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Commentaire de manusan

sur Eteignez le feu, arrêtez les Jeux


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manusan 10 avril 2008 05:22

les chinois aiment les symboles fort, en voilà un et pas un petit :

Dans les années 1930, au moment des Jeux olympiques de Berlin, Albert Speer avait tracé les plans d’une capitale allemande à la mesure du délire nazi. A un an des JO de Pékin, son fils travaille à un grand projet de réaménagement de la capitale chinoise. Le parallèle n’a pas échappé au quotidien espagnol El Mundo.

La prochaine capitale olympique, Pékin, veut donner une diffusion universelle à un processus de métamorphose urbaine qui, à en croire ses dirigeants, mettra la ville au même rang que le Brasília d’Oscar Niemeyer et le Paris d’Haussmann. Le problème est que le Pékin du XXIe siècle va apparemment ressembler davantage au Germania qu’Hitler voulait faire de Berlin.

La première chose que les deux projets ont en commun saute aux yeux : ils portent la même signature, celle d’Albert Speer, nom doté de deux propriétaires, le père et le fils, qui ont également la même profession. Le premier s’est rendu célèbre pour avoir été l’architecte favori du Führer et le créateur des décors nazis. Son plan pour Berlin (un axe central d’avenues grandiloquentes, d’arcs de triomphe et d’édifices à la gloire du Reich) n’a pas dépassé l’état de maquette de “nouvelle Rome d’un nouvel empire”. Jugé à Nuremberg, Speer a été condamné à vingt ans de prison pour avoir fait travailler des milliers de prisonniers dans l’industrie de la guerre. Il est mort à Londres en 1981, repenti et relativement réinséré.

Le second, Albert Speer fils, est un urbaniste allemand réputé malgré le lourd héritage familial. Il a depuis plusieurs années pignon sur rue à Francfort et à Shanghai, où il a été chargé par les autorités chinoises de faire de Pékin quelque chose de similaire à ce que son père avait imaginé pour Berlin. Sa mission : ouvrir un couloir reliant le village olympique à la nouvelle gare ferroviaire implantée dans le sud de la capitale, soit un axe de plus de 8 kilomètres, qui sera jalonné par les édifices politiques et religieux les plus représentatifs de l’ancienne capitale impériale, la Cité interdite, la place Tian’anmen et le Temple du ciel.

“Son axe pékinois réveille de vieux souvenirs”, a commenté l’hebdomadaire allemand Die Welt. “Le fils est-il en train d’imiter le père, ou de le dépasser ?” Certains rappellent également que les projets de ce type, qui requièrent l’expulsion de milliers d’habitants, ne sont possibles que sous des régimes totalitaires. Ce que confirment certains calculs, selon lesquels 1,5 million de Pékinois ont déjà été délogés pour faire de la place au projet olympique.


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