité 50-50 le 23 mars, et les (trois derniers) 16, 19 et 20 avril. Pour tous les autres instituts Sarkozy l’emporte invariablement devant Royal.
Quel intérêt ? Désamorcer la nécessité de voter Bayrou en suggérant que Royal pouvait, elle aussi, talonner Sarkozy.
Le 20 avril, dernier sondage, peu médiatisé sur les télés puisque tardif, mais repris sur le Net : LePen (16,5 %) repassait devant Bayrou (16 %). On appréciera la précision du demi-point d’écart quand la marge d’incertitude est de 3% et que les taux de « redressement » des valeurs brutes se situent autour d’un facteur 2 ou 3 pour LePen !
Il fallait vraiment « tuer » le phénomène Bayrou et CSA est un bon petit soldat.
Mais pour le compte de qui ?
Epilogue : dès le soir du premier tour, CSA publiait à nouveau des projections plus « professionnelles » : 53-47. Ben oui, il y a quand même une réputation à sauver.
Dans une tribune publiée dans le NouvelObs (à paraître jeudi 19), l’ancien Premier ministre socialiste souligne que « son seul problème, c’est de vaincre et en tous cas d’empêcher la dangereuse victoire possible de Sarkozy ». Dans une « situation incertaine », il faut « regarder à la fois nos voeux - une victoire social-démocrate sur la tête de Ségolène Royal - et les sondages ».
« Si je ne crois qu’à moitié à cet outil, la convergence de tous les instituts mérite d’être prise au sérieux », poursuit Michel Rocard. Il souligne que si les instituts donnent Ségolène Royal présente au second tour, « ils disent aussi que Sarkozy gagne au second tour ».
« J’ai la faiblesse, ajoute-t-il, de trouver cela dangereux comme, je pense, la totalité de mes camarades socialistes. (...) Quand la somme des voix de gauche est donnée à moins de 40%, on cherche des alliés. J’accuse ici les gardiens du dogme socialiste, qui considèrent toute alliance autre que communiste comme impure, d’être d’efficaces alliés de Sarkozy. »
Et d’insister : « ce n’est pas ma faute si la gauche est descendue en dessous de 40%. Je n’y vois aucune raison de laisser la place au représentant le plus brutal du grand capitalisme que nous ayons eu à affronter depuis longtemps ».
======================================== Michel Rocard, cité dans... L’Express
Ségolène Royal le 22 avril, c’est Sarkozy le 6 mai ! Si ce n’est pas un appel à voter Bayrou au premier tour, comment faut-il le dire ?
« J’ai la faiblesse de trouver cela dangereux comme, je pense, la totalité de mes camarades socialistes. » Tout est dans le « , je pense, »...
Plutôt que de parler de « bourde » de Rocard, ne peut-on pas envisager qu’il estime justement que cette recomposition passe nécessairement par la victoire de Bayrou ?
En cas de victoire de Bayrou, nombre de candidats actuellement au PS (pour ne s’occuper que d’eux) souhaiteront porter le label « nouvelle majorité présidentielle » aux Législatives. Forcément.
(combien de temps faudrait il à François Bayrou pour faire une majorité ? « Un quart d’heure », répond Michel Mercier le trésorier du parti centriste. « Une grosse demi-heure » corrige Jean-Luc Mélenchon !)
Le PS peut-il vraiment laisser une partie de ses candidats se ranger sous la bannière de Bayrou en arborant le poing à la rose ? L’aile gauche du PS (car il y en a une, quand même) ne le tolèrera pas, et c’est non seulement légitime mais c’est sain.
Le PS explosera donc, si Bayrou est élu. Et c’est sain.
En cas de victoire de Bayrou, nombre de candidats actuellement au PS (pour ne s’occuper que d’eux) souhaiteront porter le label « nouvelle majorité présidentielle » aux Législatives. Forcément.
(combien de temps faudrait il à François Bayrou pour faire une majorité ? « Un quart d’heure », répond Michel Mercier le trésorier du parti centriste. « Une grosse demi-heure » corrige Jean-Luc Mélenchon !)
Le PS peut-il vraiment laisser une partie de ses candidats se ranger sous la bannière de Bayrou en arborant le poing à la rose ? L’aile gauche du PS (car il y en a une, quand même) ne le tolèrera pas, et c’est non seulement légitime mais c’est sain.
Le PS explosera donc, si Bayrou est élu. Et c’est sain.