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Commentaire de easy

sur Eloge de l'impureté


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easy easy 11 décembre 2008 16:10

Je trouve qu’un débat sur la pureté ou sur l’innocence est indispensable et je remercie Homme Libre d’en proposer une des portes d’entrée.possibles.
Ce texte d’introduction - considérons le comme tel car il y a énormément à débattre autour- diagonalise parfaitement ma vision sur le sujet. Mais il va si vite, il est si expéditif qu’il ne permet peut-être pas à ceux qui seraient loin de cette vision de la comprendre et encore moins d’en percevoir les richesses et les énormes potentialités.
J’espère la venue des premiers contradicteurs éventuels pour développer.
Et si par hasard il n’y en avait pas, si persone ici ne trouve à redire à cette assertion, j’en serais le premier étonné. Etonné de voir que nous serions d’accord sur cette vision tout en pratiquant une attitude puriste ou innocentiste à la mode de "C’est pas moi m’sieur, c’est l’autre"

Car si nous, Français, comptons tout de même parmi les plus volontaires pour nous auto-désigner comme responsables ou co responsables des maux dont souffre le Monde, nous ne le faisons que très rarement à titre individuel. C’est toujours le 4X4 de l’autre qui pue et qui tue.

Accepter son impureté collective est relativement faisable car cela ne nous exclut pas de manière absolue, en tous cas pas de notre groupe d’agissants. Alors qu’accepter notre impureté individuelle nous isole totalement, du moins tant que les Autres n’en font pas autant. Or, l’isolement total est certainement ce que nous redoutons le plus puisqu’il conduit très vite à l’idéation suicidaire.

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme -une de nos principales références morales- contient un je-ne-sais-quoi d’implicite et de dogmatique à la fois selon lequel, en vertu du fait qu’’on adhèrerait à cette charte, on relèverait automatiquement de la pureté ou plus largement du Bien. En un seul concept, on pose d’abord que la coagulation est une grande chose, ensuite qu’adhérer à cette charte est purificateur, enfin que la déclamer est indispensable. Du coup, chacun à sa manière et quand ça le sert, affirme la soutenir et bien rares sont ceux qui ne s’en sont jamais réclamés (Le Napoléon prisonnier y avait fait appel et même Robert Mubabé s’appuie dessus pour renvoyer Nicolas Sarkozy dans ses buts)
 
Alors qu’à mon sens, quand bien même on appliquerait entièrement les termes de cette charte à titre individuel, on ne serait au mieux que sur le chemin d’une amélioration.

Cheminer, explorer, tenter, essayer, n’est pas arriver.

Dans nos attitudes, nous témoignons trop souvent d’une arrogance qui donne à penser que nous nous considérons sinon comme parvenus à la vertu, du moins comme cheminant sur la seule voie vertueuse possible.
Laquelle vertu aurait été soit maintenue en nous par préservation soigneuse d’une pureté originelle, soit obtenue au prix d’un laborieux et méritoire travail de purification.
Pourquoi pas.
Mais alors pour quelle mystérieuse raison, notre purification doit-elle nécessairement passer par notre travaillage, notre torturage, notre incendiage ou notre éliminage d’autrui ?
Pourquoi n’est-il possible de prétendre à la vertu qu’en dénonçant explicitement ou implicitement autrui, qu’en culpabilisant un autre ?

La pomme est-elle devenue la patate chaude ?

Notre quête de pureté personnelle, à nous Français (car je ne prendrais pas le risque de prétendre le phénomène universel) n’est-elle que le prétexte idéal pour assouvir notre désir d’emprise ou de supériorité sur autrui sans en avoir l’air ? 

Sommes-nous d’irréductibles stratèges ayant fait de leur pure innocence l’argument le plus accompli ?



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