Faute de clarté, on n’est pas compris : c’est de ma faute je rectifie.
EN PRINCIPE (c’est à dire sur le terrain des idées) le libre échange peut très bien faire l’objet d’un vote (positif ou négatif d’ailleurs). Il peut donc se prolonger, se finir, s’amoindrir, se renforcer, etc, en fonction d’une décision démocratique.
Donc il n’est pas en soi anti démocratique ou incompatible avec la démocratie.
EN PRATIQUE (c’est à dire dans les faits) la question n’est pas soumise directement à un électorat (par exemple il n’y a pas de référendum sur la question "êtes vous pour ou contre le libre échange ?").
C’est là qu’on peut se demander pourquoi.
Votre réponse consiste à dire que la réponse est incluse dans la question.
J’avoue ma déception : ma curiosité reste sur sa faim. J’aurais bien aimé avoir votre avis de façon plus argumentée même si cela vous vous semble limpide.
Pour ma part, les raisons qui font que les questions économiques ne sont que rarement soumises au vote des assemblées ou des citoyens me semblent assez complexes.
Pourquoi par exemple l’article 34 de la constitution (qui définit le domaine de la loi, donc la compétence du parlement) ne traite t’il que marginalement de questions économiques ?
Si la réponse vous semble là encore incluse dans la question c’est que vous avez une compréhension des mécanismes de l’activité humaine dans tous les plans qui dépasse mon entendement et je vous conseille vivement de signaler votre existence au reste de l’humanité pour qu’elle profite de votre enseignement.
Si au contraire vous jugez que votre entendement est normal et que la question est apte à susciter votre curiosité, n’hésitez pas à l’exercer quitte à élargir le débat à une question plus vaste : pourquoi, en France au XXIième siècle, les questions économiques ne font elle l’objet que de bien peu de décisions collectivement approuvées par une instance démocratique ?
Parce que, mise à part le vote de la loi de finance,il n’y a pas grand chose... alors même que la plupart des lois ont une incidence économique indéniable.
Voilà un beau paradoxe : le parlement vote des lois qui ont une incidence économique et pourtant il ne fait pas d’économie.
Ne spéculez pas inutilement sur mon sens des réalités, après tout, vous ne me connaissez pas.
En contrepoint de ce que vous dites, on peut simplement remarquer que des classes moyennes émergent dans des pays qui n’en comptaient que peu, ou aucune, et que dans les pays où elles existaient certaines se sont considérablement enrichies, comme en Chine par exemple.
Il y a indubitablement un enrichissement collectif au niveau mondial.
Reste à savoir si la valeur ajoutée est bien partagée.
La réponse est non : un tiers de l’humanité est pauvre voire très pauvre alors que moins d’un dixième est extrêmement riche.
L’autre question est de savoir si les choses s’améliorent : oui. La pauvreté recule dans le monde.
Il y a donc de bonnes nouvelles.
L’une des questions qu’on pourrait alors se poser est de savoir si le libre échange a été l’un des moyens du recul de la pauvreté dans le monde et s’il a été le plus efficace.
Il semblerait qu’il ait effectivement été un des moyens, mais certaiement pas le plus efficace : le plus efficace a été et reste la mise en place de systèmes nationaux de partage de la valeur ajoutée par les Etats avec une forte composante d’investissements productifs et d’efforts de formation.
En gros, ce sont toujours les bonnes vieilles recettes qui marchent le mieux. Et pour les mettre en oeuvre, le libre échange le plus débridé n’est absolument pas nécessaire : le Japon des années 50 et 60 du siècle dernier a très bien su prospérer dans un monde bien plus cloisonné qu’aujourd’hui.
En réalité, le libre échange dans sa forme la plus anarchique fait peur... au grands groupes.
C’est un terrain sur lequel le grand patronat le plus conservateur et la gauche la plus extrêmiste se rejoignent : la condamnation du libre échange. Mais pour des raisons très différentes.
Le libre échange n’est pas compatible avec la démocratie parce que la majorité n’en veut pas ?
Si tant est que le caractère majoritaire de cette opinion soit vrai, ce qui reste à établir, ne vous rendez vous pas compte du caractère totalement illogique de votre proposition ?
Si une majorité est capable de se dessiner sur un sujet comme le libre échange c’est bien qu’il constitue une question démocratiquement discutée, puisqu’il y a majorité...
Une "majorité" suppose un vote.
Donc un système démocratique.
Dès lors, il faut bien reconnaitre que le libre échange est bien démocratique puisque vous suggérez vous même qu’on peut y mettre fin par un vote ou en tout cas qu’on devrait le faire.
Reste à savoir si la question est en tant que telle soumise à un électorat.
De ce point de vue là il serait plus intelligent de s’interroger sur les raisons pour laquelle elle ne l’est précisément pas.
Jamais le libre échangisme ne fait l’objet d’une approbation ou désapprobation directe de l’électeur.
On vote pour des élus qui sont pro ou anti ceci ou cela.
Rarement on se prononce par voie référendaire sur une question précise qui n’a du reste jamais portée directement sur le libre échange, même à l’occasion du référendum européen où la question européenne a servi d’exutoire au rejet du libre échange par une part de l’électorat.
En fait le lire échange reste une question très théorique, non ?
Je crois que vous confondez le niveau national, communautaire et international OMC.
Les mesures de régulation sont prise au niveau national (par les Etats) et s’appliquent à l’intérieur de leur territoire, sur leur marché. D’où un effet limité.
Eventuellement, pour les Etats appartenant à une union douanière ou à un accord de libre échange, ou à une zone commerciale instaurée par convention internationale, il est nécessaire de distinguer un niveau intercalaire où des mesures de régulations pourront être prises par les Etats concernés et s’appliquer à la zone en question.
Dans ce niveau intercalaire vous pouvez ranger l’espace communautaire européen avec des institutions ayant des compétences supranationales.
Dans les différentes relations entre ces niveaux, l’OMC intervient au niveau international pour trancher des litiges et négocier des accords.
Assez logiquement vous ne trouverez pas énormément de choses concernant la régulation des marchés au niveau OMC, mais vous en trouverez plus dans les niveaux du dessous.
Cette affirmation doit cependant être tempérée : l’évolution actuelle du contenu des accords va vers plus de régulation dans le contenu même des accords.
Lorsque Lamy dit : "on ouvre les échanges, on régule et on développe la protection sociale", il ne parle pour l’OMC que sur le premier terme de la proposition (ouvrir les échanges) pour lequel l’OMC est compétente.
Pour le reste (protection sociale et régulation des marchés) la compétence revient aux Etats ou, éventuellement, au niveau intercalaire supranational, lorsque des institutions ont une compétence dans ces domaines.
Ne participez pas en raison de la technicité du sujet à la confusion ambiante.
Mince, vous n’avez pas de chance quand vous faites vos courses vous !
Plus sérieusement, des effets positifs, chez nous il yen a. Comme par exemple le fait de pouvoir importer des marchandises à bas prix et les consommer sous la garantie contractuelle et légale de celui qui la commercialise en France.
Mais surtout, c’est ailleurs que les effets positifs se manifestent sous la forme d’une élévation du niveau de vie dans des pays qui, jusqu’il y a peu, étaient "en voie de développement". D’une certaine façon, la mondialisation des années 90 et 2000 a accompli notre fantasme égalitaire des années 70 et 80 : elle a rendu plus riches les plus pauvres, les fameux "PVD".
Cela dit ; libre échange et mondialisation sont deux problématiques voisines, mais différentes. Nous avons pris l’habitude intellectuelle de fusionner les deux par commodité ou manque de rigueur. Il serait peut être temps d’apprendre à les distinguer.